Un spectre nous menace : le néo-maccarthysme !
Avec l’extradition de la militante de la gauche indépendantiste basque Aurore Martin, le parti socialiste, par ses ministres Valls et Taubira, pas son secrétaire Désir, pas ses députés les plus réactionnaires… a marqué une nouvelle étape de l’Europe, celle qui va vers la suppression de la liberté d’expression et du droit d’opinion antagonique.
Les nazis se réunissent à Orange en toute impunité alors qu’ils transpirent la haine, quand une jeune femme de 33 ans est extradée vers un pays qui pratique la torture… et tout le monde le sait… pour militer dans un parti que les fascistes espagnols ont décidé de bâillonner parce qu’il est progressiste et surtout marxiste ! [Aussi n’est-il pas important de rappeler à ce moment, que la fin des 35 années de la terrible dictature franquiste est en grande partie due à l’élimination de Luis Carrero Blanco, le successeur programmé de Franco, par un commando de l’ETA, le 20 décembre 1973] . Pendant ce temps, un militant communiste libanais, Georges Abdallah, entame sa 29 années de prison alors qu’il est libérable et extradable depuis bientôt 14 ans quand tout indique qu’il a été la proie d’un complot monté par les services secrets français, israéliens et étasuniens.
Aussi, prenons un cas concret que beaucoup ignorent. Celui d’un communiste français (ou autre) qui se serait rendu en Pologne en 2010 et qui, après une réunion avec des communistes polonais, aurait décidé de manifester dans les rues et d’y arborer des drapeaux rouges floqués de la faucille et du marteau ; ce qui était alors interdit par le Code pénal, dans la droite ligne des mesures liberticides adoptées par les très conservateurs frères KaczyÅ„ski au pouvoir. Avant que la plus haute juridiction n’annule cette mesure lors de l’été 2011, ce communiste français aurait pu être condamné par la justice polonaise, laquelle pouvait émettre un mandat d’arrêt européen. La France aurait ainsi pu l’extrader comme elle l’a fait avec Aurore Martin.
La social-démocratie revit avec ses démons du passé, ceux de la collaboration, de la répression et de la colonisation… ceux de l’anticommunisme primaire… elle va s’effondrer en 2014 comme à la fin des années 30, et s’il le faut, elle laissera le pouvoir à la droite dure et son bras armé fasciste avant le terme de 2017…
Copé a lui, bien analysé cette situation en proposant d’appeler à des manifestations de masse et de droite contre le gouvernement, avec l’appui subjectif de l’extrême-droite prête à soutenir cette proposition, histoire d’attiser comme le ferait un pompier pyromane.
Ce parti social-démocrate est devenu aussi dangereux que la droite ultralibérale et sa droite ultranationaliste, mais en se cachant derrière un rideau de fumée à la limite du populisme.
François Hollande est à la France ce que Tony Blair fût à la Grande-Bretagne, comme Nicolas Sarkozy fût à la France ce que fût Margareth Thatcher à la Grande-Bretagne… des agents du capital financier et de la bourgeoisie patronale.
Il faut donc arrêter de parler de démocratie quand elle n’existe plus, de parler de droits de l’homme quand ils sont bafoués, de parler de droit d’expression quand il est bâillonné, de parler de liberté d’opinion quand elle devient un motif pour être emprisonné…
Désormais, il faut parler de compétitivité accrue, de rentabilité maximum, de coût du travail, de concurrence libre et non faussée, de liberté d’entreprendre, de propriété privée, d’assainissement des comptes, de flexibilité des horaires, de portefeuilles d’actions, de mondialisation du commerce, de fédéralisme européen, de régionalisation et de communauté, de mérite aux meilleurs… pour le redressement… et le tout en anglais avec l’accent allemand !
Quelques mois à peine après le changement de majorité, beaucoup pensent déjà avoir fait le mauvais choix en déposant le bulletin Hollande dans les urnes du 2ème tour voire au 1er, même s’ils ne voulaient plus de Sarkozy. Ils se rendent comptent que la démocratie est aujourd’hui liquidée, que c’est cela de changement du PS qui poursuit la politique ultralibérale de l’UMP, celle de la carotte et du bâton... le PS nous prend pour des ânes.
Et l’affaire Aurore Martin a amplifié cette pensée de s’être trompé et d’avoir été trompé par le discours sur le changement, la décision de Valls et Taubira de l’extrader est donc une grave erreur politique assumée par la direction du PS et une partie de la majorité présidentielle.
