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Washington et la Révolution Cubaine aujourd’hui (Dissident Voice)

Partie I : le mythe du Lobby de Miami

«  L’Administration Obama, dans la continuité de la ligne de l’Administration Bush, a pris la décision politique de subordonner la politique étrangère et les mesures d’intérêt national à la politique intérieure en ce qui concerne sa politique à l’égard de Cuba. Il y a un groupe bipartite de membres du Congrès - des démocrates et des républicains, de la chambre des représentants et du sénat - qui représentent la Floride, un état où de nombreux électeurs peuvent faire basculer les résultats du scrutin en faveur de l’un ou l’autre candidat. Ces personnes non seulement apportent des voix, mais apportent des financements pour la campagne, et sont en général très bruyantes, et cet ensemble de critères a convaincu la Maison Blanche que la priorité était de se faire réélire plutôt que de se lancer dans la lourde tâche d’engager les Etats-Unis sur la voie d’une normalisation des relations avec Cuba ».

Julia Sweig http://www.cfr.org/experts/latin-america-brazil-cuba/julia-e-sweig/b4230, Directrice des Etudes Latino-Américaines au Council on Foreign Relations

Cette poursuite indispensable de la politique anti-Cubaine de l’Administration de Barack Obama est une source de mystère et de perplexité pour beaucoup de ceux qui contestent les sanctions des Etats-Unis. Au sein des universités, des groupes de réflexion et des méritocraties médiatiques - qui occupent en alternance des fonctions dans les instances gouvernementales - beaucoup sont frustrés, voire mis mal à l’aise, par le statut de paria que confère Washington à Cuba en Amérique Latine et dans le monde entier, comme on peut le constater avec les votes annuels déséquilibrés et humiliants aux Nations Unies contre la politique US.

Et, donc, pourquoi cette guerre économique et politique contre Cuba - la plus longue politique étrangère inchangée de l’histoire des Etats-Unis, et qui entre dans sa sixième décennie - persiste-t-elle ? Pourquoi la question de Cuba est-elle si hors normes dans la politique des Etats-Unis ? Pourquoi Washington poursuit-il une politique complètement isolée dans les forums mondiaux et régionaux, et qui expose les diplomates et les responsables politiques US aux sarcasmes et au mépris ? (les raisons invoquées - le manque supposé de "démocratie" et de ’droits humains’ à Cuba - empestent tellement la désinformation, les semi-vérités, l’hypocrisie évidente et la sélectivité arbitraire qu’elles ne peuvent pas être prises au sérieux et doivent être rejetées d’emblée. Je développerai largement cette question de démocratie, des droits humains et des libertés civiles dans la partie III de mon exposé).

L’explication la plus courante sur ces questions est exprimée dans la citation de Julia Sweig qui est en introduction (Sweig est chercheure au très influent Council on Foreign Relations http://fr.wikipedia.org/wiki/Council_on_Foreign_Relations et est directrice des Etudes latino-américaines).

Elle est l’auteure de l’excellent livre " Inside the Cuban Revolution" et est une observatrice et analyste très calée de l’histoire et de la politique cubaines. Elle est, sans aucun doute, farouchement opposée aux sanctions des Etats-Unis contre Cuba et préconise des relations diplomatiques normalisées entre Washington et la Havane).

Sweig et d’autres opposants au sein des milieux influents, ainsi que de nombreux élus qui se disent hostiles à la politique US, désignent, voire accusent, la population cubano-américaine et les élus qui forment à Washington le soi-disant ’lobby de Miami’, censé être très puissant.

Certains vont même jusqu’à dire que la politique et l’’intérêt national’ des Etats-Unis sont pris en otage par ce «  lobby ». De telles inepties relèvent des théories du complot.

Cet argument et ces explications sont complètement en dehors des réalités politiques. Cela n’a jamais été vrai et dans le monde actuel, cela n’a jamais été aussi peu crédible.

C’est un mythe et une illusion que de dire que la communauté cubano-américaine et les élus américains d’origine cubaine sont la force déterminante qui se trouve derrière les politiques US envers Cuba. La politique étrangère US en général, et celle qui concerne Cuba, en particulier, est motivée par les intérêts de la classe dirigeante capitaliste constituée de patrons, de banquiers et d’obligataires. Elle est tout d’abord discutée au sein des deux partis politiques et des institutions gouvernementales et ensuite relayée par les grands medias commerciaux, les think tanks, et les intellectuels serviles. Les bourgeois cubano-américains élus font partie de cet ensemble, et s’ils sont importants, ils sont loin d’être déterminants.

Washington n’a jamais, et ce n’est pas le cas non plus actuellement, eu besoin que les représentants vieillissants des anciennes puissances dirigeantes de Cuba, ou leurs descendants, leur expliquent pourquoi ils doivent combattre la Révolution Cubaine et les politiques intérieures et extérieures du gouvernement socialiste révolutionnaire cubain. La véritable influence politique du mythe du "lobby de Miami" (terme qui, à force s’être inlassablement répété est quasiment devenu un mantra), c’est de détourner l’attention sur le gouvernement US pour la faire porter sur la communauté américano-cubaine et sur une poignée d’élus d’origine cubaine. C’est mettre la charrue avant les boeufs, ou le wagon de queue en tête du train.

