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Pétrocaribe et l’ ALBA : Un projet de réunification de notre Amérique pour la prospérité de tous, par L. G. Suarez et G. Molina.








Granma international , La Havane, 20 decembre 2007.



- La raffinerie de Cienfuegos permettra à Cuba de réduire largement sa dépendance des importations de combustible pour le transport routier « Il faut dans le monde beaucoup de PETROCARIBES pour que les peuples souffrent moins »

- Le prix du pétrole est fixé à New York et à Londres. Les spéculateurs et les marchés d’avenir exercent une influence pernicieuse

- Cuba et l’Argentine ont chacune une parcelle à exploiter dans le bassin de l’Orénoque




L’ accord énergétique de Caracas et les missions Robinson et Barrio Adentro permettent d’équilibrer la balance commerciale entre le Venezuela et le Cuba, mais aussi d’offrir des soins médicaux gratuits à 17 millions de personnes.

L’ex-président de l’OPEP et de PDVESA et actuel ambassadeur du Venezuela à Cuba, Ali Rodriguez Araque, réfute les accusations proférées par certains médias qui rangent ces échanges avec l’île et d’autres pays de la région sous l’étiquette de subventions ou de cadeaux. Dans une interview concédée à Granma international, il montre que les avantages sont réciproques.

« Le Venezuela a un marché stable pour la vente de son pétrole. Nos ennemis tiennent des propos de boutiquiers : ils prétendent que nous profitons des richesses dont nous disposons pour imposer des conditions à ceux qui ont besoin de produits énergétiques, quel que soit le destin des peuples concernés. C’est justement cette mentalité qui a le plus contribué à diviser l’Amérique latine ce qui permet à l’oligarchie créole et la grande oligarchie mondiale de la dominer ainsi plus facilement. Nous sommes en présence de principes, d’idées, de valeurs en tous points opposés ; ce n’est pas seulement un problème commercial, comme le prétendent nos ennemis. »



Un grand centre de distribution dans toute la Caraïbe

A propos des éléments qui pourraient faire l’objet d’analyses lors des prochains sommets de PETROCARIBE et de l’ALBA, ainsi que de l’importance de la raffinerie inaugurée quelques jours après dans la région centrale de Cuba, Rodriguez qui a été aussi secrétaire général de l’OPEP a souligné. « Il vaut la peine de signaler que la matérialisation de la remise en état de la raffinerie de Cienfuegos répond tout à fait à l’esprit de ces initiatives. Il ne s’agit plus de discours ni de bonnes intentions mais de réalisations. Ce que cette raffinerie représente pour Cuba c’est, en tout premier lieu, une usine dotée d’une technologie de pointe qui devrait garantir au pays, sur de longues années, un bon approvisionnement en produits raffinés —essence et dérivés— : 65 000 barils par jour dans une première phase. Ajoutons que 50% du pétrole peut encore servir à élaborer un combustible plus lourd. L’agrandissement de la raffinerie est déjà à l’étude pour qu’elle puisse arriver à ce qu’on appelle la conversion profonde : tirer un maximum de produits du baril de pétrole, de sorte qu’il n’en reste que du charbon, qui a aussi son utilité. Il s’agit de rentabiliser la raffinerie.

« Cuba réduira ainsi fortement ses importations de carburant destiné au transport routier ; une raffinerie de qualité permet en outre d’envisager l’installation sur place d’une usine de pétrochimie. On peut commencer à travailler avec du gaz importé du Venezuela : les capacités de stockage de Matanzas seront restaurées, de même que l’oléoduc qui relie le port de Matanzas à Cienfuegos. Et à partir de là , on pourra créer à Cuba un grand centre de distribution pour toutes les Caraïbes. Ceci a l’avantage de réduire les coûts.

