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16 commentaires

Pour la Multitude constituante

AC

Dans un débat, lorsque deux perspectives s'opposent, il est naturel de prendre parti pour l'une, en résistant à l'autre. Pourtant, on se doit avant tout de rechercher s'il existe une alternative, et de l'explorer le cas échéant.

Ce billet est une contribution au Mouvement pour la Sixième République (M6R), lancé par J.-L. Mélenchon au début de septembre 2014. Alors qu’il n’a pas encore atteint, à ce jour, le cap préfixé des 100 000 signataires, un débat parfois virulent divise depuis quelque temps ce mouvement : les partisans d’une assemblée constituante élue par le vote s’opposent à ceux d’une assemblée constituante élue par le sort.

Nous proposons ici l’esquisse d’une solution qui peut prétendre dépasser cette opposition, tout en satisfaisant aux réquisits des deux "camps", une sorte de Aufhebung hégélien (une fois n’est pas coutume !). Nous pensons qu’elle peut prétendre, par surcroît, susciter l’intérêt des citoyens en général, au-delà des sympathisants du M6R, ce qui permettrait à ce dernier de s’attirer les faveurs d’un plus large électorat en vue des présidentielles de 2017. Mais nous insistons sur le fait qu’il ne s’agit ici que d’une description générale de ce qui n’est ni plus ni moins qu’un point de départ, voué à être débattu, amendé, précisé, approfondi par tous ceux qui y verront un intérêt.

Au-delà de leur opposition, les partisans du tirage au sort et ceux du vote partagent pourtant une revendication commune : ils se font tous les défenseurs d’une assemblée constituante, chargée de rédiger le projet de Constitution. Rien de surprenant, à vrai dire, car comment faire autrement dans un État qui compte près de 45 millions de citoyens ? Les contraintes spatio-temporelles, démographiques, nous obligeraient donc à faire appel à cette institution aux couleurs oligarchiques. Nous estimons cependant que ces contraintes peuvent être relativement dépassées aujourd’hui. En effet, il existe désormais un instrument d’une puissance matérielle révolutionnaire avec lequel il est impératif de compter dans notre quête de démocratie, à savoir l’internet. Une plate-forme internet nationale, incorporant des soubassements locaux, est à même de rendre les citoyens eux-mêmes constituants, eux-mêmes rédacteurs du projet de Constitution. Contre le concept d’assemblée constituante, nous proposons donc celui de Multitude constituante, puissant concept politique qui fait référence à Machiavel et à l’ouvrage de M. Hardt et A. Negri.

La Multitude constituante, en tant que processus constituant systémique par essence démocratique, doit pourtant intégrer en son sein une "assemblée constituante", non seulement pour des raisons physiques, pratiques, organisationnelles, mais aussi pour la simple et bonne que plus de 70 000 personnes ont déjà signé, à ce jour, pour "l’élection d’une assemblée constituante". De la même manière que le terme "élection" a été élargi, en cours de route, à son acception de "par le sort", rien ne nous empêche de construire celui d’assemblée constituante, qui n’a pour l’heure reçu aucune définition. Dans notre perspective, "l’assemblée constituante" ne sera rien d’autre que l’ensemble des administrateurs d’une plate-forme internet nationale sur laquelle tous les citoyens désireux, à partir d’assemblées citoyennes locales, seront les rédacteurs du projet de Constitution. Ils s’y inscriront par le moyen de leur numéro de sécurité sociale. Le contenu de ce projet de Constitution sera élaboré, débattu et visible par tous, donc contrôlé par tous.

La nature, la composition, le rôle, ainsi que les modalités d’action de toutes les instances intervenant dans ce processus, étant prédéfinis par les signataires du M6R, c’est au candidat du M6R de se présenter avec ce programme qu’il devra mettre en place une fois la présidence conquise. Et il aura donc pour mission prioritaire durant son mandat présidentiel – entre autres évidemment – de mener ce processus constituant jusqu’à son terme : l’adoption par référendum d’un projet de Constitution.

Voici donc l’esquisse du programme que nous proposons.

