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Otages en Colombie : La vérité à propos des contacts entre la France et les FARC-EP, par Carlos Lozano Guillen - Voz.



Voz, 28 septembre 2005.


La Casa de Nariño [Palais présidentiel à Bogotá] était au courant et était d’accord pour que se produisent les contacts entre l’émissaire français et Raul Reyes [des FARC-EP], tout en ayant toujours voulu les saboter.

La « protestation diplomatique énergique » de la Chancellerie colombienne envoyée la semaine dernière à l’ambassadeur de France en Colombie, Camille Rohou, a certainement mis un terme aux contacts entre le gouvernement français et Raul Reyes, des FARC-EP, visant à rechercher des propositions à présenter au gouvernement colombien, ce qui pourraient conduire aux négociations pour un Echange Humanitaire tellement attendu.

Contrairement aux déclarations du gouvernement colombien, le président Alvaro Uribe Vélez en avait été informé ; c’est ce qu’avait reconnu le Ministre de l’Intérieur et de la Justice Sabas Pretelt de la Vega au mois de juillet 2005, après que El Tiempo eût révélé la tenue de la première rencontre de cette année. L’an passé il y a eu au moins trois rencontres, toutes en territoire colombien ; et la sous-directrice du Bureau du Comité International de la Croix Rouge (CICR) à Bogotá avait assisté à l’une de ces réunions. « Le gouvernement colombien était au courant de ces contacts et il les avait acceptés, tout comme les contacts réalisés par le gouvernement suisse », a déclaré à Voz un porte-parole du gouvernement français.

L’argument de la Ministre des Relations Extérieures Carolina Barco, selon lequel pour toute réunion il faut une autorisation spéciale, est absurde. En aucun lieu du monde, là où existent des conflits internes -c’est l’expérience internationale-, les facilitateurs, agents de bons offices ou médiateurs, n’agissent avec de telles limitations, parce que cela compromet la réalisation des contacts, et cela menace la vie des personnes impliquées. « C’est une explication naïve de la Ministre des Relations Extérieures, Carolina Barco, parce que la pratique internationale montre que quand les parties acceptent le facilitateur, ou le médiateur, cela suppose de nombreux contacts et de nombreuses rencontres, pour lesquels il n’est plus demandé d’autorisations », a expliqué à Voz un spécialiste de ces questions. Précisément, après la rencontre de juillet 2005, l’armée avait lancé une gigantesque opération contre Raul Reyes [des FARC-EP], peut-être parce que « l’émissaire français » avait été suivi.

La France avait eu l’autorisation pour les contacts et la France a agi en conséquence, rencontrant sans arrêt des entraves et des obstacles provenant du gouvernement colombien. En décembre 2004, à la suite d’une rencontre avec Raul Reyes, « l’émissaire français » et la personne qui était alors sous-directrice du Comité International de la Croix Rouge (CICR) à Bogotá ont été arrêtés quelques minutes et interrogés, d’abord à Puerto Asis par l’armée, puis à l’aéroport El Dorado de Bogotá par le Département Administratif de Sécurité (DAS). L’intervention opportune de l’ambassadeur de France a évité que ne soit commis un geste arbitraire de plus grande importance. De retour de la dernière rencontre, il y a trois semaines, l’envoyé français a été interrogé par le DAS à l’aéroport de Bogotá. La version officielle, selon laquelle on n’était pas au courant des contacts et on ne connaissait pas le nom de « l’émissaire français », est donc fallacieuse.

Ce qui semble avoir inquiété le gouvernement, à la suite de la proposition de Bolo Azul qui n’a jamais été présentée aux FARC mais lancée publiquement de façon précipitée par les médias, c’est que « l’émissaire français » était en train d’avancer dans la construction d’une proposition conjointe avec les FARC qui devait être présentée au président Uribe Vélez. « Il n’y avait encore rien de concret, mais on était en train de construire plusieurs propositions qui devaient d’abord être analysées par le Secrétariat [de l’Etat Major Central des FARC-EP], puis présentées par le Français au gouvernement colombien », a déclaré à Voz une source des FARC-EP.

La « protestation colombienne » ôte toute possibilité aux bons offices que réalisait la France et condamne pratiquement à l’échec tout ce qui a été construit. « Ils étaient utiles, parce que sinon la France ne serait pas en train de perdre son temps », à déclaré à Voz un porte-parole du gouvernement français. Il ne s’agissait pas seulement des preuves de la vie [des personnes retenues] que les FARC n’ont jamais refusées, elles étaient en train d’être recueillies sur tout le territoire national, là où sont dispersées les personnes retenues, mais aussi de l’élaboration de propositions qui n’ont pas été achevées à propos de l’Echange Humanitaire. La France ne négociait rien, mais était en train de jouer un rôle de facilitateur pour rapprocher les deux parties qui doivent négocier l’Echange, c’est-à -dire le gouvernement colombien et les FARC.

