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Auteur : Viktor DEDAJ

Faire le saut

Viktor DEDAJ
C'est bon, là ? On peut, maintenant ? La ligne a été franchie depuis belle lurette, non ? Ou pas encore ? Sinon, c'est quoi exactement la règle ? Et que dicte la bienséance ? Parce que je ne voudrais froisser personne. C'est important, de ne pas froisser. Ouais, le respect, la démocratie, la civilisation, tout ça. Mais quand même... je me pose des questions. Parce qu'à un moment donné, il y a de quoi. Personnellement, ça fait déjà un bail. Mais j'avais encore quelques réticences. Dues probablement à l'idée de ne pas tomber aussi bas. Aussi bas qu'eux. De ne pas leur ressembler. De garder mes distances. D'éviter la contagion. De préserver la flamme de l'humanité. Grosse responsabilité, j'en conviens. Trop, pour mes épaules ? Mais à un stade, ça bascule. Forcément. Un alignement du vocabulaire et de la pensée. Trouver les mots justes. Sans surenchères, ni gratuités. Être la voix des sans voix, en quelque sorte. Wow. Parlons de mégalomanie. Mais (…) Lire la suite »

Lammy, entends-tu le vol noir des corbeaux... ?

Viktor DEDAJ
David Lammy, ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, a posté hier (19 mars) sur Twitter/X le message suivant : "Je suis consterné par le fait qu'un bâtiment de l'ONU à Gaza ait été touché ce matin. Mes pensées vont aux victimes et à leurs familles. Cet incident doit faire l'objet d'une enquête transparente et les responsables doivent rendre des comptes. Les Nations unies et les travailleurs humanitaires doivent être protégés." Consterné comment ? Avec la bouche en cul de poule ? Avec les sourcils froncés ? Avec une tasse de thé immobilisée au bord des lèvres ? (Dans "consterné", il y a "sterné".) Un bâtiment touché comment ? Émotionnellement ? D'une caresse légère sur la joue ou par une grosse paluche à l'entre-jambes ? Touché par qui ou quoi ? Une inspiration soudaine ? Le Saint Esprit ? Des extra-terrestres ? Des pensées qui vont aux victimes et leurs familles. Par quelle voie et à quelle adresse ? Par courriel ou avec leurs noms inscrits sur des bombes, (…) Lire la suite »

Les angles morts des médias et l’effet Mandela

Viktor DEDAJ
Ce matin, je suis allé voir ma banquière. Oui, dit comme ça, ça fait Môssieur qui va échanger des amabilités avec sa gestionnaire de patrimoine. Disons qu'il fallait qu'on cause, ma banque et moi. Au cours de la conversation, j'ai discrètement abordé le problème des transactions financières effectuées vers ou depuis Cuba. Et l'extraterritorialité des lois US. Sa première réaction, en entendant "Cuba" a été de dire "Ah oui, ça doit aller mieux, non, depuis la levée de l'embargo ?". C'est le genre de phrase qui fait sur moi le même effet qu'une pleine lune sur un loup-garou. Je l'ai civilement (quand même) informé qu'au contraire, le blocus n'avait jamais été aussi sévère. "Et pourtant, m'a rétorqué l'effrontée, j'ai le souvenir qu'il avait été levé sous Obama". D'un geste souple, j'ai aussitôt dégainé un flacon de sels (que je garde toujours sur moi pour ce genre de situation) que j'ai respiré pour éviter de m'évanouir. Ayant repris mes esprits, j'ai rangé le flacon, ajusté ma (…) Lire la suite »

