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Manouchian n’est pas un héros de « roman national »

Quelques réflexions sur la campagne pour l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon

« Missak Manouchian, à quand la patrie reconnaissante ? ». Tel est le titre d’un appel lancé, en deux temps, dans le quotidien Libération, en janvier et février 2022. Un appel entendu au sommet de l’État puisque le président Macron va l’annoncer ce dimanche 18 juin 2023 : Missak et Mélinée Manouchian seront panthéonisés. Le texte qui suit réagit à cette initiative, qui soulève une vraie question : celle de la « reconnaissance » d’un homme, et autour de lui d’un groupe, et d’une histoire glorieuse et trop longtemps occultée – mais le fait en des termes singulièrement inadéquats : ceux de la « patrie » et du « patriotisme ».

Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on, en termes de reconnaissance historique – et sans doute est-ce ce que se sont dit les gens très estimables qui ont soutenu cette initiative en dépit d’un comité de parrainage plus que douteux [1] et d’un argumentaire pour le moins problématique.

Le problème que pose cet argumentaire, c’est qu’il enrôle Missak Manouchian, post mortem, dans un catéchisme républicaniste et un « amour de la France » qu’aucun fait historique n’atteste, au mépris de ce que furent sa vie, ses idéaux et ses motivations réelles – qui, elles, sont établies et documentées.

Inepte historiquement, régressif même, le texte d’appel paru lundi 21 janvier 2022 dans Libération tente de faire revivre un mythe qu’on croyait mort et enterré grâce à six décennies de recherche historique, celui d’une France unanimement résistante :

« Il y a 78 ans mouraient donc, pour la France, pour la République, en « Français de cœur », en « Français par le sang versé », en Français par l’héroïsme et le mérite, ceux qui avaient été arrêtés par les Brigades spéciales de la préfecture de police et remis aux Allemands. Ces derniers tentèrent de les couvrir d’infamie en les réunissant sur « l’Affiche rouge » qui, au contraire, fit d’eux aux yeux des Français, des héros. »

La scandaleuse mystification qu’il y a dans ces lignes, c’est d’abord l’effacement de toute culpabilité française : cette idée grotesque, et honteusement révisionniste, selon laquelle « les Français », unanimes, ont résisté à la propagande nazie, se sont sentis solidaires des « terroristes » stigmatisés par « l’Affiche rouge », et les ont même érigé en « héros » – comme s’il n’y avait pas eu de « bons Français » attentistes, vichystes, xénophobes, antisémites, délateurs, collabos, et comme si tout ce beau monde n’était pas pour beaucoup dans le sort des déportés et des fusillés.

Il existe bien un pays occupé où ce type de résistance massive a pu exister, et où des Juifs ont pu, un peu plus, être sauvés, ce pays se nomme la Bulgarie, et non la France.

Le texte d’appel se fonde, pour affirmer que « les Français » faisaient bloc derrière le groupe Manouchian, sur une source unique et pour le moins fragile : un vers d’Aragon, dans son célèbre poème, selon lequel

« Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos : Morts Pour La France ».

On fera toutefois remarquer premièrement que « des doigts errants » ne sauraient représenter « les Français » dans leur totalité, et deuxièmement que, de toute façon, le récit d’Aragon résiste lui-même très mal à l’examen historique. Comme l’a rappelé Laurent Lévy :

« Il est difficile de dire si ce qu’il évoque à cet égard est un souvenir authentique, et si ces “doigts errants” ont bien existé. Mais s’il est peut-être ici fait référence à un fait réel, il est probable que la restitution qui en est faite n’est pas fidèle : en mars 1944, en effet, la revue résistante à laquelle collaborait déjà Aragon (qui en fut après-guerre le directeur), Les Lettres Françaises, évoquait ainsi l’affiche rouge : “Sur l’une des affiches, quelqu’un a écrit au charbon en lettres capitales ce seul mot : MARTYRS. C’est l’hommage de Paris à ceux qui se sont battus pour la liberté”. Onze ans plus tard, cette expression, “martyrs”, est devenue “morts pour la France” ».

