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Quand Milton Friedman s’invite à l’école

Ce matin l’école maternelle du Loch à Auray dans le morbihan engageait sa dernière semaine dans l’incertitude totale concernant l’organisation de la rentrée. Pas moins de soixante dix sept élèves sont inscrits et il est prévu une fermeture de classe (donc passage de trois classes à deux).

Bien entendu les parents en colère se sont déplacés et un représentant de l’inspection est venu dans le but de répondre aux interrogations.
Sa réponse était à quelques mots près : nous ne prendrons de décisions qu’à la rentrée en fonction du nombre de présents.

Ce qui revient de façon insidieuse à encourager les parents à inscrire leurs enfants ailleurs (dans le privé en général) de façon à ce qu’ils aient l’assurance que leurs enfants ne soient pas dans une classe surchargée. A la rentrée le problème aura été résolu naturellement puisque l’effectif ne justifiera plus une réouverture de classe....

J’avais l’impression d’être en face du fossoyeur de l’école publique et laïque qui par ses réponses emplies d’incertitudes nous dirigeait indirectement vers d’autres que celles qui était censée réduire les inégalités et contribuer à la formation d’un citoyen éclairé.

Indirectement l’ombre de Milton Friedman planait sur l’école du Loch. Celui qui fut l’un des bâtisseurs de la doctrine économique de l’école de Chicago pronait entres autres la fin de l’institution publique en vue de la distribution de bons d’éducations (ceux ci correspondrait au cout de la scolarité) afin que chaque parent puisse inscrire son enfant dans l’école (bien entendu privée) qui lui semblera la plus adéquate.

Par conséquent l’école devient une entreprise au service de l’entreprise et doit faire des bénéfices financiers (fini la valeur ajoutée éducative).

Par conséquent fini la formation et la formation continue des enseignants, fini les rased et tous les services périphériques (c’est dans ces suppressions et les salaires diminués des enseignants que doivent se trouver une partie des bénéfices)

Du coup, je pensai que le représentant de l’académie était le fossoyeur, mais en fait je m’étais trompé, il n’était que l’éxécutant d’une politique néolibérale définie par le vote de ses concitoyens. Ceux la même qui étaient en face de lui en train de lui réclamer une ouverture de classe. Ceux qui n’ont pas compris que l’entreprise néolibérale était la politique de soumission aux marchés de l’Union pour la Minorité des Patrons et du Peuple Sacrifié pour ne point les nommer.
Là est la principale attaque à la laïcité bien plus dangereuse qu’une adolescente voilée !!!

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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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