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Appel pour sauver l’histoire, la culture et l’héritage du village de Lifta

Peu de villages palestiniens illustrent la tragédie de 1948 comme Lifta. Les réfugiés originaires de Lifta demandent à la communauté internationale d’empêcher la destruction totale de leur village. Ils demandent qu’on empêche Israël de poursuivre ses annexions et de violer les droits des Palestiniens pour construire des appartements de luxe réservés aux Juifs.

Un peu d’histoire

Peu de villages illustrent la tragédie de la Nakba (la dépossession du peuple palestinien en 1948) comme Lifta. Situé au nord ouest de Jérusalem, le village est divisé par la ligne verte de l’armistice de 1949 de sorte qu’une moitié fait partie de Jérusalem Ouest et l’autre de Jérusalem est. Le village a été habité sans interruption pendant plus de 2000 ans, bien avant l’établissement de l’état d’Israël. Les registres officiels indiquent qu’en 1931, il comportait 410 maisons dont la plupart avaient été construites par les habitants palestiniens de Lifta avec les fameuses pierres blanches de Jérusalem des carrières voisines. Pendant les années 1940 et jusqu’à la fin du Mandat britannique sur la Palestine en 1948, le village s’est étendu notamment vers l’est et le nord jusqu’aux maisons du quartier de Rumayma à l’ouest de Jérusalem. Ses liens économiques avec Jérusalem étaient importants car presque la moitié de la terre du village était consacrée aux céréales, blé, orge, olives et divers fruits. Au fur et à mesure de l’expansion du village, les villageois ont construit de nouveaux magasins, créé un club social et ouvert deux cafés. Mais ils prenaient soins aussi des parties sacrées et séculières plus anciennes du village.

Pendant la guerre de 1948, un des buts de l’armée juive était de contrôler la sortie ouest de la ville. Pour ce faire, les forces israéliennes et les milices ont lancé plusieurs attaques sur le village, ils ont brûlé la maison du Mukhtar (le chef du village) le 11 janvier 1948 et deux jours plus tard ils ont fait sauter 20 maisons qui étaient proches de l’entrée de la ville (Khalit Tarha). En conséquence, les habitants du village et en particulier les femmes et les enfants ont dû s’enfuir pour leur protection de l’autre côté de la ligne verte dans la partie est du village. Après le massacre perpétré dans le village voisin de Deir Yassin, le reste des habitants de la partie ouest de Lifta ont dû partir eux aussi. Beaucoup de maisons du village ainsi que les deux écoles élémentaires furent démolies et ce sont seulement les sollicitations désespérées des dignitaires locaux qui ont sauvé de la destruction les maisons qui sont encore debout aujourd’hui.

Lifta aujourd’hui

Le gouvernement israélien actuel considère que les maisons de Lifta sont la Propriété d’Absents en dépit du fait que beaucoup de leurs propriétaires vivent seulement à 500 mètres de là dans Jérusalem est. En décembre 1948 Israël a promulgué les "Règles d’urgence sur les Propriétés des Absents" qu’on appelle souvent "’Acte sur la Propriété des Absents" qui est devenu une loi en 1950. Le gouvernement a alors institué comme "Gardien des Propriétés des Absents" une division du ministère des finances qui s’occupe des biens des absents. Grâce à ces lois la plupart des biens abandonnés par les arabes ont été reclassés en Propriétés d’Absents ce qui a permis au Gardien des Biens des Absents de les annexer. Officiellement cela était fait pour protéger les biens des réfugiés en attendant qu’on arrive à une solution politique du statut des réfugiés lors des les négociations du statut final, aux termes des accords d’Oslo. En réalité, les biens en question sont toujours transférés à une Autorité de Développement du gouvernement pour être vendus à un prix donné au secteur privé ou à des organisations de colons dans un processus qui ignore les procédures légales, les préavis et les compensations. Les propriétaires sont susceptibles de perdre leur maison et leur terre sans même le savoir.

Lorsque le gouvernement israélien donne les biens des réfugiés palestiniens à des particuliers ou à des institutions juives, il commet un acte illégal en violation du paragraphe 11 de la résolution 194 (III) de l’ONU et se soustrait aux obligations qu’a l’Israël d’administrer ces propriétés en attendant une solution au problème des réfugiés. De plus, Israël viole le droit des réfugiés de percevoir les revenus et les recettes générés par ces propriétés qu’Israël devrait leur verser directement ou verser à une fondation créée en leur faveur.

