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Une analyse politique des « Seconds rôles » dans le cinéma français

Le festival de Cannes : la croisette, les starlettes, le Carlton, le tapis rouge des marches du Palais du festival, les longues robes, les smokings… La presse nous a montré abondamment cela ces derniers jours….

Les flonflons éteints, les médias rentrés à Paris, il nous a semblé utile de vous offrir une autre vision, moins people, du cinéma.

LGS.

Serge REGOURD, Professeur à l’université de Toulouse est connu pour ses travaux sur les politiques culturelles, et, en particulier, sur l’exception culturelle. Son ouvrage précédent (Vers la fin de la télévision publique, Traité de savoir-vivre du service public audiovisuel, Ed. de l’Attribut 2008) constituait un salutaire plaidoyer en faveur du service public, lors du politiquement correct et du manichéisme traditionnel laissant croire que la « gauche de gouvernement » était plus vertueuse. Il y rappelait, par exemple, qu’une certaine Catherine TASCA ex-ministre de la culture socialiste s’était prononcée contre la ré-introduction de la notion de service public dans l’audiovisuel, arguant que celui-ci ne relevait plus d’une logique administrative ! Son dernier ouvrage traite des Seconds rôles du cinéma français depuis les débuts du parlant (1930) jusqu’à aujourd’hui. Son sous-titre : Grandeur et décadence est symptomatique du propos.

Le bouquin ravira d’abord les cinéphiles et les amateurs d’un certain cinéma populaire : les portraits de dizaines d’acteurs méconnus bénéficie d’une iconographie de plus de 120 photos issues de la Cinémathèque de Toulouse. Mais au-delà de cette approche ludique, c’est un essai critique que propose S. REGOURD en revisitant les évolutions du cinéma français depuis les origines à partir du prisme des acteurs. Il relie alors ces évolutions aux grandes évolutions de la société sur le terrain des pratiques sociales et des valeurs politiques dominantes. La 3ème partie du bouquin, significativement intitulée : « To be or not to be bankable ? » est d’une rare férocité à l’égard des hypocrisies et des contradictions des décideurs du cinéma français. Côté cour : l’invocation de l’exception culturelle, du primat de la culture contre les méchants appétits mercantiles du cinéma hollywoodien.

Côté jardin : les mêmes recettes fondées sur la quête du profit, les acteurs n’étant choisis que sur le critère de leur aptitude à générer de l’argent, beaucoup d’argent. Dans ce contexte, l’auteur recense le gaspillage des talents, le sacrifice des vrais artistes sur l’autel de la société libérale avancée. L’intérêt du propos réside précisément dans une présentation qui récuse les points de vue pétitionnaires abstraits, pour s’appuyer sur l’analyse concrète de dizaines de films, et l’univers des imaginaires des nouveaux maîtres du cinéma français qui ignore tout de la vie réelle des gens simples, par ailleurs au coeur du cinéma anglais des Ken Loach et autres Mike Leight. « Adieu les prolos, vive les bobos » souligne S. Regourd.

Nombre de visages dont on ignore traditionnellement les noms sont ainsi re-découverts, re-légitimés, comme autant d’illustrations vivantes des gâchis et des injustices de la société de marché…

A lire au-delà de la question du cinéma, pour tous ceux qui s’intéressent aujourd’hui au statut de la culture et à ses modes de régulation.

Gilbert Lapointe.

S. Regourd : Les seconds rôles du cinéma français - Grandeur et décadence, Editions Klincsieck, Paris 2010, 272 pages.
ISBN-10 : 2252037733 ISBN-13 : 978-2252037737


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