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Tunisie : Création d’un Collectif "Vérité et Justice" pour les assassinats politiques

Dans un communiqué reproduit intégralement ci-dessous, ayant pour titre « Collectif "Vérité et Justice" pour les 3 assassinats politiques : Nagdh , Belaïd et Brahmi », un groupe de 19 militant(e)s de la gauche tunisienne a annoncé, ce lundi 6 février 2017 - jour anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, lâchement abattu par les islamistes le 6 février 2013 - la naissance du dit Collectif dont le principal objectif est d’œuvrer par tous les moyens pour que toute la vérité et toute la justice soient faites aussi vite que possible sur les assassinats de Lotfi Nagdh, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, commis en Tunisie pendant le pouvoir islamiste, et que les coupables, tous les coupables, soient jugés.

Collectif "Vérité et Justice" pour les 3 assassinats politiques : Nagdh , Belaïd et Brahmi

 Considérant que Lotfi Nagdh, puis Chokri Belaïd, puis Mohamed Brahmi ont été victimes, de manière évidente, d’assassinats politiques terroristes (1) qui ont constitué le plus grand drame qu’a connu le pays depuis la chute de l’ancien régime.

 Considérant que les trois crimes ont été commis sous le gouvernement de la Troïka (2), à savoir, un gouvernement totalement dominé par le parti islamiste Ennahdha qui détenait, entre autres, le portefeuille de premier ministre et celui de ministre de l’intérieur.

 Rappelant le climat qui régnait à cette époque caractérisé par une occupation permanente des mosquées, des rues, des espaces universitaires,...par des groupes islamistes radicaux, principalement des salafistes, appelant ouvertement à la violence, au meurtre et au Djihad contre les modernistes, les démocrates, les laïcs,..., climat caractérisé aussi par un laxisme et un encouragement du gouvernement de la Troïka à l’égard de ces groupes.

 Rappelant qu’il était clair, dès le départ, que les trois assassinats n’ont pas été des actes individuels et isolés, mais, plutôt, une opération organisée, de manière concertée, par des groupes qui assument ouvertement leur appartenance à l’idéologie de l’Islam politique et qui ont exploité le climat alimenté par les takfiristes (3), les ennemis de la liberté et de la démocratie, ainsi que ceux qui les manipulent....

 Etant donnée la grande part de responsabilité du gouvernement de la Troïka dans ces assassinats, responsabilité au moins indirecte, sans que cela n’empêche de nombreux citoyens de considérer l’implication dans ces meurtres d’éléments appartenant à Ennahdha, ou bien qui lui sont proches ou qu’ils lui sont liés de manière ou d’une autre.

 Considérant le grand choc créé par le verdict prononcé par le Tribunal de Sousse à l’issue du procès des assassins présumés du regretté Lotfi Nagdh, verdict qui constitue un scandale dans l’histoire de notre justice et de notre pays.

 Estimant que les 4 longues années écoulées depuis les lâches assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ajoutées aux multiples manœuvres, irrégularités et manipulations qui ont entaché le cours du processus judiciaire concernant les deux affaires, sont de nature à rendre légitimes les craintes et inquiétudes de l’opinion publique mettant en cause l’existence d’une volonté politique réelle de faire toute la lumière et de dévoiler toute la vérité, quant aux responsables directs de ces assassinats, et , aussi, quant aux responsables indirects, complices, et tous ceux qui sont, d’une manière ou d’une autre, impliqués dans ces meurtres barbares, inspirés et exécutés par ceux qui instrumentalisent la religion pour servir leurs projets politiques, ne reculant pas devant l’usage de la violence, l’assassinat et le terrorisme pour réaliser leurs sordides objectifs.

À l’occasion du 4ème anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, lâchement abattu par les islamistes le 6 février 2013, nous prenons l’initiative de constituer le « Collectif "Vérité et Justice" pour les 3 assassinats politiques : Nagdh , Belaïd et Brahmi ». L’objet principal de ce Collectif est d’exiger la rapide ouverture des procès des assassins des trois martyrs et de dénoncer toute tentative – quels qu’en soient les auteurs - de cacher la vérité ou de couvrir certains éléments, liés ou non au pouvoir islamiste de l’époque, impliqués directement ou indirectement dans ces meurtres.

QUI A TUÉ LOTFI, CHOKRI ET MOHAMED ?

QUI SONT DERRIÈRE LES ASSASSINS DIRECTS ?

NOUS VOULONS TOUTE LA VERITÉ !

NOUS VOULONS TOUTE LA JUSTICE !

Notre Collectif fera tout pour que les autorités concernées - politiques, sécuritaires, judiciaires et médiatiques - contribuent à donner les réponses claires et nettes à ces questions ...et perdurera tant que ces objectifs ne seront pas atteints.

