Une candidature communiste, ce serait une candidature franchement communiste donc 100% anti UE

Réunis en conférence nationale le 5 novembre à Paris, les délégués du PCF PGE ont approuvé à 90% la résolution proposée par la direction du PCF-PGE. S’agissant des présidentielles, cette résolution proposait également deux options. Soit un soutien à la candidature Mélenchon en restant indépendant de la France Insoumise. Soit la proposition d’une candidature communiste qui pourrait être effacée en février une fois le résultat de la primaire PS connus. Aucun nom n’étant d’ailleurs cité officiellement, mais la tribune de la Conférence Nationale citant les noms de André Chassaigne et Pierre Laurent, le camarade Gauthier Weinmann, par exemple, étant obligé de forcer la parole depuis la salle pour rappeler sa candidature totalement occultée par la direction du parti. www.initiative-communiste.fr publie les textes de ces deux options ci dessous. Le résultat des votes de la conférence nationale du PCF est le suivant, la décision appartenant aux adhérents du PCF qui voteront dans leurs sections du 24 au 26 novembre : sur 535 inscrits officiels, 519 ont pris part au vote (97%), 218 soutiennent la candidature de Mélenchon (42%), 274 une candidature autre investit par le PCF et pouvant s’effacer en février (53%) et 27 se sont abstenus (5%). Il faut constater que l’écart est très serré. Deux autres options, attendre février 2016 d’une part, et d’autre part proposer une candidature sur des bases de classes, ont été rejetées largement par la conférence nationale préalablement à ce vote.

Tout en refusant l’option tardivement soutenue par Pierre Laurent d’un soutien critique à Jean-Luc Mélenchon, le vote émis à 55,7% par la Conférence nationale du PCF-PGE en faveur d’une candidature PCF appelle plusieurs remarques :

Le premier aspect est que ce vote politiquement hétérogène exprime sans doute, pour certains camarades d’orientation marxiste, la nostalgie (certes honorable et légitime) d’une authentique expression communiste lors de ces présidentielles qui restent structurantes pour notre vie politique (et cela quoi qu’on pense de la Vème République à bout de souffle). Certains militants évoquent avec raison la campagne magnifique menée par Jacques Duclos en 1969 sur la base d’un vrai contenu communiste (progrès social, indépendance nationale, perspective du socialisme, solidarité avec le camp anti-impérialiste mondial...) ou, à un moindre degré, ils pensent à d’autres candidatures qui, permirent par la suite de porter peu ou prou les solutions des communistes devant notre peuple.

Pourtant une autre partie des 55% s’exprime surtout, hélas, un repli identitaire à vide (car qu’est-ce que l’orientation présente du PCF a encore de communiste ?) sans autre perspective que l’affirmation butée d’une candidature PCF-PGE plombant celle de Mélenchon, laquelle est interprétée mécaniquement comme une pure réplique de celle de Mitterrand en 81. Or il existe une « petite » différence entre 81 et 2017 : Mitterrand avait réussi à supplanter la gauche ouvrière et patriotique représentée par Georges Marchais en déséquilibrant durablement le rapports des forces entre PCF et PS au profit de ce dernier ; à l’inverse, la candidature actuelle de JLM qui, certes, fut membre du PS... mais qui s’oppose à lui sur sa gauche, suscite l’angoisse justifiée des « éléphants » du PS ; car ceux-ci savent que leur parti discrédité risque fort d’éclater avant la fin 2017 si, au premier tour des présidentielles, il est talonné, voire distancé par une candidature se réclamant de l’opposition de gauche. Une candidature posant du moins (de manière certes très inconséquente pour qui mesure le degré de verrouillage de l’UE !), la question de quitter l’UE et refusant par avance de pactiser avec Hollande ou avec l’un de ses ex-ministres (ce à quoi aboutira nécessairement la « primaire » socialiste... que n’exclut pas de rallier le PCF, y compris après le vote de sa conférence nationale) au nom de » l’union des gauches ». A l’inverse, comme on l’a encore vu aux dernières municipales, le PCF, devenu la section hexagonale du Parti de la Gauche Européenne (PGE que préside Pierre Laurent et que subventionne Bruxelles) a tout fait depuis 1981, y compris sabordé l’identité et l’influence communistes, pour ménager l’hégémonie PS post-mitterrandien dans le vain espoir que cette « servitude volontaire » préserverait ses « grands élus » dépendant du désistement socialiste au second tour des législatives (voire au 1er tour des municipales). Par conséquent, qui peut croire qu’une candidature émanant de la direction duPCF-PGE, sans contenu communiste, sans la moindre interrogation sur l’appartenance de la France à l’UE et sans autre effet que d’assurer mécaniquement au PS le maintien au premier tour de sa suprématie à gauche, puisse remettre en cause l’équilibre délétère conquis par Mitterrand en 1981 ? Le raisonnement de certains camarades flirte en l’occurrence avec le contresens historique !

