Le CNE de Sarkozy : un contrat maudit.








Vendredi 26 janvier 2007.


Un vrai débat de campagne électorale...ce n’est pas monter "des affaires"...

Le Monde d’hier et tous les grands médias préfèrent parler des RG ou d’autre "affaire" que du Cne, de la suppression du droit du licenciement et de la proposition du Medef, dans un grand show, de faire un autodafé avec le Code du travail...

Pendant ce temps-là , on laisse dire à Sarkozy non seulement qu’il est pour le licenciement sans motif tout au long de la vie professionnelle dans un contrat unique... en étendant le Cne

Mais on le laisse dire que "le Cne" est une réussite ...

Alors que le Cne est l’apogée de la précarité et un contrat maudit.



Le Cne de Sarkozy : un contrat maudit.

On nous abreuve d’une prétendue « polémique » pour ou contre les bienfaits du Cne, ce « contrat nouvelle embauche » institué sans concertation par ordonnance, c’est-à -dire par un coup de force du ministre Villepin en plein été 2005.

On cherche à nous faire participer à un « débat » sur l’intérêt d’un tel Cne qui se serait, paraît-il, « installé » dans le paysage (sic, France inter). Mais ce dont il s’agit, c’est d’un recul des droits de l’homme et du travail en même temps.

Le Cne, c’est la pire atteinte que l’on puisse faire à un salarié : l’atteinte à sa dignité ! On peut le « virer » à nouveau du jour au lendemain sans motif : c’est le retour au XIX° siècle, à Zola, le porion peut « virer » le mineur Lantier, le réduire à la mendicité, sans même que le patron lui jette un regard. Et l’on nous affirme, qu’il vaut mieux que les Lantier d’aujourd’hui soient à nouveau soumis à ce régime, plient l’échine, ne puissent de syndiquer, ni se révolter, plutôt que d’être au chômage !

On croyait cet esclavage révolu : la convention internationale n°158 de l’Oit affirme que l’on ne peut « licencier sans motif », toutes les déclarations des droits de l’homme affirment que l’on ne peut « licencier sans motif ». Et la France - qui n’a jamais été aussi riche - de MM Chirac-Villepin-Sarkozy-Dutreil a rétabli sous le prétexte mensonger de lutter contre le chômage, la possibilité d’un employeur de fouler aux pieds la dignité élémentaire d’un humain qui travaille pour lui : « - Dehors !... et je n’ai pas à dire pourquoi ! ».

Il n’y a pas de « débat » possible autour du Cne, il n’y a qu’un combat : un combat pour le droit, un combat pour la dignité, un combat pour le droit élémentaire du licenciement.

La prétention qu’il y ait aujourd’hui 750 000 emplois créés par le Cne est une fable indigne : ce sont des substitutions aux Cdd et à d’autres contrats atypiques précaires.

Il y aurait eu en août dernier, au bout d’un an, 550 000 Cne, mais seulement, d’après une enquête d’opinion auprès de chefs d’entreprise, 10 % (sic) seulement n’auraient pas été créés autrement. Ce qui en fait un des moins "performants" des contrats précaires. (Il y a 950 Cdd, 650 000 intérimaires, 800 000 saisonniers, 3,7 millions de temps partiels, ces chiffres se recoupant aussi ).

La même enquête affirmait que 30 % des Cne ont été interrompus « avant six mois » ! Cela signifie que 180 000 salariés ont été « jetés » sans motif, sans droit, sans explication, sans défense, et il n’y aurait, hélas, que 370 plaintes aux prud’hommes recensées, soit autour de 0,2 %. Mais ces plaintes trouvent écho auprès des juges, en attendant la décision du Bit a priori défavorable en vertu de la convention internationale n°158.

On nous dit que la rupture émanerait du salarié dans 45 % des cas : si c’est vrai, cela ne démontre qu’une chose, c’est qu’il y a, en dépit du chantage à l’emploi, un nombre important de salariés (presque un sur deux) qui préfèrent s’évader de ce système où l’on est corvéable à merci, où l’on ne peut rien refuser à l’employeur !
Car un employeur qui choisit d’embaucher en Cne à la place d’un Cdi, il faut le désigner du doigt, il a tout pour rendre méfiant : c’est qu’il a l’intention de tirer le maximum du salarié, sans vouloir s’embarrasser de respecter ses droits !

Le Cne, c’est une invention perverse qui va chercher les moins bonnes intentions d’un petit employeur puisque l’argument de « vente » de ce maudit contrat, c’est « n’hésite pas à l’embaucher puisque tu pourras le virer sans problème ».

Quand vous n’avez pas de droit face à un licenciement « abusif », et sans « cause réelle et sérieuse », en fait, chacun le comprend, vous n’avez plus de droit du tout, en amont, vous ne pouvez plus réclamer le paiement de vos heures supplémentaires (des milliards d’heures supplémentaires sont impayées, volées aux salariés, volées aux caisses de protection sociale) car si vous le faites, on vous vire ! Et c’est pareil pour vos conditions de travail, l’hygiène la sécurité, ainsi de suite, précarisés vous êtes !

