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La résistance passera aussi par la technologie

A l’heure où la révolte gronde et où les contradictions du monde se bousculent, un processus de convergence des peuples s’amplifie. La résistance populaire et intellectuelle à un système terriblement inégalitaire démontre une volonté de modifier les pouvoirs et une nécessité de reconstruire une stratégie.

Il est de toute évidence nécessaire aujourd’hui de penser et d’associer à la réinvention d’une coalition entre les espaces, les corps d’organisation et les citoyens engagés dans la marche vers un changement global, la notion d’utilisation des nouvelles technologies.

« Salauds de pauvres ! », la phrase que scande Maxime Vivas - auteur et militant français - dans un récent forum donne le ton de l’amertume. Pour autant, ne doit-on pas y entendre l’éveil de la rage et de l’indignation ?

Sur ce terrain, le maire d’une petite commune de la région Rhône prône la désobéissance
civile.
« Lorsque la loi est contraire aux intérêts de la population, lorsqu’elle entre en
contradiction avec l’intérêt général, lorsqu’elle se heurte au principe de précaution,
lorsqu’elle porte atteinte au service public, lorsqu’elle favorise les intérêts de quelques-uns au détriment des intérêts du plus grand nombre, nous ne l’appliquerons pas ou nous
freinerons son application. »

Ailleurs mais pas si loin, on vient d’entendre résonner « Ben Ali dégage », « Moubarak
dégage » ou encore « Aujourd’hui, on n’a plus peur » alors que personne ne s’y attendait.
Quels seront les slogans de demain en Algérie, Jordanie, Libye, Yémen ou Syrie ?
L’Europe n’est pas en reste. Les mouvements sociaux de l’automne 2010 marquent une
postérité politique certaine.

« Que se vayan todos », mot d’ordre latino-américain, traverse les frontières et les océans. Obliger les puissants devient la consigne.

User de méthodes originales

En rédigeant le Manifeste d’économistes atterrés, un groupe d’économistes avisés démontent un certain nombre de postulats qui inspirent chaque jour les décisions des pouvoirs publics partout en Europe. Aujourd’hui, ils ajoutent : « Nous sommes toujours autant atterrés, mais nous sommes maintenant un peu mieux organisés ».

Le Forum social mondial de Dakar, qui vient de se clôturer, affirme et confirme qu’un autre
monde est possible. Il annonce le constat majeur qu’un autre monde est nécessaire. Les
peuples sont désormais prêts à l’offensive pour défendre les questions sociales, la santé,
l’écologie et lutter contre les inégalités et la domination géopolitique. De nouvelles forces
sociales émergeantes (indigène et minorités) s’y sont fait entendre. Lors de cet événement, l’Afrique et l’Europe se sont frottées aux expériences et aux exemples latino-américains. La présence et les témoignages d’Evo Morales, Hugo Chavez et Lula da Silva, symboles de la résistance en Amérique latine et acteurs de poids, démontrent la faisabilité d’une organisation sociale générale.

Se battre pour la citoyenneté universelle, c’est aussi passer par les outils de notre siècle - les nouvelles technologies.

Des moyens insoupçonnés

La science et ses technologies ne sont plus le pré carré d’un groupe d’initiés, des grandes
entreprises ou des grandes puissances mais à la portée de tous. Wifi, GPS, SMS, Smartphone, Smos (SOS), Facebook, blog, Twitter, Internet des objets (IDO) sont les outils du dépassement des frontières. La géolocalisation et le lien immédiat entrent dans le domaine du monde réel - la jeunesse y est déjà totalement immergée.

Les révolutions tunisienne et égyptienne ont su parfaitement utiliser l’Internet et l’usage des téléphones portables pour rassembler et informer sur la colère sociale. Le site Nawaat (« noyau » en arabe), remarquablement organisé, a diffusé documents, témoignages, vidéos… tout au long des événements. Relié à Twitter, Facebook, un Blog, Youtube, la couverture de la contestation a été quasi instantanée.

Nous sommes donc au coeur d’une question qui est stratégique.

