RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Mais où habite donc Thierry Lepaon ?

Il y a un peu moins d’un mois, une grande journée d’action a marqué la vie de ce pays. Vous l’avez oubliée ? Vous êtes excusable : la grève interprofessionnelle et les manifestations pour la défens de la Sécurité sociale, à l’appel de la CGT, n’ont absolument pas désorganisé la production, et la mobilisation a été tellement modeste que la centrale syndicale elle-même est restée très discrète sur les chiffres...

Étranges défaites

Si Thierry Lepaon est actuellement dans le collimateur des médias, c’est pour le péché véniel des frais de rénovation de son appartement parisien et nullement pour la passivité de la confédération qu’il dirige. Aucune grande grève sous Hollande, malgré une série de cadeaux indécents au Medef, et une soumission servile aux diktats de Bruxelles et Berlin qui imposent l’austérité à vie sur le continent.

Une fois de plus, on ne gêne pas le PS au pouvoir. Mais le mal est plus profond : la CGT a certes lutté davantage sous la droite officielle, mais elle a toujours perdu... et toutes ses défaites étaient programmées. En quoi une journée de grève et de manifestations gêne-t-elle le capital ? Directement, en rien. Ce qui inquiète le grand patronat, c’est le danger d’une grève illimitée, c’est-à-dire la seule action qui touche son unique organe sensible : le portefeuille. L’action ponctuelle n’a donc de poids que si elle est assortie d’un avertissement clair : « Aujourd’hui, nous sommes dans la rue. Si vous ne nous entendez pas, la prochaine grève sera beaucoup plus dure. »

Les dirigeants des confédérations syndicales le savent parfaitement, et ceux de CGT mieux que tous. La dernière grande lutte progressiste victorieuse en France a été celle du Contrat Première Embauche. Et si Villepin a dû reculer, c’est bien parce que les lycéens qui la menaient n’obéissaient pas aux consignes des responsables syndicaux : ils sont entrés en grève illimitée, et n’ont cessé le mouvement qu’avec la victoire. La dernière grande lutte syndicale victorieuse en France fut celle de 1995, dirigée par la CGT des transports ferroviaires (SNCF et RATP) : là encore, grève générale interprofessionnelle jusqu’au retrait du plan Juppé de casse de la Sécu. Rien à voir avec la pitoyable journée du 16 octobre !

Depuis, nous assistons au même spectacle affligeant : la CGT, seule ou avec d’autres, programme une « journée d’action » de temps en temps. Quand la colère du monde du travail est à son comble, la cadence s’accélère : plusieurs journées en 2003 et 2010 pour les retraites, par exemple. Mais plus jamais de mot d’ordre de grève interprofessionnelle illimitée. Pourquoi ?

Déraillement historique

En décembre 1995, juste après la victoire contre le plan Juppé, la direction confédérale de la CGT demandait l’adhésion de la centrale à la Confédération européenne des syndicats (CES). La CFDT fut la première centrale française à en faire partie (c’est tout dire !) suivie de FO. Mais on n’entre pas à la CES sans montrer patte blanche : pour être acceptée, la CGT dut « toiletter » ses statuts. L’objectif de l’abolition du salariat et de l’exploitation capitaliste (un des fondamentaux du marxisme) en disparut purement et simplement ! En 1999, la CGT put quitter la Fédération syndicale mondiale et rejoindre la CFDT (qui venait de se signaler en trahissant grossièrement le prolétariat lors de la grande lutte de 1995) au sein de la CES. Elle devenait enfin une de ces « forces de proposition » qu’apprécient tant le Medef et ses « éditorialistes »...

Que fait donc la CES ? Au printemps 2003, alors que plusieurs pays d’Europe étaient en ébullition suite à une série de plans de casse des retraites (l’Autriche elle-même connut une grève générale : du jamais vu dans ce pays !), la CES tenait congrès et accueillait triomphalement un certain Valéry Giscard d’Estaing, qui lui présentait son projet de Traité Constitutionnel Européen (celui-là même qui serait piteusement blackboulé par le peuple français lors du référendum de 2005) ! Son rôle n’est pas de fédérer les luttes en Europe, bien au contraire : elle fonctionne grâce aux subventions de l’Union Européenne !

Une ou deux fois par an, la CES organise une manifestation de permanents (jamais de grève !), la plupart du temps à Bruxelles, pour demander une « Europe plus sociale ». À la fin de cette manifestation, un dirigeant prend la parole pour dire en substance : « si nous ne sommes pas entendus, nous recommencerons. » Et devinez quoi ? La manifestation n’a aucun impact, et une autre « journée d’action européenne » du même tonneau est décidée six mois ou un an après. Pendant ce temps, le grand patronat européen tremble !

Réorienter l’Europe ? Changer la CES ?

La CGT, de par la volonté de ses dirigeants, s’est donc coulée dans le moule de la CES : jamais elle ne dénonce l’intégration européenne. Elle se contente de réclamer une « Europe sociale » dont la simple lecture du traité de Maastricht montre qu’elle est une vaste blague. Jamais plus elle n’organise de grève générale illimitée : seulement des « journées d’action » au soir desquelles le patronat sait qu’elle ramènera sagement ses militants au bercail.

Voilà pourquoi toutes les luttes nationales progressistes, à l’exception du mouvement des jeunes contre le CPE, ont été perdantes depuis près de vingt ans : le plus puissant syndicat de la classe ouvrière est piloté en sous-main par des eurocrates. Quand la CGT a demandé à entrer dans la CES, ses dirigeants ont vendu le processus à la base en expliquant qu’ils allaient changer la CES de l’intérieur. On voit ce qu’il en est en réalité...

Franz Lieber

»» http://www.resistance-politique.fr/article-mais-ou-habite-donc-thierry...
URL de cet article 27402
  

Même Thème
Georges Séguy. Résister, de Mauthausen à Mai 68.
Bernard GENSANE
Il n’a jamais été le chouchou des médias. Trop syndicaliste, trop communiste, trop intransigeant à leur goût. Et puis, on ne connaissait même pas l’adresse de son coiffeur ! Seulement, à sept ans, il participe à sa première grève pour obtenir la libération de son professeur qui a pris part aux manifestations antifascistes de Février 34. Huit ans plus tard, à l’âge de quinze ans, il rejoint les rangs de la Résistance comme agent de liaison. Lui et les siens organisent de nombreuses évasions de militants (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Si le Président se présente devant le Peuple drapé dans la bannière étoilée, il gagnera... surtout si l’opposition donne l’impression de brandir le drapeau blanc de la défaite. Le peuple américain ne savait même pas où se trouvait l’île de la Grenade - ce n’avait aucune importance. La raison que nous avons avancée pour l’invasion - protéger les citoyens américains se trouvant sur l’île - était complètement bidon. Mais la réaction du peuple Américain a été comme prévue. Ils n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ils ont suivi aveuglement le Président et le Drapeau. Ils le font toujours ! ».

Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute

Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.