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Le Pharaon du Nil est tombé, vive la révolution arabe !

illustration : Jon Berkeley / Andrea de Muri

Glorieux peuple d’Égypte, tu viens de chasser par ton courage admirable et par ta détermination formidable le plus grand des tyrans du monde arabe. Le pharaon du Nil est tombé. Ta volonté de vivre dans la dignité et ton désir de marcher vers la liberté sont plus forts que tous les impérialismes et tous les gouvernements qui ont honteusement soutenu le dictateur. L’Égypte n’a jamais été aussi belle qu’aujourd’hui. L’Égypte de la révolution est un océan d’espoir pour des millions et des millions d’opprimés du monde arabe.

Tu as renversé l’un des plus despotiques, des plus corrompus et des plus cruels régimes au monde.

Tu viens de donner généreusement une très belle leçon à tous ceux qui méprisent les peuples. Tu leurs a appris que, face aux injustices, face à la tyrannie, les peuples ont toujours le dernier mot. Tu étais le plus fort. Les bourgeoisies américaines et européennes, leurs intellectuels et leurs médias t’ont méprisé, traité d’incapable de mener la moindre révolte, incapable de penser la démocratie et le progrès. « Il faut, hélas, dire ce qui est : beaucoup d’intellectuels pensent au fond d’eux-mêmes que les peuples arabes sont des arriérés congénitaux à qui ne convient que la politique du bâton » (1). Aujourd’hui tu leurs as fait la démonstration magnifique que ce sont les peuples qui font l’histoire.

L’impérialisme américain et européen tremble devant cette formidable révolution qui, bientôt, va balayer tous les régimes despotiques arabes. L’impérialisme a peur de la démocratie. Il a tout fait pour maintenir au pouvoir les pires des dictatures. Il les a armées, financées et portées à bout de bras pour sauvegarder les intérêts d’une poignée de riches américains et européens. Les bourgeoisies occidentales, promptes d’habitude à s’enflammer pour soutenir les changements dans les pays de l’Europe de l’Est, se taisent lamentablement sur les révolutions arabes en cours. Car elles savent pertinemment que la libération des masses arabes opprimées est en contradiction objective avec leurs propres intérêts. L’impérialisme et la bourgeoisie qui le porte sont les amis des dictateurs, des tyrans et les ennemis de la démocratie et des peuples.

Glorieux peuple d’Égypte, tu es un vrai magicien. Tu as réussi à transformer l’hiver en printemps. C’est le printemps de tous les peuples arabes. Leur hiver était long, triste et leur souffrance terrible, mais aujourd’hui, de Rabat à Beyrouth, de Tunis à Bagdad en passant par Alger et Damas leur joie est immense. Ta révolution est celle de toutes les masses arabes opprimées qui vont certainement suivre ton exemple et se retourner à leur tour contre leurs propres tyrans. La révolution arabe est en marche.

Mohamed Belaali

(1) Le Monde du 6/7 février 2011, page 3.

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COMMENTAIRES  

12/02/2011 08:37 par Sierra

L’enthousiasme, la fraternité et la ferveur de mise en ces circonstances, ne doivent pas faire oublier que c’est la CIA qui a annoncé le départ du pharaon, et ça laisse un drole gout.

12/02/2011 11:27 par pfro35

Tout à fait d’accord avec Sierra et je crains fort que le plus difficile reste à faire. Les États Unis gèrent la situation et comme en Tunisie j’ai bien peur que les changements ne soient que symboliques.
Je n’oublie pas qu’après mai 68 on a remis la droite au pouvoir, pas très original, mais cela montre le degré de conscience politique du peuple. Après un recul forcé, le monde financier a vite rattrapé le terrain perdu et les choses s’aggravent de jour en jour.

12/02/2011 17:48 par in vino veritas

Je trouve qu’il ne faut pas qualifier les peuples qui se révoltent en peuple arabe. Il y a souvent l’amalgame de mettre l’Afrique du nord, le moyen-orient, le proche-orient de monde arabe. Il serait préférable et plus juste de parler d’un monde arabophone.

Il est important de dire que tout peuple brimé, exploité, un jour ou l’autre se révoltera.
Toute dictature un jour ou l’autre tombera, c’est inévitable.

En tant que pays ou régime dit démocratique, nous avons le devoir de soutenir tous ces peuples qui veulent accéder à la liberté (dans tous les sens du terme).

C’est à cette seule condition, que le monde parviendra à une justice pour tous. Mais le chemin est encore très long.

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