L’autre mystification, c’est la manière tout aussi grossière dont toute la gloire des résistants, y compris étrangers, est symboliquement annexée à « la France », au mépris là encore de la réalité historique, au moyen de purs et simples coups de force rhétorique : la répétition, jusqu’à la nausée, des mots « France » et « Français », accolés à l’évocation du groupe Manouchian et de son héroïsme. Lesdits héros deviennent par la magie des mots des « héros français », morts « pour la France, pour la République », des « Français de cœur », des « Français par le sang versé », des « Français par l’héroïsme et le mérite », tout cela enfilé en une seule phrase, sans explication, sans qu’on sache d’où sortent ces formules dénuées de tout fondement, et d’où sort, surtout, cette essence française courageuse qui fait qu’on devient « français » dès qu’on est courageux.

Comble de l’escroquerie : en même temps qu’est fantasmatiquement « francisée » toute notion de résistance et d’héroïsme, le texte de l’appel efface toute trace de francité là où celle-ci est par contre avérée : du côté des oppresseurs et des assassins. Car, enfin : ces « Brigades spéciales » qui ont arrêté nos héros étaient françaises, la « préfecture de police » dont elles dépendaient était française, et ce sont donc des Français qui ont « remis aux Allemands » Manouchian et ses camarades.

Pour qui nous prend-on ? La vérité simple, triviale, indiscutable, est que ni Manouchian ni ses complices n’étaient français. Que, si l’on prend au sérieux leur engagement, et les traces qu’ils en ont laissé, c’est pour la liberté et non pour « la France » qu’ils sont morts. Et enfin que ce n’est pas sur d’improbables « valeurs de la République » ou de « la France des Lumières » qu’ils ont fondé leur goût de la liberté, leur soif d’égalité sociale et leur sens de la solidarité humaine, mais au nom d’un idéal communiste, ce qui était alors très sensiblement différent, et l’est toujours.

L’escroquerie confine au révisionnisme : l’enchaînement des formules « morts pour la France » et « Français de cœur », et l’usage des guillemets à chaque fois, laissent entendre que c’est ainsi que se pensaient et se présentaient Manouchian et ses camarades – et la suite du texte l’affirme même explicitement :

« La vie de cet homme debout se confondra avec le soutien aux Arméniens dévastés par le génocide, la lutte antifasciste et l’amour de la France républicaine. C’est pour elle, en le proclamant, en l’affirmant, qu’il mourra « en soldat régulier de l’armée de Libération » de ce qui était devenu son pays, sans que jamais il ne confondît le régime collaborateur de celui qui était encore le maréchal Pétain et la France née des Lumières, dont les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité étaient ses phares. »

« Missak Manouchian doit trouver sa place au Panthéon, pour avoir été l’un des plus beaux exemples de sacrifice, d’héroïsme, d’amour de la France, terre de liberté et d’espoir. »

« Missak Manouchian et les 22 autres condamnés du procès de l’Affiche rouge moururent, « Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir / Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant. »

Mais là encore, un mensonge répété, même jusqu’à la nausée, ne devient pas une vérité. Si « le soutien aux Arméniens dévastés par le génocide » et « la lutte antifasciste » sont attestés par de nombreux faits historiques bien établis, à commencer par les engagements associatifs, syndicaux et politiques de Missak Manouchian, dans la communauté arménienne et dans l’Internationale communiste, en revanche rien de tel n’existe qui puisse étayer son « amour de la France républicaine ».

Nulle part, contrairement à ce qui est écrit, Manouchian n’a « proclamé » et « affirmé » qu’il mourait « pour la France républicaine ». C’est pourtant ce qui est avancé, avec à l’appui ce semblant de preuve : une très brève citation, hors contexte, tirée de la lettre d’adieu adressée à sa femme Mélinée, où Manouchian se qualifie de « soldat régulier de l’armée française de Libération ». Or, le fait marquant, patent quand on lit attentivement (et intégralement) cette lettre, c’est précisément que Manouchian n’invoque pas une seule fois le « patriotisme », « la France » ou « l’amour de la France » – à une époque, pourtant, où ce registre de discours est très prisé au sein de la Résistance.

