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Le feu carcéral brûle Bernie Madoff : Le prix du suicide (Counterpunch)

Une des choses les plus difficiles à vivre quand on est en prison c’est la mort d’un être cher, et en particulier s’il est de votre chair et votre sang. Et c’est encore pire si vous êtes directement responsable de sa mort. Il n’y a pas de doute que le fardeau de la condamnation à 150 ans de prison de Bernie s’est considérablement resserré autour de sa gorge quand il a appris que son fils Mark s’était pendu à un conduit du plafond de son appartement avec une laisse de chien.

Selon les informations disponibles, Mark était fragilisé par le ressentiment qu’il avait contre son père suite à une série de procès dont lui-même et d’autres membres de sa famille avaient fait l’objet. Sa vie était très différente désormais de ce qu’elle avait été lorsqu’ils étaient riches et célèbres. Et le bruit qui courait selon lequel une enquête criminelle allait être ouverte contre lui l’a probablement incité à mettre fin a ses jours. Peut-être qu’il ne pouvait pas supporter l’idée d’aller en prison. peut-être qu’il s’est représenté sa première nuit en prison.

Si son imagination lui a représenté quelque chose comme ce que j’ai vécu, je peux comprendre qu’il ait préféré en finir avant. Lors de ma première nuit à Sing Sing où je purgeais une peine de 15 ans de prison pour avoir commis le délit non-violent de passer 115 grammes de cocaïne pour un salaire de 500 dollars, je fus réveillé par les miaulements de terreur d’un chat. On aurait dit qu’on était en train de le dépecer. Des cris et des injures éclatèrent et se propagèrent de cellule en cellule dans la prison. "Puta !" "Maricona !" criaient les détenus dans leur langue maternelle. Je me suis lavé le visage et je me suis approché de la porte de ma cellule.

J’ai coincé le miroir entre les barreaux et j’ai cherché la source du bruit. Max, qui était dans la cellule voisine faisait la même chose. "C’est Chief qui s’envoie un chat," me dit-il. "Et pis quoi encore ?" ai-je grommellé. "C’est pourtant vrai. C’est un malade. Sa cellule est sur la galerie W avec ceux qui travaillent à la cantine. Ce type aime les chats. Il les achète à des prisonniers qui les attrapent dans la cour. Il se passe ici des tas de choses insensées. Tu verras." Je me suis vite rendu compte que la prison comptait plus que quelques psychopathes sadiques comme Chief qui purgeait une peine à vie pour avoir tué deux enfants. Le monde que je connaissais n’existait plus. Je faisais désormais partie du labyrinthe, j’étais un de ces individus qui avaient perdu leur identité et étaient devenus des rouages de la vie carcérale.

Et Bernie Madoff est sûrement devenu un rouage du labyrinthe carcéral, sinon pourquoi aurait-il refusé d’aller à l’enterrement de son propre fils ? Son avocat a affirmé qu’il faisait cela par considération pour sa famille. Pour ma part, je crois que refuser de dire au revoir à son fils montre à quel point l’univers carcéral a détruit sa capacité à ressentir.

Comme je l’ai déjà dit à Bernie, une route difficile t’attend. Quand tu te regarderas dans le miroir tu penseras au crime que tu as commis et à comment il t’a fait atterrir en prison. Tu vas revivre ton forfait encore et encore. Et en marchant de long en large dans ta cellule, tu prendras conscience encore et encore que c’est en homme brisé que tu mourras dans cette même cellule.

Le suicide de Mark Madoff qui laisse derrière lui une femme et des petits enfants, est une tragédie. C’est triste de devoir dire que cela fait parti de la punition de Bernie pour avoir monté une arnaque de 64 milliards de dollars inspirée de la pyramide de Ponzi qui a détruit la vie de nombreux clients qui lui avaient fait confiance. C’est le quatrième suicide lié aux activités de Bernie. Les autres étaient des clients : Christen Schoe (qui s’est pendu), Theirry de la Villhuchet (qui s’est ouvert les poignets et s’est vidé de son sang) et William Foxton (qui s’est tué d’une balle). Peut-être que la mort de ses clients n’a pas trop dérangé Bernie, mais l’horrible mort de son propre fils le hantera désormais jusqu’à ce qu’il ne puisse plus le supporter.

Anthony Papa est l’auteur de "Condamné à 15 ans de prison : Comment j’ai retrouvé la liberté grâce à la peinture". Il est expert en communications à Drug Police Alliance.
On peut le joindre à : anthonypapa123@yahoo.com

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/papa12152010.html

Traduction : D. Muselet

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