Renaud Dutreil osait affirmer avant que Sarkozy ne le fasse, que ceux qui combattent le Cne (dont ils proposent qu’il soit « étendu en 2007 »... si la droite gagne) relèvent du « Jurassic Park à la française ». Il y a toujours eu des gens de droite comme lui, pour rêver d’en revenir avant l’abolition des privilèges, avant la Révolution Française, avant la Commune, avant le Front populaire, avant la Libération, avant Mai 68, avant l’inspection du travail, avant le droit syndical, avant le droit élémentaire du travail, c’est ce qu’ils appellent à contrario « la France d’après ».

Mais ces réactionnaires passéistes ont pourtant été battus par des millions de salariés, de manifestants, par toute la jeunesse, par plus de 80 % de l’opinion, au printemps 2006 !

Ca ne fait rien : ils s’obstinent, ils osent essayer de ranimer un « débat » dans les médias pour leur misérable contrat : ne laissons par Sarkozy plastronner au cours de cette campagne électorale, sur le Cne, c’est un point central de sa politique de destruction du Code du travail selon les plans du Medef, de Mme Parisot - qui ne manque pas d’air.

Gérard Filoche, Inspecteur du Travail, pour D&S www.democratie-socialisme.org




Sans casque, ni bouclier : témoignage d’un ex-officier de police, par Regarde à vue.


L’ UMP - Sarkozy pour la "liberté de travailler le dimanche", par Gérard Filoche.

Le coup de Trafalgar caché contre le Code du travail et le programme de Sarkozy, par Matti Altonen.






- Photo : Newo,manif anti CNE et CPE du 7 Février.
http://ctx-n-flrs.zikforum.com

COMMENTAIRES  

27/01/2007 15:25 par JCR

Vous ne voulez pas comprendre que si un patron licencie, c’est parce qu’il ne peut pas justifier l’emploi ;
De plus puisque pour vous le patron exploite toujours l’employé, pourquoi licencier s’il l’exploite et en tire des profits ?!!!
Croyez moi, il y a peu de patrons qui aiment licencier..

27/01/2007 22:17 par carnac

Je suis conseillère prud’homale mais je tiens aussi des permanences juridiques au bénéfice des salariés : indubitablement un certain nombre de patrons sont de bonne foi à commencer par celui qui emploie mon fils en CNE mais hélas il ne faut pas se voiler la face : j’en ai la preuve tous les jours dans les permanences et devant les prud’hommes toute réclamation fut-elle justifiée , tout alea (moindre arrêt maladie) aboutit à une rupture du CNE (paiement des heures supp, modification unilatérale des tâches,non application des minima salariaux conventionnels, discrimination notamment à la maternité, et en plus craignant une mauvaise presse les salariés n’osent réclamer leur dû tant qu’il n’ont pas un nouvel emploi pérenne si bien qu’en général le délai d’un an pour contester est forclos . j’ai même vu des VRP en CNE non indemnisé des frais liés à leur emploi grâce à la FNAIM )

JE SUIS TOTALEMENT OPPOSEE AU CNE .

Qui plus est force est de constater que les banques et les bailleurs n’accordent pas le moindre crédit à ce contrat . L’employeur de mon fils qui comme je vous l’ai dit est un brave homme a fait un "faux" en déclarant mon fils embauché en "CDI" de façon définitive pour qu’il puisse trouver un logement (il lui a fait signer une contrelettre pour assurer ses arrières) . A peine mon fils avait-il ce laisser passer qu’il trouvait comme par enchantement un logement.

Je n’attends qu’une chose c’est que le CNE soit abrogé

28/01/2007 17:10 par grellety

Ce type de témoignage est précieux. Il en faut plus ! Dans ses ouvrages, M. Filoche témoigne, en tant qu’inspecteur du travail. Il en faudrait, d’aussi courageux et précis, au sein des Conseils de Prud’hommes.

28/01/2007 01:09 par Bourguignon

"Croyez moi, il y a peu de patrons qui aiment licencier.."
La preuve : il y a en France, bon an mal an, environ 12000 demandes d’autorisation de licencier un salarié protégé (délégué du personnel, syndical,etc....) émanant toutes de patrons qui n’aiment pas licencier.
C’est ben vrai ma bonne dame, tous des patrons masochistes.
AAAHH, fais-moi mal, Johnny

29/01/2007 10:55 par Anonyme

Ca dépend de quel patron il s’agit et dans quel contexte : ceux de Moulinex étaient des voleurs qui ont bradé une entreprise remarquable pour des considérations financières de court terme... Danone et Michelin licenciaient alors qu’ils faisaient d’énormes bénéfices et ce n’est pas acceptable. On aurait du les empêcher juridiquement de le faire. Comme des centaines d’autres qui ont bénéficié de nos "aides" , de nos "impôts" , de nos services publics, et qui ont fermé la porte pour augmenter leurs marges...

