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Les temps de la Révolution en Syrie

Cela fait trois mois, jour pour jour, que la révolution en Syrie a éclaté. Elle est toujours en marche et ne s’arrêtera pas demain. Pour essayer de saisir ses instances pratiques et théoriques rappelons-nous que les évènements historiques précèdent ses instances conceptuelles. Bien que la pratique forme, pour nous matérialistes, une union avec la théorie, la conscience des pratiques spontanées et des évènements socio-économiques viennent ultérieurement après le passage d’un certain temps. La dialectique est ce temps qui n’est autre que le temps des luttes, des contradictions, des transformations et évolutions, cad, le temps du passage nécessaire de la révolution en tant que pratique spontanée au travail organisé, conscient et théorisé. Ceci est le cas syrien par excellence. Limitons nous donc, à présent, à quelques propositions et hypothèses afin d’être près de cette révolution.

Les slogans les plus entendus dans la rue sont ceux qui scandent « le peuple veut la chute du régime », ou « que se vayan todos » (latino américain à l’origine et repris en arabe par les révolutions). Quatres situations substantielles ou dominantes apparaissent dans la pratique révolutionnaire en Syrie :

a) la spontanéité, même, après trois mois,

b) le temps cosmétique qui sépare les révolutionnaires dans la rue, des « élites intellectuelles » et des dirigeants des partis de gauche, dans la mesure où ces derniers réclament, comme ce fût le cas durant les dix dernières années, un dialogue national du « spectre de l’opposition » avec le régime pour aboutir, ensuite, à des réformes politiques. Remarquons que la révolution pour l’ancienne garde n’a pas eu lieu encore !,.

c) pour l’opposition de gauche officielle ou historique, l’évènements du 15 mars est tantôt un mouvement de protestation, tantôt un soulèvement populaire. Il n’est une révolution qu’uniquement pour les comités des jeunes et ceux d’anciens militants de la gauche. Ces comités se multiplient sans cesse en nombres. Ils essayent, non sans peine, de coordonner entre eux leurs luttes pour arriver à une direction centralisée.

d) l’évènement du 15 mars est une révolution pour les raisons suivantes :

1- idéologique : parce qu’elle réclame le changement de la constitution de fond en comble, l’élection d’une nouvelle assemblée du peuple, le changement des lois, des législations, le fondement d’un Etat « civil » pour les plus religieux, laïque pour les jeunes et la gauche, bref un Etat nationaliste et démocratique,

2 - économique : dans la mesure où les changements idéologiques, même s’ils n’apportent aucun changement au mode de production capitaliste, ils n’épargneront pas les forces du travail, les relations de production, car la révolution réclame avec force l’égalité, la justice, l’éradication de la corruption et la poursuite des grandes fortunes qui ont accumulé le capital sous le règne de l’idéologie de la violence. Les masses révolutionnaires sont bien conscientes des impératifs du développement économico-social et du rôle de l’Etat dans ce domaine,

3 - et, c’est le plus important, cette révolution à une portée sociale profonde et radicale. Après avoir brisé le mur de la peur, elle ne reviendra plus en arrière. Le temps du pouvoir du peuple pour le peuple a sonné. C’est une révolution et même une grande révolution, parce que les révolutionnaires ont dépassé de très loin l’ancienne garde qui avait accumulé, depuis l’indépendance acquise à la fin de la deuxième guerre mondiale, les échecs au niveaux politique et social. Des nouveaux dirigeants de gauche émanent de la révolution du 15 mars laissant derrière eux l’ancienne garde de la gauche. Là , réside une des instances les plus importantes de cette révolution : ce sont les relations socio-politiques qui s’engagent dans le changement.

Quel peut être l’avenir de la révolution en Syrie ? Pour la saisir, un retour au passé du régime est indispensable. Cette révolution qui dure depuis 90 jours ( !), avec 1200 martyrs ou plus, parmi eux une cinquantaine d’enfants morts pour la liberté, ainsi que quelques centaines d’adolescents, et qui a montré aux masses populaires les chemins des changements, ne s’arrêtera plus jamais. Elle est celle des banlieues, quartiers et villages pauvres, contre la bourgeoisie périphérique alliée des bourgeois du marché et de la mondialisation- néolibérale. Le « discours du serment » (plutôt du trône) de Bachar Assad en l’an 2000 prononcé à l’Assemblée du peuple lors de sa succession à son père le Général Hafez Assad, dans lequel, il s’engageait sur des promesses de réformes politiques et économiques à venir, c’est parce que la bourgeoisie au pouvoir, après avoir abolit et l’Etat de droit et l’Etat nation, pour la substituer par le pouvoir des appareils répressifs, faisait de la violence l’idéologie dominante . Il voulait bien des réformes qui régulariseraient au mieux les investissements et l’accumulation libre du capital, quitte à s’intégrer de plus près dans la mondialisation- néolibérale. En témoignent, l’amitié franco-syrienne, la demande syrienne de se lier à l’Union européenne par le biais d’un accord de partenariat, l’ouverture économique opéré par le régime syrien vers le libéralisme économique dans les domaines des banques, y compris étrangères, les investissements des multinationales et nationales et la bourse. Il en va de même pour les relations avec les Etats-Unis, avec qui Bachar n’a pas épargné ses efforts pour acquérir ses « amitiés ». Et pour couronner ses ouvertures néolibérales et aller dans le sens de la politique internationale dominée par l’impérialisme depuis la fin de la guerre froide, il s’engage dans des négociations tenues secrète avec Israël via la Turquie d’Ordogan efendi. Il a même intégrer l’Union pour la Méditerranée et salué à l’occasion la parade militaire du 14 juillet à côté de son ami Sarkozy. Quel avenir attend la révolution en Syrie ?

