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"Un baobab est tombé" : Samir Amin, le théoricien du développement inégal, est mort

Le professeur Samir Amin, directeur du Forum du Tiers Monde, est décédé dimanche 12 août 2018 à Paris à l’âge de 87 ans.

« Marx n’a jamais été aussi utile », disait Samir Amin, qui fut sans conteste l’un des esprits les plus lucides du XX esiècle dans la critique du système capitaliste mondialisé. Pour lui la logique capitaliste du profit entraîne la destruction des bases de la reproduction de la vie sur la planète. Cette critique fondamentale s’accompagnera tout au long de sa vie d’une analyse sans concession des rapports de domination entre le centre, les pays capitalistes développés, et la périphérie, le Tiers-monde.

Professeur agrégé de sciences économiques, Samir Amin, né au Caire en 1931, formé à Paris dans les années cinquante, a bouleversé le monde de l’économie du développement avec son immense livre intitulé : Le développement inégal. Essai sur les formations sociales du capitalisme périphérique, Paris, Éd. de Minuit, paru en 1973 et analysant les modes de production tributaire à la périphérie et le mode de production capitaliste au centre. Cet ouvrage majeur le propulse dans le champ antimondialiste qui deviendra deux décennies plus tard, l’altermondialisme. Grand défenseur des jeunes nations africaines, ce précurseur a toujours concilié son travail universitaire avec un engagement militant. Conseillé du gouvernement malien de 1960 à 1963, il fonde à Dakar, l’Institut africain de développement économique et de planification. Il participa aussi à la création, d’Enda-Tiers Monde, l’une des premières ONG africaines. Pour lui il faut redéfinir l’ordre mondial basé sur le capitalisme financier et supprimer ses institutions comme l’OMC, le FMi et la Banque mondiale. Une pensée dense et radicale qui a inspiré plusieurs générations d’économistes africains.

Une perte pour le monde de l’économie et les cercles progressistes du Nord et du Sud

« Un Baobab est tombé », écrit le professeur Saliou Sy de l’Ecole de Dakar en hommage à l’économiste franco-égyptien qui résidait au Sénégal depuis plus de 40 ans.

"L’héritage de Samir Amin doit être fructifié"

Pour Patrick Le Hyaric, directeurde l’Humanité  : "Il est toujours difficile de sécher ses larmes et de se rendre à l’évidence. Nous ne verrons plus Samir Amin. Samir portait l’humanisme en son cœur et dans ses actes. D’une grande gentillesse, il savait toujours encourager. Il appelait sans cesse à se dépasser au service des autres, au service de l’émancipation humaine. Il portait toujours avec lui au profond d’une voix douce charriant la Méditerranée les combats des peuples du Sud qu’il reliait sans cesse avec ceux du nord dans un même combat pour un autre monde. Il était un économiste autant qu’un philosophe, un penseur autant qu’un acteur. De tous les forums du sud de Sao-Paolo au forum sociaux mondiaux, il avait contribué à lancer le forum pour un autre monde que nous avions lancé au détour des années 2000. Il mettait sans cesse la pensée de Karl Marx à disposition pour aider à comprendre et agir, pour unir et relier les combats. Les apports de sa pensée pour comprendre le monde sont immenses et ont profondément marqué les combats pour une autre mondialisation.

Samir était un véritable ami de L’Humanité. Toujours disponible pour donner un point de vue. Toujours là au moment des souscriptions auxquelles il a beaucoup versée. Toujours là aux fêtes de L’Humanité sur la scène dans les débats comme parmi les participants apportant d’un œil vif des éclairages enrichissant pour toutes et tous.

Nous pleurons un bel ami au cœur empli de tendresse un frère de combat.
Il nous laisse un formidable héritage à faire fructifier."

"La force de sa pensée et sa grande utilité tenaient à sa lucidité"

"Avec le décès de l’économiste franco-égyptien Samir Amin, vient de disparaître un des grands intellectuels marxistes de notre époque, un camarade fraternel et un ami.", réagit son éditeur Francis Combes. "Samir a publié six livres aux éditions Le Temps des Cerises. Nous avons édité ses analyses théoriques sur la Loi de la valeur mondialisée, sa critique du Virus libéral, son étude sur de la Crise du capitalisme sénile. Il nous avait aussi confié ses livres sur l’Éveil du sud et sur les Communistes dans le monde arabe, tout un pan de l’histoire contemporaine dont il fut non seulement un observateur attentif mais un acteur, car Samir alliait la théorie et la pratique.

La force de sa pensée et sa grande utilité tenaient à sa lucidité, au fait qu’il avait un point de vue vraiment mondial (et non euro-centré) sur le capitalisme et à ce qu’il n’a jamais renoncé à l’engagement aux côtés des peuples dans la lutte contre l’impérialisme. Il animait le Forum du Tiers monde, de Dakar. Et il a pris une part active dans de nombreuses initiatives collectives pour faire renaître une perspective progressiste et révolutionnaire. Dans un bref livre qu’il nous avait confié, c’est lui qui a lancé l’idée (reprise par Chavez) de la nécessité d’une Cinquième Internationale, dans l’esprit de la Première. Ses réflexions sur la longue transition vers une société socialiste nous sont précieuses. Il continuera d’être à nos côtés et nous continuerons de nous appuyer sur ses travaux et travaillerons à les diffuser... "

Les internationalistes que nous sommes se sentent aujourd’hui un peu orphelins.
« Je perds un ami pour lequel j’avais le plus grand respect et une profonde estime », écrit Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF dans un communiqué :

"De celui qui voua son existence aux mises en mouvement populaires qui visent à transformer le monde, nous communistes français voulons saluer la mémoire et l’intelligence, les actions, la générosité et l’énergie toujours renouvelées.

L’existence entière de Samir fut tendue vers le seul objectif de l’émancipation humaine et sociale ; à libérer le genre humain du capitalisme, et des logiques de domination et d’exploitation que sont le colonialisme, l’impérialisme, le patriarcat, les fascismes et nazisme, l’« occidentalisme », la xénophobie et la guerre. Militant des luttes anticoloniales et pour l’indépendance des peuples du « Tiers Monde », Samir était pour moi un internationaliste par excellence qui a tout autant contribué à briser le joug des aliénations sous toutes leurs formes.

Samir Amin fut sa vie durant un intellectuel en constant mouvement qui nourrissait ses travaux et prises de position d’expériences concrètes, d’expérimentations politiques et sociales, d’écoute et d’échanges.

Auteur d’une œuvre marxiste prolifique qui continuera longtemps de faire référence, Samir a formé plusieurs générations de chercheurs et de militants d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Europe et d’Amérique du nord en favorisant leurs contacts et dialogues autour d’objectifs communs, en particulier au sein du CODESRIA, établi à Dakar. »

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