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Le chavisme, un modèle ou un exemple ?

Après Simon Bolívar, Hugo Chavez est certainement la figure la plus influente de l’histoire du Venezuela et l’une des personnalités les plus en vue de l’anti-impérialisme que l’humanité n’ai jamais rencontré.

Hugo Chavez n’était pas un dogmatique. C’était juste un honnête homme, révolté par les injustices qui se passaient dans son pays. Sans théorie précise, il voulait simplement essayer de résoudre les problèmes de son peuple.

On peut dire que le chavisme a été fondé depuis que Chavez a mené la rebéllion militaire du 4 février 1992, mais c’est dès son élection comme président du Venezuela en 1998 que le chavisme a été connu de façon plus approfondie.

Pour comprendre ce qu’est le chavisme, il est indispensable de se libérer, nous Européens, de nos nombreux préjugés, qu’ils soient idéologiques ou teintés de mépris envers les pays du Sud. Pour saisir tout le sens du chavisme et de son message révolutionnaire, il faut avoir aussi un minimum de connaissance de l’Histoire de l’Amérique latine et du Venezuela en particulier.

Le chavisme n’est pas une doctrine philosophique, ni une idéologie comme on l’a conçoit sous nos latitudes, avec un corps structuré d’idées. Il s’agit plutôt d’une sorte de sentiment, d’un état d’esprit qui a imprégné les masses populaires comme l’a été le péronisme en Argentine. Personne ne peut dire ce que professait Hugo Chavez, comme personne ne peut dire s’il était social-démocrate ou chrétien-social. C’était plutôt un ensemble d’idées qui incluait une conception globale d’Etat, d’économie et de culture. Chavez n’a pas fait appel à l’une des normes doctrinales, philosophiques ou politiques connues en Europe ou en Amérique du Nord.

Le chavisme se projette dans la souveraineté et l’indépendance, ce qui signifie la liberté de la nation en face des puissances étrangères. C’est la continuation de l’idéal bolivarien pour une intégration de l’Amérique latine et des Caraïbes, qui s’alimente en même temps de l’internationalisme, puisqu’il cherche à faire des alliances avec tous les peuples émergents (l’Afrique, l’Asie, etc.) qui cherchent à être libérés de l’impérialisme, du colonialisme et du néolibéralisme.

Il diffère du socialisme traditionnel du XX ème siècle parce qu’il intègre différentes classes sociales et non seulement le prolétariat (la classe ouvrière), mais toutes les classes et couches qui vivent de leur propre travail (salariés ou non) et qui subissent l’exploitation du capitalisme.

Chavez avait n’avait-il pas affirmé : "Je ne suis pas marxiste mais ne suis pas antimarxiste. Je ne suis pas communiste, mais je ne suis pas anticommuniste (...) il faut aller au-delà du marxisme (...) il n’est pas la solution, spécialement pour nos pays (...)". Pour lui, la base de sa pensée serait l’"Arbre des Trois Racines" [1] : Simon Rodríguez, Simon Bolivar et Ezequiel Zamora [2]. En attendant que vienne le "carburant" conceptuel appelé chavisme.

Le chavisme est certainement la version du socialisme la plus efficiente sur la scène de l’antiimpérialisme et de l’anticapitalisme parce qu’ il fait face, avec éfficacité, aux tentatives des Etats-Unis de contrôler les gouvernements et les économies de l’Amérique latine ; à cette fin, il a établi des liens commerciaux avec la Chine, la Russie, l’Iran, et a approfondi des mécanismes d’intégration régionale comme l’ALBA, l’UNASUR, la CELAC, ou le MERCOSUR. Le chavisme s’oppose au néolibéralisme parce qu’il promeut la justice sociale, défend les droits sociaux de la classe des travailleurs après avoir préservé des emplois, des salaires, des pensions, des retraites et pris des mesures comme la réduction de la journée de travail et de la protection contre les licenciements. Au contraire de l’Europe et des Etats-Unis où ceux-ci ont leurs droits qui sont systématiquement réduits par le plan d’austérité néolibéral.

On voit donc que le socialisme du 21ème siècle que voulait construire Chavez ne peut pas encore être confiné dans une définition rigide. Ce socialisme est un nouveau socialisme, d’un nouveau type, qui cherche à dépasser les erreurs du passé en gardant les aspects positifs. Ce qui veut dire que si on prétend copier un modèle, on n’arrivera à rien. Il n’existe pas de modèle. Chaque pays possède une histoire différentes, chaque époque connaît denouvelles évolutions, chaque génération doit résoudre des problèmes différents.

Une chose est certaine : le Venezuela est appelé à se convertir en modèle révolutionnaire qui sera un exemple pour le monde.

Bernard Tornare

»» http://b-tornare.overblog.com/2014/...

[1] Le fondement idéologique sur lequel s’appuie la politique chaviste est représenté par un arbre avec trois racines : chacune d’entre elles renvoie a un personnage historique du XIX ème siècle : Simon Bolivar, leader politique habituellement qualifié de Libertador de l’Amérique ; Simon Rodriguez, maître à penser du Libertador, et, enfin, Ezequiel Zamora, combatant de la Guerre fédérale (1859-1863). Cette politique est selon les termes de Chavez : "Un modèle idéologique autochtone et enraciné dans les profondeurs de notre origine et dans le subconscient de l’être national. (...)"

Discours politiques en Amérique latine, Représentations et imaginaires, sous la direction de Morgan Donot et Michele Pordeus Ribeiro. Page 104.

[2] (...) C’est face à un arbre légendaire, le Samán de Guere, symbole de la résistance indigène, que les fondateurs du Mouvement Bolivarien Révolutionnaire-200 (MBR 200) prêtent serment. Là même oú accouchaient les femmes indigènes et oú Bolívar faisait camper ses troupes. Un arbre, deux siècles, trois racines : Ezequiel Zamora, Simón Rodriguez, Simón Bolívar. Ce sont ces hommes en vert et rouge méditant face à un arbre, et non les partis de gauche, qui sont les auteurs intellectuels et matériels d’une révolution qui a depuis "injecté des vitamines à la démocratie latinoaméricaine" (Eduardo Galeano). (...)

Extrait de l’article de Thierry Deronne "Au Venezuela, des hommes en vert et rouge face à un arbre". Voir ICI, l’article en entier.


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« Je pense que l’un des grands défis des Occidentaux, c’est d’être capables de mettre le curseur sur des forces politiques que l’on va considérer comme fréquentables, ou dont on va accepter qu’elles font partie de ce lot de forces politiques parmi lesquelles les Syriennes et les Syriens choisiront, le jour venu. Et je pense que oui, l’ex-Front al-Nosra [Al-Qaeda en Syrie - NDR] devrait faire partie des forces politiques considérées comme fréquentables »

François Burgat sur RFI le 9 août 2016.

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