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Sarkozy et le nettoyage de campagne

Partie au plus bas, plus de douze points derrière François Hollande, l’intention de vote pour Nicolas Sarkozy ne cesse de grimper, atteignant désormais le niveau de son concurrent direct. Il y a sans doute beaucoup de raison à celà . On peut citer le fait, par exemple que le candidat socialiste, parti trop tôt "s’épuise", alors que le président sortant, parti le dernier, pioche à droite à gauche, dans les idées des autres candidats, en se les accaparant.

Partout dans les médias, on relate d’autres raisons. Mais il y en a une que je n’ai lue nulle part, et qui pourtant ne semble pas anodine : la gestion du "parc électoral".

Comment Nicolas Sarkozy a fait le vide autour de lui

Ils étaient six, le voilà désormais seul candidat de droite. Les cinq autres ont renoncé, faute de courage ou de parrainages. Quatre d’entre eux soutiennent à présent officiellement Nicolas Sarkozy ; le cinquième ne se prononce pas.

Jean-Louis Borloo

Le 7 avril 2011, il annonce dans l’émission A vous de juger, la création d’une « alliance républicaine, écologiste et sociale » qui regrouperait « avant l’été » plusieurs formations politiques du centre-droit (Parti radical, Nouveau Centre) et du centre-gauche (La Gauche moderne). Cette formation se positionnerait comme une « alternative au PS et à l’UMP ». Sa création conduit le Parti radical à quitter l’UMP. Alors qu’il est pressenti pour être le candidat de l’Alliance à l’élection présidentielle de 2012 et qu’il est crédité de 5 % à 10 % d’intentions de vote dans les sondages, il renonce à se présenter le 2 octobre 2011. Il se rallie officiellement à Nicolas Sarkozy.

Christine Boutin

Le 21 juin 2011, elle annonce lors d’une réunion du Parti chrétien-démocrate à Montfermeil sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, en déclarant que « la situation de la France [l’y] oblige ». Elle détaille son programme à Ecully (Rhône) le 11 septembre. « La France attend un vrai big bang basé sur nos racines judéo-chrétiennes » déclare-elle. Elle est notamment favorable à un revenu de base pour tous les Français, à la réhabilitation du service national et au droit du sang. En décembre, elle expose ses difficultés à recueillir les 500 signatures et accuse le Président de la République d’en être responsable.

Elle annonce le retrait de sa candidature le 13 février 2012, lors du journal de 20 heures de TF1, et apporte son soutien à Nicolas Sarkozy, pas encore officiellement candidat. Se déclarant satisfaite des « premiers engagements » pris par le chef de l’État, Christine Boutin détaille ainsi leurs points de convergences : « apporter des "idées neuves" aux Français, revaloriser le travail, développer le recours au référendum, conforter la famille, refuser le mariage homosexuel et l’union civile, rejeter l’euthanasie, réaffirmer les racines judéo-chrétiennes de la France ».

Hervé Morin

Le 27 novembre 2011, il annonce officiellement sa volonté d’être candidat à l’élection présidentielle de 2012. Alors qu’il est crédité de moins de 1 % des intentions de vote en janvier 2012, plusieurs cadres de son parti ne lui apportent pas leur soutien. Le 16 février 2012, il annonce qu’il retire sa candidature et soutiendra Nicolas Sarkozy.

Frédéric Nihous

Depuis le 17 juin 2011, date officielle de son entrée en campagne, Frédéric Nihous s’est positionné comme étant « le candidat de la ruralité et des traditions françaises », voulant « faire de la ruralité une priorité nationale ». Depuis juin de l’année dernière, il avait entamé une campagne timide, peu médiatisée, du fait notamment de son statut de « petit candidat ». Il a toujours privilégié les rencontres sur le terrain, dans des terres agricoles comme la Corrèze, ou ouvrières.

Mais ce mercredi 22 février 2012, le candidat C.P.N.T (Chasse Pêche Nature et Traditions). était l’invité de Laurence Ferrari, l’occasion pour lui de faire une déclaration aux français, sur un ton solennel : « je suis venu vous parler de ma situation en tant que candidat, et je vais jouer cartes sur table. La situation est très compliquée, et il faut être lucide, il faut être réaliste : je suis dans l’impossibilité de réunir mes 500 parrainages. » Face à ce constat, il continue son propos : « Depuis plusieurs jours, j’ai lu, j’ai entendu Nicolas Sarkozy parler de valeurs, parler de traditions. […] J’ai noté des convergences fortes. Avec le Président, on s’est rencontrés, en début de semaine. […] De ces échanges est né un partenariat […] ce qui fait qu’avec C.P.N.T., je serai aux côtés de Nicolas Sarkozy dans cette campagne ».