Pour d’autres votants du 5 novembre, le confort d’un entre-soi, même à 1 ou 2%, le cabotage au long de rives électorales bien balisées, est préférable à l’aventure d’une traversée en pleine mer avec tous ses aléas (« qui craint le loup n’aille pas en forêt ! », aimait dire Lénine...). Il y a là une grave erreur de méthode : alors que notre peuple souffre, qu’il est menacé de fascisation, de choc néo-thatchérien et de décomposition nationale, alors que tous les militants communistes et progressistes sont guettés par un second tour présidentiel de cauchemar, des marxistes attentifs au sort du pays, de la classe ouvrière et du véritable communisme, ne devraient pas fonder toute leur réflexion sur le sauvetage à tout prix d’un appareil en faillite pour penser l’avenir du pays, du communisme et de la classe ouvrière. C’est l’inverse qui est vrai : c’est parce qu’ils auront réussi à apporter du neuf, en particulier une stratégie émancipée de l’« union de la gauche » derrière le PS et porteuse d’une nouvelle dialectique de la classe ouvrière, de la souveraineté populaire et du socialisme, tout cela sans mépriser les dynamiques réellement existantes, que les communistes pourront à nouveau intéresser la classe ouvrière, interpeller la jeunesse populaire, parler à l’ensemble du peuple. Ce qui implique de prendre la tête d’un front antifasciste, populaire, patriotique et écologique autour des deux drapeaux (rouge et tricolore) et pour les quatre sorties (de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme). Rappelons à ce sujet la manière éminemment dialectique et dynamique dont Marx définissait l’identité communiste : « nous appelons communisme le mouvement qui abolit l’état de choses existant ». Rappelons en outre que dans toute l’histoire communiste française et internationale, il n’y a jamais eu lieu d’opposer la construction du parti communiste et la construction d’un large front contre les monopoles capitalistes, les deux s’épaulant mutuellement.

Pour certains enfin, un calcul tactique et électoraliste prime derrière l’emballage « identitaire » : il s’agit, comme a tenté de le faire Pierre Laurent depuis des mois, non de porter une véritable alternative révolutionnaire, non de présenter aux travailleurs un programme communiste visant l’euro-rupture (ce qui, par contraste, sera la tâche prioritaire du PRCF durant toute la période pré électorale), mais de géner la candidature de JLM, de devenir ainsi les obligés « communistes » d’un PS talonné sur sa gauche ; puis, fort de ce glorieux état de service, il s’agit d’obtenir ainsi « donnant-donnant » un retour d’ascenseur du grand frère PS aux législatives (par exemple des candidatures uniques de la « gauche » au premier tour pour sauver quelques députés PCF sortants ?). Ainsi André Chassaigne, le président du groupe PCF à l’Assemblée nationale, a-t-il crûment expliqué dernièrement qu’il ne donnerait pas une signification identitaire à son éventuelle candidature présidentielle, mais qu’il se présenterait surtout, au final, et peut-être très provisoirement, pour aider à « rassembler toute la gauche », Mélenchon étant accusé de « diviser la gauche », comme si Hollande et ses ex-ministres relevaient encore de cette étiquetage douteux. En clair, une telle candidature d’apparence identitaire servirait au final, après un « tour de piste » plus ou moins long du candidat ou du pré-candidat étiqueté PCF, à rabattre sur le PS, soit au premier, soit au second tour des présidentielles... pour ensuite faire bloc avec lui aux législatives, peut-être même dès le 1er tour si le PS en perdition y consent ! Étrange manière de combattre l’héritage de Mitterrand ... et de Hollande-MEDEF ! Comme candidature communiste « identitaire », on peut décidément rêver mieux, que ce soit sur le plan tactique ou sur le plan du contenu !