Claire Villiers n’oubliait pas de nous signifier que « pour échapper à l’emprise des marchés,
on peut agir à différents moments ou situations : comme salarié dans une entreprise, comme consommateur, comme élu dans une institution, etc. ». Cette réflexion doit être définitivement prise au mot en y associant ce potentiel technique accessible à tous.

Les nouvelles technologies ouvrent la société au réseau et au temps réel. La société
numérique devient une société ubiquitaire au sein de laquelle tout est relié et accessible depuis n’importe où. A la société civile d’y adapter ses usages. Les objets communiquent, de plus en plus, de plus en plus vite et exactement, les hommes doivent en profiter et réapprendre à communiquer entre eux.

On se rappellera du Nabaztag né en 2005 - ce premier lapin communicant qui allume ses
LEDs à un message qui vous parvient. Grace aux compétences d’une jeunesse artiste,
inventive, passionnée de recherche et d’expérience, et activiste, il est tout à fait possible
d’imaginer et de fabriquer des liens « sur mesure » entre objets, données et applications. En 2011, pourquoi le Nabaztag ne pourrait-il pas agiter ses oreilles pour signifier le rassemblement à une manifestation ?

Un certain nombre d’applications reposant sur des technologies de l’IDO, utilisées par les
entreprises ou destinées aux consommateurs, montrent déjà la voie à suivre.

En 2005, le collectif hacktiviste Preemptive Media (Les Médias préventifs) a conçu un kit
anti-RFID appelé Zapped. En guise de démonstration, des puces RFID ont été greffées sur des cafards lâchés dans un supermarché de la chaîne Walmart pour perturber tous les lecteurs du distributeur - et ça marche ! Panique dans le système. A défaut de cafards, une puce placée sur un objet porté sur soi donnera le même résultat.

Nike+ est un exemple de l’utilisation de capteurs dans un domaine de l’objet commun. Les
chaussures de course équipées de ce dispositif peuvent suivre notre course et envoyer les données sur notre iPod ou bien les « twitter » ou les publier automatiquement sur Facebook ou Foursquare.

Pachube est une plate-forme ouverte qui permet de tagger et de partager en temps réel des données issues de capteurs insérés dans des objets, des appareils et divers environnements - pourquoi pas humains ?

Dans le domaine du développement durable, il est possible que les gens participent à la
connaissance de l’environnement urbain en leur proposant de porter une montre qui prendrait les mesures de qualité de l’air et du bruit et de les partager ensuite.

La notion de Fab lab (contraction de fabrication et laboratory) désigne un atelier composé de machines-outils pilotées par ordinateur et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pouvant fabriquer rapidement et à la demande des biens de nature variée. Son utilisation dans certains pays du tiers-monde a permis à des villages isolés de générer eux-mêmes des produits introuvables et ce à un prix accessible.

Le concept de l’imprimante 3D personnelle, créée par la société Desktop Factory, permet de répliquer des objets en trois dimensions. Ainsi, sur la base d’un document à plat dessiné en 3D, cette imprimante restitue la copie en volume du dit objet.

Le développement de ces Fab labs et imprimantes 3D pourrait modifier sinon bouleverser une partie des logiques d’offre et de demande mises en place par l’économie industrielle et de marché. Ils pourraient en effet contribuer à libérer certaines populations de leur dépendance à des producteurs éloignés et s’inscrire dans une logique d’écodéveloppement.

Ordre de marche

Fédérer ces initiatives pour en faire des enjeux de société, c’est-à -dire politiques par leur
potentialité de remise en cause des pouvoirs établis, doit passer par les citoyens pour enrichir le débat public.

Ces outils - que nous nous devons de soupçonner comme des objets de contrôle - doivent aussi être pensés comme des outils de libération et d’opportunités à une meilleure efficacité dans l’organisation de l’opposition et la réalisation de la société civile.

Ces nouvelles technologies sont les solutions à de nombreux défis dus à l’individualisation
qui nous a été fabriquée et imposée afin de rompre les solidarités. Elles se placent dans une étape logique de l’histoire de la résistance où le contre-pouvoir bascule du côté du pouvoir.

Etes-vous prêts ?

Muriel KNEZEK

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