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Les temps de la Révolution en Syrie

Hassan Khaled CHATILA

Cela fait trois mois, jour pour jour, que la révolution en Syrie a éclaté. Elle est toujours en marche et ne s’arrêtera pas demain. Pour essayer de saisir ses instances pratiques et théoriques rappelons-nous que les évènements historiques précèdent ses instances conceptuelles. Bien que la pratique forme, pour nous matérialistes, une union avec la théorie, la conscience des pratiques spontanées et des évènements socio-économiques viennent ultérieurement après le passage d’un certain temps. La dialectique est ce temps qui n’est autre que le temps des luttes, des contradictions, des transformations et évolutions, cad, le temps du passage nécessaire de la révolution en tant que pratique spontanée au travail organisé, conscient et théorisé. Ceci est le cas syrien par excellence. Limitons nous donc, à présent, à quelques propositions et hypothèses afin d’être près de cette révolution.

Les slogans les plus entendus dans la rue sont ceux qui scandent « le peuple veut la chute du régime », ou « que se vayan todos » (latino américain à l’origine et repris en arabe par les révolutions). Quatres situations substantielles ou dominantes apparaissent dans la pratique révolutionnaire en Syrie :

a) la spontanéité, même, après trois mois,

b) le temps cosmétique qui sépare les révolutionnaires dans la rue, des « élites intellectuelles » et des dirigeants des partis de gauche, dans la mesure où ces derniers réclament, comme ce fût le cas durant les dix dernières années, un dialogue national du « spectre de l’opposition » avec le régime pour aboutir, ensuite, à des réformes politiques. Remarquons que la révolution pour l’ancienne garde n’a pas eu lieu encore !,.

c) pour l’opposition de gauche officielle ou historique, l’évènements du 15 mars est tantôt un mouvement de protestation, tantôt un soulèvement populaire. Il n’est une révolution qu’uniquement pour les comités des jeunes et ceux d’anciens militants de la gauche. Ces comités se multiplient sans cesse en nombres. Ils essayent, non sans peine, de coordonner entre eux leurs luttes pour arriver à une direction centralisée.

d) l’évènement du 15 mars est une révolution pour les raisons suivantes :

1- idéologique : parce qu’elle réclame le changement de la constitution de fond en comble, l’élection d’une nouvelle assemblée du peuple, le changement des lois, des législations, le fondement d’un Etat « civil » pour les plus religieux, laïque pour les jeunes et la gauche, bref un Etat nationaliste et démocratique,

2 - économique : dans la mesure où les changements idéologiques, même s’ils n’apportent aucun changement au mode de production capitaliste, ils n’épargneront pas les forces du travail, les relations de production, car la révolution réclame avec force l’égalité, la justice, l’éradication de la corruption et la poursuite des grandes fortunes qui ont accumulé le capital sous le règne de l’idéologie de la violence. Les masses révolutionnaires sont bien conscientes des impératifs du développement économico-social et du rôle de l’Etat dans ce domaine,

3 - et, c’est le plus important, cette révolution à une portée sociale profonde et radicale. Après avoir brisé le mur de la peur, elle ne reviendra plus en arrière. Le temps du pouvoir du peuple pour le peuple a sonné. C’est une révolution et même une grande révolution, parce que les révolutionnaires ont dépassé de très loin l’ancienne garde qui avait accumulé, depuis l’indépendance acquise à la fin de la deuxième guerre mondiale, les échecs au niveaux politique et social. Des nouveaux dirigeants de gauche émanent de la révolution du 15 mars laissant derrière eux l’ancienne garde de la gauche. Là , réside une des instances les plus importantes de cette révolution : ce sont les relations socio-politiques qui s’engagent dans le changement.