Les avantages sont énormes. On peut même songer à fermer des raffineries anciennes qui sont très polluantes et ont un faible rendement. Cette raffinerie de Cienfuegos est réellement un grand pas en avant. On fera la même chose au Nicaragua, à la Jamaïque (où une raffinerie est en cours d’agrandissement), de sorte que ces pays n’aient plus à payer le combustible aux prix actuels. »

Le Venezuela, pour sa part, a trouvé un marché stable où écouler sa production. Ce qui fait que les deux parties sont bénéficiaires. » [Note LGS : l’ALBA (sigle qui signifie « l’aube » !) : l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques, processus d’intégration visant au développement de «  l’Etat social, non dans l’intérêt des élites mais dans l’intérêt des peuples ». Le message bolivarien, c’est le message de l’unité latino-américaine et de l’émancipation de toute tutelle, hier celle de l’Espagne coloniale, aujourd’hui celle des Etats-Unis. Extrait.]



Il est absurde que le Venezuela compte plus d’ un million et demi d’ analphabètes au 21e siècle.

Parmi le antécédents de cette intégration figure l’Accord de San José, se rappelle Ali Rodriguez ; le Venezuela et le Mexique s’engageaient par là à exporter en Amérique centrale et dans les Caraïbes jusqu’à 120 000 barils de pétrole, mais il ne s’agissait pas de financer la facture pétrolière, tout juste de fournir des crédits à hauteur de 20% de la facture : le problème fondamental restait donc la facture, surtout à partir du moment où les prix ont flambé. C’est alors qu’a surgi l’Accord énergétique de Caracas, qui prenait le relais d’autres contrats qui s’étaient heurtés à des difficultés. A partir de 2002, plusieurs accords concernant le brut ont été signés, dont un en vertu duquel le Venezuela fournirait à l’île la technologie permettant d’améliorer la récupération des bruts lourds et d’autres matières ; c’est alors que la question de la raffinerie de Cienfuegos a été sérieusement envisagée, puis complétée.

« Les conversations portaient aussi, à l’époque, sur la stratégie du Venezuela face aux problèmes sociaux, dont l’analphabétisme ; avec les structures héritées de la quatrième République, on se proposait d’alphabétiser 16 000 personnes par an, ce qui était bien peu ; on a donc dû concevoir un programme spécial pour régler le problème dans le laps de temps le plus court possible. Il était franchement absurde qu’au 21e siècle, un pays doté de ressources comme le Venezuela compte encore plus d’un million et demi d’analphabètes. C’est ainsi qu’a vu le jour la Mission Robinson, qui a permis de résoudre le problème rapidement avec le solide soutien de Cuba.

«  Parallèlement commençait la mission Barrio Adentro, avec un petit groupe de médecins cubains, dans la capitale du pays. Ceci a donné lieu à une protestation du Collège des médecins de Caracas, totalement dominé par des secteurs très réactionnaires, mais la population a réagi très favorablement et a même protégé les médecins. A partir de là a eu lieu tout un processus qui a abouti à la présence, au Venezuela, de milliers de professionnels cubains de la santé ainsi qu’à la gratuité des soins médicaux pour 17 millions de personnes, parmi les secteurs les plus pauvres du pays, de même que la gratuité de cent vingt médicaments. Bien d’autres accords concertés dans d’autres secteurs permettent d’équilibrer la balance entre nos deux pays.

«  Bien entendu, les prix du pétrole sont tels que le déséquilibre joue toujours en faveur du Venezuela, mais comme pour l’Accord énergétique de Caracas, un pourcentage de la facture pétrolière est financée selon le prix du pétrole et les intérêts : il s’agit d’un pourcentage stable qui n’est pas soumis aux fluctuations de la valeur de l’argent ». Ceci implique à son avis une hausse considérable des échanges entre les deux pays.

L’ambassadeur développe l’idée de l’intégration. Elle repose, dit-il, sur quatre grands postulats : entre nous, il doit y avoir complémentarité et non concurrence, solidarité et coopération et non imposition, et surtout respect strict de la souveraineté de l’autre pays. « Tout ceci a permis de faire monter la valeur des échanges entre le Venezuela et Cuba ; bien sûr que ces échanges sont assortis de bénéfices, mais une bonne affaire est une bonne affaire quand les deux partenaires en bénéficient, et pas seulement l’un d’entre eux. Tel est le schéma gagner-gagner que nous appliquons non seulement avec Cuba mais aussi avec des pays de l’ALBA et même d’autres.