Dominique De Villepin

Le 11 décembre 2011, Dominique de Villepin annonce, lors du journal de 20 heures de TF1, sa candidature à l’élection présidentielle de 2012. Pendant la campagne, il est crédité de 1 à 2 % d’intentions de vote. Le 16 mars 2012, il annonce qu’il n’a pas obtenu les 500 signatures nécessaires pour se présenter et n’apporte son soutien à aucun candidat. On peut tout de même supposer que ses électeurs potentiels se retrancheront en grande majorité sur le seul candidat de droite restant désormais.

Comment tous les candidats d’opposition ont finalement obtenu leurs signatures

Outre les candidats des gros partis modérés ( PS, Modem, Front de Gauche, Europe Ecologie Les Verts), les petits partis, ont eu du mal, mais ont quand même tous réussi, au final, à déposer leurs parrainages, et leurs candidatures se sont vues validées.

Détails de leurs aventures :

Jacques Cheminade

Le candidat ayant réalisé le plus petit score de l’élection présidentielle de 1995 en France, Jacques Cheminade, a déposé au total 538 parrainages au Conseil constitutionnel, ce qui lui permettra de se présenter une nouvelle fois en 2012.

Cet économiste atypique de 70 ans, classé par certains à l’extrême droite mais qui a appelé en 2007 à voter pour la socialiste Ségolène Royal et qui se définit lui-même comme "gaulliste de gauche", avait obtenu 0,28% des voix en 1995 et avait vu ses comptes de campagne rejetés par le Conseil constitutionnel.

Il a fondé le parti politique Solidarité et Progrès (S&P) en 1996. Selon lui, « trois courants doivent converger en France pour former une majorité d’idées : le socialisme jaurésien, le christianisme social de Marc Sangnier ou de l’abbé Bridel, et le gaullisme de sursaut et de rupture ». Son engagement pour un changement économique est revendiqué comme reposant sur ces fondations humanistes.

Il ne semble avoir eu aucun mal à trouver ses 500 parrainages, malgré ses échecs précédents…

Nathalie Arthaud

Le 7 mars au matin, Nathalie Arthaud a déposé ses 48 derniers parrainages au Conseil constitutionnel, atteignant ainsi 521 signatures, au-delà du seuil de 500 requis pour participer à l’élection présidentielle. Elle est porte-parole du parti d’extrême gauche Lutte ouvrière depuis le 9 décembre 2008.

Elle a été la première à déposer ses 500 signatures, malgré des intentions de vote inférieure à 1%. Elle ne semble donc pas avoir particulièrement peiné pour les obtenir, même si succéder à une figure aussi emblêmatique qu’Arlette Laguiller ne jouait pas en sa faveur, et même si les partis trotskystes font plus peur que par le passé …

Philippe Poutou

Autre candidat trotskyste, Philippe Poutou a déposé ses 572 signatures d’élus au Conseil constitutionnel et a dit sa "fierté " de pouvoir participer à l’élection présidentielle pour le Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Le successeur du très médiatique et populaire Olivier Besancenot dans la course à l’Elysée a parlé d’un "grand jour", d’une "victoire" pour avoir "franchi ce filtre anti-démocratique". Une semaine avant la date limite de dépôt des parrainages, il estimait posséder environ 450 promesses de soutien.

D’extrême gauche, plafonant à 0,5% dans les sondages, sa dernière semaine de « chasse aux signatures », semble avoir été pour le moins, très prolifique…

Marine Le Pen

Fin du suspense pour la présidente du Front national. Elle sera bien candidate à la course à l’Elysée. « J’ai mes 500 parrainages, je serai donc candidate à l’élection présidentielle », a-t-elle affirmé. Priée de dire si elle avait un volant de sécurité concernant ses signatures, elle a refusé de répondre, précisant que la validité de chaque document serait vérifiée par le Conseil constitutionnel. Marine Le Pen a tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme ces dernières semaines, estimant que les élus qui étaient censés lui donner leur signature subissaient des pressions pour ne pas lui fournir les parrainages requis.

Evaluée entre 15 et 20 % d’estimations de votes, la candidate du Front National a donc peiné pour parvenir à ses fins ; la situation ne se débloquant (étrangement) qu’en toute dernière semaine…

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Oui, je sais, je suis de mauvaise foi car je n’ai pas parlé de la candidature, validée elle-aussi sur le fil, de Nicolas Dupont-Aignan, représentant du parti Debout la République, et proche de l’UMP. Il devait être moins « dangereux » que Domminique de Villepin, que le journal Midi-Libre voyait bien comme le 11 ème candidat. Il est vrai qu’à une semaine de la date buttoir, ces deux personnages fleurtaient avec les mêmes chiffres que Philippe Poutou et Marine Le Pen, avec environ 450 signatures. DDV semble avoir été le seul à râter son dernier coup de collier.

Et vous que pensez-vous de l’élagage provoquant un ralliement de tous les candidats qui auraient pu provoquer une dispersion des voix de droite, alors que pendant le même temps, on fait un apport d’engrais envers les candidats d’opposition, quelle qu’elle soit, afin de mieux la diluer ?

Source : Sarkozy et le nettoyage de campagne

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