Quel peut être l’avenir de la révolution en Syrie ? Pour la saisir, un retour au passé du régime est indispensable. Cette révolution qui dure depuis 90 jours ( !), avec 1200 martyrs ou plus, parmi eux une cinquantaine d’enfants morts pour la liberté, ainsi que quelques centaines d’adolescents, et qui a montré aux masses populaires les chemins des changements, ne s’arrêtera plus jamais. Elle est celle des banlieues, quartiers et villages pauvres, contre la bourgeoisie périphérique alliée des bourgeois du marché et de la mondialisation- néolibérale. Le « discours du serment » (plutôt du trône) de Bachar Assad en l’an 2000 prononcé à l’Assemblée du peuple lors de sa succession à son père le Général Hafez Assad, dans lequel, il s’engageait sur des promesses de réformes politiques et économiques à venir, c’est parce que la bourgeoisie au pouvoir, après avoir abolit et l’Etat de droit et l’Etat nation, pour la substituer par le pouvoir des appareils répressifs, faisait de la violence l’idéologie dominante . Il voulait bien des réformes qui régulariseraient au mieux les investissements et l’accumulation libre du capital, quitte à s’intégrer de plus près dans la mondialisation- néolibérale. En témoignent, l’amitié franco-syrienne, la demande syrienne de se lier à l’Union européenne par le biais d’un accord de partenariat, l’ouverture économique opéré par le régime syrien vers le libéralisme économique dans les domaines des banques, y compris étrangères, les investissements des multinationales et nationales et la bourse. Il en va de même pour les relations avec les Etats-Unis, avec qui Bachar n’a pas épargné ses efforts pour acquérir ses « amitiés ». Et pour couronner ses ouvertures néolibérales et aller dans le sens de la politique internationale dominée par l’impérialisme depuis la fin de la guerre froide, il s’engage dans des négociations tenues secrète avec Israël via la Turquie d’Ordogan efendi. Il a même intégrer l’Union pour la Méditerranée et salué à l’occasion la parade militaire du 14 juillet à côté de son ami Sarkozy. Quel avenir attend la révolution en Syrie ?

a) des menaces qu’elle soit volée, suivant les cas tunisien et égyptien, par la bourgeoisie locale alliée de la mondialisation et soumise à l’impérialisme, contre des miettes de réformes idéologiques formelles octroyées à la révolution. Mais, bien que le rapport de force reste toujours en faveur de la bourgeoise mondialisée et son armée, les alliés bourgeois mondialisés ne parviennent pas à soulever des obstacles devant les révolutionnaires de ces deux pays, et ceci, grâce aux changements socio-politiques profonds, amenés par/avec la révolution. Ce sera aussi le cas en Syrie.

b) les révolutions arabes sont énigmatiques à tous ceux qui ne font pas une approche matérialiste de notre histoire actuelle. Les communistes et leurs alliés savent que l’impérialisme en tête duquel se trouve les Etats-Unis et l’Union européenne, l’Otan et la Turquie des généraux, ont encouragé durant les dernières années les pays du sud, à commencer par les plus riches parmi eux, les Etats arabes, à opérer des réformes économiques et politiques afin de mieux s’adapter avec la mondialisation. Aujourd’hui même, il donne une porte de sortie pour sauver Bachar, à condition de faire les dites réformes. S’il s’avère demain qu’il en soit incapable, il finira, avec leur accord et encouragement, comme Ben Ali et Moubarak, afin de sauver leurs intérêts communs avec la bourgeoisie mondialisée en place, au Caire, à Tunis et à Damas.

c) la chronique de ce retournement du pouvoir suivant le modèle tunisien et égyptien se passe en haut lieu de la diplomatie devenue avec le néo-impérialisme (la mondialisation néolibérale) une arme sophistiquée de guerre, après avoir été un moyen politique pour éviter les conflits armés : l’ONU et ses support, FMI, OMC AIEA, et la Cour Pénale Internationale, etc. Désuète, après avoir léguée ses pouvoirs à l’OTAN, notamment avec le vol de la révolution libyenne, sans oublier le vol par la dynastie des Soueoud en accord avec UEA, UE et l’ONU, de la révolution bahrénie, elle commence déjà sa guerre, non contre la Syrie et son pouvoir, mais contre la révolution du 15 mars, quitte à sacrifier Bachar et sa clique tout en sauvent ses intérêts de la révolution populaire en Syrie.

