Quand je te croise et t’accroche dans la rue pour te proposer la « votation des 7 organisations syndicales et de jeunesse » sur le retrait/ou non/ du projet de loi travail (CGT – FO – FSU – Solidaires – UNEF – UNL – FIDL), ta réaction m’interpelle lorsque tu me dis ne pas être concerné.
Tu es retraité, et donc tu te crois « tiré du monde du travail », soit !
Mais, n’as-tu pas des enfants, des petits enfants, de proches, des amis, des parents… encore dans le monde du travail, ou bien souhaitant y entrer pour y exercer un travail décent pour vivre tout aussi décemment ?
Venant de toi, pétri de valeurs chrétiennes au nombre desquelles figurait je crois l’amour du prochain, ton refus de manifestation de solidarité me choque, moi le fonctionnaire retraité, toujours militant syndical et farouche opposant à la loi El Khomri…
Il faudra inventer un nom (ou alors me le souffler s’il existe déjà) pour désigner les gens qui bénéficient d’un droit non seulement sans connaître les conditions dans lesquels celui-ci a été acquis, mais -surtout- passent leur temps à dénigrer ceux à qui ils le doivent. Oh paradoxe ! (Sans doute et certainement dû à l’ignorance politique, sociale…, la « crasse » ignorance).
Ainsi des congés payés, de la Sécu, des retraites…, comme le rappelait encore récemment Michel Etiévent.
Trouver un nom ou rétablir le « cens », ce droit de vote attribué autrefois aux seuls contribuables pouvant payer un certain niveau d’impôt et donc, « censés » être des citoyens non seulement aisés, mais peut-être aussi plus réfléchis et avisés de la chose publique…
C’est cette autre réflexion que je me faisais lorsque, toujours dans la rue, papiers et stylo à la main, je cherchais à faire voter les citoyens que je rencontrais et que ceux-ci me répondaient : « je ne suis pas au courant ; je n’y comprends rien !… Après tout de même plusieurs semaines, plusieurs mois de manifestations dans tout le pays…
Comment se prétendre citoyen, revendiquer ses droits (de vote, de critique…) et ne pas porter intérêt à un projet aussi structurant/déstructurant pour le monde du travail et, au-delà, pour la société française toute entière ?
La mise entre les mains des citoyens, par la Société, de droits civiques ne devrait-elle pas s’accompagner aussi de « contre parties » attendues d’eux ?
Réforme de la Constitution, VI° République… Sans doute et certainement, mais du côté des citoyens aussi, n’y-a-t-il pas des choses à entreprendre pour « réparer » une citoyenneté qui ne porte plus intérêt à la vie publique, à la vie commune ?…