L’assemblée constituante

L’assemblée constituante, autrement dit l’ensemble des administrateurs de la plate-forme nationale, sera composée de catégories professionnelles spécialisées. Pour l’heure, nous proposons trois informaticiens, trois secrétaires, et neuf juristes (ce dernier chiffre est celui correspondant au nombre de membres du Conseil constitutionnel actuel). L’assemblée constituante sera donc composée de quinze membres devant honorer une quasi parité.

Pour candidater à l’un de ces postes, il faudra faire état d’une compétence avérée dans le domaine concerné, spécifiquement en droit constitutionnel pour les juristes, et désigner un suppléant. Quiconque aura déjà été investi d’un quelconque mandat électoral sous la Cinquième République ne pourra être éligible. Aucun membre de cette assemblée ne pourra candidater à un mandat électoral sous la Sixième République pendant une période de dix ans.

Pendant la campagne précédant ces élections, l’État aura la charge de garantir une stricte égalité de financement, de publicité, de temps de parole et de diffusion médiatique entre tous les candidats.

Les membres de l’assemblée constituante seront élus au suffrage universel direct et investis de mandats impératifs, à durée indéterminée mais révocables à tout moment sur initiative citoyenne (pétition donnant lieu à un référendum révocatoire si un quota prédéterminé de signatures est atteint).

L’assemblée constituante sera libre de s’organiser. Néanmoins, elle sera tenue, dès sa prise de fonction, de nommer parmi ses membres un coordinateur, puis, dans un délai d’un mois, de rendre publique sa charte détaillant son mode d’organisation. Elle aura en charge la gestion de la plate-forme nationale, mais ne pourra en aucun cas toucher au contenu du projet de Constitution. L’essentiel de sa mission consistera à apporter conseils et recommandations quant aux enjeux et aux formulations des propositions d’articles constitutionnels émises par les assemblées locales. Les informaticiens auront la charge de la maintenance du système informatique, les secrétaires celle des publications sur la plate-forme, et les juristes celle du contenu des réponses apportées aux propositions d’articles. Pendant l’exercice de leur mandat, leurs publications ou non-publications seront contrôlées par tous.

Il reviendra également à cette assemblée la charge, au terme de la rédaction du projet de Constitution, de mettre ce dernier sous la forme conventionnelle et définitive qui sera soumise au référendum.

Les assemblées citoyennes locales

L’élection nationale des membres de l’assemblée constituante sera l’occasion pour chaque citoyen d’élire simultanément, à l’échelle locale, un secrétaire général pour l’assemblée locale dont il relève. De même que pour les membres de l’assemblée constituante, quiconque aura déjà été investi d’un quelconque mandat électoral sous la Cinquième République ne pourra être éligible au poste de secrétaire général d’une assemblée locale. Ce dernier ne pourra non plus candidater à un mandat électoral sous la Sixième République pendant une période de dix ans. Il sera également investi d’un mandat impératif, à durée indéterminée mais révocable à tout moment sur initiative citoyenne. Le secrétaire général d’une assemblée locale sera responsable de la gestion d’une plate-forme locale, "parcelle numérique" de la plate-forme nationale, chargé de coordonner les groupes de travail au sein de cette assemblée et de faire le lien entre l’assemblée constituante et l’assemblée locale. Il ne pourra rien exprimer au nom de l’assemblée locale sans la production d’une décision de celle-ci par un vote majoritaire.

Une assemblée locale s’organisera librement en groupes de travail. Ces derniers seront autonomes et libres (entre amis, entre membres d’une association, d’un collectif, d’un parti politique, dans les bars, dans des locaux mis à disposition par la commune, etc.). Chaque assemblée locale disposera donc d’une plate-forme sur laquelle les groupes de travail proposeront, pourront débattre, chacun votera, une décision de l’assemblée locale se constituera. Cette plate-forme locale sera le lieu commun de ces groupes : elle permettra de rendre visible toute information concernant l’assemblée locale et l’assemblée constituante, et offrira un moyen d’expression à ceux qui ne pourraient pas contribuer physiquement à un groupe de travail.

1 assemblée locale représentera 1 voix pour proposer des articles constitutionnels sur la plate-forme nationale. Cette mesure évite d’avoir à faire aux potentielles (mais évidemment improbables !) 45 millions de forces de proposition.

