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Les travestissements du mai 68

Beaucoup a été dit et se redit en ce moment sur le mai 68.

Un récit modelé par l’idéologie dominante qui a imposé un certain nombre de poncifs ... et de contre-vérités.

Par exemple, ce dimanche 25 mars était diffusé sur la 5 un documentaire intitulé : « Mai 1968, les coulisses de la révolte » dont plusieurs traits pour la plupart visent soit à minorer, soit à travestir le rôle des travailleurs et les positions d’alors du PCF et de la CGT.

Sans aucunement prétendre qualifier le sens de la période et de ses suites, tenons nous en à quelques points le plus souvent essentiels mais passés sous silence, édulcorés ou manipulés :

Le thème du caractère marginal du mouvement social

Commentaire accompagnant la présentation du documentaire sur le site de la 5

« Il y a cinquante ans, Mai-68 voyait les étudiants de France se révolter à la suite de leurs pairs parisiens.En marge des manifestations de la jeunesse, des grèves générales éclatent un peu partout »

Vous avez bien lu, en marge des manifestations de la jeunesse des grèves générales éclatent.

Alors que tout au cours de l’année 1967 de puissantes luttes ont eu lieu dans de grandes concentrations ouvrières comme Rhodiaceta à Besançon et que déjà en 1963 la marche des mineurs du Nord sur Paris, la puissante grève du 17 mai contre les ordonnances en matière économique et sociale et contre les pleins pouvoir s’affirment nationalement. Sans oublier un 1er mai 1968 syndical très combatif qui renoue avec une tradition interdite par le pouvoir depuis 14 ans !

L’année 1967 étant celle qui comptabilise le plus de journées de grève depuis l’instauration de la Ve République.

En 1968 donc pas de coup de tonnerre dans un ciel serein contrairement au fourvoiement du «  grand journal de référence » Le Monde qui proclame à la veille du mouvement que« La France s’ennuie ».

La bourgeoisie dort sur ses lauriers mais sans doute pas le prolétariat !

Et ce qui est occulté de manière récurrente dans le récit 68 c’est que si l’agitation démarre avec les actions étudiantes (pour plus de liberté, contre le puritanisme gaullien et bourgeois, contre la guerre du Vietnam ...), c’est la vigueur de la protestation contre la répression des étudiants notamment celle qui a lieu au quartier latin dans la nuit du 10 au 11 mai.

Car c’est cette protestation relayée immédiatement dès le samedi 11 mai par l’appel de la CGT et de la FEN à la grève nationale et à la manifestation pour le 13 mai qui a pour conséquence :

  • de considérables rassemblements ce jour anniversaire de l’accession de de Gaulle au pouvoir (1 million de manifestants à Paris et de très importants rassemblements en province)
  • la réouverture de la Sorbonne et la libération des manifestants étudiants par G. Pompidou retour d’Afghanistan précisément sous la pression de la protestation contre la répression !
  • L’enclenchement du plus puissant mouvement de grève des travailleurs que le pays ait connu.

Dès le 14 mai :
Grèves aux Etablissements Claas à Woppy (Moselle), aux papeteries La Chapelle à Saint-Etienne-du-Rouvray (76), dans deux filatures du Nord, une biscuiterie du Rhône, débrayage à Sud-Aviation à Cannes la Bocca et aux Etablissements Fog dans la Nièvre ...

15 mai :
Grève avec occupation et séquestration à l’usine Renault-Cléon ...

16 mai :
15 000 grévistes en Seine-Maritime. Rodhiacéta et Berliet dans le Rhône. Grève à Renault Billancourt et Sandouville, etc. Elle gagne la SNCF, les centres de Tri PTT et les services publics. Les ouvriers de Renault Flins occupent les usines. Grève illimitée avec occupation à Renault le Mans ...

Ce n’est donc pas à la marge que les grèves ouvrières éclatent !

Et cette irruption ouvrière inaugure un basculement dans une toute autre phase, une autre page de l’histoire avec l’entrée en lice d’autres acteurs et d’autres enjeux qui vont mettre directement en cause le pouvoir et l’ensemble de sa politique.