Comité fondateur du Collectif :

Amira Aleya Sghaier - Adnane Belhajamor - Abdelaziz Belkhodja - Haifa Ben Abdallah - Radhia Ben Ammar - Ilhem Bizid - Naceur Brahmi - Raja Farhat - Youssef Farhat - Mohamed Salah Fliss - Salah Horchani - Neila Jrad - Slaheddine Khlifi - Nefissa Wafa Marzouki - Anouar Moalla - Salem Ounaies - Mohamed Salah Souissi - Leila Toubel - Salah Zeghidi

Pour le « Collectif "Vérité et Justice" pour les 3 assassinats politiques : Nagdh , Belaïd et Brahmi » :

Haifa Ben Abdallah
Coordinatrice

Références

(1) Voir, à ce sujet, mes trois articles intitulés « Message posthume de Lotfi Nagdh au président tunisien Béji Caid Essebsi », « À Chokri BELAÏD..., "le Rossignol de la Liberté" » et « À Mohamed BRAHMI », parus, respectivement, sous les liens suivants :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/181116/message-posthume-de-lotfi-nagdh-au-president-tunisien-beji-caid-essebsi

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/110313/chokri-belaid-le-rossignol-de-la-liberte

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/250713/mohamed-brahmi

(2) Au sujet de la Troïka, voir la remarque 1.b. intitulée « La Troïka pour les nuls » de mon article dont le titre est « Tunisie : La dictature théocratique brun-vert était planifiée », paru sous le lien suivant :

https://www.legrandsoir.info/tunisie-la-dictature-theocratique-brune-verte-etait-planifiee.html

(3) Le mot « takfir » est la transcription phonétique du mot arabe تكفير qui signifie « excommunication », « disqualification religieuse », « accusation d’apostasie un musulman ». Les takfiristes sont des islamistes adeptes d’une idéologie ultra-violente faisant systématiquement recours aux assassinats et prenant pour cible aussi bien les non-musulmans que les musulmans qui refusent leur interprétation des écritures saintes de l’Islam. Pour ce qui concerne les musulmans, les takfiristes qualifient de mécréantes les sociétés musulmanes qui n’appliquent pas la Sharia telle qu’elle fut arrêtée par leurs théoriciens, d’hérétiques tous les musulmans ne partageant pas leur point de vue et d’infidèle tout musulman non pratiquant, qualifications qui rendent, de fait, leur assassinat hallal. D’ailleurs, l’idéologue de Daech - Abu Bakr Naji, qui s’appellerait, en réalité, Abou Jihad al-Masri ou bien serait le pseudonyme d’un groupe de réflexion islamiste - se réfère clairement à la pensée takfiriste pour développer sa stratégie de l’horreur dans son livre « Idarat al-tawahhush » (= Administration de la sauvagerie ou, pour sa version française , « Gestion de la barbarie »), la bible-programme-mein-kampf de Daech dont l’objectif est explicitement annoncé dans son sous-titre « L’étape par laquelle l’islam devra passer pour restaurer le califat » - califat devant englober la terre entière - manuel* qui devrait être le livre de chevet de tous ceux qui luttent contre le terrorisme islamiste. Il convient de mentionner que, dans le Coran, le takfir n’est pas évoqué, mais, sont mentionnés les « munafiqun » (= les hypocrites) qui, tout en continuant à faire partie intégrante de la communauté, sont promis à un terrible châtiment...dans l’au-delà. Par contre, le takfir est évoqué dans les Hadiths et a été instrumentalisé, plus d’une fois, depuis l’aube de l’Islam, dans les luttes politiques. Enfin, grosso modo, trois infidélités peuvent conduire au takfir, à savoir, par gravité croissante : infidélité par la parole, infidélité par les actes et infidélité par la croyance.

* Traduction française : Abu Bakr Naji, Jacques Heers (Préface/Introduction), Gestion de la Barbarie - L’étape par laquelle l’islam devra passer pour restaurer le califat, Editions de Paris, 2007, Versailles.

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COMMENTAIRES  

08/02/2017 07:51 par Salah HORCHANI

Addendum concernant les takfiristes

Les takfiristes, à l’instar de tous les djihadistes, considèrent le Djihad comme étant الفريضة الغائبة (= « le pilier absent »)* ; ce qui le rend une obligation absolue au même titre que les cinq piliers de l’Islam.

*http://kapitalis.com/tunisie/2017/02/06/assassinat-de-chokri-belaid-les-dessous-dun-crime-islamiste-6e-partie/

08/02/2017 11:05 par aldamir

L’exemple de la Tunisie doit être suivi par tous les peuples de la planète s’ils tiennent à vivre en paix et en sécurité et garder leur liberté et leur dignité . l’Humanité n’aura plus besoin de pseudo CPI qui est un instrument de leurre monumental.

