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Ou sont les rêves de Varlin ?

La disparition du système soviétique a inauguré dans l’histoire de la barbarie impérialiste une ère nouvelle dont nous commençons peu à peu à prendre la mesure. A l’échelle mondiale, sur le plan idéologique, le recul généralisé de la contradiction au capitalisme fournie par les idées socialistes depuis le début du dix-neuvième siècle, a depuis vingt-cinq ans laissé un vide gigantesque dans lequel se sont engouffrées des doctrines réactionnaires, encore aujourd’hui flattées et encouragées par les Américains qui veulent y voir un nouveau moyen d’oppression bon marché.

En prenant une perspective un peu large, on peut raisonnablement parler d’une amplification exponentielle de l’impérialisme dans les zones stratégiques par la soumission obligatoire aux intérêts occidentaux, les armes prenant le relais de l’argent quand tel ou tel pays voudrait se montrer récalcitrant. Seuls de puissants modèles comme le russe ou le chinois ont aujourd’hui les moyens de résister dans une certaine mesure.

Le désastre produit au Proche-Orient a pour origine la première invasion de l’Irak en 1991, c’est-à-dire au début du démantèlement du bloc de l’Est. On peut y voir un événement géostratégique fondateur dans la mesure où elle a instauré un nouvel état de fait impérialiste : une telle invasion n’aurait certainement pas pu se produire dix ans plus tôt puisqu’en qu’en toute logique Moscou s’y serait opposé.

Vive le monde libre !

D’un point de vue très concret, il faut prendre en compte le bouleversement qu’a engendré la rupture du statu quo « guerre froide » qui était plus ou moins la norme mondiale depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, et notamment la libération de l’avidité impérialiste que cela a engendré.

Il y a cinquante ans les pays pauvres pouvaient, dans une certaine mesure évidement, louvoyer, négocier leur alignement voire menacer de quitter « le monde libre ». Cette petite marge de manœuvre ayant disparu, il s’agit maintenant de se soumettre à l’ordre impérialiste ou de se voir détruit. La Libye, l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, tous ces pays ont subi pendant des années les manœuvres de déstabilisation des agences américaines et dans certains cas des interventions armées directes.

Ce chaos supportable, ce chaos voulu, ce chaos organisé poursuit des objectifs matériels, quand la propagande des gouvernements occidentaux tente péniblement de produire un discours idéaliste suranné sur la base de concepts datant du XVIIIéme Siècle. Ainsi la France s’est ainsi vue proposée très concrètement par les États-Unis le contrôle de 35 % du pétrole libyen en échange de son intervention. Dés 2004, les multinationales américaines ont mis la main sur plus de 80 % des puits irakiens, quand ils ne contrôlaient pas une goutte du précieux liquide début 2003.

Les armes et l’argent organisent l’acculturation systématique par la destruction de tout modèle concurrent au système imposé par l’Occident. A l’échelle mondiale, la quasi absence de résistance communiste à ce nouvel ordre autoritaire devrait nous rappeler le slogan de Rosa Luxembourg : Socialisme ou Barbarie. Nous sommes pour le moins assez bien engagés dans la seconde option.

Sur le plan économique

C’est également dans la période de l’effondrement de l’URSS que les idéologues capitalistes ont commencé à parler de « mondialisation », c’est-à-dire la soumission de la terre entière à la logique commerciale américaine.

On a alors imposé l’économie de marché comme un système indépassable, un système dont il n’est même plus question de discuter. Le démantèlement final de Bretton-Woods et les traités de libéralisation quasi-totale de l’économie mondiale de la fin XXiéme ont conduit à un développement sans précédent de l’activité financière, qui représente aujourd’hui cent ou mille fois l’activité réelle (même les « spécialistes » s’y perdent...) et oriente celle-ci vers toujours moins de redistribution. En moyenne, la part des salaires dans la valeur ajoutée d’une entreprise occidentale est passée de 80 % au début des années quatre-vingt à parfois moins de 60 % aujourd’hui. Dans le même temps, le rendement des actions est passé de 10 à 15, 20, voire 25 % chez les plus zélés administrateurs des intérêts de la grande bourgeoisie.

Pour la propagande, des économistes libéraux complètement timbrés calculent que l’économie mondiale n’aura plus besoin que de 20 % de la population active disponible à la fin du 21ème siècle et spéculent d’ores et déjà sur les meilleures solutions pour asservir les 80 % restants.

Ce brillant résultat de civilisation a été notamment obtenu par l’imposition du chômage de masse en Occident et un développement de plus en plus contrôlé des pays pauvres par des institutions internationales devenues au fil du temps de vastes mafias coordonnant leurs agissements sordides avec les banques d’affaires et dispensant leurs largesses aux chefs des pauvres les mieux soumis.

Sur le plan culturel

C’est là le plus pernicieux, on voudrait imposer une idéologie, des principes, des normes occidentales à jamais gravées dans le marbre à la terre entière, notamment grâce à l’Anglais. D’un point de vue anthropologique, la langue est la base d’une culture c’est-à-dire d’idées, de valeurs, de raisonnements, fonctionnement social, économie… Et aujourd’hui, force est de constater que tous les petits-bourgeois du monde, qu’ils soient indonésiens ou pakistanais, font un brunch le dimanche matin, apprennent l’anglais à leurs enfants et rêvent de les envoyer étudier la science des maîtres aux Etats-Unis.

A l’inverse, cette domination culturelle engendre un sentiment de rejet parmi les populations pauvres, de loin les plus nombreuses, qui prêteront légitimement l’oreille aux discours résistants. Sur le plan culturel, il est un phénomène connu qu’une population peu éduquée, n’ayant pas accès à des moyens de contestation sociale modernes, se tournera le plus souvent vers le surnaturel pour exprimer sa révolte : au vingtième siècle, par exemple, de nombreux syncrétismes chrétiens ont vu le jour en Amérique latine chez les descendants d’esclaves, exprimant à la fois l’acculturation et le refus du système de pensée des maîtres.