Une assemblée locale ne pourra excéder 15 000 membres. Ce chiffre repose sur les calculs et l’expérience de Podemos dans l’activité de ses cercles. Aussi, il y aura très précisément 3 000 assemblées locales, répartis sur tout le territoire national en fonction de la densité démographique. Du point de vue de la plate-forme nationale, c’est comme si au maximum 3 000 personnes s’exprimaient, ce qui, humainement, rendra parfaitement gérable et lisible l’outil. D’autant plus qu’il n’est pas certain que toutes les assemblées locales proposeront. A titre indicatif, il y aura donc 116 assemblées locales rien qu’à Paris (41 à Marseille, 23 à Lyon, etc.). Il sera rendu obligatoire un minimum de cinq assemblées locales par département. Ce chiffre se base sur le nombre de citoyens de la Lozère, département le moins peuplé.

Chaque citoyen relèvera de l’assemblée locale recouvrant son lieu de résidence. Il sera libre de choisir un groupe de travail, ou de participer directement sur la plate-forme locale. Les citoyens établis hors de France seront inscrits sur la plate-forme locale correspondant à leur dernier lieu de résidence sur le territoire français. Afin de ne pas léser la minorité n’ayant pas accès à internet, l’État aura la charge de mettre les plates-formes nationale et locale (le site internet) à disposition de tous, dans les lieux publics (mairie, bibliothèques, La Poste, etc.). Par ailleurs, chaque citoyen aura la possibilité de donner procuration à un concitoyen relevant de la même assemblée locale.

La rédaction du projet de Constitution

Toutes les propositions d’articles émises par les assemblées locales, par l’intermédiaire de leur secrétaire général, devront être accessibles sur la plate-forme nationale. Celle-ci organisera les propositions par thèmes généraux, et au sein de chaque thème par disposition précise. Toutes les éventuelles formulations d’article portant sur une disposition précise se trouveront donc réunies sous une même rubrique. Il reviendra à l’assemblée constituante de trouver un point d’entente entre les diverses formulations d’un article portant sur une même disposition. Ces tractations pourront avoir lieu entre l’assemblée constituante et une seule assemblée locale émettrice d’une proposition, ou entre l’assemblée constituante et toutes les assemblées locales émettrices de diverses formulations. En toute transparence, ces échanges seront visibles et accessibles par tous sur la plate-forme nationale, en accompagnement de chaque proposition.

Suite aux discussions entre l’assemblée constituante et l’assemblée locale émettrice d’une proposition, si un accord est trouvé, la proposition d’article sera soumise au vote général, uniquement sur autorisation explicite de l’assemblée locale. En cas de désaccord, toutes les formulations seront soumises simultanément au vote général, sous forme de choix multiples à partir desquels une seule formulation sera adoptée, ou non. Le délai d’une votation sera fixé à quinze jours, permettant au plus grand nombre de voter : il est fort probable qu’à certaines périodes, plusieurs propositions se trouveront en votation simultanément. Cette fois, contrairement à l’émission de propositions d’article ou de réponse à formuler dans le dialogue avec l’assemblée constituante, chaque citoyen sera amené à voter individuellement : il s’agit donc, comme dans les assemblées locales, de respecter le principe démocratique "1 citoyen = 1 voix". Des critères de validation de l’adoption d’une proposition d’article devront être définis a priori. Là encore, le droit de donner procuration sera respecté.

Le processus constituant se poursuivra ainsi jusqu’à silence complet de part et d’autre. Il est clair qu’il privilégie la lenteur et le débat dignes de sociétés démocratiques, ce qui exclut le risque de surcharge pour les administrateurs de l’assemblée constituante (puisque toute expression des assemblées locales devra avoir fait elle-même l’objet d’une construction démocratique) et garantit une légitimité absolue. Après une période de silence de deux mois, le projet de Constitution sera soumis au référendum traditionnel. L’ensemble du processus sera placé en permanence sous contrôle des citoyens, notamment des journalistes, et toute irrégularité pourra faire l’objet d’une saisie du tribunal administratif.

