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Auteur : André LACROIX

Holodomor : Le fin mot ou le faux mot ?

André LACROIX

Dans son émission « Le fin mot » (RTBF radio) du 15 février 2023, le journaliste Eddy Caekelberghs assimilait l’Holodomor à la Shoah. Cela m’avait incité à écrire une lettre ouverte à Pierre Marlet, rédacteur en chef de la RTBF [voir « Le Grand Soir » du 25/02/2023 (1)]. Ma critique – portant sur la qualification indue de génocide appliquée à l’Holodomor ‑ étant restée sans réponse, je me suis adressé à Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information de la RTBF ; rencontré par hasard à la mi-avril, ce dernier m’a promis une réponse… que j’attends toujours. Vaine attente sans doute, car, dans « Le fin mot » du 23 mai, Eddy Caekelberghs « remet ça », en ressassant cette contre-vérité à l’occasion de son interview de l’écrivaine Catherine Koleda et du député belge Georges Dallemagne (2).

Précisons d’emblée qu’il ne s’agit pas ici de mettre en cause le témoignage des privations qu’a endurées en Ukraine dans les années trente le père de Catherine Koleda, dont cette dernière a fait un livre (3). Il ne s’agit pas non plus de contester la sincérité de Georges Dallemagne dans son combat pour dénoncer les politiques de Staline. L’une et l’autre ont le droit d’exprimer leur point de vue, fût-il empreint de préjugés anticommunistes sinon russophobes selon lesquels l’Holodomor constituerait un génocide. Il ne s’agit pas non plus de contester la liberté d’Eddy Caekelberghs d’interviewer qui bon lui semble. Ce que je dénonce, c’est le fait qu’il se soit autorisé à « en remettre une couche » au lieu de contextualiser les propos de ses invités comme l’imposerait la déontologie de la profession, voire même – on peut rêver – oser questionner la pensée unique. Caekelberghs s’est contenté de relayer complaisamment l’équation : Holodomor = génocide. Son émission commence par ces mots : « Cet Holodomor est à présent (...) Lire la suite »

Les « collabos de Poutine » selon Laurent Joffrin

André LACROIX

La "Libre-Débats" du week-end des 15-16/04/2023 a publié un article de Laurent Joffrin qui s’efforce de décrédibiliser tous ceux qui se refusent de diaboliser Poutine (1). Rien que le titre « Les collabos de Poutine » en dit long sur les intentions de l’auteur. "Collabo" est un terme injurieux désignant communément tous ceux qui, à des titres divers, ont collaboré avec l’occupant nazi.

Comme au bon vieux temps de l’épuration et des femmes tondues, Laurent Joffrin se croit autorisé à livrer à la vindicte populaire quelques noms au hasard, avec des accusations qu’il imagine gravissimes : Michel Onfray : « devenu, à force de zigzags idéologiques, le polygraphe officiel du nationalisme le plus obtus », Régis Le Sommier : « ancien de Paris-Match, animateur de la revue qui signe des reportages édifiants sur le courage des soldats russes », Maurice Gourdault-Montagne : « diplomate plutôt nuancé soudain enrôlé dans cette opération de désinformation », Arno Klarsfeld : « mirobolant polémiste surtout connu pour ses rollers », Jacques Sapir : « économiste venu de l’ancien Front de Gauche passé à la droite souverainiste la plus rigide », Henri Guaino : « ex-gaulliste et néo-sarkozyste, devenu prêcheur du relativisme poutinoïde ». Amusant de voir Laurent Joffrin accuser Michel Onfray de « zigzags idéologiques ». Joffrin n’est-il pas lui-même le champion toutes catégories de cette spécialité ? Ancien (...) Lire la suite »
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Holodomor et complaisance. Lettre ouverte à la RTBF

André LACROIX

Le 15 décembre 2022, le Parlement européen votait massivement une résolution assimilant à un génocide la famine qui a frappé l’Ukraine dans les années trente. Cette initiative parlementaire, complaisamment relayée par la presse, m’a inspiré la lettre ouverte suivante adressée au rédacteur en chef de La Première, le département radio de la RTBF (Radio-télévision belge francophone).

