Le bilan de McCain en matière de politique étrangère (The American Conservative)

Daniel Larison

Le sénateur John McCain est mort d’un cancer du cerveau ce week-end :

John S. McCain, le fier pilote de l’aéronavale qui s’est élevé des profondeurs du désespoir d’être prisonnier de guerre au Vietnam aux sommets du pouvoircomme membre du Congrès et sénateur républicain de l’Arizona et candidat à la présidence à deux reprises, est décédé samedi à son domicile en Arizona. Il avait 81 ans.

McCain a siégé au Congrès pendant plus de trente ans. Dans cet espace de temps, il est passé de l’ancien combattant du Vietnam, qui avait mis en garde contre une ingérence imprudente au Liban, au promoteur le plus bruyant et le plus prévisible des pires interventions militaires possibles et inimaginables. Il n’a fait qu’empirer tout au long de son séjour à Washington. Sa carrière entière doit être regardée par les futurs élus comme l’exemple absolu de ce qu’il ne faut pas faire. Bien qu’il se soit spécialisé dans les questions de sécurité nationale et de politique étrangère, il a été constamment à côté de la plaque sur toutes les grandes questions de politique étrangère des trois dernières décennies.

McCain s’est distingué en se faisant le héros perpétuel des guerres à l’étranger les plus inutiles au nom du ’leadership’ américain, et la situation du pays s’est aggravée chaque fois qu’un président a tenu compte de ses recommandations. Il a été le chef de file des partisans de l’invasion de l’Irak et de l’intervention en Libye, et il avait tort dans les deux cas. Il a également été un partisan de la guerre du Kosovo et un avocat infatigable du soutien des États-Unis à la guerre saoudienne contre le Yémen. Quand la Géorgie a escaladé un conflit avec la Russie, il a crié comme un fou : ’Nous sommes tous des Géorgiens’ et a donné l’impression qu’il était prêt à prendre le risque d’une troisième guerre mondiale pour un conflit qui n’avait rien à voir avec nous. Malgré ses appels constants à plus ’d’action’, les États-Unis ne sont pas intervenus en Syrie avec autant de force ou aussi vite qu’il le souhaitait. Il a même félicité les Saoudiens pour leur rôle en Syrie. ’Merci à Dieu pour les Saoudiens’, a-t-il dit. Sa haine de l’Iran était célèbre, (il chantait ’Il faut bombarder, bombarder, bombarder, bombarder, bombarder, bombarder, bombarder l’Iran’), et ces dernières années, il est même allé jusqu’à sauter dans le train de Mujahideen-e Khalq (MEK). Toutes ces prises de positions sont aussi horribles les unes que les autres, et encore plus horribles pour les habitants des pays victimes des politiques qu’il a soutenues.

Si McCain avait fait tout ce qu’il voulait, les États-Unis auraient fait encore plus de guerres que nous n’en avons déjà fait, même ses admirateurs ne peuvent pas le nier. Pendant les vingt dernières années de sa carrière politique, McCain a été un champion infatigable de l’ingérence inconséquente des États-Unis dans le monde entier. C’est une grande chance pour les États-Unis et le monde entier qu’il n’ait pas réussi à se faire élire président en 2008. Si vous pensez que la politique étrangère des États-Unis est beaucoup trop militarisée, arrogante et destructrice, sachez que McCain y était pour beaucoup.

La seule chose que McCain a eu raison de faire pendant toute sa carrière au Sénat, c’est de s’opposer à la torture. Comme il avait été torturé quand il était prisonnier de guerre au Vietnam, il ne supportait pas les euphémismes et les rationalisations de ses collègues pro-torture. C’était le désaccord le plus important qu’il avait avec son parti et, en fin de compte, c’est probablement le seul domaine où sa volonté de rompre de temps à autre avec son parti a servi à quelque chose. McCain était capable de faire passer ses principes avant son parti. Malheureusement, il ne le faisait pas souvent, et lorsqu’il s’agissait de politique étrangère, les principes qui l’inspiraient étaient généralement détestables.

Daniel Larison

Traduction : Dominique Muselet

 https://www.theamericanconservative.com/larison/mccains-foreign-policy-record/

COMMENTAIRES  

28/08/2018 15:44 par Made in Québec

Son cancer du cerveau mériterait de se voir décerner le Nobel de la paix…

28/08/2018 15:46 par chb

Chez Chroniques Du Grand Jeu, le panégyrique de « MacCainistan » vire à l’utile réquisitoire. Kosovo, Irak, Lybie, Syrie en passant par l’Ukraine et d’autres champs de la « responsabilité de protéger » étatsunienne, tous ces lieux de chaos ont été l’objet des attentions de cet homme adulé. Capable de critiquer les pratiques tortionnaires de son pays, mais magouillant pour faire livrer des armes aux « rebelles » par-ci, aux juntes et dictatures diverses par là... Adepte de la manière impérialiste forte contre les non alignés, évidemment russophobe et fan de la guerre froide, ou plus si possible, John McCain ne sera guère regretté au-delà de l’OTAN.

En juin 2014, McCainistan faisait un voyage express à Sofia ; le lendemain, la Bulgarie renonçait au South Stream. A la Saint-Sylvestre, il remettait ça, visitant la ligne de front ukrainienne avec son inséparable compère Lindsay Graham. Discours lyriques, "danger russe" et tout le toutim, en compagnie de l’inénarrable Chocochenko et ses monumentales 13% d’opinions favorables.
(…) Décidément, que ce soit en Ukraine ou en Europe, et maintenant aux Etats-Unis mêmes, le système impérial a un vrai problème avec les peuples et la vie réelle...
Mais revenons à la visite du couple Follamour ; quelques semaines plus tard, le conflit reprend dans le Donbass. Coïncidence ?
En Syrie, McCainistan n’hésitait pas à fricoter avec les barbus, éructant contre les bombardements russes ou poussant à l’armement des djihadistes.

29/08/2018 22:18 par Feufollet

J’irais cracher sur ta tombe
Débile probablement congénitale
Et normalement américain

04/09/2018 04:26 par babelouest

Avait-il toute sa tête ? Pareille obsession peut paraître anormale. Il est vrai que personne ne l’a fait enfermer, et souvent ses "conseils" ont été suivis. C’est toute une frange politique qui galope sur la même vague. Une folie collective ?

04/09/2018 11:08 par Assimbonanga

@babelouest, c’est un fanatisme collectif, un embrigadement dès la plus tendre enfance avec obligation légale d’avoir une croyance en un dieu (n’importe lequel d’ailleurs) ce qui engendre forcément une aptitude à croire sans justification par la preuve.

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