Des habitudes à perdre

Viktor DEDAJ
Liban : immense foule aux funérailles de Hassan Nasrallah. Stade bondé, rues adjacentes noires de monde. La presse occidentale concède "des dizaines de milliers". Plutôt des centaines de milliers, mais passons, on a l'habitude. Des avions de combat israéliens ont survolé à deux reprises la foule dans un geste d'intimidation plutôt pathétique. Venues des quatre coins du monde, des personnalités sont présentes, mais vous n'en saurez rien car, là aussi, en matière de "non information", c'est devenu une habitude. Pour ceux qui émettraient des réserves sur le personnage, je vous aurais bien orienté vers un site qui traduit régulièrement, entre autres, les discours de Nasrallah. Mais ce serait inutile car vous obtiendrez un message du ministère de l'intérieur français qui vous informe que l'accès au site est bloqué. Pour les raisons que vous pouvez imaginer, mais passons, on commence à avoir l'habitude. La première fois que j'ai lu une de ses interventions, et une fois passées les (…) Lire la suite »

Quand je serai satisfait

Viktor DEDAJ
Lorsque l'occasion se présentera, j'irai passer mes vacances en Palestine. Je dis "vacances" pour ne pas dire "pèlerinage" ou un truc trop pompeux. Peut-être "rendre visite" serait plus précis mais ce n'est pas non plus comme si je connaissais quelqu'un là-bas. Et avant de partir, j'augmenterai le plafond de dépenses de ma carte bancaire et je boirai tout le thé qu'on voudra bien me servir et que mon estomac supportera, puis j'irai - si on m'y autorise - pisser sur les ruines du mur qui entourait jadis Gaza. Je regarderai la mer, bien-sûr, depuis la plage où des gamins qui jouaient au foot furent massacrés à coups de canons israéliens. Je supporterai sans râler les probables coupures de courant et autres vicissitudes d'un pays en reconstruction. J'essayerai de ne pas poser de questions stupides ou, mieux encore, je fermerai ma grande gueule. J'éviterai soigneusement les ONG, délégations parlementaires, journalistes et autres troupeaux occidentaux venus dispenser leurs (…) Lire la suite »

Tous ces mensonges que l’on sait

Viktor DEDAJ
La Syrie n'est pas un pays que je connais. D'ailleurs, vu de l'extérieur, ça paraît tellement compliqué que je me demande combien de personnes la connaissent vraiment. Mais si ça se trouve, ce n'est pas compliqué du tout. Par contre, je connais très bien comment la propagande occidentale fonctionne et je la vois tourner à fond. Et vous faire "comprendre" n'est pas une de ses missions. Sa mission est de planter dans vos esprits des impressions générales qui suffisent à obtenir un consentement – ou une résignation. De vous pousser dans la position de "pourquoi diable chercher à savoir, puisque je sais déjà ?". De vous donner un sentiment d'en comprendre assez pour vous dissuader de chercher à en comprendre davantage puisque... vous comprenez déjà. C'est une attitude très courante chez les CSP+ et les consommateurs de médias de masse en général. Et l'égo humain étant ce qu'il est, il n'en faut pas beaucoup pour y arriver. Après tout, "il est plus facile de tromper quelqu'un que (…) Lire la suite »
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Israël fait son cinéma

Viktor DEDAJ
Journaliste : Bonjour, aujourd’hui nous recevons le réalisateur israélien Moshe Netanyahu, renommé pour ses films engagés et toujours controversés. Et son dernier film, « Dôme de fer », qui sortira bientôt dans toutes les salles, ne fait pas exception à la règle. Moshe, bonjour. Moshe : Bonjour. Journaliste : Votre film aborde la période 2023/2024 et raconte l’histoire à travers les yeux d’un jeune officier de Tsahal qui lors d’une mission de nettoyage et entre deux selfies découvre, dans les décombres d’une maison, une photo. Et cette photo le hantera et changera sa vie. Expliquez-nous. Moshe. Oui. Ce film est en quelque sorte une réflexion philosophique sur le pouvoir de l’image et son rapport au temps qui passe. Une image est en quelque sorte une interruption dans l’écoulement du temps. Comme un train arrêté dans une gare, si vous voulez. En quelque sorte. Journaliste : Mais nous sommes entourés et abreuvés d’images. Pourquoi cette image-ci ? Et qu’a-t-elle de (…) Lire la suite »
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Du bon usage de la sodomie dans la plus grande démocratie du Moyen-orient