a) des menaces qu’elle soit volée, suivant les cas tunisien et égyptien, par la bourgeoisie locale alliée de la mondialisation et soumise à l’impérialisme, contre des miettes de réformes idéologiques formelles octroyées à la révolution. Mais, bien que le rapport de force reste toujours en faveur de la bourgeoise mondialisée et son armée, les alliés bourgeois mondialisés ne parviennent pas à soulever des obstacles devant les révolutionnaires de ces deux pays, et ceci, grâce aux changements socio-politiques profonds, amenés par/avec la révolution. Ce sera aussi le cas en Syrie.

b) les révolutions arabes sont énigmatiques à tous ceux qui ne font pas une approche matérialiste de notre histoire actuelle. Les communistes et leurs alliés savent que l’impérialisme en tête duquel se trouve les Etats-Unis et l’Union européenne, l’Otan et la Turquie des généraux, ont encouragé durant les dernières années les pays du sud, à commencer par les plus riches parmi eux, les Etats arabes, à opérer des réformes économiques et politiques afin de mieux s’adapter avec la mondialisation. Aujourd’hui même, il donne une porte de sortie pour sauver Bachar, à condition de faire les dites réformes. S’il s’avère demain qu’il en soit incapable, il finira, avec leur accord et encouragement, comme Ben Ali et Moubarak, afin de sauver leurs intérêts communs avec la bourgeoisie mondialisée en place, au Caire, à Tunis et à Damas.

c) la chronique de ce retournement du pouvoir suivant le modèle tunisien et égyptien se passe en haut lieu de la diplomatie devenue avec le néo-impérialisme (la mondialisation néolibérale) une arme sophistiquée de guerre, après avoir été un moyen politique pour éviter les conflits armés : l’ONU et ses support, FMI, OMC AIEA, et la Cour Pénale Internationale, etc. Désuète, après avoir léguée ses pouvoirs à l’OTAN, notamment avec le vol de la révolution libyenne, sans oublier le vol par la dynastie des Soueoud en accord avec UEA, UE et l’ONU, de la révolution bahrénie, elle commence déjà sa guerre, non contre la Syrie et son pouvoir, mais contre la révolution du 15 mars, quitte à sacrifier Bachar et sa clique tout en sauvent ses intérêts de la révolution populaire en Syrie.

d) le nouveau langage guerrier de la dite diplomatie consiste à préparer la guerre en recourant aux Droits de l’Homme, la catastrophe humanitaire et l’Intervention pour des raisons humanitaires. Il y a longtemps, l’idéologie impérialiste faisait admettre à l’opinion mondiale l’idée de l’universalité de la civilisation pour justifier le colonialisme. A présent, les droits de l’homme, excepte Israël, sont les moteurs qui poussent les armées de l’impérialisme pour écraser les révolutions arabes et faire intégrer, par la force et la violence, les pays arabes dans le marché de la mondialisation. L’OTAN, L’UE et L’EUA envahissent à nouveau, par le biais de L’ONU le monde arabe pour remédier à la crise du capitalisme, après avoir consacré la division du Balkan par l’intermédiaire de l’OTAN.

e) lorsqu’on entend de nos jours les diplomates sorciers parler d’une condamnation d’un pays pour des raisons humanitaire, il faut s’attendre à des bombes qui visent un peuple, à moins que ses dirigeant exécutent cette tâche avec succès à la place du néo-impérialisme. Plus grave encore est l’annonce, sous couvert de quelques 8000 refugiés syriens ayant fui la répression atroce du régime syrien vers la Turquie voisine, que la situation en Syrie « menace » la sécurité et « la stabilité » de la région toute entière. Or les grands généraux de l’armée turc qui ne cessent leurs guerres contre les kurdes de la Turquie, sont les agents confirmés de l’OTAN qui dispose d’une armada complète sur la terre de nos ancêtres Ottomans. Ordogan efendi (Monsieur en turc) aime rappeler, de temps à autre que syriens et turcs sont liés à travers l’histoire par des liens de parentés. De plus, la Turquie est un pays musulman dirigé par un parti issu de la confrérie des Frères musulmans. Inutile d’en dire plus. Une intervention militaire, même partielle, des généraux turcs au nord de la Syrie, pour « sécuriser la population et les civils », en concomitance avec un coup d’Etat, même sanglant à Damas, est le seul moyen de préserver les intérêts de la mondialisation néolibérale et du néo-impérialisme. .

Toutefois, la révolution en Syrie ne s’arrêtera plus jamais. Elle refuse toute intervention étrangère d’où qu’ elle vienne et de qui que ce soit. Elle préfère, malgré ses milliers de martyrs, à l’impérialisme, son propre anéantissement temporaire par le pouvoir ou par l’armée turc, quitte à reprendre plus tard, organisée et consciente dès le premiers jour des changements idéologiques et productifs à venir. Pour commencer, ici et maintenant, c’est aux révolutionnaires arabes de prendre l’initiative avec leur contemporain à travers l’histoire, kurdes amazighs et autres nationalismes, pour substituer l’ONU par l’Organisation internationale des peuples unies.

Hassan Khaled Chatila
chatila.hassan khaled@gmail.com
Le mercredi 15 juin 2011

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