Manouchian, dans sa lettre, parle de « liberté » et de « paix » entre « les peuples » :

« Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. »

« Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... »

Manouchian se dit engagé dans « l’armée de libération », sans l’adjectif « française ». Cet adjectif n’arrive, in extremis, qu’une seule fois, en fin de lettre, dans un contexte très particulier. Il ne s’agit plus de parler, comme il le faisait expressément au début de sa lettre, des fondements de son engagement, et de ce pour quoi il va mourir, mais de faire ses adieux à son épouse Mélinée, de lui léguer ses biens, de lui transmettre ses ultimes conseils, consignes et demandes : qu’elle vive heureuse, qu’elle se remarie, qu’elle ait un enfant comme elle le voulait... C’est dans cette perspective extrêmement pragmatique, concrète, matérielle, que Manouchian évoque pour la première fois la dimension « française » et « régulière » de son engagement :

« Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération. »

On a bien lu : loin de toute effusion patriotique, de tout « sacrifice » pour une France adorée, le propos ici est d’assurer un avenir décent à sa future veuve. Si ces mots nous disent quelque chose du rapport de Manouchian à la France, c’est donc plutôt, me semble-t-il, ceci : qu’on a affaire à quelqu’un qui est pointilleux sur ses droits, sur ce que la France lui doit – bref : quelqu’un qui a cette « mentalité » revendicative que nos républicanistes patentés, ceux d’aujourd’hui comme ceux d’hier, ne cessent de vitupérer.

Quant à la vision sublime des vingt-trois fusillés criant « La France » en s’abattant, il s’agit, ni plus ni moins, d’une invention pure et simple d’Aragon, dont Laurent Lévy a rappelé le caractère à tous égards douteux :

« On ne saura jamais ce qu’ont vraiment dit, crié ou chanté les martyrs du “groupe des étrangers”. On sait que l’ouvrier métallurgiste Jean-Pierre Timbaud est mort en criant “Vive le parti communiste allemand !” D’autres ont crié “Vive Staline !” Beaucoup “Vive la Liberté !” Certains fusillés ont bien pu crier “La France !” en s’abattant, mais s’agissant des étrangers du groupe Manouchian, compte tenu de ce que l’on sait d’eux, de leur engagement, de leurs raisons d’être, compte tenu des termes mêmes rapportés par Aragon de la lettre à Mélinée, tout porte à croire que, s’ils ont pu chanter L’Internationale, ce n’est pas en tant que “chanson française”. »

Soyons donc clairs : non, Missak Manouchian n’était pas ce bon immigré « émancipé grâce à la République » que nous présente le premier texte d’appel à sa « panthéonisation », paru dans Libération le 14 janvier dernier.

Non, il n’est pas entré en résistance par « amour de la France » : il était un « bougnoule » – on disait à l’époque « métèque », ou « levantin », avec le même rictus de dégoût. Issu de cette « immigration clandestine » qui fait vos cauchemars, messieurs les panthéoniseurs.

Comme ses camarades du FTP-MOI, Manouchian était un ouvrier communiste, syndiqué à la CGT, en lutte contre le patronat, et non pas cet « Arménien industrieux » qu’invente l’appel du 14 janvier, dans un sommet d’impudence, de paternalisme social et d’essentialisme racial.

Loin de la mythologique et condescendante « intégration à la française » dans laquelle on veut l’enrôler post mortem, Missak Manouchian était internationaliste. Il a milité en France avec les siens – sa classe, mais aussi sa communauté – et il a créé la revue Ջանք (Tchank) dans sa langue d’origine. Sous l’occupation il s’est organisé en « non-mixité », sans les Français, au sein du FTP/MOI, Francs-Tireurs Partisans/Main d’Oeuvre Immigrée. Bref : tout ce que nos panthéoniseurs d’aujourd’hui vomissent, sous le nom de « mondialisme », « immigrationnisme », « gauchisme », « communautarisme » ou « séparatisme ».