Viktor DEDAJ
L'annonce de l'arrestation de neuf soldats de l'armée la plus morale du monde pour la torture collective, notamment par sodomie, d'un prisonnier palestinien (parmi d'autres) a pu choquer plus d'un. Mais après un moment de flottement, les choses sont rentrées dans l'ordre lorsque des Israéliens patriotes ont envahi les bases militaires, avec le soutien d'au moins deux ministres en exercice, pour obtenir leur libération - démontrant ainsi que dans la plus grande démocratie du Moyen-orient, on ne persécute pas impunément des héros. Il convient d'entrée de préciser que la sodomie dont il est question ici est celle pratiquée en milieu carcéral et ne doit pas être confondue avec l'acte sexuel entre adultes consentants. Cette confusion levée, il faut comprendre que, dans la plus grande démocratie du Moyen-orient, la sodomie en milieu carcéral est une des pratiques très répandues et constitue un élément important de la culture locale. Un minimum de respect s'impose donc pour cette (…) Lire la suite »

Le charme discret de la libération de Julian Assange (ou comment il a sauvé WikiLeaks)

Viktor DEDAJ
L’affaire de presse la plus importante de notre génération, pour citer le regretté John Pilger, s’est conclue un peu comme elle avait commencé : en provoquant un pic d’intérêt éphémère des médias (il faut bien alimenter le fil de l’actualité, que diable) accompagné de leur désinvolture habituelle dans le traitement de cette affaire (il y a d’autres sujets à traiter, que diable). D'ailleurs, je constate que pas mal de "médias alternatifs et indépendants" n'ont pas moufté plus que ça. Ils ont honte ou quoi ? En résumé, Julian Assange a fini par craquer et plaider coupable - ce qui prouve qu’il l’était, sinon il aurait plaidé innocent et aurait fait confiance à la justice - et a profité de la magnanimité du gouvernement des États-Unis qui a finalement décidé en son âme et conscience, et sous la pression amicale de son allié Australien, que l’affaire devait être réglée dans un souci de… Doux Jésus. Pour un gouvernement qui avait envisagé de l’enlever, l’empoisonner ou de (…) Lire la suite »
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3 questions à Viktor Dedaj sur la libération de Julian Assange

Viktor DEDAJ

Julian Assange a pu quitter la prison de haute sécurité de Belmarsh où il était incarcéré depuis 2019 dans l’attente d’une éventuelle extradition vers les États-Unis. Il aurait pu y être jugé en vertu de l’Espionage Act et écoper d’une peine de 175 ans de prison. Mais un accord avec les autorités US a pu être trouvé. Le fondateur de WikiLeaks a accepté de plaider coupable de "complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale". En route pour comparaître devant un tribunal US des îles Mariannes, Assange devrait écoper d’une peine de 52 mois de prison, déjà purgée en détention préventive à Belmarsh. Après cette formalité, il pourra regagner son pays natal, l’Australie. Mobilisé depuis de nombreuses années pour la libération d’Assange, Viktor Dedaj réagit à cet ultime rebondissement. (I’A)

Investig’Action : Assange faisait l’objet d’un véritable acharnement des États-Unis. Il mourrait à petit feu dans des conditions assimilées à de la torture dans la prison de Belmarsh. Et son avenir était plus qu’incertain, avec toujours ce risque d’extradition. Comment expliquer qu’un accord pour sa libération tombe maintenant ? Viktor Dedaj : Parmi ceux qui suivent l’affaire de près, la rumeur d’un accord possible courrait depuis un bout de temps. Pour les États-Unis, c’est une façon de ne pas perdre la face et d’obtenir une condamnation. Mais en cas d’extradition et d’un procès pour espionnage sur le territoire US, Assange risquait une peine de 175 ans de prison. Ici, il écopera d’une peine de 52 mois d’emprisonnement déjà purgés à Belmarsh. Cela démontre à quel point la justice n’avait pas beaucoup d’importance dans cette histoire, elle a surtout fait l’objet d’une instrumentalisation politique. Si cet accord a pu être trouvé maintenant, c’est d’abord parce que (…) Lire la suite »