Ensuite, oui, par définition, un patron exploite toujours un salarié au sens il prend une plus-value sur son travail... Mais il arrive qu’un patron juge qu’il ne "tire pas assez de profit" de son salarié et le licencie pour cette seule raison...le capitalisme financier ce n’est pas la recherche du profit mais du profit maximum immédiat...et c’est pourquoi il faut contrôler les licenciements, les soumettre au droit et pas à la loi de la jungle Sarkozy a repoussé l’élection des prud’hommes de décembre 2007 à décembre 2008 parce qu’il veut supprimer ladite élection et diminuer les droits, le rôle des prud’hommes de même qu’il veut diminuer le droit de grève... (quand il parle des ouvriers, en concret c’est pour cela : diminuer leur droit de grève).

Enfin je crois deviner que vous parlez des petits patrons, c’est vrai, il y a 97 % des entreprises qui font moins de 50 salariés, mais celles-ci dépendent des "gros" , des donneurs d’ordre, des 1000 entreprises de plus de 1000 salariés qui produisent 48 % du Pib, et utilisent 8 millions de salariés, un sur deux et les entreprises du Cac 40 font 100 milliards de bénéfices en 2006 ( 83,4 Mds en 05, 66 en 04, 57 en 03...)... Jamais ces entreprises n’ont autant gagné d’argent : pourquoi n’embauchent elles pas, pourquoi licencient elles ?

Il faut réguler la sous-traitance pour que ce ne soit pas le moins disant social imposé par ces gros-là aux petits patrons...

Enfin, je vous le dit : l’argument qui consiste a dire "avec le Cne, tu peux embaucher car tu pourras virer le salarié comme tu veux sans motif, sans t’explique vis à vis de lui" , est un argument pervers, malsain, odieux qui joue sur le plus mauvais côté des petits patrons ! la dignité du salarié doit exister même dans une petite entreprise ! Elle doit être protégée, et je le ré affirme, "méfiez vous d’un patron, même "petit" qui prend en Cne, alors qu’il peut le faire en Cdi... "

Gérard Filoche

04/05/2007 17:42 par paolo83

L’employeur peut licencier grace à ce contrat parce qu’il peut trouver tjs quelqu’un pret à se faire exploiter...mais pourquoi ces gens de droite parlent encore ? Ils devraient etre en CNE pour comprendre...

Paolo

27/01/2007 20:28 par Anonyme

La gauche en réinvention

(...) Le paysage politique à gauche pour la présidentielle achève de se fixer. Nous avons vécu l’épilogue de la démarche engagée par de nombreux militants et organisations pour constituer un rassemblement antilibéral de gauche et présenter des candidatures communes aux élections de 2007. L’objectif des initiateurs n’a pas été atteint. (...)

Pour les militants de PRS qui ont défendu la nécessité de cette « union dans l’union », cet échec est bien sûr une lourde déception. La dynamique d’union de l’autre gauche manquera à l’ensemble de la gauche. Elle n’était sans doute pas mûre pour offrir un choix véritable au pays, transcendant ses identités particulières dans une construction politique nouvelle. Il y avait trop de désaccords stratégiques en son sein avec des visions contradictoires sur les voies de la recomposition à gauche. Faute d’avoir clarifié ces questions, le débat sur le nom du candidat n’a pu aboutir à un consensus, chacun défendant celui dont il se sentait historiquement ou idéologiquement le plus proche.

Pour autant nous savons qu’au lendemain des chocs du 21 avril et du 29 mai, la recomposition politique de la gauche est inéluctable. (...)

Le processus par lequel les forces politiques se réorganisent pour exprimer la réalité des rapports de force sociaux est long et complexe. Il affronte ses propres inerties.

PRS pense que l’émergence d’une force politique nouvelle est indispensable pour que puisse se construire un débouché solide à l’aspiration antilibérale majoritaire dans le pays et prendre à bras le corps l’état d’urgence sociale et politique. La construction de cette force politique nouvelle doit se faire en tirant la leçon du double échec du communisme d’Etat (stalinisme) et de la social-démocratie. Elle doit aussi intégrer l’expérience et la dimension pertinente des luttes civiques et alter mondialistes.

Dans cet objectif, PRS refuse toute logique de règlement de comptes après l’échec du rassemblement antilibéral. Elle ne pourrait rien produire d’autres que d’inutiles blessures retardant ou compromettant cet objectif. Dans la présidentielle de 2007, chaque candidature issue des composantes de ce rassemblement est légitime. Mais aucune d’elles ne peut prétendre être une candidature commune des antilibéraux. Cette mise en commun reste l’objectif dans la réinvention de la gauche désormais indispensable.

Forte de l’expérience accumulée dans la bataille au côté de l’autre gauche pour que se réalise son unité, l’association connaît la part spécifique qu’elle doit prendre dans la réinvention globale de la gauche. Nous avons bien compris que le « trait d’union » à gauche ne peut se limiter à un nom sur un bulletin de vote ou à un accord électoral. Nous savons qu’il dépend aussi de la production d’une culture commune. Ses éléments fondamentaux sont déjà repérables aujourd’hui dans les principes républicains. (...)

L’action d’abord

Pour aborder efficacement cette étape nouvelle, il faut le faire dans la mobilisation pour réaliser le programme minimum de la présidentielle : battre la droite pour ouvrir la voie à une alternative. (..)

(Résolution du CN)

www.pourlarepubliquesociale.org

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