Or, il est un fait que les idées socialistes ont de moins en moins d’influence dans la population pauvre à l’échelon mondial, conséquence logique de la régression idéologique imposée par les Etats-Unis. Mais à force de prendre systématiquement appui sur les doctrines les plus réactionnaires, ils ont remis partout les religieux sur le devant de la scène et parmi eux souvent les pires (progressions des sectes protestantes obscurantistes en Amérique, Afrique et maintenant en Europe, wahhabisme chez les populations musulmanes). Même en France, qui fut jadis pourtant jadis la championne mondiale de l’anticléricalisme, Sarkozy a créé pour l’Islam des instances « représentatives », qui sont dans les faits des lobbys réactionnaires, et on justifie par le bien fumeux concept de tolérance le développement de l’influence politique des religieux. Ouvrons les yeux : ce n’est pas le spirituel qui est de retour, ce sont les curés, quelle que soit la soupe qu’ils vendent. Et force est de constater qu’à l’époque moderne, jamais ces gens-là n’ont tiré les dominés vers le haut, bien au contraire.

Une démonstration est donnée par DAESH qui est concrètement la créature des Américains, le résultat de leurs brillantes options géostratégiques des trente dernières années. DAESH s’est mis à mordre la main qui nourrit et c’est évidemment triste à pleurer, mais c’est actuellement la seule tendance conséquente prétendant résister à l’oppression impérialiste à l’échelon mondial. Le chemin pour nous relever et relever nos idées sera long, d’où la nécessité de les défendre chaque jour, dans chaque conversation, avec patience et pédagogie.

Sur le plan géostratégique

C’est bien évidement ici que la situation est la plus tragique pour les peuples. Là, ce sont pour beaucoup les armes américaines et européennes qui maintiennent le nouvel ordre impérialiste dans une boucherie infernale et interminable depuis vingt-cinq ans. Les agences américaines comme les gouvernements des pays « développés » cherchent à toute force à dissimuler les chiffres des carnages provoqués par leur ingérence, concept cher à Bernard-Henri Lévy et autres intellectuels complices qu’on voit défiler dans les médias de masse. Toujours les mêmes, toujours les mêmes raisonnements abjects depuis 25 ans.

Développons rapidement deux exemples.

Le génocide rwandais, contemporain du triomphe de l’économie du monde libre sur la soviétique, conséquence d’une manœuvre impérialiste anglo-saxonne aujourd’hui bien connue visant à se débarrasser de l’influence française dans la région, a ouvert le chemin à la liquidation d’au moins douze millions de personnes en Afrique centrale (les estimations hautes vont jusqu’à 20 millions). Aujourd’hui encore, les multinationales prédatrices profitent de l’appétit des pays frontaliers du Congo pour mettre la main sur ses ressources à vil prix.

Au Proche-Orient, de quatre à huit millions de personnes ont laissé la vie depuis 1991. Rien qu’en Irak, il y a eu 1,7 millions de victimes suite aux sanctions décidées par les pays impérialistes durant les années quatre-vingt, notamment à cause de l’embargo sur les produits chimiques destinés au traitement de l’eau.

L’ingérence permanente, les coups tordus de la CIA, les invasions, les attaques, les meurtres par drone, les bombardements incessants de l’aviation (stratégie de lâches par excellence) ont grandement contribué à décimer des millions d’autres et à épuiser, exaspérer, remplir de rancœur les survivants et faire émerger DAESH des charniers.

La chute de la république française

Certains, comme Philippe Grasset, voit depuis l’élection de Sarkozy un alignement systématique de la politique internationale de la France sur celle des États-Unis, une rupture avec la particularité gaullienne, que même Mitterrand avait poursuivi peu ou prou. Évitons de nous saouler de mots, cette diplomatie avait surtout pris l’apparence de postures au cours des cinquante dernières années, notamment pour conserver ou conquérir des positions économiques en Afrique et au Proche-Orient.

Bien plus grave pour les citoyens français est l’évolution vers la dictature empruntée depuis peu par notre glorieuse république, au sens originel (romain) du terme. N’accordons pas aux responsables des tueries de novembre le blanc-seing liberticide demandé, refusons les mandats exceptionnels, rangeons les drapeaux. C’est déjà de cette façon que cette république-ci avait procédé en 1914 pour envoyer des millions de jeunes gens à la mort.

Vincent Beau

Varlin était un ouvrier parisien, membre de la Iere internationale, dirigeant de
la Commune, massacré par les Versaillais lors de la prise de la ville.

Il avait alors 26 ans et était représentatif d’une génération d’ouvriers éduqués
qui révaient de démocratie, éducation, progrès... tout ce qu’on est en train de
perdre, en fait...

Un certain nombre de lieux, gymnases etc portent encore son nom dans le XIXème
arrondissement de Paris et dans les anciennes banlieues rouges.

Il est devenu un symbole romantique chez les anarchistes et communistes français
au 20ème siècle.

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Titre original : What’s the matter with Kansas ? (2004, 2005, 2007) Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton Nouvelle édition. Première parution française dans la collection « Contre-feux » (Agone, 2008) À la fin des années 1960, la concurrence internationale et la peur du déclassement transforment un populisme de gauche (rooseveltien, conquérant, égalitaire) en un « populisme » de droite faisant son miel de la crainte de millions d’ouvriers et d’employés d’être rattrapés par plus déshérités qu’eux. (...)
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