RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

René Vautier « Les attardés du colonialisme me poursuivent encore de leur vindicte »

Entretien réalisé en 2009 avec René Vautier par Rosa Rosa Moussaoui. À quatre-vingt-un ans, le cinéaste René Vautier reste plus que jamais fidèle à ses convictions et à son combat anticolonialiste.

Comment expliquer que des films comme Afrique 50 et Avoir vingt ans dans les Aurès soient encore aujourd’hui la cible de violentes attaques des tenants de l’idéologie colonialiste ?

René Vautier. J’ai fait Afrique 50 à l’âge de vingt et un ans. Mon seul but était de montrer la vérité sur le quotidien des paysans noirs en Afrique occidentale française. J’ai simplement filmé ce que je voyais. On a alors tenté de m’empêcher de filmer. Les choses se sont très mal passées avec les colons. Ce film, auquel la Cinémathèque française a rendu il y a quelques années un élogieux hommage, m’a valu, à l’époque, de sérieux ennuis. Avoir vingt ans dans les Aurès a reçu, en 1972, le prix de la critique internationale au Festival de Cannes. En dépit de cette récompense, le film a dû attendre douze ans avant d’être diffusé sur une chaîne de télévision française. Certains y voyaient une insupportable mise en cause des prétendus bienfaits de la présence française dans les colonies. Ces films continuent d’être diffusés, cités, ce qui nourrit le ressentiment des attardés du colonialisme.

Comment expliquer le regain d’activisme des nostalgiques de la colonisation, du vote d’une loi exaltant « les aspects positifs » de la colonisation à la construction de stèles et de monuments glorifiant les criminels de l’OAS ?

René Vautier. Le député UMP Christian Vanneste (l’un des plus fervents défenseurs de la loi du 23 février 2005 sur la colonisation « positive » - NDLR) a tenté, il y a quelque temps, de faire interdire Avoir vingt ans dans les Aurès dans une salle de la banlieue lilloise. Des jeunes ont protesté. Du coup, il n’y a pas eu une, mais dix projections, qui ont rencontré un franc succès auprès du public. Ces nostalgiques, liés à la droite ou au Front national, me poursuivent encore aujourd’hui de leur vindicte, perturbant les manifestations auxquelles je participe.

Ces gens vous accusent d’être un ennemi de la « blanchitude » et de la « France française ». Comment le résistant juge-t-il de tels propos ?

René Vautier. C’est à 200 mètres du palais de justice de Quimper (où s’est tenu le procès - NDLR) que j’ai été décoré de la Croix de guerre à l’âge de seize ans pour faits de résistance. J’appartenais à un groupe d’Éclaireurs de France qui se sont battus contre les occupants allemands. J’ai continué, après la guerre, à me battre pour les mêmes idées : l’égalité des peuples, la lutte contre le fascisme, quel qu’il soit.

L’idéologie coloniale reste-t-elle, selon vous, enracinée en France ?

René Vautier. Certains milieux refusent catégoriquement tout regard lucide sur le passé colonial. Or les jeunes générations doivent être instruites de ce qui fut fait au nom de la France dans les colonies. J’espère que mes films peuvent continuer à y contribuer.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

»» http://www.humanite.fr/rene-vautier-les-attardes-du-colonialisme-me-po...
URL de cet article 27711
  

Même Thème
Meurtre au Burundi. La Belgique et l’assassinat de Rwagasore
Ludo de WITTE
En 1999, Ludo De Witte publie un livre-choc : L’Assassinat de Lumumba. Ses révélations sur le rôle du roi Baudouin, du gouvernement belge et de la CIA amèneront la Belgique à présenter des excuses officielles au Congo. En 2017, le sociologue belge sort chez Investig’Action L’Ascension de Mobutu. Salué par Jean Ziegler : « Un livre superbe d’érudition, de courage et d’intelligence analytique. Au magnifique peuple congolais, il contribue à restituer une mémoire claire… » En 2021, ce nouveau livre (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Lorsque les missionnaires chrétiens blancs sont allés en Afrique, les blancs possédaient des bibles et les indigènes possédaient la terre. Lorsque les missionnaires se sont retirés, ce sont les blancs qui possédaient la terre et les indigènes les bibles."

Dick Gregory (1932-2017)

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.