RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le grand journal de la terreur contre Cuba en France.

Du balcon de la résidence parisienne, l’agréable soleil printanier - torride dans l’après-midi pour la majorité des Français - me servit de motivation tropicale pour un article basé sur un fait réel qui se renouvelle avec différents acteurs politiques et journalistes à la télévision française.

Le mercredi 20 avril 2011, monsieur Jack Lang, député du Parti Socialiste, était l’invité d’une émission de grande audience « Le Grand Journal » de Canal Plus pour débattre sur divers thèmes en rapport avec la politique interne française. Mais, à la surprise de nombreux téléspectateurs, le journaliste de Canal Plus, Jean-Michel Aphatie, entonna son extravagante rengaine anti-cubaine pour interroger Lang sur son thème de prédilection : « Fidel Castro est-il un dictateur de la pire espèce ? » Et Aphatie commenta « A cause de ses prisonniers politiques et des personnes qui peuvent à peine respirer alors qu’il ne reste que quelques communistes, » dans un contexte où on voyait des images de Fidel accompagne du président cubain Raùl Castro Ruz à la réunion plénière du VI° Congrès du Parti Communiste de Cuba.

Il faudrait demander à Aphatie pourquoi, avec un si grand nombre de thèmes en France et dans l’agenda de la politique mondiale, il faut toujours qu’il pose la même question à ceux qu’il interroge, comme si son répertoire se résumait à une interpellation, comme si on le payait pour répéter sans arrêt le mot « dictature ». Devant cette situation extravagante, on pourrait suggérer aux lecteurs de chercher le nom d’Aphatie dans la liste du « Projet d’Argent pour Cuba », centre de paiement pour les journalistes de divers pays afin qu’ils fassent des interviews contre le gouvernement cubain. Ainsi donc, dorénavant, il faudrait savoir si Aphatie apparaît déjà sur cette liste ou s’il aspire à y être à cause de la réduction croissante du « pouvoir d’achat » dans son entourage. La route de l’argent, en ce qui concerne Aphatie, serait une recherche intéressante qui aiderait à mettre à jour la cause de son attitude vicieuse envers Cuba car jusqu’à maintenant, trois hypothèses fondamentales me sont venues à l’esprit : C’est un mercenaire au service des grandes puissances ; il est aveuglément et sans limites attaché à l’idéologie anti-communiste ; ou il s’agit d’une pathologie mentale complexe non encore diagnostiquée.

Mais poursuivons. A la brutale torture de l’antipathique Aphatie qui répétait comme une ritournelle : « Dictature, dictature, dictature », comme une seconde voix dans un ensemble musical, Lang tenta placer quelques mots qu’il orienta peut être « inconsciemment » dans le sens de son interviewer, ce qui l’amena à prendre une position indigne jusqu’à ce qu’il plie comme un faible roseau au bord d’un fleuve, chose qui arrive toujours sous les rafales des ouragans.

Le bruit de cette rengaine subliminale dans la bouche d’Aphatie troubla l’intelligence de Lang qui avoua à son inquisiteur qu’il avait évidemment raison : « Fidel Castro est un dictateur, un oppresseur qui a imposé à son peuple un régime politique. » A partir de là , Lang et Aphatie s’entendirent comme larrons en foire jusqu’à ce que Lang rappelle les belles paroles du Siècle des Lumières français : « Castro est un despote éclairé qui a réussi de grandes choses dans la culture, le cinéma, l’éducation et la santé. » Ainsi, dans un système cruel et oppressif, on peut obtenir de telles conquêtes sociales, celles-là même qui existent aujourd’hui à Cuba et on travaille intensément pour qu’elles s’étendent et se perfectionnent.

Mais Lang avait dans sa plaidoirie contre Fidel une vérité révélée et c’était le moment de la publier : « Oui, évidemment, Cuba est une dictature ». Et il le dit avec la transparence de l’eau bénite qui coule dans la belle Seine. Evidemment, pour montrer aussi qu’il est un candidat idoine et idéal au nouveau poste de « défenseur » des Droits de l’Homme.

Lang batifola avec le qualification médiatique de dictateur et de dictature respectivement appliquées à Fidel et à Cuba et il voulut nuancer ses critères en vue d’une impartialité apocryphe lorsqu’il mit au crédit d’ Obama (Barack) la volonté de dialogue et de changement de politique envers Cuba, ignorant la position limpide du gouvernement cubain au sujet de ce problème qui lui avait été expliquée en 2009 par le président Raùl en qualité d’émissaire spécial du président Nicolas Sarkozy à La Havane pendant des heures de conversation qui l’honorèrent et l’émurent . Il faudrait demander à Jack Lang si bien informé pourquoi il a ignoré les appréciations sur ce thème de James Carter, ex-président étasunien qui a visité l’Ile, eu des réunions avec Fidel et Raùl et de longues rencontres avec des secteurs et des institutions de la société civile cubaine et de ce qu’on appelle « dissidence » chapeautée par Washington. Ces omissions ont détruit tout équilibre dans ses jugements hâtifs sur Cuba.