Pour les militants franchement communistes en revanche, la question devrait comporter deux aspects : d’abord, qu’est-ce qu’une candidature PCF-PGE peut apporter de dynamisant après vingt ans de mutation réformiste continue (l’abandon du marxisme-léninisme par le PCF date déjà des années 70 !) ? Ensuite, quelle attitude adopter lors des présidentielles pour permettre aux communistes véritables de promouvoir leurs propositions de rupture progressiste avec l’UE dans la classe ouvrière ? Après une consultation des ses militants, et sans cesser de tendre la main aux militants franchement communistes qui subsistent minoritairement au sein du PCF, le Comité Central du PRCF donnera prochainement son appréciation en toute indépendance sur ces deux questions. Reste que l’on peut dès maintenant souligner quelques faits dont il faudra bien tenir compte :

1°) lorsque Pierre Laurent déclare qu’un candidat communiste pourrait, « si la situation l’exige », se retirer au profit d’une « candidature commune d’alternative à l’austérité », on constate que la perspective d’une entente avec le PS reste totalement d’actualité, que la « candidature communiste » reste conçue comme un tremplin vers le « rassemblement de la gauche » (y compris au premier tour de la présidentielle !). On constate aussi que la victoire de Montebourg aux primaires du PS peut à tout moment rebattre les cartes dans le sens souhaité, jusqu’à il y a peu, par la direction du PCF-PGE.

2°)comment ne pas s’interroger sur ce que serait le contenu politique et social d’une candidature du PCF-PGE en l’état des orientations euro-réformistes fixées lors de ses derniers congrès ? Comment croire qu’André Chassaigne ou que tel autre « candidat communiste » émanant de la direction du PCF-PGE puisse porter une perspective communiste sans, au minimum, une prise de position carrée sur la sortie de l’UE-euro-OTAN ? Comment la section française du Parti de la Gauche Européenne, que préside Pierre Laurent et qui a soutenu Tsipras contre le PC de Grèce, y compris après la trahison avérée dudit Tsipras, pourrait-elle subitement porter une ligne de classe et patriotique pour la sortie de l’UE et l’affirmation d’une perspective révolutionnaire ? Et n’est-il pas illusoire, malgré l’entière bonne foi de certains excellents camarades du PCF qui croient encore à cette possibilité, de s’imaginer qu’une candidature PCF peut être COMMUNISTE alors que tout l’état-major du PCF-PGE traite dédaigneusement de « repli identitaire » la revendication d’indépendance de la France ? A moins que n’émerge une candidature franchement anti-UE (que ne manquerait pas combattre frontalement le président du PGE (Pierre Laurent) et qui, en conséquence, scinderait ouvertement ce parti) objectivement, une telle candidature serait, en l’état, à la droite de Mélenchon dont la formule, insupportable aux oreilles de P. Laurent, est bien : « l’UE, on la change ou on la quitte ».

Car jusqu’ici, le PCF-PGE et son socialiste favori, Arnaud Montebourg, combattent à boulets rouges la simple hypothèse de sortir de l’euro et de l’UE. Rappelons que le PCF et l’Humanité ont combattu à boulets roses le Brexit (imposé par la classe ouvrière anglaise !) et que toute cette fine équipe tire à vue sur le mot d’ordre de FREXIT progressiste mis en avant par le PRCF. Si bien que ce serait un mauvais calcul pour de vrais communistes que de parrainer une « candidature communiste » (sic) étiquetée PCF sans l’associer au préalable politique d’un contenu communiste... et sans se soucier outre mesure de l’avenir du mouvement populaire ! Au contraire il faut subordonner l’idée d’une candidature communiste à celle d’un CONTENU communiste sans dire de manière quelque peu « pragmatique », « on achète le produit sur l’étiquette, on verra chemin faisant le contenu du flacon ! ». Mais cette position juste (pas de candidat communiste sans contenu communiste 100% anti-UE), qui permettrait pour du bon de « prendre de gauche » la candidature de Jean Luc Mélenchon, supposerait que l’on ose affronter la direction du PCF, y compris sur le terrain électoral. Et cela mènerait aussi – soyons clairs puisqu’il s’agit de l’identité communiste et du PARTI communiste – à envisager sans frilosité une séparation organisationnelle à brève échéance avec la direction mutante : tant il est évident que cette dernière ne supporterait pas une candidature euro – et socialo – indépendante. A l’inverse, une candidature PCF sans contenu ne préserverait qu’en apparence l’espace de la reconstruction communiste, tout en plombant à coup sûr celui d’une dynamique populaire ; en prime, et à moins de ne la souhaiter que pour mieux l’envoyer au casse-pipe (par une sorte de politique du pire), elle reporterait aux calendes grecques la question de plus en plus incontournable de faire renaître en France un vrai Parti communiste ; c’est-à-dire un parti marxiste-léniniste, prolétarien, patriote et internationaliste, en un mot, ce parti d’avant-garde qu’a liquidé depuis longtemps la « mutation ». Bref, une candidature PCF dans le cadre du maintien de la France dans l’UE risque de s’avérer « perdante-perdante » sur les deux terrains, celui de la dynamique populaire possible et déjà partiellement existante, mais celui aussi de la renaissance communiste proprement dite.