Monsieur le Rédacteur en chef, Cher Monsieur Marlet, 1) Le 15 février, j’interpellais en ces termes Eddy Caekelberghs, journaliste de la RTBF La Première : Cher Monsieur Caekelberghs, Dans l’émission « Le fin mot » de ce 15/02/2023, vous avez fait vôtre l’assimilation de l’Holodomor à la Shoah. Cette manière de voir est pourtant contestée par d’éminents historiens comme la Française Annie Lacroix-Riz ou l’Etatsunien Marc Tauger. Une plus grande réserve journalistique eût été selon moi préférable. A votre disposition pour en discuter. Bien à vous. André Lacroix 2) Le 22 février, je recevais de votre part l’aimable réponse suivante : Bonjour Monsieur, Vous avez récemment interpellé Eddy Caekelberghs à propos de l’holodomor. Certains historiens contestent effectivement l’appellation de génocide concernant ces massacres de masse commis par le régime de Staline. D’autres, et non des moindres, estiment au contraire qu’il s’agit bien d’un génocide. Quoi qu’il en soit de nombreux parlements dans le monde ont estimé que (...) Lire la suite »

(In)suffisance journalistique

André LACROIX

* Le 23/09/2022, un journaliste-vedette de la RTBF affirme sur les ondes de « La Première » que « plusieurs millions de Ouïghours sont actuellement enfermés dans des camps dans le Xinjiang. » * Je m’empresse de lui signaler qu’il s’agit d’un chiffre que n’oserait même plus avancer l’ineffable Adrian Zenz. * Réaction de l’intéressé, tardive en raison d’un égarement d’email : « Nous ne pouvons (…) partager votre point de vue sur une éventuelle exagération quant aux millions de personnes concernées puisqu’aussi bien les sources publiques consultables suite au rapport ONU font état de au moins un million de personnes ouïghoures en camps sans compter le personnes kazakhes enfermées et les surveillances intrusives dans l’espace public et privé dans tout le Xinjiang qui fait considérer l’ensemble de la zone par les observateurs comme un prison ou camps à ciel ouvert. Voir e.a. à ce sujet https://www.lalibre.be/debats/opinions/2022/06/10/pekin-a-enferme-de-f...

1) Ma réaction Un article trompeur Pour justifier ce que vous appelez pudiquement votre « éventuelle exagération », vous vous référez au « rapport ONU », tel que commenté par l’article publié dans La Libre (1), cosigné par une quarantaine d’universitaires. « Il est (...) rare, écrivent-ils, que le monde académique arrive à un tel niveau de consensus. » Il s’agit là d’une affirmation pour le moins contestable, comme en atteste, en queue des notes, la liste non exhaustive d’une cinquantaine d’auteurs (universitaires, chercheurs, analystes, journalistes) − certains prestigieux, d’autres plus modestes − qui ne partagent nullement l’avis des signataires de l’article. (*) Faisant preuve d’une rigueur scientifique toute relative, les auteurs de l’article en question parlent à cinq reprises de « camps d’internement » alors que, dans le texte onusien qu’ils sont censés recenser, on ne parle jamais de camps, mais bien de VETC (Vocational Education and Training Centers), c’est-à-dire des Centres d'enseignement et de (...) Lire la suite »
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« Bouddhisme, la loi du silence » : Lettre ouverte à leurs autrice et auteur

André LACROIX
Chère Madame Élodie Emery, Cher Monsieur Wandrille Lanos, J’ai regardé votre documentaire Bouddhisme, la loi du silence diffusé par Arte le 13 septembre (1). J’ai aussi lu votre livre éponyme édité par Jean-Claude Lattès (2). Enfin ! Dans mon petit livre Dharamsalades. Les masques tombent (3), je terminais le chapitre consacré à l’omerta entourant les scandales sexuels commis dans des centres bouddhistes par ces mots : « Quand – ça arrivera bien un jour – d’authentiques journalistes d’investigation se pencheront sur les abus sexuels commis par des lamas, ils devront bien constater que c’est le bouddhisme tibétain lui-même, fort imprégné de tantrisme, qui autorise certaines pratiques sexuelles aberrantes comme un chemin de prédilection vers l’Éveil’. À quand une vaste enquête sur ce sujet tabou ? » Eh bien, voilà : c’est arrivé. Les authentiques journalistes d’investigation que vous êtes ont réalisé la vaste enquête que j’appelais de mes vœux. Vos investigations ont duré plus de dix ans. Vous avez (...) Lire la suite »
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Croix gammée sur le Tibet (recension)