Pétrocaribe et Pétrosur : de l’ ébergie pour les pauvre

«  C’est dans ce cadre qu’a surgi l’idée de PETROCARIBE, qui permet d’approvisionner en pétrole un ensemble de pays, ceux qui, sans une formule souple comme celle-ci pour le paiement de la facture, ne pourraient avoir accès à l’énergie qu’au prix d’énormes sacrifices, compte tenu des coûts élevés du pétrole.

«  L’idée de PETROSUR surgit dans d’autres conditions, car cet accord regroupe des pays producteurs comme la Bolivie, et d’autres qui ont stabilisé leur production par rapport à leur consommation, comme c’est le cas du Brésil. Des accords ont aussi été passés avec l’Equateur et le Nicaragua, C’est une politique qui tend à s’élargir, en raison des avantages qu’elle offre. »

Voilà pourquoi Ali Rodriguez considère que l’initiative a atteint très rapidement son objectif et offre en outre d’excellentes perspectives. Il faut tenir compte, ajoute-t-il, de l’expérience accumulée en matière de processus d’intégration en Amérique latine.

«  Certains ont échoué et d’autres se sont heurtés à de grandes résistances. C’est le cas de l’accord de Cartagena, un excellent accord qui a débouché sur le pacte Andin, puis sur la formation de la Communauté andine, mais qui a été freiné par la présence encore forte de la vision néolibérale de l’intégration. Après l’échec de l’ALCA, intervenu à l’issue de la réunion de Mar del Plata, on a assisté à d’autres tentatives de manoeuvres par le biais des Traités de libre échange ou TLC, que les Etats-Unis ont signés avec la Colombie, le Pérou, etc... C’est ce qui a motivé que le Venezuela se retire de la Communauté andine.

« MERCOSUR voit le jour lorsque le néolibéralisme est à son apogée ; il est donc inspiré d’une conception néolibérale. Les changements qui sont intervenus au sein des gouvernements de plusieurs des pays membres ont ouvert la voie à des échanges d’opinions sur les objectifs et les procédures conduisant à l’intégration du marché. On en est là . Je dirais même que la vision du Venezuela s’est heurtée à des difficultés ; concrètement, deux pays ont réagi, le Brésil en particulier, et cela se reflète au niveau de l’approbation des accords par les Parlement respectifs, mais il s’agit d’une idée qui fait son chemin, parce qu’elle ne se limite pas exclusivement aux pays de la Caraïbe ou aux pays membres de l’ALBA ; il s’agit d’une conception associée à la réunification de notre Amérique. »

Le schéma actuel d’intégration a-t-il quelque chose à voir avec celui de la Communauté européenne ? Il s’agit de deux conceptions très différentes, affirme catégoriquement l’ambassadeur. « L’Union européenne est une union de pays capitalistes, de pays qui ont choisi le capitalisme comme voie de développement. Pour PETROCARIBE et l’ALBA, il s’agit essentiellement de s’allier pour avancer ensemble dans la voie du développement, contrairement au capitalisme et surtout à sa version néolibérale, qui a engendré de grandes souffrances dans ces pays.

«  Théoriquement, si les gigantesques et puissantes corporations du Nord entrent en libre concurrence avec nos économies encore faibles, on sait déjà quel sera le résultat. Pour nous, il ne s’agit pas de nous concurrencer. La concurrence aboutit nécessairement au monopole, ceci est une loi historique.