A partir de ce moment ce n’est donc plus la seule question universitaire qui s’impose (bien qu’incluse dans la plate-forme générale) mais la « question sociale » à laquelle le pouvoir gaulliste est à présent confronté exigeant :

  • la réforme démocratique de l’Université et de l’Enseignement.<
  • l’augmentation des salaires (aucun inférieurs à 600 francs).
  • l’abrogation des ordonnances amputant la Sécurité sociale.
  • Le plein emploi.
  • Le respect et l’extension des libertés syndicales

L’ampleur et la détermination du mouvement posant évidemment la question d’une autre politique que celle appliquée jusque là, les manifestants du 13 mai scandant « Dix ans ça suffit » !

Puis "Gouvernement populaire avec les communistes" réclamé par un mouvement confronté alors aux manœuvres comme d’habitude, d’une deuxième gauche à la recherche d’une alternance sans véritable changement.

Le thème de la collusion CGT/pouvoir

Dans le film de la 5 cela est seulement suggéré avançant l’idée que la CGT compose avec le pouvoir soucieuse de se débarrasser du mouvement étudiant.

Argumentaire adossé à la propagande des mouvements gauchistes selon laquelle l’obstacle au développement des luttes, à l’intervention des travailleurs ce sont précisément les organisations majoritaires dont ils se sont doté historiquement : le PCF au plan politique et la CGT au plan syndical.

Alors qu’on l’a vu, sans l’appel à la solidarité de ces organisations avec le mouvement étudiant, celui-ci aurait été isolé et écrasé.

Comme cela s’est passé dans d’autres pays.

Alors que la grève a largement reposé sur l’initiative de la base.

Alors qu’aucun mot d’ordre de grève générale n’a été donné, le mouvement étant sous le contrôle des Assemblées générales dans les entreprises, les administrations, les universités ...

En conséquence aucun mot d’ordre de reprise n’a été donné non plus.

La négociation de Grenelle entre syndicats, patronat et gouvernement des 25 et 26 mai ne donnant pas lieu contrairement à ce qui est répété mensongèrement à des accords dont les syndicats et la CGT seraient signataires MAIS à un constat ou projet de protocole prévoyant entre autre l’augmentation de 35 % du salaire minimum garanti (SMIG), la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise, la réduction du temps de travail sans perte de salaire ... qui ne sera pas paraphé, ni signé par les organisations syndicales ET devra donc être soumis à l’appréciation des travailleurs.

Afin de donner de la chair à cette affirmation de collusion s’est construite l’affabulation d’un Georges SEGUY sifflé à Renault Billancourt lors de son compte-rendu aux salariés du contenu du constat de Grenelle.

C’est en effet le 27 mai que ce compte-rendu a lieu, les diffamateurs du mouvement ouvrier et de la CGT répétant depuis, et encore à présent, que lors de cette assemblée Georges SEGUY s’est fait huer par les travailleurs histoire de présenter une CGT « débordée par la base », obstacle à la poursuite du mouvement, briseuse de grève en quelque sorte.

SAUF que tout cela est pure manipulation !

C’est Aimé HALBEHER alors jeune secrétaire en 1968 de la CGT Boulogne-Billancourt qui témoigne en août 2016 :

"Le rassemblement a lieu à 9h du matin. J’apprends que G. SEGUY viendra rendre compte du constat de Grenelle avec Benoit Frachon aux 25000 salariés présents. Il n’était évidemment pas question pour eux d’appeler les salariés de Renault à cesser ou poursuivre leur grève.

En les attendant je suis chargé par la direction du syndicat CGT de l’usine, et en accord avec la CFDT et FO de présenter brièvement les principaux résultats de Grenelle que nous connaissions mais surtout de fustiger la direction de l’usine et le gouvernement qui refusent d’ouvrir les discussions. En conséquence, je propose au vote des travailleurs la poursuite de la grève reconductible avec occupation aussi longtemps que ces négociations ne se seront pas tenues.L’immense majorité des salariés présents acclame et vote la poursuite de la grève.

G. SEGUY apprend cette décision lors de son arrivée en voiture à Billancourt.

Par conséquent la poursuite de la grève s’est décidée avant l’arrivée de G. SEGUY.

Cette décision n’a pas concerné le résultat de Grenelle mais l’obstination de la direction et du gouvernement à refuser toute discussion. Les grandes entreprises, notamment dans l’automobile, Renault, Peugeot, Citroën ne négocieront que vers le 20 juin 1968.