d) le nouveau langage guerrier de la dite diplomatie consiste à préparer la guerre en recourant aux Droits de l’Homme, la catastrophe humanitaire et l’Intervention pour des raisons humanitaires. Il y a longtemps, l’idéologie impérialiste faisait admettre à l’opinion mondiale l’idée de l’universalité de la civilisation pour justifier le colonialisme. A présent, les droits de l’homme, excepte Israël, sont les moteurs qui poussent les armées de l’impérialisme pour écraser les révolutions arabes et faire intégrer, par la force et la violence, les pays arabes dans le marché de la mondialisation. L’OTAN, L’UE et L’EUA envahissent à nouveau, par le biais de L’ONU le monde arabe pour remédier à la crise du capitalisme, après avoir consacré la division du Balkan par l’intermédiaire de l’OTAN.

e) lorsqu’on entend de nos jours les diplomates sorciers parler d’une condamnation d’un pays pour des raisons humanitaire, il faut s’attendre à des bombes qui visent un peuple, à moins que ses dirigeant exécutent cette tâche avec succès à la place du néo-impérialisme. Plus grave encore est l’annonce, sous couvert de quelques 8000 refugiés syriens ayant fui la répression atroce du régime syrien vers la Turquie voisine, que la situation en Syrie « menace » la sécurité et « la stabilité » de la région toute entière. Or les grands généraux de l’armée turc qui ne cessent leurs guerres contre les kurdes de la Turquie, sont les agents confirmés de l’OTAN qui dispose d’une armada complète sur la terre de nos ancêtres Ottomans. Ordogan efendi (Monsieur en turc) aime rappeler, de temps à autre que syriens et turcs sont liés à travers l’histoire par des liens de parentés. De plus, la Turquie est un pays musulman dirigé par un parti issu de la confrérie des Frères musulmans. Inutile d’en dire plus. Une intervention militaire, même partielle, des généraux turcs au nord de la Syrie, pour « sécuriser la population et les civils », en concomitance avec un coup d’Etat, même sanglant à Damas, est le seul moyen de préserver les intérêts de la mondialisation néolibérale et du néo-impérialisme. .

Toutefois, la révolution en Syrie ne s’arrêtera plus jamais. Elle refuse toute intervention étrangère d’où qu’ elle vienne et de qui que ce soit. Elle préfère, malgré ses milliers de martyrs, à l’impérialisme, son propre anéantissement temporaire par le pouvoir ou par l’armée turc, quitte à reprendre plus tard, organisée et consciente dès le premiers jour des changements idéologiques et productifs à venir. Pour commencer, ici et maintenant, c’est aux révolutionnaires arabes de prendre l’initiative avec leur contemporain à travers l’histoire, kurdes amazighs et autres nationalismes, pour substituer l’ONU par l’Organisation internationale des peuples unies.

Hassan Khaled Chatila
chatila.hassan khaled@gmail.com
Le mercredi 15 juin 2011

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COMMENTAIRES  

18/06/2011 13:01 par kemlinologue

Réponse aux " Révolutions spontanées" ici ! Vous ne direz pas que vous ne saviez pas.
Guerre De L’Information
Entreprise De Déstabilisation De La Syrie : A Quoi Joue La Turquie ?
Le rapprochement turco syrien de ces derniers mois cachait-il de la part de la Turquie un double jeu ? Il semble que oui compte tenu des récents évènements et prises de position inamicales d’Ankara vis-à -vis de Damas.

Entreprise De Déstabilisation De La Syrie : A Quoi Joue La Turquie ?

La Turquie jouet-elle un double jeu vis-à -vis de la Syrie ?

La Turquie qui est membre de l’OTAN - cette dernière dispose de bases militaires sur le territoire turc- semblait ces derniers mois avoir amorcé un rapprochement important avec la Syrie et l’Iran au point que certains analystes ont évoqué le nouvel Axe Turquie Syrie Iran au Proche et Moyen Orient.