Les enjeux

Comparée à celle d’une simple assemblée constituante traditionnelle, qu’elle soit élue ou tirée au sort, il nous semble qu’on peut voir dans cette proposition de Multitude constituante plusieurs avantages fondamentaux :

 Elle est plus démocratique. Le pouvoir de rédiger étant crucial, celui-ci n’est pas laissé à une poignée d’individus, mais conféré à tous. Les rapports de forces idéologiques trouveront plusieurs lieux où s’exprimer : au sein des groupes de travail, des assemblées locales, entre les assemblées locales et l’assemblée constituante ;
 Elle est plus mobilisatrice. Au lieu de délaisser cette charge à quelques-uns en attendant le référendum, les débats rédactionnels animeront tout le pays : beaucoup s’impliqueront, nous espérons, pour produire un projet de Constitution de gauche ;
 Elle répond plus facilement au risque de corruption. Il est en effet impossible de corrompre des millions d’individus ;
 Elle diminue le risque "d’oublis". Plus il y a de têtes pensantes, plus le projet de Constitution sera complet ;
 Elle a plus de chances de succès. Le projet de Constitution étant rédigé par tous, il est fort probable qu’il sera adopté au référendum ;
 Elle est plus fédératrice. Non seulement elle peut unifier les signataires du M6R, mais en plus susciter l’intérêt des gens extérieurs. A notre avis, si ce processus constituant est choisi, nous augmentons considérablement nos chances de gagner les prochaines élections présidentielles.

 http://blogs.mediapart.fr/blog/ananda-cotentin/101214/pour-la-multitude-constituante
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COMMENTAIRES  

16/12/2014 08:34 par Caleb Irri

Bonjour,

je suis ravi de voir que le sujet de l’Assemblée Constituante est toujours d’actualité, mais je m’étonne que l’auteur de l’article ne parle pas de tout le travail qui a été fait sur ce sujet par le forum http://laconstituante.forumgratuit.org/ et aussi par celui que j’avais lancé à la suite de l’arrêt du premier http://pouruneconstituante.forumsgratuits.fr/.

J’ai proposé deux questionnaires destinés à régler la question et aussi un sondage en ligne pour proposer d’unir les partisans du tirage au sort et ceux de l’élection en désignant 50% de l’Assemblée Constituante par le vote et 50% par le tirage au sort.

Je voudrais contacter l’auteur de l’article à ce sujet car j’avais déjà fait ces propositions au Front de gauche qui n’a jamais donné suite, et je me dis qu’il est peut-être temps de s’y remettre, sauf qu’il serait dommage de reprendre tout à zéro quand une bonne partie du travail a déjà été faite. S’il veut bien me contacter ce serait un plaisir de pouvoir en discuter avec lui.

16/12/2014 11:54 par Disjecta

Hum... L’auteur oublie ce que les tenants du tirage au sort défendent vraiment derrière celui-ci : la parité sociale c’est-à-dire obtenir une stricte représentativité des catégories sociales au sein de l’assemblée constituante (impliquant plus de 50% d’ouvriers et d’employés), afin d’éviter que des professeurs, des avocats, des médecins, des ingénieurs disent ce qu’il y a de bon pour le "petit" peuple.
Sa soi-disant martingale ne permet absolument pas cela : elle fait mine de croire que tout le monde est à égalité devant internet, ce qui est complètement faux, et bien connu en principe :
"Neuf cadres sur dix ont accès au réseau sur leur lieu de travail, contre seulement deux ouvriers sur dix."
" L’économie numérique a un effet multiplicateur des inégalités, car ce sont les plus éduqués et les plus informés qui en tirent le mieux profit."
Etc.
Pour une constituante à parité sociale

16/12/2014 16:47 par Ananda

@Caleb Irri
La proposition ci-dessus se trouve en bonne place ici, au sein du réseau "Nous le Peuple". Vous pouvez donc, si vous le souhaitez, vous y inscrire pour voter en sa faveur et en débattre. Par ailleurs, vous y inscrire vous permettrait de soumettre votre travail au débat.
Cordialement.

16/12/2014 16:54 par Ananda

@Disjecta
Une assemblée constituante traditionnelle, qu’elle soit élue ou tirée au sort, confère le pouvoir de rédaction à quelques-uns. La proposition ci-dessus confère ce pouvoir à tous, avec le pouvoir de décision accordé aux assemblées locales. Elle est donc beaucoup plus démocratique. L’assemblée constituante qui y est décrite n’a qu’un pouvoir consultatif. Dans ce cas, internet réalise en effet l’égalité, en respectant le principe "1 citoyen = 1 voix".
Cordialement.