Je ne suis pas contre les hommages et les lieux de mémoire – loin, très loin de là. Mais pas n’importe comment. Qu’on célèbre donc Manouchian et les siens, qu’on le fasse mille fois puisqu’ils le méritent, mais qu’on le fasse pour ce qu’ils furent vraiment – qui mérite bien plus l’hommage que ce Manouchian relooké, icône factice d’un imaginaire politique régressif et mortifère.

« Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement », confiait Missak Manouchian à sa femme Mélinée, dans sa lettre d’adieu. Il ne se trompait pas tout à fait : le travail d’histoire, de mémoire et d’hommage existe, de longue date, il a lui-même une histoire, et il va se poursuivre, dans la dignité. Ici, par exemple, par la voix de Charjoum. Mais de dignité, certains récupérateurs manquent singulièrement.
Notes

[1] Où figure en bonne place, tout de même, une autrice familière de la station d’extrême droite Radio Courtoisie, par ailleurs opposante notoire et assumée au PACS puis au mariage pour tous et à l’homoparentalité : Nathalie Heinich.

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

Voir aussi
 La lettre à Mélinée : https://lmsi.net/Ma-Chere-Melinee
 L’article de l’UJFP : : https://ujfp.org/une-oqtf-pour-manouchian/

 http://Manouchiann’estpasunhérosde«romannational»
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COMMENTAIRES  

22/06/2023 15:30 par maelstrom

manouchian signe sa lettre d’adieu par michel, mais sinon aucun rapport avec son affiliation patriotique.

22/06/2023 16:35 par CAZA

L"Agité du Bocal avait bien récupéré Les Glières et Guy Moquet .Alors le Gnome de la CIA veut copier puisque ça avait marché .
Normal .

Un livre a lire pour ceux qui veulent retrouver les convictions politiques des FTP/MOI .
En plus toute l’histoire des fascistes hongrois et de Horty qui ont joué avec le feu pour être finalement liquidés par Hitler en 1944 ..
C’est : La Mémoire d’Hélène
Livre de Hélène Elek · 1977 (France)

<<<< Elle s’appelle Hélène Elek, elle est la mère de Thomas Elek - il a quinze ans lorsque la Seconde Guerre mondiale commence et s’engage dans la Résistance un an plus tard. Au sein des F.T.P.-M.O.I., il participe à plusieurs attentats et déraillements de trains transportant soldats allemands et ravitaillement à leur destination. Mais quelques mois avant que ne soit signée l’Armistice, le groupe est démantelé jusqu’à ce que tous ses membres soient arrêtés et fusillés – il était un de « L’Affiche Rouge »

Commentaire de LUXI : Rien a changer
21 août 2016 :
<<< Comment résumer en quelques lignes une vie si dense, si courageuse et si extraordinaire...?
En refermant le livre d’Hélène Elek, je me sens vidée, triste, mais aussi remplie d’admiration et émerveillée devant cette femme hors du commun.
Elle raconte ses souvenirs d’enfance, la pauvreté dans laquelle elle a vécu si longtemps, elle raconte la Hongrie, son pays, la première Guerre qui abîmera sa famille, puis la Seconde qui, dans l’horreur extrême, lui permettra de révéler sa force incroyable, son audace, son culot magnifique et sa rage de vivre.
Au fil des pages, Hélène laisse sa mémoire s’écouler et raconte ses doutes, ses grandes blessures, ses combats et cet amour sans pareil qu’elle aura jusqu’à la fin pour ses trois enfants : Thomas, Marthe et Bela.
C’est pour moi le portrait d’une femme moderne avant l’heure, d’une immense Résistance mais, plus profond encore, d’une famille entière de Résistants. Comme on le verra ensuite avec son fils Thomas, dit Tommy, dont elle parlera avec une tendresse presque trop pure... "Mon Thomas" dira-t-elle, l’un des Résistants de la célèbre "affiche rouge" pour qui j’ai énormément d’affection - étrange... - mais surtout une admiration infinie. Thomas Elek, fusillé à 19 ans au Mont-Valérien...
Comment se remettre de ça ?
C’est une femme presque brisée que l’on quitte à la fin du livre, une femme lasse, fatiguée physiquement et psychologiquement, usée par tous ces morts qui ont jalonné sa vie et particulièrement détruite par le décès de son époux, mais qui pourtant refuse de rendre les armes...
On ne change pas ce que l’on est...
Un magnifique exemple de bravoure, de coeur, de générosité et de grandeur. Une âme merveilleuse qui en fait un petit prodige de femme au-delà des années. Et quelle prouesse que cette vie qu’elle a menée en défiant les dangers les plus ahurissants. On ressort ébahi face à tant d’héroïsme. Une femme gigantesque. Une femme d’exception. >>>