Ces élus du Congrès d’origine cubaine, tels que Ileana Ros-Lehtinen et Mario Diaz-Balart, les représentants républicains de la Floride, Robert Menendez, le sénateur démocrate du New Jersey, et Marco Rubio, le sénateur républicain de Floride, peuvent servir de couverture ou de faire-valoir à une politique US si impopulaire. Les Cubano-Américains peuvent être tenus pour responsables et réprimandés par ceux qui s’opposent à cette politique, et encensés et soutenus par ceux qui approuvent cette politique. Mais ce ne sont pas eux qui décident de la politique.

Le mythe du "lobby de Miami" empêche la construction d’un large mouvement de protestation et le genre d’action efficace qui peut vraiment obliger à changer de politique. En prétendant que la communauté cubano-américaine, contradictoire et de plus en plus divisée, est une entité homogène (ou pire, en la diabolisant), ce mythe du "lobby de Miami" est devenu un obstacle pour convaincre davantage d’Américains d’origine cubaine de s’opposer aux sanctions des Etats-Unis.

Le fait est qu’il y a depuis plus de 50 ans une politique bipartite et un objectif commun de vaincre et d’éradiquer la Révolution cubaine. Rien de tout cela n’a jamais été, et pas plus aujourd’hui qu’avant, motivé essentiellement par les intérêts de la communauté des exilés d’origine cubaine de Miami. Les origines et la continuité de l’hostilité de Washington à l’égard de la Révolution cubaine sont du seul fait des Etats-Unis .

Cette hostilité provient de la politique menée par la Révolution Cubaine et de l’exemple qu’elle donne - à Cuba même, et de la place qu’elle tient sur tout le continent américain et dans le monde entier, en Afrique, en Asie, et au Moyen-Orient, et même au sein des pays développés capitalistes.

L’influence de la Révolution Cubaine sur la politique des Etats-Unis

Cuba apparait, et est présentée comme telle, comme une question mineure de la politique intérieure et extérieure des Etats-Unis. C’est encore plus le cas depuis la fin de la prétendue «  guerre froide » et du conflit qui a duré des dizaines d’années entre Washington et Moscou. A cette époque, la propagande de Washington qualifiait le gouvernement révolutionnaire de Cuba de "client" et de marionnette de l’ex-Union Soviétique.

Alors que c’était toujours une insulte délibérée et une absurdité dans les faits, l’alliance Cuba-Bloc soviétique servait à inventer de toutes pièces une "menace" cubaine pour les Etats-Unis et les USAméricains (en octobre 2012 on commémorera le 50° anniversaire de la traumatisante «  crise des missiles de Cuba », qui avait été utilisée pour convaincre de nombreux travailleurs aux Etats-Unis de la menace que représentait Cuba).

Indépendante de l’Union Soviétique, la "Question de Cuba’, c’est-à -dire la dynamique et l’influence politiques de la Révolution Cubaine, a toujours eu un poids et une importance capitale sur la politique des Etats-Unis et sur sa politique étrangère, en particulier en ce qui concerne tout le continent américain. C’est encore le cas aujourd’hui, même si Cuba est une petite île de moins de 12 millions d’habitants et que les Etats-Unis sont une superpuissance économique, financière, politique et militaire mondiale, bien qu’en recul relatif aujourd’hui sur tous ces fronts.

A l’issue de la ’Guerre froide’ et de la disparition politique de l’Union Soviétique et de ses alliés d’Europe de l’est de plus de 20 ans, il n’y a eu aucune détente de la politique anti-cubaine des Etats-Unis. Au contraire, elle a énormément empiré. Les classes dirigeantes et les principaux élus aux Etats-Unis s’accordent à dire que la guerre économique et politique de Washington contre Cuba doit perdurer à l’époque actuelle d’après-guerre froide. Cette réalité mondiale est entrée dans une nouvelle ère, si ce n’est une époque historique, caractérisée par la pire crise mondiale économique et financière du système capitaliste depuis la Grande Dépression des années 1930.

En public, les responsables politiques tournent en ridicule et dénigrent Cuba ; il est clair que les deux partis dominants de Washington continuent de considérer Cuba comme une force politique redoutable avec une autorité politique et morale importantes, d’abord sur le continent américain, mais, également au niveau mondial. Les deux partis sont pratiquement unanimes sur le fait qu’il faut combattre le gouvernement révolutionnaire cubain et l’écraser, et non pas se réconcilier avec lui en vertu du respect de la souveraineté cubaine.

Dans l’optique de Washington, le gouvernement cubain encourage les actions révolutionnaires (ou, comme ils le disent sournoisement ’’anti-américaines’), n’a pas abandonné le programme de révolution socialiste internationale et, pire que ça, soutient toutes les politiques et les luttes qui défendent les intérêts des travailleurs, des agriculteurs et de la jeunesse. Une telle optique, évidemment, a des effets négatifs sur les intérêts économiques du capital USaméricain et sur les choix politiques et ’stratégiques’ de Washington pour défendre ces intérêts-là .

Divisions tactiques sur la politique concernant Cuba

Il n’est pas rare que la ’gauche US’ se retrouve désorientée et désarmée politiquement (et en sécurité entre les mains de libéraux et de démocrates adeptes du ’moindre mal’) par les formes intenses, voire brutales, employées pour exprimer ce qui n’est, en réalité, que des différences tactiques relativement mineures sur la politique entre les deux partis impérialistes et au sein de la classe dirigeante aux Etats-Unis. Cuba en est un exemple parfait.

Tous les ans, à l’ONU, il y a un vote disproportionné (en 2011, c’était 186 pour et 2 contre avec 3 abstentions) anti-Washington sur la ’nécessité de mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis à Cuba" et dont les médias mainstream ne parlent pratiquement pas. Sur tout le continent américain, la politique anti-cubaine de Washington est systématiquement raillée et condamnée dans tous les forums panaméricains et régionaux, y compris les ’Sommets’ de l’Organisation des Etats Américains, un instrument traditionnellement servile de la politique US et de sa domination sur le continent. La réponse ferme de Cuba sur sa souveraineté, ses idées révolutionnaires et sa tradition de solidarité internationale envers l’humanité opprimée et exploitée dans la politique mondiale, a conféré à l’île socialiste une autorité et un poids moraux importants dans la politique mondiale - largement disproportionné par rapport à sa taille, le nombre de ses habitants, sa puissance économique ou militaire. C’est une cause d’irritation et de consternation importante pour les dirigeants US et leurs disciples du ’Lobby de Miami’, mais c’est une preuve extraordinaire du pouvoir des idées dans le monde.

En réalité, il n’y a pas de pouvoir plus important sur terre que quand les opinions progressistes et révolutionnaires inspirent et captivent des millions de personnes et deviennent une force politique importante.

La question de savoir comment parvenir à l’objectif commun qui est de renverser le gouvernement cubain en temps politique réel mène naturellement à des divergences tactiques acharnées au sein du gouvernement US et parmi et entre les parties démocrate et républicain qui se partagent le pouvoir et l’exercent dans l’état capitaliste US américain. Cette situation est inévitable quand on voit combien la politique anti-cubaine est isolée et impopulaire sur le continent américain, dans le monde et même aux Etats-Unis.

Les manigances, les changements de tactique et les concessions reviennent d’une année sur l’autre, et d’une Maison Blanche à la suivante, tous en réaction à la pression des événements. Tout cela est destiné à faire sortir Washington de sa position défensive afin de déstabiliser, d’ébranler et d’écraser plus efficacement la Révolution Cubaine.

Obama vs. Bush

Le président Obama a procédé à quelques aménagements et même reculé en partie sur les dispositions anti-Cuba imposées par George W. Bush. Elles sont objectivement positives. C’est bien que certains musiciens, artistes et universitaires cubains soient autorisés à se rendre aux Etats-Unis à l’invitation d’universités et d’organismes culturels. C’est bien que les Américains d’origine cubaine aient le droit d’aller dans leur pays d’origine sans les restrictions insultantes qu’il y avait avant. C’est mieux qu’avant que la réglementation concernant les autorisations de se rendre à Cuba délivrées aux autres citoyens US ait été relativement assouplie.

Ces mesures prises par l’Administration Obama ne sont en aucune façon un abandon progressif de la politique US fondamentale qui est le ’changement de régime’, c’est-à -dire de la destruction de la Révolution Cubaine. Ces mesures reviennent simplement aux règles établies au cours du mandat de Clinton et du début du premier mandat de Bush, avant qu’elles aient été renforcées dans l’arrogance triomphaliste qui a suivi l’invasion de l’Iraq. A l’époque, Bush avait choisi Otto Reich comme secrétaire d’état adjoint pour les Amériques, en même temps que d’autres personnalités influentes dans les milieux d’exilés contrerévolutionnaires, comme Roger Noriega, extrémiste de droite et raciste notoire, et ancien collaborateur de Jesse Helms, sénateur de Caroline du Nord. C’était ces gens-là qui dirigeaient les politiques des Amériques au cours du mandat de Bush.

Mais cette organisation n’avait pas été une réussite pour la politique et la position des Etats-Unis en Amérique Latine, surtout après que la patte de Washington (et les empreintes digitales de Reich) avait été reconnue partout lors de la tentative de coup d’état d’avril 2002 au Venezuela contre le gouvernement populaire élu de Hugo Chavez. Bush avait été contraint de limoger Reich, ainsi que, plus tard, son successeur Noriega et de mettre fin aux discours et à l’attitude extrêmement arrogants à l’égard de l’Amérique latine qui coutaient très cher politiquement à Washington.

Ce qu’Obama a fait, c’est laisser tomber le langage agressif et les rodomontades de Bush sur Cuba, tout en procédant à des aménagements minimes aux règlementations sur les voyages et les visas pour tenter de réparer les dégâts causés pendant les années Bush. Toutefois, Obama, et c’est frappant, n’a pas réussi à rallier quiconque, sur tout le continent américain, à la cause anti-cubaine des Etats-Unis, qui restent complètement isolés, à l’exception du gouvernement de droite de Stephen Harper à Ottawa. Le Canada est toujours la plus grande source de tourisme pour Cuba et réalise des échanges commerciaux très importants avec l’ile.

Sous la présidence d’Obama, les Départements du Trésor et de la Justice ont intensifié le harcèlement et les poursuites à l’encontre des entreprises US ou étrangères accusées de ’ "violer’ les ’lois’ US, et les sanctions contre les échanges commerciaux et financiers, ainsi que la collaboration avec Cuba. Le président de l’Assemblée Nationale Cubaine, Ricardo Alarcon déclarait récemment, au cours d’un entretien http://www.legrandsoir.info/cuba-face-aux-defis-du-xxie-siecle.html avec Salim Lamrani, journaliste et professeur d’université :

’… l’administration Obama a été beaucoup plus consistante dans l’imposition d’amendes et de sanctions aux entreprises étrangères qui violent le cadre des sanctions contre Cuba, et qui effectuent des transactions commerciales avec nous.

Un certain nombre de banques ont été sanctionnées par des amendes de plusieurs millions de dollars, plus de 100 millions de dollars pour l’une d’entre elles, pour avoir effectué des transactions commerciales en dollars et avoir ouvert des comptes à des entreprises cubaines en dollars.

Le 12 juin 2012, le Département de la Justice US annonçait que la banque hollandaise ING avait accepté de verser une amende de 619 millions de dollars pour avoir enfreint la loi : "Trading with the Enemy Act," (Commerce avec l’ennemi) en faisant transiter des devises US à la suite de transactions avec Cuba (et l’Iran). Selon le journal en ligne Guardian Express :’ c’est la sanction la plus lourde jamais imposée de l’histoire du système financier US’.

Depuis la prise de fonctions de l’Administration Obama, en 2009, d’importantes banques européennes : le Crédit Suisse, Barclays, et Lloyds ont conclu des accords similaires avec le gouvernement des Etats-Unis à cause de transactions avec Cuba.

L’Administration Obama continue de soutenir et d’encourager les programmes visibles et secrets du Département d’état et de la CIA destinés à déstabiliser le gouvernement cubain, et c’est ainsi qu’Alan Gross, agent du Département d’état, s’est retrouvé enfermé dans une prison cubaine.

(L’idée que la condamnation et l’incarcération de Gross est ce qui a empêché une détente dans les relations cubano-américaines qu’Obama souhaite réaliser est une très mauvaise plaisanterie. Les actions de Washington, qui consistent à envoyer des agents comme Gross -un exemple parmi tant d’autres d’une stratégie de grande envergure de la guerre économique et politique incessante qui est livrée contre Cuba, financée à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars affectés ouvertement sur le budget, sans compter les fonds destinés aux programmes secrets - représentent le véritable obstacle à l’amélioration et à la normalisation des relations.)

Le Département d’état Obama s’obstine à conserver Cuba sur la liste des ’pays qui soutiennent le terrorisme’, un énorme mensonge et une infâme calomnie. Obama s’obstine à ignorer les propositions des diplomates cubains de coopération bilatérale sur les questions comme le trafic de drogue et la coordination des secours en cas de cyclone. Obama s’obstine à refuser de se ranger à l’avis unanime des états membres d’Amérique Latine et des Caraïbes de l’Organisation des États américains (OEA) http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_des_%C3%89tats_am%C3%A9ricains qui est de mettre fin à l’exclusion de Cuba. Obama s’obstine à rejeter et à s’opposer à toute tentative de négocier des opérations, y compris des ’échanges’ , qui permettraient la libération des Cinq de Cuba, dont quatre d’entre eux sont à leur 14ème année d’incarcération, et le 5ème, Rene Gonzalez, libéré après avoir purgé la totalité de sa peine, n’est pas autorisé à rentrer chez lui à Cuba.

Une autre indication claire que la politique anti-Cuba d’Obama est dans la continuité de celles de l’Administration Bush - et en réalité, de tous les présidents depuis Eisenhower - c’est la nomination par Obama de Ricardo Zuniga comme directeur des ’Affaires du Continent Américain’ (Western Hemispheric Affairs’) pour le Conseil de Sécurité Nationale de la Maison Blanche. Zuniga avait auparavant joué un rôle essentiel à la Section des intérêts des États-Unis à la Havane quand Bush était président, et il avait organisé les épouvantables provocations contre Cuba, dirigées par le chef de la Section des intérêts des Etats-Unis, James Cason.

Comparer le bilan de la politique d’Obama envers Cuba et celui de George W. Bush, rappelle la phrase célèbre de Groucho Marx : ’Parti de rien, je suis arrivé à pas grand-chose’ ’(en anglais : ’ I’ve worked myself up to nothing from a state of extreme poverty’, NDT).

Mouvements migratoires des Cubains vers les Etats-Unis

Il y a toujours eu des travailleurs cubains qui ont émigré, vécu et travaillé aux Etats-Unis. Cependant, l’origine et la formation d’une "communauté’’ cubano-américaine importante remontent à l’énorme vague d’immigration qui a eu lieu après la victoire triomphale de la Révolution Cubaine en 1959. Comme toutes les authentiques révolutions sociales, la Révolution Cubaine a été marquée par une lutte des classes et des divisions profondes et irréversibles. Au cours de la première période qui a suivi la Révolution Cubaine, quelque 5% de la population cubaine de l’époque, qui comptait 6 millions d’habitants, étaient partis pour la Floride et les Etats-Unis, en général, où ils avaient été reçus à bras ouverts et avaient bénéficié de privilèges particuliers en tant que ’réfugiés du communisme », n’ayant pas à se soumettre aux exigences habituelles des services de l’immigration. La première vague d’exilés concernait essentiellement des Cubains des classes dirigeantes, leurs partisans, des parasites et des cadres militaires ou policiers, ainsi que des gens qui travaillaient dans les réseaux de crime organisé - dealers de drogue, propriétaires de bordels, souteneurs, propriétaires de casinos, etc. - qui prospéraient à l’époque de Batista.

Alors que la Révolution Cubaine commençait à mettre en oeuvre des politiques économiques et sociales au profit des paysans, des travailleurs dans l’agriculture et l’industrie, et de la majorité de pauvres en général, de grands pans des classes moyennes et des professions libérales, relativement peu nombreuses, suivaient le grand groupe constitué de propriétaires terriens, de capitalistes, d’officiers de l’armée, de policiers et de gangsters. Alors que cela ne concernait qu’une faible minorité de la population, cela représentait néanmoins des centaines de milliers de personnes. Pour donner une idée du profil des candidats à l’émigration ; plus de 50% parmi les 6000 médecins de Cuba avaient quitté le pays après la Révolution Cubaine.

Ces médecins, dans leur immense majorité, travaillaient au service de la bourgeoisie et de l’aristocratie de Cuba. Le Cubain moyen consultait rarement, voire jamais, un médecin de toute sa vie. L’espérance de vie se situait au début de la cinquantaine. La mortalité infantile était de plus de 60 pour 1000, le taux parmi les plus élevés au monde. Aujourd’hui, Cuba délivre un diplôme à 10000 nouveaux médecins par an, l’espérance de vie est de près de 80 ans et la mortalité infantile de 4,5 pour 1000, un des taux les plus faibles au monde).

D’autre part, il faut savoir que ces premières vagues d’émigrés-exilés étaient constituées en majeure partie de Blancs ; parmi les réformes les plus radicales du gouvernement révolutionnaire cubain, il y a eu la suppression sur l’île de lois et de mesures de ségrégation calquées sur la loi Jim Crow.

Les Cubains d’origine africaine étaient parmi les partisans et les protagonistes les plus fervents et enthousiastes de la Révolution, ce qui se retrouvait dans le large soutien pour la Révolution Cubaine parmi la population noire aux Etats-Unis.

Evidemment, il n’y avait pas eu d’affrontement politique systématique entre les classes sociales lors de la Révolution Cubaine. Tous les Cubains des classes moyennes et bourgeoises ne s’étaient pas opposés à la Révolution et ne s’étaient pas exilés à Miami ; un bon nombre d’entre eux soutenaient la révolution, ou étaient mitigés, mais attachés à leur pays (si vous voulez avoir une excellente illustration de cette période de début de la Révolution du point de vue privilégié d’un bourgeois cubain resté seul à Cuba, allez voir le film ’Mémoires du sous-développement’ http://www.premiere.fr/film/Memoires-du-sous-developpement-145547 du réalisateur cubain Tomas Gutierrez Alea http://fr.wikipedia.org/wiki/Tom%C3%A1s_Guti%C3%A9rrez_Alea , un film fort, de renommée internationale).

Et il y avait aussi un petit nombre d’ouvriers, de paysans et d’Afro-Cubains qui soutenaient activement la contrerévolution. Néanmoins, il est incontestable que la majeure partie de la population cubaine à l’époque, et à une écrasante majorité dans les rangs des ouvriers, des paysans, de la jeunesse et des Noirs, avait adopté la Révolution comme sa propre oeuvre et l’avait défendue activement.

Plusieurs milliers d’exilés cubains étaient recrutés par l’armée et les services secrets US pour mener des opérations secrètes contre Cuba. Des débouchés dans le commerce et la finance étaient offerts à l’ex-bourgeoisie cubaine au sud de la Floride par le gouvernement US et des mécènes des milieux d’affaires. Le Congrès US adoptait la loi : ’Cuban Adjustment Act’ en 1966, qui permettait d’obtenir rapidement le statut de résident permanent et accélérait les formalités pour l’obtention de la citoyenneté pour les opposants déclarés à la Révolution. Plus de 1,3 milliards de dollars, près de 10 milliards en valeur actuelle, étaient alloués pour des aides financières directes aux exilés.

L’exode de Mariel http://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_de_Mariel

Pendant plusieurs mois en 1980, toute une série de provocations contre Cuba de la part de l’Administration de James - dit "Jimmy" - Carter, en collaboration avec le gouvernement militaire conservateur péruvien, avaient déclenché des manifestations rassemblant jusqu’à 10000 Cubains à l’ambassade du Pérou à la Havane qui demandaient à quitter le pays (des millions de Cubains s’étaient à l’époque mobilisés pour soutenir la Révolution). La mort d’un policier cubain à l’ambassade péruvienne avait incité le gouvernement cubain à annoncer des mesures permettant à tous les Cubains qui voulaient quitter l’île de se dispenser de remplir les formalités habituelles.

Les Cubano-Américains étaient invités à venir retrouver leur famille au port de Mariel. Environ 125000 Cubains avaient ainsi débarqué aux Etats-Unis au cours de ce qu’ils avaient appelé l’’évacuation par pont maritime depuis Mariel’ (’Mariel Boatlift’, NDT) - ou ’l’exode de Mariel’ (aujourd’hui, le gouvernement brésilien et les entreprises privées collaborent avec Cuba sur un projet industriel d’envergure pour faire de Mariel un port ultramoderne pour le transport des marchandises et les échanges commerciaux, et qui, une fois achevé et opérationnel, donnera un grand coup de fouet à l’économie cubaine).

Cette vague d’exilés était composée de gens de classes sociales bien différentes des premières vagues. Ils étaient davantage en marge de la société ; non intégrés dans la classe ouvrière, ils étaient indifférents ou hostiles au processus révolutionnaire à Cuba.

Beaucoup d’entre eux avaient un passé d’activités délictueuses et n’avaient plus à Cuba d’espace pour opérer ou de ’créneau’, comme les jeux, les prêts usuraires, la prostitution et le trafic de drogue. La majorité d’entre eux voulaient simplement quitter Cuba pour aller rejoindre de la famille ou des amis aux Etats-Unis et saisir l’occasion de se livrer à des activités commerciales, comme ils avaient compris que c’était possible.

Ils pensaient que les Etats-Unis seraient un terrain et un marché beaucoup plus propice pour leurs penchants pour le commerce, les contacts humains - ou le crime. La propagande aux US avait, à l’époque, accusé le gouvernement cubain d’avoir vidé les prisons et même les hôpitaux psychiatriques et d’avoir poussé la ’lie de la société’ dans les bateaux à destination des Etats-Unis. Les autorités avaient démenti cela avec véhémence et exigé qu’on leur donne les preuves de ce qu’ils avançaient, ce qui n’a jamais été fait, mais les accusations calomnieuses avaient perduré (pour avoir une explication enflammée de Fidel Castro sur toute cette affaire et sa réponse aux calomnies US américaines, lire : ’An Encounter With Fidel : An Interview by Gianni Mina, Ocean Press, pages 61-67 , ou en espagnol : «  Un encuentro con Fidel », Entrevista realizada por Gianni Mina - journaliste à Il Manifesto - qui n’a, apparemment, pas été publié en français, NDT).

La vague d’immigration de la "période spéciale"

Dans les années 1990, au cours de la crise économique dramatique de ce qui a été appelé à Cuba la "période spéciale, qui avait suivi l’effondrement des gouvernements de l’Union Soviétique et du «  camp socialiste » de l’Europe de l’est, des milliers d’autres Cubains, attirés par le ’Cuban Adjustment Act’ http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html/lobby2.html avaient quitté l’île de façon désordonnée, à cause du refus des Etats-Unis de conclure des accords qui permettraient d’appliquer des procédures d’immigration légales et organisées.

L’amélioration relative de l’économie cubaine, ces dernières années, et la levée des restrictions sur les voyages pour les Cubano-Américains sous la présidence d’Obama, alliées au début de la dépression et de la crise économique aux Etats-Unis et en Europe, a réduit le nombre de départs et l’instabilité politique liée à l’émigration cubaine aux Etats-Unis.

Il y a un nombre bien plus élevé d’immigrés irlandais et israéliens aux Etats-Unis que de Cubains, et cela sans qu’ils bénéficient des formalités express du Cuban Adjustment Act ou que ces pays subissent la diabolisation et la propagande du gouvernement US et des grands médias commerciaux.

Étant donné les désastres économiques que connaissent actuellement la Grèce, l’Espagne, le Portugal, et d’autres économies de l’" Eurozone" , des millions de travailleurs ont été déplacés et contraints d’envisager d’émigrer. Il serait intéressant de comparer les statistiques de l’émigration dans ces pays et à Cuba aujourd’hui. Beaucoup de personnes d’Espagne et du Portugal émigrent même en Amérique latine actuellement.

En tout cas, ce qui ressort de tout cela, c’est que la grande majorité des travailleurs cubains est fermement déterminée à rester à Cuba et se bat pour préserver sa révolution malgré le Cuban Adjustment Act, malgré les menaces, les sanctions incessantes et le sentiment d’être tenue en état de siège permanent par les Etats-Unis, et malgré une conjoncture économique souvent difficile. Aujourd’hui, ces Cubains participent à des débats et se battent pour améliorer ce qu’il faut changer.

Elian Gonzalez

L’affaire Elian Gonzalez dans les années 1990 a constitué un tournant politique qui a fait apparaitre les contradictions croissantes et troubles au sein de la communauté cubano-américaine. Elle a déclenché des tendances politiques centrifuges.

L’opinion publique aux Etats-Unis avait, à l’époque, massivement soutenu le droit du père d’Elian de retourner à Cuba avec son fils. Le cirque contre-révolutionnaire de droite à Miami, orchestré par des parents éloignés d’Elian, manipulés par des organisations cubano-américaines de droite, était considéré comme répugnant et inhumain. Washington tentait toutes les manigances pour garder Elian ici, et - dans ce qui aurait été un véritable coup de propagande - persuader son père de décider de ne pas retourner à Cuba. Mais ils ont fini par se rendre à l’évidence que ce n’était pas ce qui allait se passer et que l’opinion publique à Cuba, en Amérique Latine et aux Etats-Unis était de plus en plus indignée. Le père et le fils avaient finalement pu repartir. Cette histoire, qui avait retenu l’attention de la politique US pendant de longs mois, avait été une véritable gifle pour l’autorité et la crédibilité politique des organisations et des personnalités du mouvement contre-révolutionnaire des exilés.

La communauté cubano-américaine aujourd’hui.

Plus d’un million et demi de personnes d’origine cubaine ont aujourd’hui acquis la citoyenneté américaine. La population de Cuba compte actuellement 12 millions d’habitants. Les Cubano-Américains représentent 4 à 5% des Latinos hispanisants sur une population de plus de 40 millions de personnes (les chiffres exacts sont difficiles à avoir, étant donné le nombre considérable de travailleurs sans papiers qui ont immigré pour intégrer un immense ’marché noir’ souterrain afin de travailler dans les champs, dans les usines et les villes des Etats-Unis quand ces emplois étaient relativement abondants). Ces immigrés hispanisants (ou ceux qui parlaient français, anglais, créole - pour les habitants des Caraïbes - ou portugais, pour les Brésiliens) qui venaient chercher du travail aux Etats-Unis venaient de tous les pays et avaient toutes les nationalités, mais seuls ceux d’origine cubaine, grâce au «  Cuban Adjustment Act », bénéficiaient d’un accès accéléré à la citoyenneté US américaine et d’une existence légale pour y vivre et y travailler.

Plus des 3/4 des cubano-américains habitent en Floride, 1,2 millions de personnes d’après le recensement de 2010. Les quatre états suivants enregistrent une baisse importante des effectifs avec un peu plus de 80.000 dans le New Jersey et un peu moins de 80.000 à New York, environ 75.000 en Californie et 35000 au Texas. La Floride est le 4° état le plus peuplé des Etats-Unis, avec 18,8 millions d’habitants. Les Cubano-Américains représentent moins de 10% au total.

Les Cubano-Américains représentent 30% de la population latino de Floride. Les Afro-Américains constituent environ 16% de la population en Floride, les chiffres dans la plupart des décomptes englobent les immigrés noirs des Caraibes. La population haïtienne du sud de la Floride est de 100 à 200000 personnes, parmi lesquelles beaucoup de travailleurs sans papiers. Les Cubains représentent 32% des Latinos qui ont le droit de vote, les Portoricains 28% et les Mexicains 9%. Il est absurde de conclure d’après l’importance de l’électorat cubano-américain que ce ’bloc’ joue un rôle décisif dans l’élection du futur président, qui devra, par conséquent, ensuite, ’se plier aux exigences extrémistes des anticastristes’. En manipulant les chiffres, on pourrait dire cela de tous les groupes, de toutes les communautés religieuses, de toutes les sectes. Quand la lutte est serrée entre les républicains et les démocrates, les 3% d’électeurs juifs de Floride ne jouent-ils pas un rôle ’décisif’ ?" Et les 725.000 Portoricains ? Pourquoi les campagnes présidentielles ne flatteraient-elles pas les électeurs "pro-Aristide" de l’importante population haïtienne de Floride, qui, en grande majorité, soutiennent l’ancien président haïtien qui avait été expulsé de son pays à la suite d’un coup d’état militaire US ? (la campagne anti-Aristide avait été dirigée directement par Roger Noriega, cité plus haut).

Cette absurdité est également flagrante quand on sait qu’en Floride, les Juifs, les Portoricains, les Haïtiens et 70% des Latinos non-Cubains ont beaucoup plus tendance à voter démocrate (s’ils se déplacent pour voter, comme ne le font pas près de la majorité des électeurs, en général, étant donné les choix sinistres qu’on leur propose), et sont contre les sanctions des Etats-Unis contre Cuba, que les Cubano-Américains qui sont censés voter majoritairement républicain et être des anticastristes obsessionnels et réactionnaires.

La vérité c’est que, une fois qu’ils ont acquis le droit de le faire, les Cubano-Américains se rebellent contre les menaces et les avertissements des Ros-Lehtinen, des Diaz-Balart, des Menendez, et des Rubio, c’est-à -dire les visages des élus au Congrès du ’lobby de Miami’ et se bousculent pour aller à Cuba pour reprendre contact avec leur pays d’origine et leurs familles. Des avions pleins à craquer partent tous les jours de Miami et toutes les semaines pour de plus en plus de villes différentes. Ils courent également acheter des billets et remplissent des salles de concerts pour aller voir les musiciens cubains comme Los Van Van, qui s’identifient à la Révolution Cubaine (le 27 avril 2012, la compagnie Airline Charters, une des compagnies aériennes qui organise les voyages légaux pour Cuba, a été victime d’un incendie)

Le fait est que l’ancienne oligarchie de l’ère Batista et l’ex-bourgeoisie cubaine, qui ont aujourd’hui pignon sur rue au sud de la Floride et dans certaines enclaves au New Jersey et qui imposaient leur politique, arrivent aux derniers soubresauts de la fin de leur période de domination. Cette ex-bourgeoisie, qui avait été installée confortablement et avait été aidée à intégrer le monde des affaires, jouissait d’une niche douillette dans la politique bourgeoise USaméricaine pour pouvoir influencer la communauté cubano-américaine, bien plus nombreuse, et d’une certaine immunité accordée par le gouvernement des Etats-Unis.