Plus largement c’est en termes de dynamique politique plus qu’en termes d’étiquettes que toutes ces questions doivent être posées.

Certes, on peut feindre de se retirer sur l’Aventin pour « témoigner »... quitte à constater ensuite que, hélas, la direction du PCF et son candidat « communiste » plus ou moins jetable rabattent au final sur le PS, sur l’ « Europe sociale », voire sur des candidatures uniques de la gauche aux législatives ; mais qu’adviendra-t-il ensuite du découragement populaire si l’élection présidentielle, suivie d’une élection législative non moins confuse, n’aboutit qu’à des résultats désolants tous azimuts : score « communiste » dérisoire, inférieur même à celui des chapelles trotskistes réunies, maintien de l’hégémonie PS sur le mouvement populaire (après tout ce que Hollande nous a fait !), duo infernal LR/FN au second tour, pluie de mesures fascisantes et thatchériennes dès le printemps avec le risque d’un mouvement populaire échec et mat sur tous les terrains ?

En résumé, on peut croire qu’il suffirait d’une étiquette sur le front « candidat communiste » pour que la citrouille rosâtre se mue soudain en un rouge carrosse, mais si l’on ne croit pas aux contes de fées, on sait que derrière le vernis écarlate, la cucurbitacée restera ce qu’elle est.

On peut croire que le PS est « un parti de gauche » et que le principal est de sauver le député Ryan, mais quoi après ?

On peut aussi se dire en revanche que la reconquête d’un espace politique à la gauche du PS, qui ne peut être qu’un espace vivant, donc contradictoire, d’affrontement de classes croissant entre petite bourgeoisie européiste et gauche populaire et patriotique, pourrait créer une situation politique nouvelle offrant aux communistes la possibilité de mener offensivement le combat de classe ; et aussi, pourquoi pas, de se poser enfin pour du bon, la question de reconstruire un vrai parti communiste regroupant les forces internes et externes au PCF, au lieu d’espérer sans fin en la résurrection d’un appareil muté, euro-formaté et aussi déboussolé que déboussolant.

Nous savons pourtant, au moins depuis 1933, que les conditions dans lesquelles se mène la lutte, surtout dans une période de fascisation où le mouvement populaire, y compris syndical, est en grave danger, ne sont pas indifférentes aux révolutionnaires et qu’il ne faut jamais opposer l’intérêt du mouvement populaire dans son ensemble à l’intérêt bien compris des communistes. Méditons pour finir le mot du Manifeste du Parti communiste : les communistes, y déclaraient Marx et Engels, « n’ont point d’intérêt qui les sépare de l’ensemble du prolétariat (...). Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité ».

7 novembre 2016

Retrouvez les résultats des votes de la conférence nationale du 5 novembre du PCF, ainsi que les textes de la résolution adoptée et du bulletin de choix soumis aux adhérents du PCF sur www.initiative-communiste.fr

 http://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/candidature-communiste-serait-candidature-franchement-communiste-100-a

