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La France à vue de nez

Quelques idées qui ne demandent aucune culture particulière et que chacun est à même de trouver tout seul, ou de contredire si elles sont erronées.

Si on écrème le un pour un million (1 0/000000) de Français les plus riches, c’est une pure tautologie de dire qu’il sont très peu nombreux : ils sont très exactement 66 d’après le dernier recensement.

Seulement ils ne monopolisent pas la totalité de la richesse.

Sans avoir à se lancer dans la sociologie ni les statistiques, il suffit de regarder quelle clientèle visent certaines publicités, et cela sur les écrans de télévision eux-mêmes.

Et encore ce n’est sans doute que le bas des couches favorisées qui sont visées par ce moyen : à la télévision, il n’y a pas de réclame pour les yachts, les agences qui vendent les châteaux, pour les chevaux de course, ni pour les autos haut de gamme, ni pour les séjours à Courchevel dans un cinq étoiles.

Non, il y a beaucoup de gens très riches (plus que 66) et encore plus de gens riches et encore plus de gens moins riches, même s’il y beaucoup de gens qui tirent la ficelle en fin de mois.

Parce qu’entre l’avant-dernière catégorie et la dernière il y a encore tout ce qui s’appelle les classes moyennes, qui correspondent grosso modo à ce que Marx mettait dans la petite bourgeoisie quant à la mentalité. Celle grâce à laquelle existent les innombrables station de ski moins huppée, les croisières sur les paquebots si bien décrites dans un article récent, les autos à quinze mille euros, etc.

Il est vrai que ces classes moyennes sont essentiellement composées aujourd’hui de prolétaires ( c’est-à-dire qui n’ont que leur travail pour vivre), mais d’un certain style quand même.

Et tout ce monde se partage le gâteau : de plus en plus pour les 66, c’est vrai, mais il en reste pour les autres. Ce n’est pas (pas encore) la crise.

Et ce n’est pas non plus l’objet de cet article d’expliquer les sources de cette abondance.

Cependant la question qui peut se poser est la suivante : ce monde vit-il tout bonnement sur une richesse réellement extorquée aux travailleurs d’ici, mais aussi très largement d’ailleurs, ce qui ne le met pas à l’abri pour autant, ou sur une anticipation optimiste de ce qui leur sera extorqué, ce qui garantit la crise (la vraie) à plus brève échéance ?

Dans tous les cas la faillite à venir de ce système ne peut être que tragique pour le plus grand nombre s’il ne trouve pas en lui les ressouces, la force et l’intelligence de s’organiser en solidarité avec les autres peuples en lutte parce que dans des situations similaires.

Il y a de très belles pages chez Tchernychevski, dans Que faire ? (1863), qui montrent comment la lutte politique consciente est déjà un pas en avant fait dans la société à venir.

COMMENTAIRES  

22/06/2014 15:59 par gérard

Pas de problème pour les riches :
Paul Krugman "l’Amérique que nous voulons" (que je conseille instamment de lire)
chapitre 12 "affronter l’inégalité" dont cet extrait :
« Les riches d’aujourd’hui ont créé leur propre pays virtuel [...] Ils se sont construit un monde auto-suffisant bien à eux, où ils ont tout : leur propre système de santé, leur réseau de voyage (NetJets, les destinations clubs) leur économie séparée[...] Les riches ne se contentent pas de s’enrichir ; ils deviennent financièrement des étrangers, parce qu’il créent leur pays dans le Pays, leur société dans la Société, leur économie dans l’Économie. »

23/06/2014 09:40 par Cunégonde Godot

Mauris Dwaabala : Il est vrai que ces classes moyennes sont essentiellement composées aujourd’hui de prolétaires ( c’est-à-dire qui n’ont que leur travail pour vivre), mais d’un certain style quand même.

« D’un certain style quand même »... Vous voulez dire des beaufs ?

« Aujourd’hui »... Mais quel était le "style" de la classe moyenne (extrêmement réduite) d’hier ?

23/06/2014 11:09 par Dwaabala

@ Cunégonde Godot
De la classe moyenne, il y en a toujours eu, et nombreuse., mais elle change de nature avec le temps.

23/06/2014 12:32 par Cunégonde Godot

Dwaabala : « De la classe moyenne, il y en a toujours eu, et nombreuse., mais elle change de nature avec le temps. »

Non. C’est faux. Mais je n’argumenterai pas car j’ai remarqué par ailleurs combien vous pouvez devenir discourtois lorsqu’on vous contredit.

23/06/2014 14:09 par Dwaabala

@ Cunégonde Godot
Il faut bien que ça tombe sur quelqu’un.
Il y a une nouvelle loi de la dialectique : dans l’histoire rien ne change. Avec son illustration immédiate dans l’État-nation.
Ici en particulier, cette loi s’énonce sous la forme : toute classe sociale intermédiaire est immuable dans sa composition.
Rien ne se perd, rien ne se crée, rien ne se transforme.
Exemple d’application . Au temps de Marx les classes moyennes constituaient ce qu’il englobait sous le terme de petite bourgeoisie : artisans, petits commerçants, boutiquiers, ou petits agriculteurs propriétaires. Ce qu’on appelait déjà à l’époque les beaufs.

