Depuis quelques jours la première compagnie pétrolière mondiale tant pour les réserves connues que pour la production est une compagnie d’Etat russe.
A l’issue d’une longue bataille politico-financière commencée il y a prés de 10 ans la compagnie pétrolière d’Etat russe ROSNEFT vient d’acquérir la société TNK-BP filiale russe du géant britannique BRITISH PETROLEUM. TNK-BP réalisait sur le sol russe 25% de sa production mondiale.
Avec cette acquisition, la plus chère dans l’histoire financière mondiale du pétrole (56 milliards de dollars) ROSNEFT devient la première compagnie pétrolière mondiale devant l’étasunienne EXXON qui occupait la tête de ce classement depuis des décennies.
Le rachat de TNK-BP couronne les efforts prolongés de VLADIMIR POUTINE et de ses proches pour amener l’Etat russe à travers les deux compagnies d’Etat GAZPROM pour le gaz et ROSNEFT pour le pétrole au sommet de l’économie mondiale de l’énergie. Ces deux compagnies assises sur les énormes réserves nationales sont en capacité technique et financière d’intervenir partout dans le monde sous les formes les plus diverses de partenariat.
Le patron de ROSNEFT est un fidèle de VLADIMIR POUTINE : IGOR SECHIN.
En poste à la présidence russe pendant les deux premiers mandats de POUTINE, il a conduit la reprise en mains par l’Etat russe de la compagnie pétrolière russe YUKOS que ses dirigeants avaient placé sous contrôle financier occidental. Le chef d’orchestre de ce « passage à l’Ouest » comme on aurait dit du temps de la guerre froide était MIKHAIL KHODORKOWSKI, archétype de « l’oligarque », extrait des profondeurs de la classe moyenne formée et éduquée par l’URSS et tombé sous le charme des paradis fiscaux et de la jet-set occidentale. Il est aujourd’hui en prison en raison des nombreux délits financiers qu’il avait commis dans les années folles du capitalisme sauvage de l’ère Eltsine. Les méthodes de l’équipe KHODORKOWSKI pour parvenir à créer leur énorme entreprise sur les dépouilles de l’économie soviétique relevaient du grand banditisme. Les campagnes publiques de soutien dont il a largement bénéficié en Occident n’ont jamais cherché à démontrer son innocence mais plutôt à souligner qu’il n’était pas le seul dans ce milieu à pratiquer la délinquance financière et le crime. C’était exact ! La chute de KHODORKOWSKI a simplement servi à calmer les débordements des « oligarques ». Certains ont quitté le pays , fortune faite, d’autres se sont assagis et ont reconnu l’existence d’un pouvoir politique fort orientant l’économie nationale et se donnant les moyens de contrôler les secteurs économiques stratégiques et qui les laissent prospérer dans leurs affaires pourvu que le contrôle du capital reste en Russie et que les impôts soient payés !
Cette mise à l’écart de KHODORKOWSKI permet à la petite compagnie qu’est alors ROSNEFT de racheter progressivement les actifs de YUKOS en liquidation et de devenir la première société pétrolière russe.
DIMITRI MEDVEDEV devenu président, POUTINE se retrouve premier ministre et SECHIN le suit. Au poste de Vice Premier Ministre il s’occupera activement du développement de la politique pétrolière d’Etat qu’il s’agisse d’exploration ou de transport en favorisant l’extension du réseau de pipelines et de gazoducs sur tout le territoire russe dans le cadre d’accords de long terme avec les principaux clients étrangers ( Japon, Corée Chine).
Son arrivée en 2012 à la tête de ROSNEFT à l’âge de 52 ans est donc dans le droit fil de la politique ambitieuse et patiente de l’équipe POUTINE en matière énergétique. Le rachat de TNK-BP est un témoignage éclatant de la réussite de cette politique.
Les gouvernements occidentaux sont conscients de la puissance d’IGOR SECHIN et si les médias financiers prennent acte de la réalité de cette puissance – il est classé par FORBES comme le 42° homme le plus puissant du monde – les médias de masse se plaisent à rappeler, histoire de faire frissonner leurs lecteurs, qu’il est, comme VLADIMIR POUTINE, un ancien du KGB. Ils oublient simplement de préciser qu’en 1991 il avait 30 ans, et qu’il ne pouvait pas être bien haut dans la hiérarchie du service.
Mais ils avouent ainsi qu’à choisir entre le gangster KHODORKOWSI et l’homme d’ordre SECHIN, ils penchent nettement pour le premier qui parlait à merveille la langue du Capital, était accommodant avec les banquiers occidentaux qu’il avait invité dans sa holding financière MENATEP basée à Gibraltar et faisait assassiner les responsables syndicaux qui venaient réclamer le paiement des salaires en retard.
COMAGUER
- Infographie parue dans le Times