G. SEGUY avec B. FRACHON présentent aux salariés de Renault les conditions dans lesquelles se sont déroulées les discussions et déplorent au passage, que contrairement à 1936, l’unité syndicale a cruellement fait défaut. G. SEGUY précise qu’aucun accord signé n’est intervenu. Il s’agit d’un constat de discussion qu’il faut améliorer dans chaque entreprise.

Il présente les acquis sociaux obtenus sous les applaudissements nourris et les revendications insuffisamment satisfaites ou totalement insatisfaites sous les huées adressées au patronat et au gouvernement."

La véracité de ce témoignage de première main est incontestable, ce qui n’empêche pas encore des historiens comme Pascal ORY dont la spécialité devrait les incliner à la rigueur, d’ânnoner encore ces jours derniers à l’université de Nanterre la même contre-vérité !

ARTICLE complet d’Aimé HALBEHER à consulter à l’adresse :http://http://www.frontsyndical-classe.org/2016/08/hommage-a-georges-seguy-aime-halbeher-secretaire-en-1968-de-la-cgt-boulogne-billancourt.html

Le thème de la vacance du pouvoir

C’est un autre aspect mystificateur de la narrative post 68 toujours également en vigueur :

Après l’échec de sa première tentative de sortie de crise du jeudi 24 mai annonçant un futur référendum sur la participation DE GAULLE serait pris de doute, songerait à démissionner et disparaissant sans laisser de nouvelles à ses plus proches, le 29 mai, une situation de vacance du pouvoir serait ainsi créée.

Cette rumeur distillée depuis quelques jours donnant des ailes au rassemblement de la gauche non-communiste le 27 mai avec MENDES FRANCE, ROCARD, la CFDT et compagnie ... à Charlety et MITTERRAND déclarant sa candidature à la présidence de la République le 28 mai au cours d’une conférence de presse mémorable !

Pourtant ultérieurement on peut avancer que tout cela ne constitue qu’une vaste mise en scène.

Car :

  • dès le 11 Mai Pierre MESSMER ministre des armées a décidé sur ordre du premier ministre de mettre en alerte des unités de l’armée
  • le 29 mai le général De GAULLE se rend secrètement à Baden-Baden en Allemagne où il rencontre le général MASSU, commandant du corps expéditionnaire français en zone allemande
  • tous les réseaux gaullistes (réseaux FOCCART, SAC, Comités de Défense de la République, réseaux PASQUA) sont activés pour préparer la contre-manifestation des Champs Elysées du 30 mai
  • le 30 mai à la radio De GAULLE annonçant qu’il ne se retirera pas, qu’il maintient G. POMPIDOU au poste de premier ministre et qu’il dissout l’Assemblée nationale.

La contre-offensive gaulliste n’est donc pas un simple sursaut succédant à l’abattement !

Elle résulte d’une tactique et d’une organisation qui ne délaisse aucun aspect de la situation :

La rencontre De GAULLE / MASSU dont le contenu n’a jamais été vraiment révélé sauf en sous-entendus malicieux vise principalement à s’assurer de la fidélité de l’armée.

Et à créer les conditions du rassemblement de toutes les composantes de la droite, y compris de celles qui durant la guerre d’Algérie s’étaient violemment opposées à De GAULLE. Le pacte scellé comportant l’amnistie des partisans de l’OAS encore incarcérés et qui effectivement seront amnistiés par un texte au journal Officiel seulement quelques semaines après et datant du 2 août 1968.

En 1968, des anciens de l’OAS rencontrent Jacques Foccart pour lui proposer leur ralliement au régime gaulliste contre la "chienlit" et demander l’amnistie des membres de l’organisation encore incarcérés, ce qu’ils obtiendront. Cette amnistie est promise par De Gaulle à Massu, lors de sa visite à Baden Baden

C’est à partir de ces faits et de ces réalités que la contre-offensive gaulliste débouchera sur un renversement d’une opinion publique travaillée au corps, effrayée par la description des violences, les voitures brûlées, les affrontements ...

La bourgeoisie française ayant une longue expertise de l’utilisation politique des violences urbaines en particulier comme on peut encore le constater avec l’instrumentalisation actuelle des casseurs.

Et le parti gaulliste et ses officines mèneront la campagne des législatives du 23 et 30 juin sur les seuls thèmes du chaos et du danger communiste avec succès puisque la plus grande grève et le plus grand mouvement de masse en France accoucheront d’une majorité écrasante de droite de 394 députés sur 485.