Beaucoup de ceux qui furent chassés de leurs maisons ont trouvé refuge dans leur famille dans la partie du village qui se trouvait du côté arabe de la ligne d’armistice de 1949 dans ce qu’on appelle aujourd’hui Jérusalem est. L’expansion des limites de la municipalité qui a suivi la guerre de 1967 a créé une situation qui a permis aux Palestiniens de Jérusalem de recevoir le statut de résidents permanents et des cartes d’identité qui leur permettent d’aller voir les ruines qui se trouvent de leur côté de la ligne verte mais pas de revendiquer la propriété légale de la terre qui leur appartient de fait. La plupart des réfugiés de Lifta se sont réfugiés à Ramallah et dans d’autres parties de la Cisjordanie.

En juin 2004, le comité du planning de la municipalité de Jérusalem, avec l’aide de deux bureaux d’architecte, G. Kartas/S Grueg et S. Ahronson (en collaboration avec Ze’ev Temkin de TIK Projects), ont élaboré un projet de restructuration (Plan No. 6036) pour transformer le village de Lifta en un quartier de résidences de luxe et de commerces réservé aux Juifs. Ce plan qui a été dessiné originellement en avril 1984 sous le nom "Plan 2351" mais qui n’avait jamais été exécuté porte le nom surprenant de "Printemps du national". Il a été plus tard approuvé par un comité de planning régional. En février, sous le titre destiné à lui servir de couverture de "projet de préservation", le département israélien de la terre a lancé des appels d’offre dans le secteur privé afin de vendre la terre et de construire environ 245 maison de luxe, un centre commercial, un centre touristique, un musée et un hôtel de luxe de 120 chambres. La plupart des maisons encore existantes de Lifta seraient alors détruites pour effacer le souvenir encore vivace d’une communauté palestinienne autrefois prospère. Même le cimetière palestinien qui se trouve à proximité ne figure pas sur le plan. Non seulement les actuels habitants de Lifta n’ont pas été pris en considération ni consultés mais le souvenir et la présence physique de leurs ancêtres morts seraient effacés.

L’histoire et la culture de la communauté palestinienne qui a prospéré à Lifta ont disparu du nouveau plan de rénovation. Il n’est pas fait mention de l’histoire palestinienne de Lifta comme cela devrait être le cas s’agissant d’un projet de rénovation/préservation afin de relier le présent au passé. Même la mosquée ancestrale de Lifta doit être déplacée pour être remplacés par une synagogue.

Sauver Lifta

Dimanche, 6 mars, un recours en justice pour sauver Lifta a été présenté au procureur Sami Arshid par les militants de Jérusalem qui regroupent des descendants des habitants de Lifta, l’association BneiLifta, les rabbins pour les droits de l’homme et l’association Jafra. Le recours a pour but d’empêcher la vente des biens des familles palestiniennes au secteur privé en violation de la "loi des propriétés des absents". Lundi, le septième juge israélien, Yigal Marzel, a émis une injonction provisoire qui ordonne à l’Administration Israélienne de la Terre de geler la publication des résultats des appels d’offre destinés à vendre la terre par lots. Si ces lots sont vendus et que de nouvelles constructions sont érigées, il deviendra impossible de sauvegarder l’histoire et la culture du village qui disparaîtront sous les nouveaux bâtiments et seront perdues pour toujours.

Lifta doit être préservé et reconstruit par et pour ses propriétaires ancestraux afin de développer la connaissance de ce qui s’est passé en 1948. Les habitants palestiniens originels de Lifta, leur souvenirs du village, leur exil et leur désir de rentrer chez eux doivent être respectés et soutenus pas les communautés, institutions et organisations locales et internationales. Les réfugiés palestiniens qui sont les habitants ancestraux de Lifta, supplient la communauté internationale d’empêcher Israël d’effacer les dernières traces de leur maisons, de leur histoire, de leur culture et de leur héritage et au contraire d’obliger Israël à les laisser rentrer chez eux et à reconnaître leurs droits de propriété sur leur terres et leurs biens. On ne devrait pas permettre à Israël de poursuivre ses annexions et de violer des droits palestiniens dans le but de construire des appartements de luxe réservés aux Juifs.

Pour consulter l’original : http://www.uruknet.info/?p=m75860&hd=&size=1&l=e

Traduction : D. Muselet

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