16/12/2014 17:50 par Dwaabala

Pendant le temps les âpres discussions sur la constitution d’une Constituante, le TAFTA passera sans vote (autre que celui des godillots) ni tirage au sort.

16/12/2014 22:27 par jean

Il peut y avoir une 6ème ou une 7ème République tant que l’on restera au sein de l’UE ça ne changerait strictement rien. J’en profite pour dire que la 5ème République est complétement dénaturé en comparaison à ce qu’elle était à ses débuts donc bon... Ce qu’il faudrait c’est d’abord retrouver notre 5ème République.

Pour moi l’urgence c’est de sortir de l’UE, euro, Otan ensuite on peut discuter du reste car là c’est de la "masturbation intellectuelle". En attendant le TAFTA passe en douce et Jean Luc Mélenchon pour rien au monde n’expliquera le rôle des Etats-Unis dans la construction européenne tout en faisant mine de s’opposer au TAFTA.

17/12/2014 00:44 par erwin

@ jean : la Ve est anti-démocratique à la base.
Cette "masturbation intellectuelle" que vous conspuez a au contraire pour but d’établir les conditions d’un processus constituant démocratique, seul garant de l’adoption d’une Constitution démocratique.
Concernant la sortie de l’UE je ne me fais pas de souci : lorsque nous auront une Constitution démocratique nous en sortirons bien vite.

@disjecta : tout dépend de la place des personnes élues dans le processus. Si elles n’ont pas de pouvoir et se bornent à un rôle consultatif pour les 15 que propose Ananda et à celui de porte-parole pour les élus locaux il n’est pas grave que la mixité sociale ne soit pas respectée (même si elle est souhaitable). Mais effectivement le risque est grand que des constituants élus reproduisent les schémas de la "démocratie" bourgeoise et il faut donc être extrêmmement attentif à circonscrire leurs prérogatives et à contrôler leur respect des limites qui leur seront fixées.

17/12/2014 10:23 par Caleb Irri

@ Ananda

Bonjour et merci de votre réponse. Je vais peut-être m’inscrire pour pouvoir débattre du sujet mais une chose me gêne à l’inscription : le fait est que s’ inscrire vaut adhésion au texte présenté avec, dans lequel il est dit que l’on soutient l’élection des constituants (en plus de devoir laisser son numéro de portable !) et par conséquent signifierait que la question du vote est déjà réglée... Cela nuit certainement à la popularisation de l’idée d’assemblée constituante, ne pensez-vous pas ?

17/12/2014 19:54 par jean

@ erwin
Je n’ai jamais dit que la Vème République était parfaite, des améliorations sont évidemment possibles : reconnaissance du vote blanc, référendum d’initiative populaire etc...

Vous dites : "Concernant la sortie de l’UE je ne me fais pas de souci : lorsque nous auront une Constitution démocratique nous en sortirons bien vite."

Et pourquoi ? Qu’est ce qui vous fait dire cela ? Quelles preuves avancez vous en ce sens ?
En attendant le FdG (qui est quasiment le seul à proposer cette 6ème République) n’a jamais proposé de sortir de l’UE, JL Mélenchon a même dit que ce serait être maréchaliste que d’être pour la sortie de l’euro. Et vous ne vous faites aucun soucis ?

Alors je réitère tant que l’on reste au sein de l’UE c’est de la "masturbation intellectuelle" que de débattre sur une 6ème République qui ne changerait rien vu que l’UE détient les pleins pouvoirs (législatif, économique, monétaire, militaire avec l’OTAN ...).
C’est comme si on avait été voir Charles de Gaulle le 18 juin 1940 et qu’on lui avait demandé "vous pensez quoi du mouvement pour la 4ème République ? Même s’ils ne veulent pas la Libération." Ca n’aurait pas eu de sens, on sort de cette prison qu’est l’UE et ensuite on discute.

17/12/2014 20:01 par Scual

Je serais pour une constituante par tirage au sort le jour ou je serais aussi bon coiffeur que ma voisine et elle aussi bonne en informatique que moi...