Résultat des manœuvres de la gauche non-communiste et de l’irresponsabilité gauchiste.

Que les chantres héritiers d’un 68 travesti, s’efforceront d’effacer !

En ce cinquantième anniversaire la tentative de récupération macronienne du mai 68 repose à la fois sur ces travestissements historiques et sur le fond idéologique commun aux libéraux-libertaires de 68 et au macronisme structuré sur le rejet des luttes de classe, la criminalisation du communisme assimilé au nazisme, le soutien aux agressions guerrières impérialistes, le sociétal substitué à la question sociale, les droits de l’homme comme instrument d’ingérence, la soumission aux intérêts de l’oligarchie financière.

En guise d’épitaphe, sur le flanc libéral-libertaire de mai 68, les sieurs COHN-BENDIT et Romain GOUPIL, figures emblématiques s’il en est de l’époque, ralliés au pouvoir sont en 2018 chargés officiellement par la direction de France 5 de réaliser un film-bilan de mai 68 ... avec l’approbation de Macron !

Gilbert Rodriguez
Front Syndical de Classe

28 mars 2018

Du reste on attend toujours que les pourfendeurs professionnels et médiatiques de "fake-news" s’attaquent aussi aux mensonges sur mai 68 !

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COMMENTAIRES  

02/04/2018 17:37 par babelouest

Vu ce document publié sur Facebook !

Nantes Révoltée
24 mai 2017 ·

Le 24 mai 1968 : la Commune de Nantes.

“Une bise de passions anciennes, inexpiables et peut-être mal endormies, souffle encore aigrement dans les petits carrefours venteux qui s’ouvrent autour du Bouffay et de Sainte-Croix, et rappelle que la ville, dans les défoulements politiques collectifs, en 1793 comme en 1968, a eu tendance à aller plus loin qu’aucune autre.”

Julien Gracq, La forme d’une ville

Nous fêtons aujourd’hui une date particulière de l’histoire locale : la Commune de Nantes, durant lesquelles la ville est mise en autogestion par les grévistes. Retour sur cet épisode.

Les manifestations massives et la grève générale qui secouent la France en mai 1968 sont l’aboutissement de plusieurs mois d’agitations intenses. Dans les universités évidemment, où à Strasbourg, Nantes ou Paris, des groupes d’étudiants enragés mettent le zbeul sur les campus. Par exemple, dès 1967, des affrontements ont lieu devant le rectorat de Nantes. Mais la grande force de l’époque est évidemment le mouvement ouvrier. Après les grèves insurrectionnelles de 1955 à Nantes, durant lesquelles les travailleurs de la Navale avaient mis à sac le siège du patronat, puis attaqué le Tribunal et la prison, le Mai 68 ouvrier démarre par l’ouest ! Dès le 9 avril, des débrayages sont organisés dans l’usine Sud Aviation, à Bouguenais, au sud de Nantes. C’est la première usine en mouvement. Le 13 mai, la fameuse nuit des barricades à Paris, une émeute éclate à Nantes. Dès le lendemain, l’usine Sud Aviation est occupée par les grévistes, et les patrons sont séquestrés. Ils le resteront jusqu’à la fin du mouvement !

Le 24 mai, des dizaines de milliers de personnes se rassemblent dans le centre-ville. Étudiants, ouvriers et paysans occupent la place Royale, rebaptisée "Place du Peuple". Nantes est la seule ville en France où l’on peut voir des tracteurs défiler au côté des manifestants. La préfecture est attaquée avec des engins de chantiers et prise d’assaut. Un début d’incendie se déclare. Le préfet de Nantes appelle Paris pour demander l’autorisation d’ouvrir le feu sur les manifestants. Heureusement, le pouvoir central refuse. L’hôtel de ville envahi et occupé.

C’est le début d’un épisode unique en France : la Commune de Nantes

Un comité de grève composé d’ouvriers et de paysans décide de prendre en main l’approvisionnement de la ville depuis l’hôtel de ville occupé. Les jours qui suivent, le pouvoir s’est évaporé. La police ne quadrille plus les rues de Nantes. La CFDT du département appelle à poursuivre la remise en cause du capitalisme, du gaullisme, de l’exploitation de l’homme par l’homme. Le 28 mai, des comités provisoires sont créés afin d’assurer la gestion populaire des caisses de sécurité sociale et d’allocations familiales. Les quotidiens Ouest-France et Presse-Océan publient désormais sous le contrôle des journalistes et des ouvriers du livre.