La propérité pour tous

« C’est ce qu’on peut observer dans le développement économique mondial. Prenons le cas de l’économie mondiale pétrolière, que je connais un peu : les plus puissantes entreprises du monde fusionnent et on voit ainsi naître des monopoles aux proportions fantastiques ; dans les télécommunications ou l’informatique, l’hyperconcentration du capital est encore plus rapide et donne lieu à des monopoles impressionnants. Voilà à quoi conduit la concurrence. Telle est la loi historique qui régit le mouvement du capitalisme dans un pays et dans le monde. A mesure que ce processus avance il se produit une plus grande concentration des richesses et, en même temps, une aggravation de la pauvreté dans le monde

«  C’est ainsi que s’est imposée la pire contradiction du monde actuel : une grande concentration de richesses au Nord et une extension énorme de la pauvreté au Sud ; d’où le déplacement incontrôlable des populations du Sud vers le Nord, une véritable marée humaine, ce qui donne lieu à des conflits graves au sein des pays du Nord. Aux Etats-Unis il y a 40 millions de pauvres ; ce pays qui a construit sa prospérité sur l’immigration rejette actuellement toute immigration. Après avoir bombardé de critiques le Mur de Berlin, voilà que les Etats-Unis construisent un mur infiniment plus long. Ces problèmes existent aussi en Europe ; la pauvreté augmente dans un pays aussi prospère que l’Allemagne. On brûle des voitures pendant des semaines dans les banlieues pauvres de France, pour dénoncer la discrimination. Le conflit commence donc à éclater à l’intérieur des pays les plus prospères.

«  Que proposons-nous face à ce schéma de concurrence, à cette espèce de darwinisme économique où le plus fort dévore le plus faible ? Un projet permettant, à partir de formules différentes qui sont à portée de la main et qui ouvrent la voie à la prospérité pour tous.



L’ALBA avec l’ Argentine et le Brésil

«  En avril 2003, président de Pétroles du Venezuela (PVDSA), je me trouvais à Montevideo où on procédait à l’agrandissement de la raffinerie de la capitale. Le président Chavez m’appelle et me dit de gagner rapidement l’Argentine, où la nation tout entière est au bord de la crise énergétique. La solution m"est apparue dans toute sa simplicité : le Venezuela est une grande puissance énergétique avec d’énormes excédents exportables et pourtant, nous n’avions jamais vendu de pétrole à l’Argentine. Nous avons signé un accord et, en quinze jours, pour la première fois dans toute l’histoire de nos relations, les premiers cargos vénézuéliens touchaient les côtes argentines. Nous nous sommes rendu compte de l’évidence : l’Argentine et une grande puissance agricole, avec des excédents exportables. Autrement dit, nous nous complétons parfaitement. Le Venezuela a même envoyé des pétroliers dans les chantiers navals argentins, au lieu de les envoyer dans le Nord pour les travaux d’entretien, et cela a permis de réactiver les chantiers navals argentins, pratiquement paralysés, avec près de deux mille chômeurs.

«  Voilà ce que c’est que le schéma gagner-gagner : c’est aussi ce que nous faisons avec Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, et même avec d’autres pays qui ne font pas partie de l’ALBA. Cela se fait avec le Brésil et nous commençons, timidement encore, avec des nations des Caraïbes et d’Amérique centrale. Si nous avons certaines facilités dans un secteur économique spécifique et qu’un autre pays en a besoin, nous pouvons coopérer ; s’il existe des perspectives de développement, tant mieux, et sinon, nous le faisons par solidarité.

«  Il existe des nations des Caraïbes qui, suite à leurs politiques néo-libérales, ont vu chuter abruptement leurs revenus au titre des exportations. L’un d’eux que je ne citerai pas a vu ses exportations de sucre et de banane chuter de cent à huit millions de dollars.

Comment peut-il payer le prix du pétrole au niveau où il est ? Pour nous, ce n’est pas un sacrifice de contribuer à résoudre le problème et de conjurer une crise qui serait dévastatrice. Aujourd’hui, aucune société ne peut fonctionner sans énergie, et pour la payer, il faut parfois sacrifier tout le reste.