La représentation ne doit pas être autre chose qu’une délégation du pouvoir. On ne délègue pas le pouvoir à des incompétents car ce qui est notre image, c’est qu’on essaie tous d’être les meilleurs dans ce que l’on fait, et donc on veut être représentés par le meilleur pour le faire. Je ne veut pas d’une coiffeuse comme députée exactement pour les mêmes raisons que je ne veut pas d’un fermier comme chirurgien et elle ne me représenterait pas plus que si on prenait un type au hasard dans la rue pour me remplacer au boulot.

Il faut beaucoup de compétences pour être élu et nous en les avons bien entendu pas dans l’immense majorité. Certains les ont, au moins en partie et puisque nous devons déléguer, il faudrait essayer de choisir les gens les plus compétents et les plus apte à faire ce que nous voulons. Il est normal que ça soit un avocat qui me représente au tribunal, des footballeurs qui représentent leur villes sur un terrain etc.

Il faut avoir une vision de l’humanité et de ses milliers de savoirs faire, de son infinie complexité, de son incroyable diversité, complètement biaisée et insultante pour penser que n’importe qui peut faire un travail aussi complexe que celui de tous nous représenter. Il faut être tellement simpliste pour penser une telle chose que rien que ça pourrait servir de preuve que tout le monde n’a pas la compétence...

Le fait que nous soyons dans un système qui favorise la corruption, tolère le mensonge, cache la vérité sur les candidats et j’en passe n’a absolument aucun rapport avec le principe de choisir les personnes à qui l’on délègue le pouvoir. A vrai dire aucun de ces effets ne serait guéri par le tirage au sort, ça serait même probablement bien pire en toute logique.

En réalité seule la négation de la compétence et la haine aveugle des élus servent de base à la théorie du tirage au sort.

Je suis autant prêt à me battre contre le tirage au sort que contre le Capital. Sincèrement si le Parti de Gauche se mettait à soutenir ce truc sur MR je quitte le Parti, le jugeant aussi dangereux que n’importe lequel des autres parti extrémistes utopistes irrationnels qui ont pu exister.

Ce qui m’inquiète vraiment, c’est que tant de gens de gauche sincères se soient fait avoir par des arguments aussi basiques et faciles à démonter. C’est extrêmement inquiétant.

17/12/2014 20:51 par legrandsoir

En réalité seule la négation de la compétence et la haine aveugle des élus servent de base à la théorie du tirage au sort.

Vous avez une perception du "tirage au sort" un peu "rustique"... Il ne s’agit pas de choisir "n’importe qui au hasard". Etienne Chouard l’expliquera mieux que moi.

17/12/2014 21:06 par erwin

@ jean :
Si j’avais des "preuves" de ce qui se passera je serais un devin...
Cependant il me semble que le seul moyen de sortir de l’UE est d’en avoir la volonté au niveau national, que le choix en soit fait par l’Etat membre concerné. Or tant que l’on dépendra d’une Constitution antidémocratique qui donne le pouvoir à des personnes ne servant pas l’intérêt commun, nos dirigeants continueront de choisir les options qui favorisent ceux pour qui ils roulent. Le seul moyen pour que le pays choisisse de sortir de l’UE est donc que ce choix appartienne au peuple. Pour cela il faut une Constitution démocratique (je rappelle qu’en gros démocratique veut dire que le peuple est souverain, qu’il prend les décisions importantes, contrairement à un régime représentatif où des élus prennent les décisions à sa place).
Votre analogie historique est bien mal choisie puisque justement les FFL et FFI, tout en préparant la Libération, élaboraient un programme politique pour la suite...et quel programme !

@Scual : ouaille on est vraiment des demeurés quand même !
Allez je ne le prends pas mal et j’avais commencé à vous répondre sur le fond, mais comme le dit l’administrateur du GS : Chouard le dit bien mieux.
Mais si ce nom vous inquiète (oui parce qu’il s’est fait attaquer par des "antifas", çà vous rappelle quelqu’un ?), cette vidéo https://www.youtube.com/watch?v=UxegGfQ5WAs dit un peu pareil en peut-être plus ludique et tout aussi limpide.