Le 31 mai, un grand rassemblement se tient pour réclamer l’extension des attributions du comité de grève. La pression des bureaucraties nationales conduisent à voter de justesse la reprise du travail à partir du 4 juin, et à faire sombrer dans l’oubli la période que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Commune de Nantes.

A nous de faire refleurir d’autres Communes !
L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes qui marchent, foule et plein air
214 J’aime7 commentaires117 partages

02/04/2018 18:38 par Roger

Etudiant à l’Université de Caen en 1968, je confirme en tant que petit témoin/acteur, le sens de cet article :
1) Nous réclamions plus de démocratie dans l’institution universitaire, sans oser espérer une improbable convergence de luttes ;
2) Surpris et impressionnés, quand notre manif qui descendait du campus vers le centre ville a été rejointe,submergée et absorbée par la manif des ouvriers du bassin industriel de Caen (Renault Saviem de Blainville en tête) ;
3)Le lendemain le nombre d’étudiants en AG avait triplé et n’a fait qu’augmenter par la suite, avec une qualité de prises de parole stupéfiante, et un éventail de revendications Politiques et non plus seulement corporatives.
4) Un copain faisant son service militaire m’a confirmé que sa compagnie avait stationné discrètement (camions bâchés, pas de bivouac) aux portes de Paris
Ce sont les média qui ont par la suite diffusé ce que l’on appellerait maintenant des "fake news" et surtout ont starisé les Sauvageot, Cohn-Bendit et autres Goupil que nous ne connaissions pas et qui ne représentaient pas du tout ce que nous vivions.
Pour valoir ce que pourra...
Un soixantehuitard de base (ni bobo, ni baba, citoyen tout simplement)

03/04/2018 08:20 par Paulo

Merci pour ces précisions qui font cruellement défaut dans la romance actuelle sur mai 68.
Que dire aussi de l’exposition des Beaux-Arts consacrée à "Images en lutte", chargée d’un discours "dans le style gauchiste repentis" et qui réécrit l’histoire de l’affichage politique jusqu’au milieu des années 70, en oubliant (comme c’est étrange !) tout le travail de "Grapus" mais aussi de ses origines au cœur de l’atelier des Arts-déco et sur les murs en mai 68.
Quelques liens :
Photos de l’expo Grapus au Centre d’Art Contemporain de Thiers en 2017 :
http://jeanpaulachard.com/grapus.html
François Miehe parle de mai 68 et des origines de Grapus (durée : 10mn) :
https://www.youtube.com/watch?v=3hXSBwRDhnI
et Gérard Paris-Clavel (8mn) :
https://www.youtube.com/watch?v=7jPCgI4SnmI
J’ai par ailleurs relaté "mon année 68", entre Lyon, Paris et Prague et mes engagements aux côtés des étudiants communistes.
http://achard.info/pages/MonAnnee68.html

03/04/2018 08:33 par CN46400

Et 50 ans plus tard, les "historiens" qui, pourtant, disposent dans les archives de tous les médias qui existaient alors et qui donc peuvent entendre l’intégralité du discours de Séguy, nous servent encore le mensonge de "Séguy sifflé dans l’île Seguin"....Mais vous n’entendrez jamais pas cet enregistrement, peut-être pour le centenaire : 2068 !

