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Venezuela : Aporrea, la communication populaire et la révolution bolivarienne

Nous avons rencontré Gonzalo Gomez Freire, un des membres fondateurs d'Aporrea.org, média de communication né en 2002 comme moyen d'expression des mouvements sociaux vénézuéliens.

Tout au long de la révolution bolivarienne, et particulièrement dans le contexte politique vénézuélien actuel, il est nécessaire de s’informer auprès de médias de communication qui rendent compte de la réalité sociale tant du point de vue des mouvements, que des penseurs critiques. Au delà des nouvelles financières publiées chaque jours dans les médias qui appartiennent a de grandes multinationales, une multitude de médias communautaires diffusent de l’information alternative sur Internet, la radio et la télévision partout au Venezuela. Un des principaux, Aporrea, s’inscrit dans ce registre politique. Nous nous entretenons avec son fondateur, Gonzalo Gómez Freire.

Jérôme Duval : Peux tu nous dire quand s’est formé le média alternatif d’information et d’opinion Aporrea et quel était le contexte au moment de sa création au Venezuela ?

Gonzalo Gómez Freire : Aporrea a été créé comme articulation au mouvement populaire de Caracas au Venezuela pour faire face au coup d’État de 2002. Suite au coup d’État, on a commencé à travailler à la création d’un site Internet qui soit un outil au service de la dénonciation et un outil de résistance au coup d’État, à l’échelle internationale. Depuis cette date, nous travaillons avec Aporrea, qui s’est convertit en un site emblématique du mouvement populaire bolivarien avec de nombreuses répercussions dans d’autres parties du monde pour les personnes désireuses de s’enrichir sur une multitude de thèmes, autant que sur le Venezuela. Un site de communication populaire. Il y a aujourd’hui une moyenne d’environ 100 000 lectures quotidiennes et nous pouvons atteindre 2 millions et demi de visites par mois. Cela est variable, parfois moins, parfois plus. Il s’y publie beaucoup de choses en relation avec les thématiques du CADTM sur la dette externe, la lutte contre les dettes dans les pays du Tiers Monde.

D’où viennent toutes ces de visites ? Aporrea est il indépendant ?

Entre 35 et 40 % des visites – ceci aussi est variable – sont internationales. Elles proviennent en bonne partie, en plus du Venezuela bien sur, de pays d’Amérique latine, des États-Unis et aussi d’Europe, surtout d’Espagne. Ces visites sont issue de la population latino-américaine et des activistes sociaux et politiques.

Mais en général, le site est visité un peu partout dans le monde, parce qu’à chaque fois qu’un corps diplomatique vénézuélien et des groupes de vénézuéliens se retrouvent dans n’importe quelle capitale de la planète, ceux-ci cherchent Aporrea comme source d’information qui, bien qu’elle se situe dans le cadre de la révolution bolivarienne, est un site qui développe une approche critique. C’est à dire que ce n’est pas un site officiel, ce n’est pas un site du gouvernement, c’est un site où s’expriment les inquiétudes, les préoccupations et les critiques des mouvements populaires, des mouvement sociaux, des courants politiques de la révolution bolivarienne. Et ceux-ci, peuvent bien évidemment, envoyer leurs documents, leurs articles et informations, pour alimenter le débat.

Nous reprenons aussi des informations et nouvelles des mouvements sociaux et du pouvoir populaire du Venezuela. C’est l’objectif fondamental du site : rendre visible nos propres luttes et être agent d’information de nos propres luttes. Nous pensons que nous avons réussit cet objectif. Au Venezuela le cloisonnement médiatique est le fait des médias commerciaux privés mais aussi de ceux de la bureaucratie d’État, et le mouvement populaire, les organisations sociales, comprennent qu’elles doivent ouvrir leur propre chemin parce que ce n’est pas la même chose de parler de communication populaire que de parler de communication d’entreprise d’État ou des institutions. Il faut être totalement indépendant.

Tu es membre fondateur, mais qui était au commencement du projet, au démarrage d’Aporrea et quel est l’équipe qui mène le travail au jour le jour pour le site ? Comment fonctionnez-vous, comment travaillez-vous ?

Au début, nous étions deux personnes : Martín Sánchez, ingénieur informatique qui se trouvait à ce moment en dehors du pays, aux États-Unis, et moi-même. La nuit même du coup d’État, après qu’Hugo Chavez ait été séquestré et que nous, les activistes populaires, ayons du nous retirer, nous avons commencé à travailler sur ce projet. Nous voulions que le site serve pour un premier appel à la résistance, pour tenter d’ouvrir des chemins face au coup d’État. Mais le 13 avril, le soulèvement populaire nous a pris de court et le site est réellement apparut de manière formelle le 9 mai avec une version d’essai, et une version définitive le 14 mai 2002. Durant ce temps, il a changé de forme, d’apparence, de logo. Régulièrement, le site se renouvelle.

Composé essentiellement de militants volontaires au début, c’est aujourd’hui une équipe de compañeros qui le gère. Ils continuent à le faire, et se dédient d’avantage au site qui exige un grand engagement, du dévouement et une équipe plus professionnelle dans le travail avec Aporrea. Ce sont les gens qui l’ont convertit en un moyen de communication de masse. Ont commencé à apparaître des reporters populaires spontanés, des gens qui depuis des communautés et les actions de mobilisations envoyaient leur reportages, beaucoup de monde... Des intellectuels, des professionnels, des dirigeants politiques, des syndicalistes, des paysans, des organisations populaires... envoyaient leurs articles pour la discussion et le débat. Est aussi né un forum de personnes qui échangent et qui est indépendant, il gère sa propre modération. Alors, tout cela est allé au delà de nos propres espérances, cela c’est transformé en un phénomène, un phénomène communicationnel de la révolution bolivarienne.

Article original en espagnol publié sur Diagonal : https://www.diagonalperiodico.net/global/32696-movimiento-popular-debe-abrir-su-propio-camino-frente-al-cerco-mediatico-medios
Traduction : Jérôme Duval ; révision : Laurence Saussez

»» http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article40053
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