Durant ce programme, le dieu Chronos courrait rapidement. Aphatie avait déjà pratiquement remporté le débat lorsque Lang se moqua du temps : il prit la tenue d’un gladiateur intrépide et en une seconde, se désolidarisa d’un « embargo anormal » que les cubains considèrent comme un blocus économique, commercial et financier parce qu’il représente un ensemble d’actions agressives pendant un demi-siècle pour détruire tout un pays, c’est à dire un véritable génocide mais qui, dans l’esprit d’un Français, est un simple « embargo » qui ne devrait pas exister après la « Guerre Froide ». Il apparaît ainsi que les stratégies, les méthodes et les procédés de cette période néfaste dans les relations internationales ne s’appliquent pas aujourd’hui dans la politique internationale et dans les « guerres chaudes » que les impérialistes occidentaux pratiquent avec la participation de l’OTAN en Afrique et au Moyen-Orient. Oui, pour de mesquins intérêts géopolitiques et économiques dans leur but de domination globale.

Enfin, Jack Lang fut méconnaissable dans le studio de Canal Plus où il assuma une posture irrespectueuse envers le leader et fondateur de la première Révolution socialiste qui parle espagnol, et qui est aussi autochtone que l’immense Palmier Royal et continuera à l’être. Malheureusement, ce facteur de civilisation fut souligné par Lang, connaisseur avisé des questions socioculturelles.

Personne, aussi bien que le romancier Gabriel Garcà­a Marquez, Prix Nobel de Littérature, simple ambassadeur de la culture universelle, n’a pu capter le Fidel authentique comme il l’a fait dans son article intitulé : « Le Fidel Castro que je connais » duquel je veux partager un fragment avec les lecteurs :

« Fidel est l’anti dogmatique par excellence (…) Lorsqu’il parle avec les gens de la rue, la conversation a le ton expressif et la franchise crue du la réalité. On l’appelle Fidel. On l’entoure sans problèmes, on le tutoie, on discute avec lui, on le contredit, on rouspète, c’est un réseau de communication immédiate où bouillonne la vérité. C’est alors qu’on découvre l’être humain insolite que l’éblouissement de sa propre image ne laisse pas voir. C’est le Fidel Castro que je crois connaître : un homme austère aux illusions insatiables avec une éducation formelle à l’ancienne, aux paroles prudentes et aux manières pleines de finesse et incapable de concevoir aucune idée qui ne soit pas originale. Il rêve que ses scientifiques trouvent le remède définitif contre le cancer et il a créé une politique extérieure d’efficacité mondiale dans une île 84 fois plus petite que son ennemi principal. »

Face à ces paroles du célèbre romancier, le show Aphatie-Lang est un spectacle bas et risible qui frôle le pire style de Miami basé sur la terreur médiatique sur et contre Cuba. Ce qui en sort, à l’évidence, est que Lang ne connaît pas le vrai Fidel, le connaître réellement ne l’intéresse pas non plus parce que c’est un révolutionnaire radical, anti-capitaliste et anti-impérialiste.

La seule chose qui intéresse Lang, c’est la démocratie bourgeoise et les institutions capitalistes imposées au monde par les riches puissances occidentales par le feu et le sang.

Le seul vrai combat de Lang, c’est le combat pour obtenir le poste français bien rémunéré de « défenseur des droits » en compétition aussi avec d’autres excellents paladins des « droits de l’homme et de la démocratie occidentale ». Je pense aussi à Bernard Kouchner qui - à la différence de Lang - allègue des raisons intimes et entremêle les sentiments du coeur pour manifester sa haine viscérale de Fidel considéré comme un « dictateur scélérat » dans ses diatribes anti cubaines assidues à la radio française. Dans les deux cas, même avec le mensonge médiatique ils ne pourraient pas atteindre l’illusion de s’octroyer la charge convoitée.

Tandis que la lutte pour la responsabilité justicière de « défenseur des droits » continue, Lang étourdi d’opportunisme et sous le fouet impitoyable de son bourreau Aphatie, aurait pu encore se trouver frappé comme le public par l’émission phare de Canal Plus ou, pourquoi pas, absorbé dans l’analyse philosophique et sémantique de ce texte insondable : « Cuba : c’est tout et ce n’est pas tout. Cuba : ce n’est rien et ce n’est pas rien. Cuba : c’est ce qui est et ce n’est pas ce qui n’est pas. Oui, c’est non et non, c’est oui où j’ai dit, je dis, maintenant, je dis Diego. »

Ainsi, les lésions cérébrales que laisse Aphatie chez les personnalités politiques qui sont fréquemment invitées au grand spectacle de Canal Plus, sont probablement graves. Certainement, messieurs, ceci est, selon moi, le journalisme de la pire espèce sur Cuba, en France, que par son impact et ses séquelles sur les esprits de millions de personnes, nous pourrions appeler « Le grand journal de la terreur ».

Croyez-moi, j’ai de la pitié pour Jack Lang, un homme qui aime la culture et professe le rêve du « Charme cubain ».

(traduction Gaston Lopez)
Rebelion.

URL de cet article 13558
  

Même Auteur
« Cuba mi amor », un roman sur le Che de Kristian Marciniak (Rebelion)
Leyde E. Rodri­guez HERNANDEZ
Publié chez Publibook, une maison d’édition française, le roman de Kristian Marciniak : « Cuba mi amor » circule dans Paris ces jours-ci. Dans un message personnel adressé au chroniqueur de ce papier, l’auteur avoue que Cuba a été le pays qui lui a apporté, de toute sa vie, le plus de bonheur, les plus grandes joies et les plus belles émotions, et entre autres l’orgueil d’avoir connu et travaillé aux côtés du Che, au Ministère de l’Industrie. Le roman « Cuba mi amor » est un livre impressionnant de plus de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La liberté de la presse est la liberté que les capitalistes ont d’acheter des journaux et des journalistes dans l’intérêt de créer une opinion publique favorable à la bourgeoisie.

Karl Marx

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.