Cette réorientation de la politique étrangère turque faisait suite notamment aux massacres il y a un an de 8 de ses ressortissants sur le Marvi Marmara un bateau turc transportant de l’aide humanitaire à Gaza maintenu sous blocus illégal par Israël faisant partie de la Flottille de la Liberté et qui avait été arraisonné dans les eaux territoriales internationales après un abordage sanglant mené par des soldats d’élite de l’armée israélienne.

A la suite de ces massacres la Turquie avait exigé du gouvernement de Tel Aviv des excuses et une indemnisation pour les familles des victimes turques ce à quoi le régime sioniste s’était refusé. Les relations rapprochées d’Ankara et Tel Aviv notamment en matière de coopération militaire s’étaient alors semble-t-il refroidies.

Parallèlement la Turquie s’était rapprochée de la Syrie et de l’Iran. Mais tout récemment après avoir d’abord changé sa position concernant le régime libyen de Kadhafi - la Turquie a refusé de participer directement aux bombardements mais les bases turques de l’OTAN sont utilisées à ces fins - à qui elle a demandé se joignant au choeur des pays occidentaux Russie incluse de partir lui proposant même un arrangement pour cela la Turquie a également fait volte face concernant la Syrie.

Le premier ministre turc, Recep Erdogan, a commencé à critiquer la Syrie début Mai et depuis ses critiques se sont faites plus pressantes et sont devenues carrément inamicales pour ne pas dire hostiles. La dernière en date était vraiment très virulente. Erdogan a accusé début Juin le régime syrien d’avoir commis des « atrocités » et qualifié « d’inacceptable » les opérations menées par le régime syrien contre les émeutiers.

On peut donc se demander pourquoi un tel revirement de la part du gouvernement turc qui de par son histoire connaît bien les problèmes d’ingérence extérieure dans la manipulation de militants séparatistes ceux du PKK entraînés par des ex officiers de l’armée israélienne et des agents du Mossad au Kurdistan irakien.

Faut-il faire le lien entre :

 le calme relatif dans lequel se sont déroulés les élections turques qui avec la victoire de son parti l’AKP vont permettre à Recep Erdogan de conserver son poste de premier ministre

 alors même que le PKK avait menacé de reprendre ses activités subversives quelque temps avant la période électorale

 l’arrestation en région parisienne le 4 Juin à Arnouville et à Evry de 3 militants du PKK alors que le gouvernement français est en général plus que complaisant à l’égard des réfugiés kurdes sur son territoire qui peuvent mener tranquillement leurs collectes de fonds pour leurs activités subversives autrefois en Irak maintenant en Syrie et en Turquie. Ces militants ont été accusés d’ « extorsion de fonds qui devaient servir au financement d’activité terroristes menées par le PKK ».

Le gouvernement turc d’Erdogan a du apprécié ce geste de Sarkozy. Mais il y a t-il eu une contre partie ?

Sarkozy, supplétif américano sioniste mène une violente campagne coloniale de déstabilisation voire plus contre le régime syrien de Bashar al Assad sur tous les fronts notamment auprès du CSONU pour faire voter une résolution condamnant la Syrie l’accusant de menacer la stabilité régionale ce qui pourrait être compris par certains -les Israéliens soutenus par les Américains - comme un feu vert pour une attaque « d’auto défense » contre la Syrie où une intervention de l’OTAN à partir de la Turquie dans le cadre d’une nouvelle « guerre humanitaire ».

Jusqu’à présent la Russie et la Chine s’y sont vigoureusement opposées. Mais la Russie a déjà fait volte face en ce qui concerne la Libye ayant obtenu un marché de 300 millions de dollars pour fournir des hélicoptères de transport en Afghanistan. Vendredi dernier un accord a été signé entre la France et la Russie pour la fourniture de 4 navires de guerre Mistral à la Russie.

Moscou va-t-elle de nouveau jouer la prostituée cette fois dans le dossier syrien au CSONU ?

