RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les "travailleurs du clic" et l’économie

L’exploitation capitaliste change au gré des révolutions techniques, c’est un fait, et sait prendre des formes différentes selon les périodes. Dernièrement, l’un des exemples bien connu de cette exploitation « modernisée », est celui du capitalisme de plateforme, dont les versants les plus célèbres sont Uber et Deliveroo. Cependant, moins documenté, il existe un autre phénomène qui prend de l’ampleur : celui des « travailleurs du clic ».

Nous définissons comme « travailleurs du clic » toutes ces personnes qui font un travail invisible et de prime abord sans valeur, comme trouver des objets sur une photo, répondre à un questionnaire ou encore noter des publicités. Il s’agit d’un micro-travail où les gens sont payés à la tâche ou à l’heure. Ils n’ont pas de statut de salarié, une simple confirmation de participation servant de contrat entre la plateforme internet et l’utilisateur.

Apparu en 2005 avec l’entreprise Amazon Mechanical Turk (d’où le surnom de « Turkers » pour ce type de travailleur), les pays où sont le plus présent cette « main d’œuvre » à bas prix : l’Inde, les Philippines, le Pakistan, le Bangladesh, les Etats-Unis, l’Europe de l’est, la Pologne et l’Ukraine. Une majorité donc de pays connaissant un taux de pauvreté assez fort (mais où l’utilisation d’internet est possible).

Selon le professeur Vili Lehdonvirta (Oxford Internet Institute), la force de travail européenne qui passe par ces plateformes représente 1% de la force de travail totale du continent. En France, ils sont 260000, dont 15000 très actifs, 50000 réguliers (une fois par mois), et le reste des "occasionnels".

Grâce à une étude réalisé il y a quelques mois, le profil en France de ces « travailleurs » est le suivant : majoritairement des femmes, vivant en zone urbaine, âgées d’entre 25 et 44 ans et plus diplômées que la moyenne. La plupart du temps avec un autre emploi à côté.

Au sujet de l’un des sites, Foule Factory, 56 % des utilisateurs sont des femmes qui cumulent temps partiel, travail domestique et micro-travail. Un quart des travailleurs de Foule Factory sont en-dessous du seuil de pauvreté.

Le salaire varie mais il est globalement très peu élevé. A titre exemple, une auto-entrepreneuse vivant à la campagne, dont la principale activité est ce micro-travail, gagne 15 euros de l’heure. Elle travaille 20 h par semaine, ce qui signifie qu’en un mois, elle gagne approximativement 1200 euros. Un étudiant faisait la même chose pour une application de Facebook, gagnant 420 euros par mois tout en travaillant 7 jours sur 7.

La première motivation des « travailleurs du clic » ? L’argent bien évidemment (mais pas dans le même sens qu’un Bernard Arnault). Rétribution dont l’usage est assez varié, pouvant servir aussi bien pour la vie courante (à titre de salaire), que pour payer un loisir, pour pouvoir épargner, payer une réparation ou rembourser un prêt étudiant, comme c’est déjà arrivé pour des étudiants étasuniens. Ce type d’utilisation de l’argent récolté paraît relativement normal à l’observateur car bien que beaucoup de ceux qui y ont recours cumulent avec un travail, les salaires et le pouvoir d’achat ont une relation antagonique, dans le sens où l’une à tendance à baisser tandis que l’autre augmente. Il faut donc bien trouver un moyen de s’acquitter des financements éventuels et imprévisibles de la vie. C’est ce que permet entre autres ce genre de micro-travail.

Finalement, à quoi servent ces actions ? Les entreprises ne payent pas pour rien ! En réalité, et sans qu’en bout de chaîne les « travailleurs » en soient informés, leur réponse permet souvent d’améliorer une intelligence artificielle, mais aussi sans doute de vendre les données récoltées (notamment le lieu d’habitation de l’utilisateur et ses goûts), à un prix naturellement bien supérieur à la rétribution du travailleur. Toutefois, nous ne pouvons dire que cette utilisation soit « claire » tandis que les retombées financières en termes de profit de ces plateformes ne sont pas connues.

Ce « travail » n’étant pas reconnu comme tel, il permet plus facilement d’expulser les gens de ces plateformes sans avoir à en expliquer les raisons, comme dans tout contrat de travail normal. Bien évidemment, les droits liés au Code du travail comme les congés payés, l’assurance chômage et autres ne sont pas dus, quand bien même cette personne se retrouverait sans sa principale source de revenu.

En conclusion, nous venons de décrire succinctement la façon dont s’exerce un « job à la con », qui l’exerce et pour quelle rémunération. Si cela marche relativement bien, le secteur étant en plein développement, c’est bien à cause à la fois de la précarisation de la société, mais aussi de sa flexibilité qui donne l’apparence pour certains travailleurs, à l’image de ce qui se passe avec Uber et Deliveroo, d’une certaine indépendance et d’un aménagement de son espace de travail. Par exemple, la travailleuse de la campagne citée précédemment appréciait la possibilité qui lui était offerte via la plateforme de s’occuper plus souvent des ses enfants.

Cependant, cela reste un travail précaire et sans véritable valeur de production. Sans nous attaquer aux personnes qui utilisent ce genre de plateforme, le changement de société que nous souhaitons ne pourra se satisfaire de ce genre de travail et du lot de précarité qu’elle entraîne.

QUENTIN

Sources :
https://www.facebook.com/numeraction/posts/2110587119063424

http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2019/02/22/32001-20190222ARTFIG00176-en-france-plus-de-260000-travailleurs-du-clic-dans-le-numerique.php

https://www.la-croix.com/Economie/Social/sont-travailleurs-clic-France-2019-05-28-1201025132

»» http://jrcf.over-blog.org/2019/07/les-travailleurs-du-clic-et-l-economie.html
URL de cet article 35116
  

« Cuba mi amor », un roman sur le Che de Kristian Marciniak (Rebelion)
Leyde E. Rodri­guez HERNANDEZ
Publié chez Publibook, une maison d’édition française, le roman de Kristian Marciniak : « Cuba mi amor » circule dans Paris ces jours-ci. Dans un message personnel adressé au chroniqueur de ce papier, l’auteur avoue que Cuba a été le pays qui lui a apporté, de toute sa vie, le plus de bonheur, les plus grandes joies et les plus belles émotions, et entre autres l’orgueil d’avoir connu et travaillé aux côtés du Che, au Ministère de l’Industrie. Le roman « Cuba mi amor » est un livre impressionnant de plus de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Lorsque la vérité est remplacée par le silence, le silence devient un mensonge. »

Yevgeny Yevtushenko

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.