RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les mots d’Eduardo Galeano marchent dans les rues d’un continent (Counterpunch)

« Elle est à l'horizon .. »

Le monde a perdu un de ses grands écrivains hier. L’auteur uruguayen Eduardo Galeano est mort à 74 ans à Montevideo. Il a laissé une œuvre magique derrière lui, et son influence s’étend sur tout son continent.

Pendant la crise économique argentine de 2001-2002, les paroles de Galeano ont circulé dans les rues de leur propre chef, accompagnant chaque manifestation, chaque meeting. Les usines ont été occupées par les travailleurs, des assemblées de quartier se sont mises en place, et, pendant un moment, les paroles et les actes révolutionnaire ont remplacé un système néolibéral pourri. La vision complètement opposée que Galeano offrait du monde a propulsé de nouveaux rêves dans l’atmosphère saturée de gaz lacrymogène.

Dans les rues de La Paz, en Bolivie, des copies piratées du best seller de Galeano : Les Veines ouvertes de l’Amérique latine* sont encore vendues partout. Là aussi, l’alchimie historique de Galeano, ajoutée à la flamme des nombreux mouvements et soulèvements où les mineurs des veines ouvertes du pays ont jeté de la dynamite sur les politiciens de droite, et au souvenir des 500 ans de colonisation, continue de vivre.

Tout en haut des routes de montagne sinueuses du Chiapas, après avoir passé les points de contrôle de l’armée mexicaine, on trouve la communauté zapatiste autonome d’Oventic. Un jour, il y a quelques années, la voix familière de Galeano récitant des contes pour enfants a plané sur la brumeuse terre autonome à travers des haut-parleurs.

Au Forum social mondial de Porto Alegre, au Brésil, Galeano est entré dans une tente étouffante où des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour l’entendre parler du mouvement uruguayen pour le droit à l’eau dans lequel les gens avaient « voté contre la peur », pour arrêter la privatisation. Ce qui m’a le plus marqué dans cette conférence, c’est la manière dont il a fait rire la foule à maintes reprises.

Et une nuit au Paraguay où, dans l’air saturé par l’odeur des bouses de vache et des pesticides, des petits fermiers, assiégés par les cultures toxiques de soja, se sont réunis pour raconter des histoires de résistance, histoires qu’ils reliaient aux récits de Galeano dénonçant le pillage de l’Amérique latine ainsi qu’aux luttes contre la cupidité des puissants qui duraient depuis des siècles.

La petite montagne de livres et d’articles que Galeano a laissée derrière lui, est une parole d’espoir, elle nous apprend à nous rebeller contre le monde tel qu’il est sans cesser de l’aimer, à comprendre le passé tout en se construisant le meilleur avenir possible.

« Elle est à l’horizon, » a écrit Galeano en parlant de l’utopie. « Je fais deux pas, elle recule de deux pas. Je fais dix pas et l’horizon est instantanément à dix pas devant. Je peux marcher aussi longtemps que je veux, je ne l’atteindrai jamais. A quoi sert donc l’utopie ? A cela précisément : à vous faire marcher. »

Benjamin Dangl a travaillé comme journaliste dans toute l’Amérique latine, couvrant les mouvements sociaux et la politique dans ce continent pendant plus d’une décennie. Il est l’auteur des livres : Danse avec de la Dynamite : les mouvements sociaux et États en Amérique latine et Le Prix du feu : guerres pour les ressources et mouvements sociaux en Bolivie. Dangl prépare actuellement une thèse de doctorat en histoire de l’Amérique latine à l’Université McGill, et il est rédacteur en chef de UpsideDownWorld.org, un site Web consacré aux luttes militantes et à la politique e l’Amérique latine, et de TowardFreedom.com, une perspective progressiste sur les événements mondiaux. Twitter : https://twitter.com/bendangl Email : BenDangl (at) gmail (point) com

Note :

* http://www.mediapart.fr/journal/international/130415/deces-de-lecrivai...

Traduction : Dominique Muselet

»» http://www.counterpunch.org/2015/04/14/eduardo-galeanos-words-walk-the...
URL de cet article 28431
  

Même Thème
La Colombie [sans Ingrid ni Pablo] – Un récit de voyage
Cédric Rutter
On ne peut pas évoquer la Colombie sans penser à Ingrid Betancourt ou à Pablo Escobar. Pourtant, les interlocuteurs rencontrés par Cédric Rutter au cours de son voyage n’ont jamais parlé d’eux. Ce pays ne se limite pas au trafic de drogue et à la guérilla des Farc. Cette zone stratégique et magnifique, porte de l’Amérique du sud entre deux océans, abrite des communautés et des individus en demande de paix dans une démocratie fragile. Ils ont tant à enseigner et à dire. L’auteur les a écoutés et nous (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’une des choses les plus étonnantes dans le coup monté contre Assange, c’est son audace. Ils savent qu’ils peuvent s’en tirer parce que les grands médias refusent d’en parler.

Matt Kennard

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.