L’AKP le parti du premier ministre turc Recep Erdogan qui vient de remporter les élections législatives en Turquie avec 50% de votes est accusé d’être proche de la Confrérie des Frères Musulmans voire même d’être la branche turque de cette Confrérie. Les Frères Musulmans sont accusés d’être depuis plusieurs années complètement noyautés par Washington et Tel Aviv et de faire le jeu des Américano Sionistes que ce soit en Egypte, en Syrie, à l’exception de la Palestine ( le Hamas est issu de cette Confrérie).On sait quel rôle central jouent les Frères Musulmans dans les émeutes actuelles en Syrie.

En effet les opposants au régime de Bashar Al Assad se sont réunis récemment en Turquie à Antalya prés de la frontière syrienne afin de tenter de se mettre d’accord - sans succès - sur une politique commune pour apparaître aux yeux de la « communauté internationale » comme des successeurs crédibles au régime d’Assad si celui-ci venait à être renversé. Parmi l’opposition figurait les Frères Musulmans.

Donc on peut se poser la question de savoir quelle est la partition de la Turquie d’Erdogan membre du flanc sud de l’OTAN dans l’entreprise de déstabilisation et de balkanisation de la Syrie ?

Il est en effet fort probable que l’opération de déstabilisation de la Syrie a pour base arrière la Turquie - qui partage 800 Km de frontière commune avec la Syrie - dont certains services spéciaux liés à l’Alliance Atlantique doivent fournir un service logistique de première main « aux manifestants pacifiques ».

C’est en tout cas ce qu’a affirmé un analyste politique spécialiste des affaires du Moyen Orient, Hadi Mohammadi, à l’agence d’information iranienne, Fars News hier. Mohammadi a dit à Fars News qu’Ankara jouait un double jeu affirmant soutenir le gouvernement de Damas pour avoir plus d’influence au Moyen Orient tout en soutenant et hébergeant des groupes armés qui sèment la terreur de l’autre côté de la frontière en Syrie.

Il a fait remarquer que les US avaient installé un QG opérationnel dans le Sud de la Turquie prés de la frontière avec la Syrie pour diriger les émeutes dans ce pays après avoir essayé de déstabiliser le Sud de la Syrie à partir de la Jordanie comme cela a été le cas avec les émeutes sanglantes de Deraa. La ville de Jisr al-Choughour située au Nord de la Syrie à une quinzaine de km de la frontière turco syrienne était tombée aux mains de groupes armés combattus par l’armée syrienne qui vient de reprendre la ville l’objectif était d’y créer un « bastion de résistance » type Benghazi .

Selon le gouvernement syrien qui a arrêté plusieurs de ces émeutiers ces groupes ont été armés avec des armes passées clandestinement de la Turquie en Syrie. Selon Mohammadi les US ont aidé via l’armée turque les groupes armés envoyés déstabiliser le régime de Bashar Al Assad. Les relations turco syriennes s’étaient améliorées ces derniers temps au point que les deux pays ont aboli la demande de visa pour les déplacements de leurs citoyens respectifs. Ceci facilite bien sûr les allées et venues entre les deux pays et le passage en contrebande d’armes.

Pour dissimuler son rôle dans l’entreprise de déstabilisation de la Syrie la Turquie a entrepris de faire campagne sur la scène politico médiatique internationale comme étant le pays qui s’empresse d’apporter toute l’aide humanitaire nécessaire aux réfugiés syriens.

Encore une fois l’aide humanitaire est manipulée à des fins politiques de déstabilisation.

La Turquie a prévu un Plan B pour les réfugiés syriens comme l’a indiqué le quotidien turc Hürriyet Daily News dés le 1er Mai.

Il s’agit donc bien là d’une planification et non pas d’une réaction dans l’urgence. La Turquie a prévu d’installer côté syrien de la frontière des camps pour accueillir un éventuel flux important de réfugiés syriens sur la base de ce qui s’était déjà fait le long de la frontière turco irakienne au début des années 90 lors de la 1ère Guerre du Golfe pour les réfugiés irakiens dont prés de ½ million ont transité par la Turquie fuyant la guerre entre les forces armées US et leurs alliés et celles de Saddam Hussein .