06/04/2018 12:24 par GANNE CLAUDE

la bourgeoisie a "refait" Mai 68 à sa convenance certes, mais il serait fort dommage que d’autres refassent aussi cette histoire à leur convenance ! a) en 68 j’étais étudiant et militant de la JCR à Caen b) de 68 à 72 le PCF avait une obsession : s’opposer aux gauchistes, surtout aux "hitléro-trotskistes", et le terme s’opposer est un euphémisme ... dans les manifs c’était surtout à coups de poing sur la gueule que se manifestait l’opposition, à tel point que en charge de la sécurité dans les manifs j’avais du me débrouiller pour disposer d’un service d’ordre de tête composé d’étudiants en EPS, capables de résister aux gros bras du S O du PCF souvent constitué lui aussi de profs d’EPS ... eh oui, ça c’est du vécu ... c) nous les militants de la ligue nous n’étions surtout pas opposés aux travailleurs et à leurs organisations, j’étais moi même une sorte de secrétaire de mairie de la cellule Saviem Blainville, cellule bien fournie avec un gros groupe taupe, et nous avions une influence certaine sur la CFDT de l’entreprise, CFDT alors majoritaire dans l’entreprise et alors très combative . Cette orientation "anti-gauchiste" du PCF n’était ni une dérive locale, ni conjoncturelle, je l’ai retrouvé après à Saint Etienne : en 78, à l’époque de la lutte des Manufrance ( et de leurs licenciements pour finir ) lors de la manif du 1er Mai j’ai été isolé, jeté à terre et roué de coups par des gros bras CGT et PCF = 2 dents en moins ... eh oui ça aussi c’est du vécu . Heureusement tout cela a changé et depuis quelques années ( 2009-10 ... ) je serre la pogne de mes anciens bourreaux dans les rassemblements et manifs, ils m’appellent par mon prénom, mais surtout l’ UL et l’UD CGT ont beaucoup changé, cet "antigauchisme primaire" a totalement disparu et on peut travailler ensemble aux mobilisations et dans les luttes ... Alors, par pitié, n’essayez pas de refaire l’histoire, ce que moi je retire de cette période c’est que nous nous n’avons alors pas vu venir la réponse électorale de l’union de la gauche à l’offensive de la bourgeoisie française, une illusion qui a permis la canalisation de la combativité ouvrière, et surtout nous n’avons pas non plus vu venir la capacité de la bourgeoisie à concevoir et à mettre en place l’ordre néo-libéral actuel ( le bouquin de N Klein date de 2008 alors que l’offensive générale a commencé début des années 1980, après une répétition grandeur nature dans le Chili de Pinochet 73 - 74, ...) . La trahison de Rocard et de la chef de la CFDT en 76 - 77 n’ont été que des conséquences logiques de ce mouvement d’ensemble et pour moi ce fut la découverte que tout ce que j’avais appris dans nos écoles n’avait pas été utile, m’avait laissé à poil et dans un désarroi total. Mes camarades d’alors choisirent eux les groupes trotskistes sectaires, dogmatiques, et ultra-dogmatiques . Moi, parce que j’avais vécu 68, je savais que cela n’était pas la bonne réponse ... Pour moi il fallait d’abord revenir à la lecture des grands anciens,( ni rire, ni pleurer, comprendre ) mais le choc fut tel à l’époque qu’il me fallut d’abord une dizaine d’années pour m’en remettre . Aujourd’hui la lecture et les discussions sur Marx et d’autres ont bien avancé et malgré mes 74 ans je suis venu au NPA, car au delà de ses défauts actuels, je suis convaincu de la nécessité de construire un parti communiste et révolutionnaire pour que la grève générale puisse se transformer un jour, et dans l’offre du moment je ne vois pas mieux que le NPA comme maillon dans cette chaine là . Cordialement claude Ganne . Ah oui pour mes ex camarades qui avaient choisi le dogmatisme sectaire, la grande majorité a repris ses pantoufles, mais 2 sont revenus au NPA et nous sommes de nouveau des camarades . On se croirait dans le vicomte de Bragelonne ...

14/05/2018 16:50 par Rodriguez Gilbert

Mille excuses je réagis avec un peu de retard à l’allumage !
Dans ce texte il ne s’agit pas bien de réécrire l’histoire à notre convenance MAIS JUSTEMENT de remettre en question le "story tailing" dominant répété de manière récurrente.
Voir par exemple un article très récent de Laurent JOFFRIN dans Libé :

http://www.frontsyndical-classe.org/2018/05/le-13-mai-1968-les-travailleurs-entrent-en-scene.html

Le vécu c’est une chose et je nie pas qu’il y ait eu du sectarisme "de notre côté" mais ayant milité à l’époque à l’université de Nanterre je pourrais témoigner de quelques frictions avec les maoïstes d’une part et les trotskystes de l’OCI rapidement ralliés en masse à Mitterrand et au PS et à l’anticommunisme virulent.
Il s’est simplement agit d’égratigner un peu les traits dominants de la rhétorique ayant trait à mai 68 reprise aussi bien par la bourgeoisie que par la vision libertaire ou un gauchisme anti-stalinien de bon aloi !

Gilbert Rodriguez

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