COMMENTAIRES  

11/11/2016 05:35 par Gilbert

Supposons que les dirigeants communistes se placent du simple point de vue de l’intérêt électoral du PCF, en n’ayant rien à faire des contenus. Ça n’explique pas qu’ils aient voté le week-end dernier pour le choix d’un candidat maison à la présidentielle (en attendant Montebourg).
Les communistes, dans l’hypothèse où le PCF ne serait plus qu’un parti électoraliste (remarquez, si c’était un parti révolutionnaire, ça se saurait), refuseraient de soutenir Mélenchon au prétexte qu’il y aurait plus à gratter en matière d’investitures aux législatives (et aux élections locales) du côté des socialos ? C’est n’importe quoi ! Les "Insoumis" ne sont pas idiots, ils n’iront pas concurrencer les communistes dans les circonscriptions où le PCF est bien implanté et ils ne refuseront pas d’investir les communistes qui font campagne à leurs côtés. Par contre, du côté des socialos, qui sont aux abois et qui vont perdre la plupart de leurs députés, les places vont être chères. Dans un climat de sauve-qui-peut généralisé, ils ne vont sûrement pas faire de cadeaux aux communistes. Les frondeurs moins que les autres parce qu’ils pourront revendiquer d’avoir pris leur distance avec le gouvernement. Quel intérêt donc, pour le PCF, d’être à la remorque d’un PS en pleine débandade au lieu de surfer sur une vague montante ? Rejoindre la campagne des Insoumis, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre, c’est tout le contraire.
Ou alors, hypothèse monstrueuse, les dirigeants du PCF qui veulent continuer à s’allier à un parti socialiste même en déroute jouent leur carte personnelle et, conscients qu’il n’y aura pas de places pour tout le monde, négocient pour eux-mêmes les quelques investitures qui pourraient être concédés par les socialistes. Je ne vois pas d’autre explication.

11/11/2016 13:07 par va savoir

Bravo Antoine ! enfin une bouffé d’air pur.
Le jour où ce véritable communiste renaît en France, je prends ma carte du parti et très probablement, on sera des millions à le faire.

Mais visiblement, c’est pas demain la veille !
Tant pis pour nous et pour le PCF

11/11/2016 13:10 par Dominique

Historiquement, la démocratie parlementaire est au capitalisme ce que la royauté de descendance divine est à la féodalité. Prétendre vouloir « abolir l’état de choses existant » tout en participant au jeu électoral est donc au mieux une grave erreur, au pire une imposture crasse de la pire espèce.

11/11/2016 19:23 par Méc-créant

Le parti communiste en proie au doute ? Comment pourrait-il en être autrement ? On peut reconnaître une chose au PC : avoir continué à se qualifier de communiste quand, il y a quelques années, la mode était à la disparition du terme. On peut lui reprocher une chose : n’avoir conservé que le mot. Il semble que le matérialisme (qu’on l’associe à l’histoire ou à la dialectique) a déserté depuis pas mal de temps la "méthode" (?) "d’analyse" (?) des dirigeants nationaux davantage obsédés par l’extinction du parti, de son financement, de ses élus, des places acquises,...plutôt que par "la défense des travailleurs". D’où son amarrage, plus ou moins contraint mais alors inévitable, à la remorque du PS.
Il y a matière à critiques quant à J-L Mélenchon, à commencer par son passé politique, non pas seulement pour avoir été membre du PS mais pour avoir été un partisan actif de cette construction européenne, d’où sans doute ses ambiguïtés face l’UE et l’Euro (maintenues peut-être également par souci électoraliste). Le problème est que, dans un paysage politique dévasté, il est actuellement —pour ce mode électoral de la V°— le meilleur ou le moins mauvais choix (un peu le seul, aussi ?...) pouvant présenter une perspective de changement.
Dans le blog "Immondialisation:peuples en solde !" , dans d’anciens textes, j’essayais d’expliquer pourquoi, à la différence de Mélenchon (mais aussi de communistes ou verts "européistes") je n’ai jamais trouvé l’ombre d’une trace d’espoir progressiste pour les populations européennes. Depuis la CECA, l’Europe n’a jamais été faite en ce but. Aussi, indépendances nationales et souverainetés populaires n’avaient plus droit de cité. Ce qui nous amène aux réflexions sur la notion de démocratie. Ne prenons qu’un point parmi des dizaines : peut-il y avoir démocratie quand la politique est un domaine où l’on peut faire carrière, s’élever socialement (donc financièrement), acquérir du pouvoir...avec des moyens de le conserver ?...On n’est pas sorti de l’auberge...
Méc-créant

11/11/2016 22:45 par Gilbert

Quand tu parles d’"amarrage plus ou moins contraint mais alors inévitable à la remorque du PS", est-ce que ça vaut uniquement pour le passé pour est-ce que c’est toujours pertinent aujourd’hui ?