André LACROIX

Même si le Tibet a pâli sur les radars médiatiques, remplacé par Hong Kong, le Xinjiang et Taïwan, il reste un abcès de fixation entretenu de l’extérieur sur les flancs du géant chinois. De plus, en ces temps de complaisance obscène envers les nazis d’hier et d’aujourd’hui, le livre « Croix gammée sur le Tibet » mérite sans aucun doute d’être largement diffusé et lu attentivement.

C’est un petit livre de 110 pages (1) qui risque de provoquer quelques remous dans les milieux de la tibétologie hexagonale, spécialement au sein de l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) dont quatre représentantes éminentes, à savoir Françoise Robin, Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille et Heather Stoddard, sont ici accusées ni plus ni moins de révisionnisme historique, voire de négationnisme. L’auteur de l’ouvrage n’est autre que le chercheur Albert Ettinger, dont les habitués du site ont déjà pu apprécier la riche documentation et la rigueur intellectuelle (2). Outre son ouverture d’esprit et sa parfaite connaissance notamment du français et de l’anglais, le Luxembourgeois Ettinger, par sa maîtrise de l’allemand, est en prise directe sur le monde germanophone, largement snobé par l’intelligentsia française. Son dernier opus est d’ailleurs la version française, légèrement actualisée par rapport à l’édition originale en langue allemande (3). Parmi les auteurs qu’il cite (...) Lire la suite »
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L’Europe servile et débile

André LACROIX

Placé devant une carte de géographie, un enfant de cinq ans comprend que l’Europe n’est que le bout d’un immense continent. Cette réalité, bien intégrée depuis un siècle par les décideurs étasuniens, semble échapper au cerveau d’Ursula von der Leyen, de Charles Michel, de Josep Borrell et consorts.

Quand on a des responsabilités politiques, on doit faire passer le rationnel avant l’émotionnel. Le 24 février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine. On peut penser ce qu’on veut de cette invasion, mais il s’agit d’un fait, et un fait est plus respectable qu’un lord-maire. Autre fait indiscutable : l’Europe a besoin des ressources de la Russie : non seulement du gaz naturel et du pétrole (y compris pour fabriquer des sources d’énergies propres !), mais aussi de l’uranium (pour ses centrales nucléaires), de l’aluminium (pour les voitures), du nickel (pour les voitures électriques), du palladium (pour les pots catalytiques), etc. Au lieu de prendre en considération ces réalités incontournables et de veiller à ce que le conflit ait le moins de répercussions dommageables pour leurs populations, les dirigeants européens se sont empressés de faire ce qu’il ne fallait pas faire : empiler les unes après les autres des sanctions censées affaiblir la Russie. Mais elle en a vu d’autres, la Russie !, que ce soit sous (...) Lire la suite »

Conflit ukrainien : trente ans de provocations étasuniennes

André LACROIX

En décidant d’envahir l’Ukraine, Vladimir Poutine a probablement commis une grave erreur. Son grand tort : n’avoir pas pu résister aux provocations étasuniennes.