https://www.herodote.net/Amiral_sans_flotte_regent_d_un_pays_sans_roi-synthese-1983-288.php

Message à l’honorable Modérateur : On s’emmerde un peu sans les saines engueulades d’antan .

22/06/2023 17:39 par Sieur de la Palice

Excellent ! Bravo ! Il faut creuser, il faut commenter, ces mémoires tordues et recyclées par les usurpateurs et les resquilleurs d’aujourd’hui qui espèrent bien pour eux, ensuite, ces mêmes honneurs qu’ils saupoudrent sur des morts.

J’adore la formule "Messieurs les panthéoniseurs" mais ceux-ci vont s’offusquer. "Et la parité bordel ?" Quid des panthéoniseurs non-binaires ? Quid des panthéoniseurs algorithmiques ?

22/06/2023 18:04 par J.J.

"Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. »
C’est ce qui m’a le plus frappé dans cette lettre de Missak Manoukian. Au moment du procès d’Oradour, nous avions la haine contre les allemands, et même les "Malgré Nous". Heureusement nous avions un prof de lettres à la hauteur, requis par les occupants pour creuser des abris dans le roc, "avec un canon de pistolet dans le dos", qui nous avait "expliqué".

On pourrait peut être en évoquant un supposé patriotisme des FTP MOI, dire un mot de la "francitude" des gentils garçons qui sous le casque boche à croix gammée sont allés se distinguer avec la division Charlemagne sur le front de l’Est, et de la "grandeur d’un ci-devant maréchal et de ses comparses.
Il y a quelque temps je regardais de nouveau un film documentaire sur la "Rafle du Vel d’hiv". Parmi toutes ces images accablantes, je ne peux m’empêcher d’être ému par le témoignage des personnes qui ont échappé au pire grâce à la complicité risquée, ou à la passivité bienveillante de quelques courageux policiers(et oui, ça a existé).

22/06/2023 18:06 par françois gerard

Récemment le PRCF a rendu hommage à un et une autre résistant ( e) Georges et MaÏ Politzer voici le lien vidéo https://youtu.be/QV4VvYOU4xU

22/06/2023 18:58 par legrandsoir

Message à l’honorable Modérateur : On s’emmerde un peu sans les saines engueulades d’antan .

Essayez d’engueuler chez vous, ça mettra de l’ambiance :-)

22/06/2023 19:37 par azerty

Ils faut qu’ils intègrent à coups de fantasmes et de révisionnisme des migrants dans notre roman plus ripoublicain que national. On peut lier cette odieuse récupération à la récente campagne de pub pour le musée de l’immigration qui fait passer le roi louis xiv pour un étranger.