Un spectre plane donc sur la France où les autorités politiques n’ont plus l’autonomie normalement liée à une grande nation souveraine… le spectre de la dictature enfantée par la crise systémique du capitalisme renaît pour briser tout élan révolutionnaire issu des masses populaires.
Ainsi, à force de jouer aux apprentis sorciers avec les masses et avec les militants, l’Etat des hauts fonctionnaires et son gouvernement -provisoire- social-démocrate, ont pris des risques en agitant à nouveau la stratégie de la tension et en se dévoyant dans les sphères malsaines qui rappellent un temps où la liberté avait été supprimée, un temps où Résistance était nommée Terrorisme.
Finalement, on est en droit aujourd’hui de se demander s’ils ne cherchent pas à trouver des prétextes à la répression et aux interdictions qu’ils entendent mettre en place.
Nous disons cela en sachant que l’appareil politico-militaire, le dispositif policier et la mécanique judiciaire sont sous la coupe des dirigeants politiques et d’une oligarchie étatique et européenne qui écartent d’un revers de main toutes les opinions et les contestations qui ne vont pas dans le sens de leur politique en faveur des intérêts du capitalisme qui les contraint à mettre en place des mesures rigoureuses d’austérité, lesquelles engendreront des ripostes plus ou radicales dans un affrontement classe contre classe.
Mais les critiques, soient-elles objectives, ne nourrissent pas les êtres humains.
Aujourd’hui et demain, dans ce contexte de crise et de peur, on peut difficilement s’imaginer une prise de pouvoir par la force révolutionnaire des masses populaires armées : des révolutions telles qu’en Russie en 1917, en Chine en 1949 ou à Cuba en 1959… qui ont changée la face du monde pendant des décennies après avoir été préparées durant des décennies par de véritables révolutionnaires voués à cette tâche et dévoués pour l’accomplir… même si des révoltes et des tensions auront forcément lieu à un moment, et il faudra être dedans !.
– Sommes-nous prêts et prêts à l’être ?
– Est-ce être réformiste ou contre-révolutionnaire que de dire cela ou est-ce réaliste et matérialiste, sans toutefois vouloir compromettre l’avenir ou distiller le sentiment d’impuissance ?
– Avons-nous les forces organisées et disciplinées autour d’un véritable parti révolutionnaire de masse et de classe ?
– Sommes-nous actuellement voués à résister, voués à s’indigner, ou à passer à l’offensive ?
Nous avons un exemple : celui d’Hugo Chavez qui a réussi, malgré une très forte opposition de la bourgeoisie compradore vénézuélienne, a avancé ses pions sur l’échiquier politique en s’appuyant sur les masses populaires des villes et des campagnes et sur l’unité de la gauche antilibérale et anticapitaliste : aujourd’hui sa stratégie par l’unité d’action en lien avec le peuple et les masses, est proche de mettre à terre son adversaire, le capitalisme, avec un échec et mat.
La construction du Front de Gauche est dans la même stratégie, du moins espérons-le, que la construction du Front Bolivarien vénézuélien qui bouleverse l’ensemble du paysage politique sud-américain, espérons-le.
L’unité d’action mène à l’unité idéologique car elle dévoile ceux qui entravent la marche en avant, c’est-à -dire que l’unité d’action contribue à éliminer d’une manière politique, les diviseurs et les opportunistes qui freinent l’avancée des masses populaires et son avant-garde ouvrière dans leur tâche révolutionnaire.
Mais, il est toutefois important de former théoriquement cette nouvelle avant-garde ouvrière pour qu’elle puisse mettre en pratique son enseignement sur le terrain concret, et transmettre son savoir.
Bientôt nous proposerons des cours de théories marxistes-léninistes en lien avec la vie réelle. Ils serviront à comprendre pourquoi, par exemple, l’Etat français a extradé Aurore Martin et pourquoi le gouvernement social-démocrate ne fait que reculer devant les coups de boutoirs de la bourgeoisie patronale et financière, qui a créé cette Europe liberticide.
Si le savoir est une arme, alors armons-nous de savoir !
Les Cahiers communistes du « Comité de Base » : comibase@gmail.com
n°17/ 5-11-2012
Cellule ouvrière du bassin minier ouest du Pas-de-Calais.