Sans le Drang nach Osten de l’OTAN, il n’y aurait pas eu de réactivation du fantasme de Novorossiya. Tout mettre sur le compte de Vladimir Poutine, c’est un peu court. Si Gorbatchev n’avait pas été roulé dans la farine et si l’accord avait été respecté de ne pas étendre l’OTAN aux pays de l’ex-Pacte de Varsovie, il n’y aurait sans doute jamais eu d’invasion de l’Ukraine. L’OTAN a prétendu qu’ « un tel accord n’a jamais été conclu » (1) et la « grande presse » a accrédité cette thèse sous prétexte qu’il n’y aurait pas d’accord écrit. Mais, outre qu’il est indécent de considérer qu’un accord oral ne lierait pas les parties – promissio est servanda – une note des archives nationales britanniques publiée le 18/02/2022 par Der Spiegel enlève toute équivoque (2). « Il était clair depuis longtemps que l’expansion de l’OTAN conduirait à la tragédie. Nous payons maintenant le prix de l’arrogance des États-Unis », affirme Ted Gallen Carpenter, membre du think tank libertarien Cato Institute (3). Il est loin d’être le seul, comme le (...) Lire la suite »
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Guénolé, Mélenchon et le Tibet : où va la gauche française ?

André LACROIX

Dans son émission quotidienne de la RTBF « Au bout du jour », le journaliste Eddy Caekelberghs a donné la parole le lundi 13 juin 2022 à Thomas Guénolé qu’il avait déjà interviewé le 23 mai à propos de son livre "Le Souverainisme" (Que sais-je ?, PUF, 2022). Cette fois, il s’agissait de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise, parti auquel Guénolé avait adhéré avant d’en être exclu à l’issue d’une procédure probablement contestable (*).

Pendant les dix premières minutes de l’entretien, Thomas Guénolé se livre à une critique sans merci des pratiques de Jean-Luc Mélenchon : le « procès stalinien » auquel il a été soumis lui fait penser au Procès de Kafka. Autre référence littéraire : 1984 d’Orwell, en ce sens que la France Insoumise se caractériserait par l’invocation de valeurs démocratiques pour masquer une dictature interne. En qualité d’ « intellectuel de gauche » comme il se définit lui-même, Guénolé se dit « absolument mortifié (...) de constater (...) que nous nous retrouvons maintenant avec une gauche française sous l’hégémonie d’un parti au fonctionnement antidémocratique. » Il parle encore d’ « apologie de la dictature » et de « Grand Bond en arrière ». Le journaliste intervient alors pour interroger Guénolé sur – je cite – « les relations que Jean-Luc Mélenchon entretient avec ce qu’il faut bien appeler un certain nombre de dictatures ou des dictateurs. On se rappelle le discours qu’il a fait à la mort de Fidel Castro pour l’honorer. Il y a la (...) Lire la suite »
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Calunnia del Arte

André LACROIX

Le 8 février 2022, Arte diffusait un « documentaire » de 105 minutes intitulé "Le drame ouïghour" (1). Ce n’était pas son coup d’essai (2). À plusieurs reprises déjà, j’ai eu, avec d’autres, l’occasion de dénoncer ses partis pris antichinois (3). Tout se passe comme si, dès qu’il est question de certains sujets comme la Chine, la prestigieuse chaîne franco-allemande perdait tout sens critique. Arrêtons-nous un moment sur « le drame ouïghour » vu par Arte.

Une première démystification magistrale J’invite tout d’abord le lecteur à prendre connaissance des Quelques réflexions, par ordre d'apparition dans le « documentaire »... rédigées par le Professeur belge Emmanuel Wathelet, docteur en information et communication. C’est seulement après avoir pris connaissance de ces quatre pages contenant vingt-cinq points précis que le lecteur pourra trouver quelque intérêt à lire mes observations suivantes. Le poids des mots Comme Emmanuel Wathelet, j’ai été frappé, dès le prologue du « documentaire » (00:32) de François Reinhardt (aidé par Romain Franklin), en entendant le narrateur (Alexis Victor) parler de « hordes de touristes » chinois. Plus loin (11:40), ce dernier emploiera l’expression : « sous couvert de lutte contre le terrorisme (...) » au lieu de « pour lutter contre le terrorisme », comme si comptaient pour rien les centaines de victimes d’attentats terroristes et les milliers d’islamistes ouïghours venus grossir les rangs de Daech ; en 12:36, la même voix (...) Lire la suite »
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