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Vaut-il mieux être jeune enseignant ou jeune chômeur ?

Dans la France de Sarkozy/Hollande, cette question n’est pas que rhétorique. Les conditions de travail, de vie, de statut des jeunes enseignants se sont considérablement dégradées depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, dans la perception du grand public, enfants inclus, un enseignant du secondaire vaut moins qu’une assistante sociale il y a vingt ans. Un professeur d’université jouit d’un statut bien inférieur à celui d’un instituteur en blouse grise après la Seconde Guerre mondiale. Mieux vaut travailler dans la com’ et vendre du vent.

Ci-dessous le témoignage d’un tout nouveau certifié.

Juillet – je reçois mon affectation (rattachement administratif : collège XXXX, dans le 95) – ma demande avait été un lycée dans les Hauts de Seine (92) – J’ai 71 points (année stage + formation IUFM) et le vœu demandé dans le 92 est à 71 points. Je téléphone à l’académie de Versailles pour connaitre la raison pour laquelle mon vœu m’a été refusé, on me répond que j’ai fait un « vœu complètement surréaliste » et que j’ai donc été affecté dans un département proche du 92.

Mi-juillet / début août – nombreuses recherches pour trouver un appartement – demande d’aide auprès de l’académie de Versailles pour trouver un logement : on me répond à côté puis on me demande mon adresse mail pour pouvoir m’envoyer de la documentation – je reçois un mail par la suite avec un bulletin d’adhésion (syndicat) mais toujours pas de réponse à la question du logement.

Début août – je parviens à trouver des logements que je visite sur Paris – on me dit au téléphone que c’est bon, qu’il faudra venir à Paris pour les visiter. Je me suis donc déplacé plusieurs fois en train pour visiter ces appartements – mais une fois sur place les agents immobiliers / propriétaires paraissaient moins sympathiques qu’au téléphone – on m’informe (une fois sur place) qu’il y a d’autres dossiers en attente et qu’on me contactera. Une fois rentré chez moi sur Toulouse, toujours dans l’attente d’une réponse pour un logement, n’ayant pas de nouvelles des agences immobilières, je décide de les appeler. C’est au téléphone qu’on m’informe que tel ou tel appartement (visité) a été loué à une autre personne.

Mi-août / fin août – je téléphone à un service de l’académie de Versailles pour les mutations. Je tombe sur le répondeur et laisse un message expliquant que je ne trouve pas de logement et que je suis désespéré. Je laisse mes coordonnées afin qu’on me rappelle, mais sans succès.

Par la suite, je parviens à trouver d’autres numéros auxquels je téléphone : les interlocuteurs sont désagréables, me disent qu’ils ne s’occupent pas des logements (mais sont incapables de me dire QUI contacter concrètement) et me mettent en attente au téléphone, faisant gaspiller des unités pour en fin de compte n’avoir personne en ligne.

Fin août – je me déplace de nouveau sur Paris (et définitivement) avec quelques affaires afin de visiter un studio et afin de pouvoir faire ma pré-rentrée, le 1er septembre.

Le 28 août, je visite un studio à Paris (Suresnes) dont la location m’est acceptée. Je reste donc à l’hôtel (avec très peu d’affaires) du 27 août au 2 septembre. Je reçois ma paie pour le mois de septembre mais je m’aperçois qu’à cause des dépenses et des frais liés à ma mutation il ne me reste déjà que la moitié de mon salaire.
Afin de signer le bail pour le studio, je dois verser un règlement de 1900 euros (en une seule fois) – somme que je ne peux pas verser.

lundi 1er septembre : après une nuit blanche et un mois d’août angoissant, je dois aller au collège XXXX pour effectuer ma pré-rentrée. D’après le courrier m’informant de mon affectation en tant que TZR, si je ne suis pas présent lors de la pré-rentrée, je suis licencié.

Une fois sur place, je fais la connaissance de mes collègues et le principal du collège m’informe que je ne vais pas travailler dans son établissement et que je peux donc partir. Je n’ai donc pas d’affectation pour l’instant.

Je constate qu’il s’agit d’une zone sensible et que je ne me sens pas prêt à travailler dans cet environnement.
Perdu et angoissé, je décide de rentrer à l’hôtel et d’annuler la signature du bail pour le studio (par peur de manquer d’argent par la suite).

Je décide de téléphoner au rectorat pour leur expliquer mes problèmes et ma situation : on ne me laisse pas parler, on me coupe la parole et on me dit que je ne suis pas tout seul, puis la personne me met en attente – j’attends, mais au bout de dix minutes personne ne décroche et ça sonne dans le vide.

Je rappelle le rectorat, demandant qu’on me mette en contact avec une personne qui pourra m’aider. Même chose : on me transfère vers un numéro qui ne répond pas.

Agacé, énervé, épuisé et angoissé, je repars sur Toulouse le lendemain matin. Une fois dans le train, mon collège de rattachement me téléphone pour me dire que je suis affecté dans un lycée, à XXXX (95). Une fois rentré sur Toulouse, j’effectue des recherches sur cet établissement via internet. Je trouve des articles de la presse traitant de faits liés à ce lycée (racisme anti-blancs, émeutes entre lycéens, agressions envers un professeur, jets de flashball..). Apeuré, je téléphone au lycée en question pour leur dire que je ne suis plus à Paris et que je ne me sens pas en mesure de faire la rentrée.

A lire également cet autre témoignage.

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Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
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