09/02/2017 11:05 par Salah HORCHANI

Basma, la veuve de Chokri Bélaïd : Ennahdha a tué Chokri Belaïd et continue à user de son pouvoir pour masquer la vérité

Basma Khalfaoui Belaïd, la veuve du martyr Chokri Belaïd a déclaré, ce lundi, à l’occasion de la commémoration du 4ème anniversaire de son assassinat, que c’est Ennahdha qui a tué Chokri Belaïd. Elle a expliqué qu’Ennahdha détenait au moment du crime, le pouvoir absolu dans le pays, et notamment, la présidence du gouvernement et les ministères régaliens, ce qui lui permettait de manipuler les dossiers à sa guise. Elle a ajouté qu’Ali Laârayedh, alors ministre de l’intérieur, savait et avait été informé du plan qui visait le martyr, et qu’il na rien fait en conséquence.

Basma Belaïd accuse , par ailleurs, Ennahdha, de continuer jusqu’à présent à faire des pressions pour occulter la vérité autour de l’assassinat, en réduisant, notamment, au silence, tous ceux qui détiennent un fragment de cette vérité, comme elle l’a fait en emprisonnant les sécuritaires Walid Zarrouk et Issam Dardouri. Elle accuse, également Ennahdha d’avoir caché de très importants éléments de l’enquête, comme les résultats de l’expertise balistique qui avaient été cachés sur ordre d’Ali Laârayedh, alors ministre de l’intérieur.

Source :

http://www.tunisienumerique.com/tunisie-basma-belaid-ennahdha-a-tue-chokri-belaid-et-continue-a-user-de-son-pouvoir-pour-masquer-la-verite/322810

09/02/2017 16:29 par depassage

Quand on ne se pense pas, on ne se fait pas et quand on nous pense, on nous fait. Se penser, c’est se projeter. En se projetant, on se libère de sa propre inertie, des carcans de son passé, des mirages et de ceux qui veulent nous faire selon leurs intérêts. Les grandes valeurs humaines sont universelles et s’assoient sur un concret qui appelle à être réalisé sur la base de plusieurs offres, certaines disponibles, d’autres exigent à être créées, non pas ex nihilo, mais sur le possible qui est assez extensible pour les esprits moins bornés.

Le possible est une adversité qu’il faut dompter par divers moyens, à commencer par la pensée qui permet de faire des projections sur de vastes domaines et de les cerner avant même de s’y aventurer. S’agissant de l’islamisme, parlons-en. Il est d’abord un résultat. Face à un avenir boucher et un état de soumission imposé par les puissances impérialistes depuis leur émergence en tant que telles, seuls deux perspectives s’annonçaient possibles : l’insoumission et la résistance contre ou la soumission et son acceptation. Dans tous les cas de figure, l’insoumission est intolérable. On doit ou bien lui faire face concrètement et résister, ou bien lui résister psychologiquement par mimétisme ou par refus moral et acceptation physique, mais aliéné par le refus moral qui se fait sur la base d’un retour à un passé mystifié et par une identité folklorique construite sur les résidus du passé. C’est le propre de toutes les sociétés humaines. Le wahhabisme en est l’exemple patent, de même que l’islamisme des pères fondateurs de la secte des frères musulmans assez proche de la Franc-Maçonnerie sur le plan organisationnel.

Cher Horchani, l’islamisme n’est pas propre à la Tunisie comme il n’est pas le seul à être responsable de la débâcle du monde arabe et musulman. Si l’islamisme a été pris en charge par les puissances impérialistes, en l’occurrence l’empire anglo-saxon, c’est parce qu’il a vu en lui une force qui pouvait maintenir dans un statuquo et un déchirement permanent entre deux visions irréconciliables ce monde. La grande trahison ne vient pas des islamistes. Ils étaient connus et tout était en prémisse dans leur discours, en plus d’être structurés et de jouer sur un fond sociétal irrationnel de réclusion, d’identification et surtout de palliatif à divers traumatismes collectifs. Les croyances sont une chose, elles répondent à des besoins qui n’ont pas de liens vrais avec ce qui les inspire, ou seulement des liens indirects. L’islam en tant que corpus de pensées n’est en rien dans ces croyances, c’est juste un outil qui a été trouvé à la portée de ceux qui s’en inspire. Comme, il est un produit d’une longue histoire de plusieurs peuples, on peut y trouver tout ce qu’on veut grâce au fameux noyau basé sur des rites symboliques et abstraits qui le constitue et lui assure un semblant de cohésion. Rites d’ailleurs qui datent d’avant l’islam pour la plupart et d’inspiration païenne comme c’est le cas de toutes les religions qui essayent avec l’unité des symboles unifier leurs adeptes.

La grande trahison vient de l’intelligentsia arabe et musulmane qui s’était endormie par les discours lénifiants de l’occident, allant jusqu’à se laisser financer par leurs organismes de pénétration impérialiste. La mal est là, le reste n’est que discours rabâchés par des officines qui sont capables de vous faire acheter la corde avec laquelle vous allez vous faire pendre.

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