Créer d’ autres mécanismes de fixation des prix entre producteurs et consommateurs.

Comment l’accélération des prix du brut influence-t-elle l’économie mondiale ? Granma international demande son avis à l’ambassadeur sur la question :

«  Il y a des problèmes dont il faut tenir compte, car certaines mesures sont entre les mains de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ; d’autres, en revanche, lui échappent. L’OPEP a contribué, c’est indiscutable, à la stabilisation du marché en augmentant la production lorsque les prix montent parce que l’approvisionnement est insuffisant, ou en diminuant la production lorsqu’il y a des excédents de pétrole sur le marché. Dans le pétrole, les investissements coûtent cher. Prospecter, extraire, transporter, raffiner, mettre sur les marchés : tout cela coûte très cher et implique qu’il ait un prix déterminé. Par exemple aux Etats-Unis, où il y a 600 000 puits, certains doivent fermer quand les prix baissent -ils ont été des centaines de milliers à fermer en 1970— ; aujourd’hui, ces installations ne sont pas exploitables quand le prix approche les 18 dollars.

« Ce qui détermine le prix du pétrole n’est pas seulement l’offre, mais aussi des facteurs tels que la consommation. Fidel a raison : il y a beaucoup de gaspillage d’énergie. Avec 5% de la population mondiale, les Etats-Unis consomment 25% de l’énergie aujourd’hui produite dans le monde. Il faut prendre des mesures tendant à l’efficience énergétique, éliminer le gaspillage, rationaliser la consommation, de sorte que les sources d’énergie, surtout celles qu s’épuisent comme le pétrole, puissent durer plus longtemps.

Mais il y a un autre facteur, pernicieux entre tous, qui détermine le prix du pétrole. Ce sont les dits marchés d’avenir. Le prix du pétrole, ce n’est pas l’OPEP qui le fixe, il est fixé à New York et à Londres ; par conséquent, quand les spéculateurs estiment que le prix va monter, que la demande va monter, que les réserves diminuent aux Etats-Unis, ils achètent des contrats, de sorte que si, par exemple, les ventes réelles sont de l’ordre de 85-86 millions de barils, sur les marchés d’avenir on en négocie 140, 160, 180 millions, et les prix montent artificiellement . C’est cela qui détermine le prix. De la même manière, quand les spéculateurs voient venir une chute des prix, ils commencent à vendre des contrats et les prix se dépriment énormément ; autrement dit, ils capturent des bénéfices par la voie de la spéculation, chaque fois que l’occasion se présente. Les marchés d’avenir tiennent compte également de problèmes qui n’ont rien d’économique : les conflits du Moyen-Orient par exemple, qui font monter les prix.



L’OPEP occupe 40% du marché pétrolier.

Une anecdote donne un peu de piquant à l’explication : « Le 11 septembre, jour de la chute des Tours jumelles, j’étais sorti déjeuner de mon bureau de l’OPEP. A mon retour, le prix avait grimpé de 5 dollars. A peine ai-je émis la déclaration de l’OPEP offrant aux présidents des garanties, etc. etc. il est redescendu, de 4 dollars.

«  En 1972 le prix du baril tournait autour de 50 - 60 dollars, avec la crise du Moyen-Orient, mais il y a eu une explosion de la demande aux Etats-Unis et le prix a bondi à 81 dollars. Naturellement, il y a eu une énorme pénurie d’énergie, de là la fondation de l’Agence internationale de l’énergie et le recours à d’autres sources, comme l’énergie nucléaire, devenue commercialement exploitable ; L’OPEP a connu une lente récupération ; autrefois, elle occupait les deux tiers du marché mondial et après cette crise, elle est passée à un tiers : on en est actuellement à 40% de la production pétrolière mondiale. Elle a beaucoup appris de cette expérience, c’est pourquoi elle suit une politique de stabilisation des prix. Si les prix étaient régis exclusivement par l’offre et la demande, ils se stabiliseraient à un niveau nettement inférieur au niveau actuel ; en outre, l’excès en matière de prix a aussi des effets négatifs pour les producteurs et les exportateurs.