22/06/2023 21:30 par Carlos

Je vous recommande aussi ce livre édition Libertalia "Rino della Negra - Footballeur et partisant", faisant lui aussi parti du groupe Manouchian il a été fusillé à 20 ans comme FPT-MOI, immigré italien on retrouvera dans ce livre l’histoire vraie et non romancée avec les héros - tant aimé par Macron (combien de "héros" depuis Macron ?? comptez les, ils sont légions, il adore les donner en pature au peuple).
On retrouvera aussi ce résistant dans le film "l’affiche rouge" de Frank Cassenti (1976) interprété par Bruno La Brasca.

23/06/2023 08:14 par Roselyne Arthaud

Merci pour cette mise au point convaincante. J’espère que plusieurs commentaires viendront s’ajouter, moi je n’ai aucun savoir sur ce sujet.
cordialement

23/06/2023 08:50 par calame julia

L’Affiche rouge dit bien ce que cela signifiait à l’époque !
Choisir seulement M. Manoukian pour le Panthéon est excessif à mes yeux !
Soit le groupe, soit personne.

23/06/2023 11:11 par Assimbonanga

"Soit le groupe, soit personne." Tu as raison Julia mais on est sous Macron ! On panthéonise avec l’idéologie de Macron... Macron, c’est un style, Macron c’est l’école catho, le fayotage, la collaboration, la distinction des meilleurs éléments choisis par le lider. Macron orchestre tout. Le groupe ? Connais pas. Il faut de la vedette, il faut du role model. Il faut de la réussite. Et de la compétition. Panthéoniser Manouchian, c’est carrément l’injurier par rapport à ses convictions.
Je note au passage que Macron est plutôt nécrophile. Qu’est-ce qu’il aime déménager des ossements !

23/06/2023 12:01 par T 34

Un résistant immigré sans papier communiste et antifasciste, autant dire que si Missak Manouchian était encore vivant Macron le ferait fusiller pour écoterrorisme et enclencherait une procédure de dissolution des FTP MOI.

23/06/2023 12:14 par Rogojine

Manouchian est plus français que toi, azerty.

23/06/2023 13:03 par babelouest

Je plussoie la réaction de Calame Julia, et de façon logique. (j’espère que citer quelqu’un ne va pas me faire ostraciser)

L’Affiche Rouge avait un sens universaliste. Pas dans le sens des trotskistes (beurk, et rebeurk), mais dans le sens d’un retour aux simples citoyens. De la famille. De la BASE.

Qu’y a-t-il de VRAI aujourd’hui, si ce n’est ces notions de base ? L’union européenne n’est qu’un habillage de la pire dictature qui ait pu exister, parce qu’elle se veut GLOBALISTE, qu’il faut que n’existent que des humains le plus possible robotisés. Donc des marionnettes en somme. Sans passé, sans avenir, sans sentiments, sans créativité, juste les pions nécessaires à faire fonctionner un monde qui tourne rond pour les Grands, sans que rien ne perturbe ceux-ci.

23/06/2023 15:14 par martin

Ils sont entrée au Panthéon au nom des « étrangers et nos frères pourtant »

23/06/2023 17:00 par calame julia

Le sens universaliste est dans le fait des personnes qui faisaient partie du groupe !
La liberté pour eux, elle était un désir universaliste. Je ne pense pas qu’ils, qu’elle
aient eu la théorie trotkyste ou autre dans la tête en faisant tout ce qu’ils ont pu faire
pour libérer le pays à ce moment là. De plus, c’étaient des travailleurs ! s’intéresser
également à leur histoire ; @ babelouest.
@ Assimbonanga : nous sommes bien d’accord. Vous m’avez bien faite rire avec
votre dernier constat.

