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Le terrorisme, McVeigh et le gouvernement américain

Howard Zinn

McVeigh est l’homme qui a organisé un attentat contre le siège du FBI dans l’Oklahoma, il y a quelques années. Howard Zinn tente de comprendre le sens du mot terrorisme en comparant l’acte de Mc Veight aux exaxtions commises par le gouvernement américain.

Maintenant que Timothy McVeigh a été exécuté et que les besoins de vengeance et de châtiment ont pu trouver satisfaction, nous pouvons réfléchir calmement à la façon dont McVeigh a appris son curieux sens du bien et du mal du même gouvernement qui l’a condamné.

Quiconque possède une once de sens moral ne peut approuver la destruction d’un édifice ayant entraîné la mort de 168 personnes. Mais McVeigh n’a pas eu à chercher bien loin pour s’apercevoir que c’est très exactement ce qu’avait fait le gouvernement des États-Unis, mais à plus grande échelle.

Pendant la guerre contre l’Iraq - guerre où McVeigh fut décoré - la US Air Force a ainsi bombardé, le 15 février 1991, un abri anti-aérien à Bagdad. Plus de 600 personnes, parmi lesquelles de nombreuses femmes et enfants, furent tuées au cours de cette opération, tandis que d’autres bombardements avaient quant à eux atteint des autobus, des trains, des autoroutes, des hôpitaux, ainsi que des quartiers résidentiels, entraînant également la mort de civils. Le gouvernement qualifia ces bombardements d’accidents.

Mais peut-on véritablement parler d’accidents quand le fait de larguer un très grand nombre de bombes sur une ville entraîne inévitablement la mort d’innocents ?
Toutefois, dans le cas qui nous intéresse, celui du bombardement de l’abri anti-aérien, les États-Unis ont admis qu’ils avaient agi intentionnellement, affirmant qu’il y avait là un centre de communication.

Aucune preuve de cela, si mince soit-elle, ne fut pourtant trouvée par les journalistes qui ont arpenté les ruines immédiatement après le bombardement. Et même si l’existence d’un centre de communication irakien s’était avérée exacte, cela justifirait-il pour autant le massacre (il n%y a pas d’autre mot pour cela) de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ? Si McVeigh avait servi dans les forces aériennes plutôt que dans l’infanterie et qu’il avait largué cette bombe, faisant deux fois plus de victimes qu’à Oklahoma, il serait toujours vivant et porterait peut-être une médaille de plus sur la poitrine.

Pour justifier les victimes et les blessés survenus lors de l’explosion de l’édifice fédéral à Oklahoma, McVeigh utilisa l’expression « dommages collatéraux » - celle-là même qui est employée par notre gouvernement pour désigner la mort de civils au cours des bombardements américains en Iraq, au Panama ou en Yougoslavie. Mon édition scolaire du dictionnaire Webster définit comme « collatéral » ce qui accompagne ou est relié, mais qui reste secondaire ou subordonné. McVeigh, de même que les dirigeants américains, ont donc considéré que le prix en vies humaines, comparativement à tout ce qui a été détruit, était secondaire et assurément acceptable.

Si McVeigh, guidé par un sens démentiel de la morale, n’est maintenant plus en mesure de causer des pertes humaines, il en va tout autrement du gouvernement des États-Unis dont la vitalité et la capacité à larguer toujours plus de bombes - comme celles lâchées presque quotidiennement sur l’Iraq - rendront la mort de civils toujours justifiable en tant que « dommages collatéraux ».
Au lendemain de l’exécution de Timothy McVeigh, le Boston Herald titrait à la une : « CEST FINI ! ».

Mais ce n’est pas fini. Le terrorisme n’est rien d’autre que le meurtre d’innocents dans le but de faire passer un message (ce sont là les termes utilisés par McVeigh ainsi que par les porte-parole du gouvernement américain après chaque bombardement de villes étrangères). Et aussi longtemps que notre gouvernement pratiquera des actes terroristes, tout en réaffirmant chaque fois agir dans l’intérêt de la démocratie et de la liberté, ou encore pour envoyer un message à quelqu’autre gouvernement, nous verrons réapparaître d’autres Timothy McVeigh suivant le même exemple.

Non, rien n’est fini. Les actes terroristes individuels vont continuer et seront qualifiés - à juste titre - de fanatismes. A une échelle bien plus large, le terrorisme

d’État lui aussi se poursuivra et sera appelé « politique étrangère. » Voici bien la morale perverse qui règne aujourd’hui et qui perdurera tant et aussi longtemps que les États-Unis n’auront pas décidé que toute forme de terrorisme est injuste et ne saurait être tolérée.

Cet article est publié dans le Couac, journal satirique canadien.
Howard Zinn, professeur émérite de l’Université de Boston, est l’auteur d’une importante histoire du peuple américain.


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