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La Bolivie comme nouvelle aube

L’élection présidentielle en Bolivie a vu la victoire dès le premier tour du candidat d’Evo Morales. