RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

A propos de la loi sur les heures supplémentaires.




http://sarkozynews.canalblog.com






Novembre 2007.


Cette mesure fonctionne complètement à l’aveuglette. Pour que le pouvoir d’achat d’un salarié augmente, il faut d’abord qu’il fasse des heures supplémentaires mais il faut aussi que l’employeur fasse la demande d’exonération (ce n’est pas automatique) autrement dit qu’il y trouve son avantage.

Il y a en réalité trois sortes d’heures supplémentaires : celles qui sont déclarées ; celles qui ne le sont pas mais sont payées sous forme de primes ou de RTT ; et celles qui se font au noir, payées de la main à la main ou non. Tout dépendra alors de la taille et du secteur de l’entreprise, du niveau du salaire, de la durée du travail figurant dans le contrat de travail et du rapport de forces local.

Bref, une évaluation a priori est impossible, et le bilan ne pourra valablement être tiré avant au moins une année pleine et à condition que soient construits les instruments d’évaluation qui n’existent pas encore. Le gouvernement table sur une enveloppe qui concernerait 900 millions d’heures supplémentaires, ce qui représente moins de 3 % du nombre total d’heures salariées. Mais personne ne sait qui va bénéficier des mesures prises.

Mesure à l’aveuglette, et donc mesure inégalitaire en fonction de la possibilité de faire des heures supplémentaires, qui ne dépend jamais du choix du salarié. Inégalité aussi à l’encontre des femmes à temps partiel dont les heures complémentaires seront peu revalorisées et qui ne pourront pas plus qu’avant accéder à un temps plein. Les gains seront rognés pour les bas salaires qui perdront une partie de la prime pour l’emploi et ne bénéficieront pas de baisse d’impôt sur le revenu si leur ménage n’en paie déjà pas.

Lagarde triche carrément quand elle se vante devant les députés, le 31 octobre dernier, qu’un smicard « qui fait quatre heures supplémentaires touchera 1188 euros net à la fin du mois, soit 18 % d’augmentation ».

Ce serait vrai pour un smicard qui ne faisait aucun heure sup. auparavant et, encore une fois, cela ne dépend pas de sa volonté de « travailler plus pour gagner plus ». Ce slogan creux oublie en outre que beaucoup de salariés travaillent trop et n’ont pas envie de travailler encore plus.

Même si la mesure fait le plein, le gain de pouvoir d’achat global ne dépassera pas 0,4 %. Cette petite relance ne créera pas beaucoup d’emplois, puisque la mesure encourage le recours aux heures supplémentaires plutôt que l’embauche. A terme, on peut craindre deux effets pervers : il faudra bien trouver des ressources budgétaires pour financer la mesure ; et la tentation sera grande dans les entreprises de prendre prétexte des avantages accordés aux heures supplémentaires pour freiner la progression générale des salaires.

Le recours aux heures supplémentaires pourrait ainsi se substituer à une norme générale de progression salariale. La rémunération de base aurait pour vocation de stagner (ainsi que le Smic) et seul l’accès aux heures supplémentaires permettrait d’assurer une progression salariale ainsi individualisée. La négociation collective des salaires, qui souffrait déjà du développement des augmentations individualisées, serait ainsi vidée d’une bonne partie du reste de son contenu.

Cette loi est aussi la grande revanche sur les 35 heures. A partir du moment où les heures supplémentaires ne coûtent pas plus cher à l’employeur au moins jusqu’à un certain niveau de salaire (il les paie plus mais obtient des allégements) la notion de durée collective du travail perdrait encore un peu plus de substance.

C’est une étape vers la disparition de fait du contrat collectif de travail.

Le seul « avantage » de cette loi, du point de vue des salariés, c’est son possible effet boomerang : si les salariés constatent que, sous prétexte de « travailler plus pour gagner plus », les salaire sont gelés, que la pression fiscale augmente pour tous les salariés et que l’on réduit les nouvelles embauches en allongeant la durée du travail, alors cette prise de conscience pourrait nourrir des mouvements visant à rétablir la négociation collective au centre du rapport salarial.

Michel Husson, économiste, administrateur de l’ INSEE, chercheur à l’ IRES (Institut de recherches économiques et sociales), membre de la Fondation Copernic. Auteur entre autres, de "Les casseurs de l’ Etat social", La Découverte.






SNCF, RATP, EDF : une grève pour quoi ? La CGT ne demande pas le retrait de la réforme ! par Jean-François Dignac.




Régimes spéciaux : une bataille décisive / « c’est la plus difficile des réformes, puisqu’elle concerne ceux qui ont le pouvoir de blocage le plus fort. Si elle réussit, le reste suivra. », La Riposte.




Fonctionnaires, régimes spéciaux : des économies ou des cacahuètes ? par Michel Husson.


Les fabriques de l’idéologie, par Michel Husson.


SNCF, RATP, EDF, GDF : une « réforme » peut en cacher une autre, par Michel Husson et Pierre Concialdi.

Les fausses habiletés de Sarkozy, par Michel Husson.


Le gavage éhonté des riches se poursuit en douce, par SuperNo.






URL de cet article 5688
  

Même Thème
« Les déchirures » de Maxime Vivas
Maxime VIVAS
Sous ce titre, Maxime Vivas nous propose un texte ramassé (72 pages) augmenté par une préface de Paul Ariès et une postface de Viktor Dedaj (site Le Grand Soir).. Pour nous parler des affaires publiques, de répression et d’impunité, de management, de violences et de suicides, l’auteur (éclectique) convoque Jean-Michel Aphatie, Patrick Balkany, Jean-Michel Baylet, Maïté Biraben, les Bonnets rouges, Xavier Broseta (DRH d’air France), Warren Buffet, Jérôme Cahuzac, Charlie Hebdo, Jean-François Copé, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il semblerait que la nature de l’ultime révolution à laquelle nous avons à faire face est précisément celle-ci : nous sommes en train de développer toute une série de techniques qui permettront aux oligarchies aux commandes - qui ont toujours existé et qui probablement existeront toujours - d’amener les gens à aimer leur servitude.

Aldous Huxley

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.