« J’estime pour ma part qu’il convient de proposer aujourd’hui un grand accord entre producteurs et consommateurs, de créer de nouveaux mécanismes de fixation des prix qui reflèteront mieux la relation entre l’offre et la demande, de sorte que les pays en développement aient moins à en souffrir et n’aient pas autant de mal à mettre en route leur économie. Il faut beaucoup de PETROCARIBES dans le monde pour que ces peuples souffrent moins. »

En ce qui concerne les possibilités présentes et futures du Bassin des Caraïbes, Ali Rodriguez estime que l’avenir est prometteur pour l’île : « Les Etats-Unis et le Mexique ont réussi à augmenter un peu leur production grâce à ce bassin du golfe du Mexique. Cuba a eu du succès. La zone qui lui revient est vierge ; faisant partie de la même formation géologique, elle doit contenir du pétrole, et c’est ce que pensent ceux qui y investissent : personne n’est assez fou pour investir là où il risque de ne rien trouver ; or, je dirais que les investissements consentis jusqu’à maintenant sont appréciables. »

Selon un communiqué de PVDSA, sa filiale CVP et l’entreprise cubaine CUPET « ont débuté des explorations dans six blocs dans la zone économique cubaine dans le Golfe du Mexique ».

Dans notre cas, ce schéma s’accompagne d’autres mécanismes : Cuba a déjà une parcelle à explorer au Venezuela, l’Argentine a aussi sa parcelle. L’un des principes qui régissent notre politique en la matière est de diversifier les investissements, et de diversifier aussi les marchés. C’est quelque chose que José Marti avait d’ailleurs vu clairement : diversifier les marchés, diversifier les sources de financement, car nous ne pouvons pas dépendre d’un seul ou de deux. »



Ali Rodriguez, un paysan devenu ministre

Il n’est guère facile de retrouver, derrière cet homme simple mais aux manière raffinées qui semble être né pour la diplomatie, le paysan qu’il était avant de devenir travailleur et cadre du secteur pétrolier, puis guérillero. Toutes ces facettes demeurent pourtant présentes en Ali Rodriguez Araque, qui a choisi la voie tracée par Bolivar.

L’ambassadeur de la République bolivarienne à Cuba est né dans une région dont la capitale est Mérida, une ville qui a pour devise : « Personne ne peut cacher la ville érigée sur la montagne. » De paysan, le voici transformé en ministre. Après avoir séjourné dans plusieurs villes et avoir été témoin, dans l’Etat de Lara, d’une terrible catastrophe naturelle, il a entrepris des études de droit et d’économie. C’est à cette époque qu’il a compris que le secteur pétrolier constituait un élément déterminant pour comprendre le Venezuela. Il s’est donc lancé dans des études sur le pétrole, avec d’excellents professeurs dont un, venu d’Allemagne, qui avait lu Le Capital de la première à la dernière page. Son engagement politique et idéologique le conduisit à la guérilla.

De 1983 à 1999, il a été membre du Congrès de la République du Venezuela, où il a présidé la commission pour l’énergie et les mines de la Chambre des députés, de 1994 à 1997. Lorsque Hugo Chavez a remporté les élections, il a été nommé ministre de l’Energie et des Mines. Il a été élu sénateur au Congrès de la République par l’Etat de Bolivar pour la période 1999-2004.

Nommé président de la Conférence de l’OPEP, il devenait secrétaire général de l’Organisation dès l’année suivante. De retour dans son pays en 2002, il a assumé la présidence de PDVSA, jusqu’en 2004 où il a été désigné ministre des Relations extérieures de la République. En octobre 2006, il a été nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République bolivarienne au Venezuela auprès du gouvernement de la République de Cuba. On lu doit plusieurs ouvrages sur le thème de la politique énergétique.

Lisanka Gonzalez Suarez et Gazbriel Molina


- Source : Granma international www.granma.cu




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