23/06/2023 17:25 par Josy

Macron est l’imposteur caricatural : il se déguise en mettant en avant les gens qui représentent le contraire de ce qu’il est : il se pare de leurs qualités en laissant croire qu’il les partage. :ceux qui ont des convictions , qui s ’unissent pour lutter contre la tyrannie , la bêtise et les crimes nazis et qui sont éliminés par les collaborateurs de Vichy . Ce bonhomme ne craint aucune malfaçon : il se pavane en trompeur qui se croit magicien .
Or s’il y a un nazi c’est bien celui qui ,adversaire de la liberté et de la dignité des hommes qu’il méprise , les utilise en pensant se faire grand aux yeux de l’électeur.
Vulgairement profiteur, petit profiteur sans qualités.Le geai qui se pare des plumes du paon (pardon au paon)

23/06/2023 22:57 par Fald

Gaffe de ne pas mettre Aragon dans le même sac que les récupérateurs de la bande à Manu-La-Brocante !
Il a écrit un POEME !
Une version lyrique, magnifiée, de cette histoire, qui plus est dans une forme de métrique rigoureuse qui laissait peu de marge au choix des mots.
Il n’aurait certainement pas utilisé les mêmes mots s’il avait été un historien écrivant une thèse sur le sujet.

24/06/2023 08:57 par ke'g

Laissez les morts de 39/45, en paix ! Ils ne vous demandent rien par contre ils ont tout donné et certainement pas pour ce qu’il nous est donné à vivre actuellement. Réveillez les avec le "chant des partisans" sur vos sonneries de téléphone portable. Vos semblables sauront que vous en êtes :
https://wp.me/p4Im0Q-5VW - JdG N° 89 – Jr + 485) – que ferez vous quand il en sera à son 3éme ou 4éme mandat ? Oserez-vous, pour vos descendants, relever la tête et combattre la tyrannie d’aujourd’hui

26/06/2023 08:43 par CN46400

@ Fald,
Bien sûr, tout le monde ne peut pas saisir la nuance entre un poète qui fabrique des balles avec le sang de ses amis et l’historien qui écrit son histoire 50 ans après pour régler des comptes politiques. Vive Aragon et Léo Ferré.... et, bien sûr, Missak Manouchian et les siens !

26/06/2023 10:06 par legrandsoir

@ Fald,
Bien sûr, tout le monde ne peut pas saisir la nuance...

Vos portez un jugement de valeur sur l’intelligence d’un lecteur du GS ? Hum, hum !
Merci à Fald de ne pas répondre et merci au modérateur d’avoir laissé passer ça (il ne le fera pas ça tous les jours).

26/06/2023 11:50 par CN46400

Petite histoire d’un grand poème. Duclos, clandestin à Paris, a fait rassembler un dossier sur le groupe Manouchian, et l’a fait porter à Aragon, clandestin dans le sud, avec cette note : "Fais-en quelque chose" ! Et Aragon en a fait "quelque chose", que l’anar Léo Ferré a magnifiquement mis en musique, et tant pis pour les pisses vinaigres.....

26/06/2023 13:32 par CN46400

@ moderateur,
SVP, il n’y a rien de désobligeant par rapport à Fald, puisque son post me va comme un gand....

28/06/2023 17:02 par Palamède Singouin

Il me semble que le groupe Manouchian a exécuté non-seulement des soldats allemands, mais aussi des flics collabos.
1° Il peut donc, dans certains cas, être héroïque d’exécuter des flics...Le syndicat "Alliance" n’a pas protesté ?
2° Pour des faits de même nature ( exécutions plus ou moins avérées d’agents des renseignements US et israéliens) Georges Ibrahim Abdallah croupit dans les geôles françaises depuis plus de 40 ans.

14/07/2023 07:18 par keg

les seuls autorisés à acclamer Emmanuel M sur les champs, sont des rémistes bon teint, arrivant par cars entiers de toutes les provinces de France, même les plus reculées (parmi les quelques 9 786 578 voix , soit 20% des inscrits du 1er tour. ce qui ne lui donne surtout pas le droit de faire ce qu’il veut !). S’il veut faire venir tout son Peuple dévoué et servile de 1ère classe, combien de défilés devra t-il faire ? Une journée n’y suffira pas. On va inventer un 14 juillet à rallonge (qui ira jusqu’au 26 Juillet (date butoir des fameux 100 jours) soit un 14 juillet de 12 jours, du jamais vu depuis la Révolution. – https://wp.me/p4Im0Q-5Xw

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