Ce plan B a été discuté au plus haut niveau militaire et gouvernemental et envisageait l’arrivée de dizaines de milliers de réfugiés syriens. Un tel nombre ne peut être considéré que dans le cadre d’une importante insurrection armée durable fomentée et approvisionnée de l’extérieur et couvrant une zone importante ou pire d’une intervention militaire comme en Irak mais sous couvert « d’humanitaire ».

Ce Plan B nécessiterait une Résolution du CSONU pour établir ce genre de camps côté syrien protégés par des troupes turques. La Syrie opposerait certainement une fin de non recevoir à un tel dictat arguant de la violation de sa souveraineté nationale et d’une occupation par l’armée turque.

Ce qui amène à se poser la question :

La Turquie a-t-elle eu connaissance dés le début de ces scénarios ? A ce moment là les émeutes les plus violentes ne se passaient pas encore à proximité de sa frontière puisque démarrées dans le Sud de la Syrie à Deraa.

Il semble donc que la réponse soit oui.

Pour le moment la Turquie a décidé de jouer la carte de l’ »humanitaire » en écho aux médias occidentaux qui claironnent en boucle que la situation humanitaire en Syrie est particulièrement préoccupante.

Remarques

Il est intéressant de constater en regardant la carte ci-dessus le cheminement de ces émeutes migrant vers la frontière turco syrienne. Les réseaux d’approvisionnement en armes - Israël/Jordanie, Liban Nord- ayant été démantelés par l’armée syrienne, restaient ceux activés provenant de Turquie qui viennent aussi d’être démantelés avec la reprise en main par l’armée de Jisr al-Choughour et ses environs.

La zone principale d’émeutes se trouvait en fait prise en sandwich entre le Nord du Liban sous emprise Saad Hariri/Arabie Saoudite/US/Israël et la pointe Sud de la Turquie/OTAN. Elle comprend la bande côtière le long du littoral méditerranéen majoritairement peuplée d’Alaouites dont est issue la famille Assad au pouvoir également territoire stratégique avec le port de Tartous où stationne la flotte russe actuellement réaménagé pour y héberger plus de navires de guerre russes.

Dés lors on peut penser que l’objectif c’était de pousser par la terreur le nettoyage ethnique les Alaouites qui sont une minorité dans le pays - environ 15% alors que les Sunnites constituent 70% de la population syrienne - à fuir en direction de la Turquie isolant totalement le régime d’Assad à Damas de sa base ethnique d’ installer dans cette zone un gouvernement intérimaire d’opposants choisis par les puissances occidentales approvisionné par mer en armes et vivres.

Robin Yassin -Kassab* dans une analyse publiée dans Foreign Policy développe un scénario à la libyenne :

... "Si les Kurdes commencent à traverser la frontière en grand nombre la Turquie pourrait décider de créer un refuge sür au Nord ou Nord Est de la Syrie. Ce territoire pourrait devenir le Benghazi de la Syrie un lieu de résidence pour une opposition locale plus crédible que celle dominée par des exilés qui se sont rencontrés récemment en Turquie à Antalya une destination pour les militaires qui veulent déserter et leurs familles. Un conseil d’officiers déserteurs pourraient alors organiser des attaques contre le régime à partir de ce refuge sûr ajoutant une pression militaire à celle économique et diplomatique." Cela correspond au Plan B de la Turquie évoqué plus haut.

On sait que les articles du Foreign Policy reflètent souvent ce qui a été décidé en matière de politique étrangère à Washington.

Quand le régime d’Assad justifie l’envoi de l’armée à la demande des populations locales en regardant cette carte on comprend effectivement l’appel à l’aide de ces populations contre ces groupes terroristes.