Très important, si ce n’est déterminant, dans cette dynamique, est le développement aux Etats-Unis de la population latino qui n’est pas d’origine cubaine et qui a un vécu et une relation très différents concernant la ’question cubaine’. Depuis des dizaines d’années, il y a eu une croissance et un poids politique plus grand dans la société et la politique US de cette plus importante communauté latino, qui comprend une large proportion de travailleurs sans papiers qui était source de main d’oeuvre bon marché et de bénéfices élevés, nécessaires aux capitalistes US. Cette communauté latino plus importante englobe beaucoup de gens d’origines différentes ; des Mexicains, des populations d’Amérique Centrale, des Haïtiens (également concentrés à Miami et à New York) et dont aucun ne partage le point de vue sur Cuba, Fidel Castro, et la Révolution Cubaine, des survivants des premières vagues d’immigrés-exilés des années 60.

Le fait est que, chez beaucoup de Latinos qui vivent et travaillent aux Etats-Unis, il existe une forte dose de fierté et de respect, si ce n’est de solidarité et d’affection, envers Cuba, qui résiste aux ’ Yanquis’ avec dignité, même chez ceux qui sont loin d’adhérer aux opinions marxistes révolutionnaires de Fidel Castro.

En fait, on peut dire que les enfants et les petits enfants des premières vagues d’immigrés cubains, qui ne sont en général guère des partisans de la Révolution Cubaine, sont toutefois plus objectifs et plus curieux sur Cuba, et plus généralement, en faveur de la normalisation des relations et de la fin des sanctions US. Cette génération de Cubano-Américains a sans aucun doute été façonnée autant par ses expériences en tant que Latinos aux Etats-Unis et par leur interaction sur leur lieu de travail avec les employés latinos, ainsi qu’avec les autres employés, noirs et blancs, que par leur statut d’exilés de Cuba de seconde ou de troisième génération et par la Révolution Cubaine avec tout ce bagage politique.

L’ex-bourgeoisie de Cuba, bien que beaucoup d’entre eux aient prospéré dans les affaires et la politique bourgeoise grâce à leurs relations et leur statut, n’est en aucune façon intégrée à la classe dirigeante US. La plus grande partie des Cubano-Américains aujourd’hui sont des salariés, des employés de professions libérales, et des petits commerçants. Leurs opinions politiques se sont forgées et se sont développées essentiellement avec les grandes questions de la politique de classe aux Etats-Unis, et bien moins, et certainement pas de façon déterminante, avec les impératifs de la politique des exilés anticastristes. C’est d’autant plus vrai qu’il y a tant de Cubano-Américains qui se rendent sur l’île et se familiarisent avec les discussions économiques et politiques qui dominent la société cubaine aujourd’hui.

L’emprise d’extrême-droite de l’ex-bourgeoisie cubaine et des terroristes violents formés par la CIA sur les opinions politiques des Cubano-Américains concernant les relations Etats-unis-Cuba est en train de se relâcher. De plus en plus de Cubano-Américains, qui deviennent majoritaires ou n’en sont pas loin, sont pour des relations normales avec l’île et la levée des sanctions économiques et en matière de déplacements. C’est justement la pression croissante des Cubano-Américains qui a conduit l’Administration Obama à lever les restrictions sur les voyages pour cette partie de la population US (et uniquement elle).

Il est très important que Washington ait plus de mal à se dissimuler de façon crédible derrière la communauté cubano-américaine pour justifier ou rationaliser sa politique anti-Cuba. Le ’Lobby de Miami’ a toujours été le dirigé, pas le dirigeant, et la marionnette, pas le marionnettiste.

Espérons que ceux qui nous servent le mythe du Lobby de Miami se mettront au courant sur la réalité politique.

Ike Nahem

22 juin 2012

Ike Nahem est le coordinateur de Cuba Solidarity New York, qui fait partie du réseau national pour la défense de Cuba. Nahem est conducteur de train à l’Amtrak (chemins de fer publics aux US, spécialisés dans le transport de voyageurs) et milite au syndicat de cheminots ’Brotherhood of Locomotive Engineers and Trainmen’, une branche de Teamsters Union.

Source : Washington and the Cuban Revolution Today
Part I : The Myth of the Miami Lobby
by Ike Nahem / June 22nd, 2012
http://dissidentvoice.org/2012/06/washington-and-the-cuban-revolution-today-ballad-of-a-never-ending-policy-2/

Traduction : emcee, des bassines et du zèle
http://blog.emceebeulogue.fr/post/2012/06/29/Washington-et-la-R%C3%A9volution-Cubaine-aujourd-hui

Autre traduction de l’auteur :
http://blog.emceebeulogue.fr/post/2010/04/02/Obama-et-Cuba%3A-la-fin-d-une-illusion-%282/2%29

EN COMPLEMENT

Blocus des Etats-Unis contre Cuba : encore une fois, le monde entier dit "NON" (sauf...)
http://www.legrandsoir.info/blocus-des-etats-unis-contre-cuba-encore-u...

Cuba - Etats-Unis : jeux, enjeux et double-jeux sur la migration, par Viktor DEDAJ
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html/migration.html

LE LOBBY CUBAIN AUX ETATS-UNIS DE 1959 A NOS JOURS, Salim LAMRANI
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html/lobby.html

Elian, Opération Peter Pan et Mgr. Walsh
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html/npa_peter_pan.html

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