Pour compliquer la tâche à la France, le gouvernement a commencé à émettre des fuites perverses et à organiser une vague de rumeurs, à la suite de la dernière rencontre dans la forêt du sud de la Colombie. D’abord ils ont dit que les contacts se réalisaient en territoire équatorien et que ce serait là que seraient livrées plusieurs des personnes séquestrées ; et c’est ce qui est apparu dans un journal équatorien. Ensuite ils ont fait courir des rumeurs selon lesquelles les négociations se dérouleraient à Paris en un lieu très luxueux. Et ils ont même fait courir le bruit que le négociateur français serait Noël Saenz, ex-consul français à Bogotá, ce qui met en danger la vie de ce citoyen dans le cas où il aurait à réaliser des voyages en Colombie.

Face à la vague de rumeurs tendancieuses, l’auteur de cet article, connaissant la vérité, parce qu’il avait eu confirmation de la réalisation des rencontres et de la portée de celles-ci par des sources provenant de la France et des FARC, avait décidé de faire une déclaration dans laquelle il reconnaissait que la rencontre avait eu lieu en territoire colombien, mais qu’il n’existait aucun accord, parce que tout était encore en construction et parce que le rôle de la France est un rôle de facilitateur et jamais de négociateur, ce qui est bien compris ainsi par Paris et par les FARC-EP.

La rumeur selon laquelle les rencontres se dérouleraient en Equateur, et que ce serait là que seraient livrées les personnes retenues, avait pour but obscur d’affecter les relations colombo-équatoriennes, précisément au moment où le gouvernement équatorien avait rejeté les fumigations du Plan Colombie et s’était déclaré neutre dans le conflit interne à la Colombie. Ces dernières déclarations n’avaient bien sûr pas plu à la Casa de Nariño. Mais cette rumeur était absurde, parce que si c’était vrai que les rencontres se déroulaient en Equateur et que les personnes retenues allaient être libérées en Equateur, la protestation diplomatique devrait être émise par l’Equateur et non par la Colombie. Le rôle de la Chancellerie colombienne n’est aucunement cohérent en cette affaire, il est même perçu comme ridicule dans certains secteurs en Colombie.

En réalité le gouvernement Uribe Vélez n’a jamais voulu des bons offices de pays amis. Les groupes qui ont existé dans le passé pour les dialogues avec l’ELN et les FARC ont été dissous sans gloire. Le gouvernement a également fait pression pour que s’en aille James Lemoyne, délégué [à Bogotá] du Secrétaire Général de l’ONU.

Il est frappant de noter que la protestation colombienne est basée sur l’argument de « l’indue intervention de la France dans les affaires internes à la Colombie », alors qu’on devrait plutôt la remercier pour ses bons offices ainsi que l’ont déclaré les membres de la famille de l’ex-candidate présidentielle Ingrid Betancourt. Cependant cette vigueur dans la défense de la souveraineté ne se manifeste jamais lorsqu’il s’agit de l’ambassadeur gringo William Wood, qui parle de tout ce qu’il veut, donne abusivement des avis sur les affaires divines et les affaires humaines sans la moindre limitation de caractère diplomatique et qui donne des ordres en public au gouvernement national. Pour ne pas chercher plus loin, il veut maintenant indiquer à la Registradora Nacional comment faire une licitation, l’agent de Washington prétendant favoriser les entreprises de son pays.

Alors que le gouvernement des Etats-Unis clame qu’il « ne parlera pas avec les terroristes », il a fait parvenir par différentes voies des messages aux FARC indiquant sa disposition à converser sur « tous les sujets », mais sans aucune publicité. La quantité de messages d’agents gringos, parvenant par différentes voies, a contraint les FARC à déclarer qu’elles sont prêtes à établir des contacts avec le gouvernement nord-américain, si et seulement si ce dernier fait connaître sa disponibilité en publiant un avis dans El Tiempo [principal quotidien national colombien], a signalé à Voz une source proche des FARC-EP. Tout cela la Casa de Nariño le sait également.

Carlos Lozano Guillen
Directeur de Voz (hebdomadaire du Parti Communiste Colombien)


- Source : Voz

www.geocities.com/vozxcol/voz.pdf, du 28 septembre au 04 octobre 2005.

- Traduction : M Poggi Numancia




* * * Libération des prisonniers en Colombie : lettre Ouverte au Président Sarkozy, par James Petras.



A LIRE : Les Insurgés colombiens prêts au dialogue, par Numancia Martà­nez Poggi.



Etat, paramilitarisme et oppositions armées en Colombie : les enjeux d’un échange humanitaire à haut risque, par Maurice Lemoine.


La Colombie d’Ingrid Betancourt, par Maurice Lemoine.




Colombie : Les FARC-EP sont-elles coca-dépendantes ? par J.J. Brittain, R. J. Sacouman.






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