17/12/2014 21:32 par Dwaabala

On peut de même voir la réforme de Clisthène à Athènes (- 508), qui inventa aussi l’ostracisme qui ne fut appliqué que plus tard.

18/12/2014 00:59 par Leo Lerouge

Pendant le temps les âpres discussions sur la constitution d’une Constituante, le TAFTA passera sans vote (autre que celui des godillots) ni tirage au sort.

Tout à fait, Dwaabala. Bizarre comme certains sur ce site s’acharnent sur des détails en omettant le contexte global.

Quant au président, il n’a que le pouvoir de mettre en œuvre les diktats des technocrates de Bruxelles, eux-mêmes sous la coupe des grands groupes "transnationaux".

Mais, enfin, si ça les occupe, en attendant que le ciel nous tombe sur la tête.

18/12/2014 10:08 par Scual

@LeGrandSoir.

Malheureusement, j’ai bien peur que non.

J’ai eu de nombreuses conversations avec ses partisans et quand on aborde certaines questions concrètes ils ne répondent jamais et bottent en touche. Etienne Chouard lui-même s’abrite derrière des dogmes qui sont que les élus sont forcément corrompus par leur fonction, ce qui reste à prouver, et que les gens du peuple sont incorruptibles, ce qui est faux.

Et je peux continuer comme ça longtemps. Les précédents grecs utilisés pour justifier la faisabilité du tirage au sort étaient le paradis de marchands qui étaient sur qu’ils n’auraient face à eux personnes de suffisamment compétent pour leur résister. Les petits test de nos jours sont basés sur le système actuel officiel et n’ont donc jamais testé les réalités officieuses : ils n’ont jamais disposé d’un petit million de dollar à donner pour tester la solidité anti-corruption des tirés au sort, ni autorisé l’usage des menaces etc.

Bref je sais que Chouard est sincère dans son engagement, mais il n’est pas rationnel, et les plus endoctrinés des gens qui le suivent n’ont jamais eu à m’opposer d’autre qu’une suite sans fin d’accusations, de dogmes, de changements de sujet plutôt que de répondre et encore moins défaire mes critiques.

Au début j’étais intéressé, mais j’ai très vite compris qu’il ne s’agissait pas de quelque chose de sérieux d’une énième mouvance basée sur des fantasmes et des dogmes. Leur base est erronée et on n’a pas le droit de la contester donc tout ce qui part de là est faux.

C’est pas plus différent que SI les immigrés étaient vraiment un problème, il faudrait effectivement faire ce que veux le FN... mais c’est pas le cas. SI les élections étaient vraiment le problème, il faudrait vraiment faire ce que dis Chouard, mais c’est faux. SI les anges existaient etc...

18/12/2014 19:38 par jean

@erwin

"Si j’avais des "preuves" de ce qui se passera je serais un devin..."

Vous attestez donc publiquement que si le FdG arrivait au pouvoir on ne sortirait pas de l’UE, en définitive on aurait une 6ème République en trompe l’oeil pour calmer les foules mais au fond ne régler aucun problème. Des partis existent qui proposent clairement de sortir de l’UE : UPR, PRCF, M’PEP ; il n’y a qu’une façon de proposer de sortir de l’UE et c’est de le dire ! Et plus besoin d’être devin.

"Or tant que l’on dépendra d’une Constitution antidémocratique qui donne le pouvoir à des personnes ne servant pas l’intérêt commun, nos dirigeants continueront de choisir les options qui favorisent ceux pour qui ils roulent."

Avec vous c’est le serpent qui se mord la queue. Je pourrais répondre que pour établir une 6ème République il faudrait une 5.1ème République car la 5ème est "antidémocratique qui donne le pouvoir à des personnes ne servant pas l’intérêt commun, nos dirigeants continueront de choisir les options qui favorisent ceux pour qui ils roulent."
Et puis vous avez l’air d’être d’accord pour dire qu’une 6ème République au sein de l’UE ne changerait rien.

"Votre analogie historique est bien mal choisie puisque justement les FFL et FFI, tout en préparant la Libération, élaboraient un programme politique pour la suite...et quel programme !"

C’est bien ce que je dis, ils ont attendu la Libération pour appliquer leur programme. L’urgence est là, sortir de l’UE puis on discute de la suite.

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