Pour voir la carte de la répartition ethnique en Syrie

*Robin Yassin -Kassab est né en 1969 à Londres et mis à part 6 mois passés à Beyrouth il a grandi en Grande Bretagne. Il a vécu et travaillé à Londres, France, Pakistan Turquie, Syrie, Maroc, Arabie Saoudite, Oman.Il a écrit "La Route Venant de Damas".

Lundi 13 Juin 2011
Mireille Delamarre

Source :
http://www.planetenonviolence.org

18/06/2011 17:29 par Juste

http://www.voltairenet.org/Le-plan-de-destabilisation-de-la

Moi, je pense plus tôt comme ce Monsieur...

18/06/2011 22:28 par Anonyme

@ juste

Merci pour le lien. Je partage ton avis, l’article de ton lien colle à la réalité contrairement à celui-ci.

19/06/2011 00:13 par anonymetoujours

Eh ben moi, je ne sais pas quel parti prendre : celui de la solidarité ? Ils nous l’ont pourrie (punie par la loi, même, dans certains cas) ; celui de l’anti-impérialisme ? Lequel, exactement ?

Tout le monde ment, tout le monde est soupçonnable de défendre des intérêts particuliers. Quels sont les miens ?

Certainement pas que l’état français aille se mêler des révolutions arabes, quel qu’en soit le prétexte. Nous ne savons que trop ce que vaut le gouvernement de Sarko et son soucis du bien être des peuples, à commencer par celui du peuple français.
Encore moins qu’il aille dépenser l’argent de l’état dans des bombardements qui ne nous rapporteront rien, à nous, sauf des emmerdes. Y a pas d’argent pour l’aide sociale, pas d’argent pour les retraites, pas d’argent pour la sécu, les agences de notation menacent de dégrader la note de la france, et sarko dilapide ce qui ne lui appartient pas pour tuer de pauvres gens qui ne lui ont rien fait.

Il est vrai que s’il avait demandé l’avis du parlement qui nous représente, il n’aurait eu aucune peine à obtenir son aval. Et c’est là que quelque chose m’échappe : Que Sarko soit une marionnette des USA, tout le monde l’a compris, mais "la gôche" qui soutient l’agression contre la Libye, il est où son intérêt ? Ségolène martine et les autres, ils sont payés par la CIA, eux aussi ?
En fait, il me semble qu’on ne les entend plus beaucoup ces derniers temps sur ces sujets. Ils ont tourné leur veste ?

Dans l’huma, j’ai lu un article d’un communiste Syrien ; un témoin authentifié par le parti, donc, j’imagine. Il disait lui aussi que la révolte du peuple syrien est réelle et fondée, mais que personne ne veut d’une intervention étrangère - ce qui se conçoit : comment on aurait pris ça ici, en 68, si les américains avaient entrepris de bombarder l’Elysée ? Je n’arrive pas à comprendre comment ils ont pu trouver des insurgés libyens désireux de se faire bombarder et satisfaits de l’être, d’après ce que j’ai lu ou entendu sur france info.

A qui se fier ? Où trouver des témoignages dont on pourrait se dire : cette fois, c’est pas de la propagande, c’est du vécu, vécu par quelqu’un qui a les mêmes intérêts que moi, par un anonyme comme moi, un que je peux croire et être solidaire avec, cette fois j’en ai la preuve...?

20/06/2011 19:06 par Daniel

@Juste
ton article est ridicule il explique tout par le complot et les mains invisibles

21/06/2011 14:42 par Anonyme

Je ne vois aucun complot ou "main invisible" en Syrie. Je voie juste l’Arabie Saoudite, la France, La GB, et les USA qui via leurs agences habituelles et les frères musulmans syriens essaient de faire tomber un régime laic et plutot progressiste (quand on voie ce qui se fait dans la région).

Ils ne passeront pas car la grande majorité du Peuple syrien (y compris d’ailleurs des opposants a Bashar-voir le communiqué du PC Syrien) s’oppose à cette tentative de coup d’Etat.

Ne vous laissez pas tromper par les images des quelques 100.000 manifestants sur tout le territoire, la Syrie est un pays de 22 millions...

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