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Tensions au sein de l’OTAN

Le sommet de l’OTAN à la mi-février a annoncé que « l’Amérique est de retour ». C’est le nouveau slogan de Biden pour remplacer « America First » de Trump. Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

La fin du discours isolationniste de Trump sur le retrait de troupes en Syrie et ailleurs. Moins de mépris ouvert pour les partenaires étasuniens de l’OTAN. En d’autres termes, un changement de ton, plutôt que quoi que ce soit de substantiel.

Aucune date limite n’a été fixée pour le départ des États-Unis d’Afghanistan, après 25 ans d’occupation. L’OTAN a 10 000 soldats là-bas, et malgré des milliers de vies perdues, les talibans avancent. Cette guerre destructrice a été un échec total, mais Biden ne retirera pas les États-Unis de si tôt.

Augmentation des déploiements militaires étasuniens

En Irak, le nombre de soldats de l’OTAN passe de 500 à 4 000, dont 2 500 sont étasuniens. Le parlement irakien s’est prononcé contre cette présence mais les troupes restent quand même et deviendront la cible d’attaques. La politique étrangère des EU reste inchangée.

En Allemagne, les États-Unis ont annoncé l’arrêt de tout retrait de troupes. C’est pour maintenir la « protection » contre la Russie, mais il s’agit également de contrôler son alliée de l’OTAN, l’Allemagne, qui menace de devenir plus indépendante des États-Unis. De manière significative, il a ignoré la pression étasunienne pour supprimer le gazoduc Nordstream de la Russie.

« Autonomie stratégique » de l’UE

Pendant ce temps, l’Allemagne et la France font pression pour une « autonomie stratégique » dans le domaine militaire, selon Voice of America. Cela signifie renforcer leurs armements et leurs armées afin que l’UE puisse « assumer davantage la responsabilité de sa sécurité », comme le dit l’Agence France Presse. En réalité, cela représente une étape dans la création d’une armée européenne et un éloignement supplémentaire des États-Unis par ses partenaires européens de l’OTAN.

Les tensions au sein de l’OTAN font l’objet de discussions dans les cercles dirigeants aux EU. Un récent rapport du groupe de réflexion de l’establishment, le Council on Foreign Relations, a rappelé aux lecteurs que la France et l’Allemagne avaient refusé de soutenir les États-Unis dans le conflit du Golfe de 2003. Le rapport indiquait que toute guerre future contre la Chine qui serait « non coordonnée avec ses alliés » – la France et l’Allemagne pourraient encore se retenir – serait difficile à gagner.

Les États-Unis menacent des sanctions contre l’Allemagne

Que peuvent faire les États-Unis pour maintenir leur domination sur l’alliance de l’OTAN ? Elle a fait monter la pression sur l’Europe pour qu’elle porte ses dépenses en armement à 2% du PIB. Il a également menacé de sanctions le port allemand de Nordstream, Sassnitz, pour avoir poursuivi le projet de pipeline. Par rapport à la Chine, les États-Unis poussent l’Europe à adopter une position plus belliqueuse en ligne avec la politique étrangère des EU. Un rapport récent du groupe de réflexion de l’OTAN a exhorté les alliés de l’OTAN à « consacrer beaucoup plus de temps, de ressources politiques et d’action aux défis sécuritaires posés par la Chine ».

La Grande-Bretagne a ouvert la voie – poussée par le groupe de recherche chinois du député Tom Tugendhat – en annulant Huawei et en envoyant un porte-avions en mer de Chine méridionale. Le travail sous Starmer et Lisa Nandy a jeté son poids derrière la nouvelle guerre froide et derrière la « dissuasion » nucléaire de l’OTAN.

Une difficulté pour une OTAN unifiée sous contrôle des EU est l’opinion publique en Europe. Un sondage de l’UE sur l’attitude des citoyens face à la guerre avec la Chine et la Russie a montré que seuls 22% des Européens se joindraient aux États-Unis dans une guerre contre la Chine.

Les États-Unis créent une « OTAN » asiatique contre la Chine

Si les alliés européens ne sont pas prêts à s’aligner militairement comme le souhaitent les États-Unis, Washington a d’autres plans. Il crée une « OTAN » asiatique, basée sur les pays du Quad (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité) : les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie. L’intention est que cette alliance se développe pour inclure Taiwan et, plus tard, la Corée du Sud et les Philippines.

À cette fin, la constitution japonaise d’après-guerre axée sur la paix est encore affaiblie. Récemment, le gouvernement japonais a « réinterprété » ses règles pour permettre aux garde-côtes japonais de tirer sur des navires étrangers qui tentaient de débarquer sur des îles contestées de la mer de Chine méridionale. Tout aussi inquiétant, Biden a promis que les États-Unis sont tenus par un traité de protéger la revendication du Japon sur les îles contestées avec la Chine.

L’Allemagne résiste « de manière visible » en préparation à la guerre contre la Chine

Dans le même rapport, le Council on Foreign Relations conseille aux États-Unis de planifier « de manière visible » une guerre majeure avec la Chine, en acceptant l’énorme dévastation qu’une telle guerre entraînerait, mais en en discutant tout de même ouvertement et en la normalisant ainsi.

Dans ce contexte, le projet Nordstream représente bien plus qu’un oléoduc d’énergie. L’engagement de l’Allemagne à continuer avec Nordstream montre que, pour l’instant, ses intérêts sont servis par le commerce avec la Russie, plutôt que par la stratégie étasunienne de confrontation et de menace, avec des armes nucléaires juste à la frontière de la Russie.

Nordstream représente l’intention de l’Allemagne de résister plus largement à la pression des EU, y compris ses relations avec la Chine. L’Allemagne et l’UE continueront de commercer avec la Chine, qui est le premier partenaire commercial de l’UE. En conséquence, la politique de l’Otan en Extrême-Orient est loin d’être cohérente.

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