12/11/2016 16:30 par Méc-créant

Sans entrer dans le détail, la teneur de l’article montre assez bien, je pense, dans quel désarroi —théorique, d’analyse, intellectuel, affectif, de survie ?...— se trouve la direction du PC. A commencer par son Secrétaire, Laurent : favorable à des primaires à gauche avec candidat PC, puis prêt à soutenir le vainqueur d’une primaire réservée au PS...pour peu qu’il appartienne aux "frondeurs", puis envisageant un candidat à la présidentielle, puis disant qu’il faudrait plutôt soutenir Mélenchon. Je ne suis pas un "marxiste-léniniste" invétéré. J’en ai connu plus d’un affirmant que le marxisme était une science dont il n’y aurait qu’à appliquer les lois (d’où mon besoin, peut-être, de préférer le terme de "relations"...) . Outre le fait que la pensée matérialiste marxiste contient son propre besoin d’évolution, en affirmant la nécessité pour la pensée matérialiste de s’articuler avec les réalités nouvelles (économiques, sociales, politiques, philosophiques, scientifiques, technologiques, géopolitiques,...), je continuerai toujours à soutenir que philosophie et science sont fondamentalement inséparables et que la science n’est pas en état de réclamer le pouvoir suprême (ce qu’Engels avait déjà clairement exprimé, si ma mémoire...). Est-ce que l’amarrage au PS est encore inévitable pour les dirigeants du PC ? C’est justement là, malheureusement, qu’est tout leur problème. Malheureusement, car il en est d’autres autrement plus importants : ceux d’aujourd’hui et ceux en préparation.
J’ai baigné, assez jeune, plus ou moins profondément, dans la mouvance communiste. Imaginez —est-ce possible ?— que j’ai connu des ouvriers, secrétaires de section (pas appointés par Le Parti, ce n’est pas qu’un détail..) capables d’expliquer ce que signifiaient les lois de la dialectique et jonglant (pas tous, sans doute, mais pas rares) avec la négation de la négation, l’interpénétration des contraires,...Des ouvriers d’alors, en quelque sorte ordinaires. Peut-on affirmer que de telles réflexions occupent encore le cerveau des dirigeants communistes actuels ? Sans doute n’en est-il plus question depuis pas mal de temps. Se souviennent-ils seulement que Marx disait déjà que le capitalisme exploite la nature et l’homme (ce qui, au bout de la réflexion, est la même chose : l’homme appartenant à la nature et non l’inverse) ? J’ai connu pas mal de militants de base communistes fortement porteurs de générosité, de militantisme, de sincérité, d’humanisme...qui ont fini par se trouver déboussolés (je ne vais pas développer les multiples raisons ici). Quand j’essayais d’avancer que le stalinisme était peut-être devenu la pire chose qui soit arrivée à l’idée de socialisme, j’ai eu droit à toutes les réactions : ironiques, méprisantes, mais attentives parfois, et évidemment à tous les qualificatifs : anarchiste, gauchiste, anarcho-syndicaliste, maoïste, démocrate sincère, idéaliste, compagnon de route...et je dois en oublier. Si vous ressentez le besoin de me situer en ces termes, faites votre choix, et la liste n’est pas exhaustive, un nouveau qualificatif ne me dérangerait pas davantage.
C’est d’ailleurs pourquoi, toujours atteint de ma maladive et chronique dissidence de pensée, j’ai fini par glisser des vieux textes sur un blog car je suis incapable —je ne suis toujours pas sûr que ce soit un défaut— d’exprimer une réflexion un peu cohérente en une dizaine de lignes ou par un slogan. Je vais toutefois vous en livrer un —exempt de droits—, qui ne peut surtout pas résumer ma pensée mais qui peut indiquer dans quel sens elle essaie de voler : "si le proxénétisme était vraiment interdit, les financiers ne seraient pas au pouvoir mais en prison". (Tiens, je vais le mettre en gras).
Je m’aperçois que je n’ai pas abordé toutes les questions qui auraient pu l’être mais bon, pas facile à faire dans un commentaire sans lasser le lecteur...et l’auteur. J’y reviendrai peut-être car je jette assez souvent un coup...de pensée à...Le grand soir. (J’ai déjà dû le dire : "un beau matin ne serait pas plus mal".)
Méc-créant

13/11/2016 23:04 par totor

Toujours le même besoin pour tous les commentateurs de cet article d’ajouter leur vaine petite pierre au soutien à Mélenchon, et à l’espoir de détruire définitivement le parti communiste. Il est évident en les lisant que pas un n’est membre de PCF.

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