25/06/2014 08:26 par gérard

@ Dwaabala
Désolé de ne pas être encore d’accord avec vous, mais il est faux de dire que : « toute classe sociale intermédiaire est immuable dans sa composition. », et effectivement je suis d’accord avec Cunégonde sur « la classe moyenne (extrêmement réduite) d’hier » et le bouleversement de ce "hier" s’il ne date plus profondément que d’une soixantaine d’année...disons qu’il s’est enclenché avec la révolution industrielle.
C’est un sujet qui est extrêmement important pour comprendre l’évolution des sociétés dites occidentales.
Il existe actuellement une "classe moyenne" qui vit extrêmement bien, il ne faut pas s’inquiéter à son sujet, notamment dans le tertiaire, Banques & Assurances, mais pas que dans ces secteurs d’activités, il y a aussi celui des "nouvelles technologies".
Je le sais en connaissance de cause, ayant été syndicaliste (un peu anarcho, je précise) dans le secteur Assurances. Dans la compagnie d’assurances où je "sévissais" on avait en gros 14 mois et demie de salaire, l’embauche se faisant assez sensiblement au-dessus du SMIG, et bien d’autres avantages liés au Comité d’Entreprise. Si je raconte ça dans les secteurs PME-bâtiment et viticoles, j’ai de fortes chances de me faire lyncher....!
Par exemple les "ronds de cuir" d’autrefois n’étaient pas vraiment des privilégiés, exception faite bien évidemment dans leurs conditions de travail qui n’avaient rien à voir avec celles des autres prolétaires de l’industrie, celles que l’on rencontre maintenant en grande partie dans les "délocalisations".
Pour vous la "classe moyenne" aurait été représentée par :
« artisans, petits commerçants, boutiquiers, ou petits agriculteurs propriétaires. Ce qu’on appelait déjà à l’époque les beaufs. »
La phrase sur les "beaufs" est totalement incongrue, "beauf" étant si je ne me trompe une invention de Cabu, pour qualifier quelqu’un de "simplet" dans ses analyses et sa manière de vivre, celui qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez de ses propres intérêts ; la seule analogie que l’on pourrait faire serait avec celle péjorative de "mercantile" s’appliquant à tout ce qui touche au commerce.
Mettre les artisans et les petits agriculteurs dans le même panier que les commerçants et les boutiquiers c’est pour le moins assez "osé" comme vision de la société, TOUT les opposait.
Des "petits agriculteurs (et) propriétaires" à mon avis il ne devait pas y en avoir bézef ; par contre il y avait beaucoup de métayers, anciennement des serfs (= servitude) qui eux mêmes étaient pratiquement les descendants d’une certaine forme d’esclavagisme, et des fermiers qui eux représentaient véritablement une "montée en grade" dans le paysage du travail de la terre car s’ils étaient bien "propriétaires", ils ne l’étaient que de leurs décisions de production, ils ne devaient qu’un loyer au propriétaire de la ferme.
Les artisans eux étaient des ouvriers, qui allaient du "simple" (avec beaucoup de guillemets) par exemple cordonnier, au pratiquement ingénieur représenté par le Compagnonnage (voir les compagnons bâtisseurs de cathédrales, maçons, tailleurs de pierre et charpentiers par exemple, leurs savoirs étaient impressionnants). De là à les qualifier de "beaufs" quelle incongruité !
Du "marxisme" avant d’en parler il faudrait, comme pour les compagnons, faire son "tour de France".

25/06/2014 10:59 par Dwaabala

Il appartient au lecteur de se faire ou de revoir son opinion au sujet des classes moyennes à la lecture du commentaire de @ gérard* qui recommande ailleurs la lecture au second degré des écrits antisémites de Céline, mais qui ne semble pas disposé à l’appliquer à ma lecture de Marx.
Au sujet des classes moyennes, il fait ici implicitement sienne la nouvelle loi dialectique mise au jour par @ Cunégonde Godot qui par sa nouveauté se trouve en pleine contradiction avec ce qu’elle énonce, et qui se résume en : Rien ne change.

* Le même qui dit aussi ailleurs que toutes les familles ont eu des membres qui ont fait du marché noir.

25/06/2014 21:41 par gérard

@ Dwaalaba, faudrait arrêter de dire des c......ies, maintenant la coupe est pleine !
Je ne recommande absolument pas de lire certains écrits de Céline, dont "bagatelle pour un massacre" dont je n’ai d’ailleurs lu que quelques extraits, j’essaie seulement d’expliquer ce en quoi il ne faudrait pas les prendre au 1er degré, enfin quelque chose de ce style que je n’ai pas encore bien défini clairement. Je n’en ai rien à foutre de ces écrits, s’il faut être plus explicite. Par contre je n’ai pas de réponse sur ma question : avez vous lu oui ou non « voyage au bout de la nuit » qui faisait partie de mon commentaire sur l’article ?
C’est bien gentil de citer Wikipedia, mais il faudrait, surtout sur un livre de cet acabit, se risquer à aller un chouia plus loin, malgré la vision conformiste qu’ont les imbéciles sur Céline.
Que signifie cet appel à lecteur, il est assez grand le "lecteur" pour n’avoir pas besoin de vos "conseils" et cet amalgame entre deux articles et ce rappel sur le "marché noir", que je qualifierais de putassier, si je n’avais pas tant de respect pour ces gentes dames.
Il vaut mieux en rester là...!

25/06/2014 23:56 par legrandsoir

Il vaut mieux en rester là...!

Ou changer de ton, par exemple.

26/06/2014 01:37 par gérard

@ legrandsoir
Je déteste justement les tons agressifs et vous le savez pertinemment bien, mais je déteste par dessus tout que l’on déforme mes propos, qu’on en fasse des analyse tronquées ou malhonnêtes, et c’était le cas en insistant assez curieusement sur le fait que « je recommande(rais) ailleurs (?) la lecture (...) des écrits antisémites de Céline » car même au second degré, pour le moins ils ne m’intéressent vraiment pas...On aurait dit que c’était fait comme pour dévaloriser mon commentaire du 25/06/2014 à 08:26 sans aborder pour autant le sujet, et que vient faire curieusement aussi cette histoire de "marché noir" ?
Désolé pour le "dérangement"...

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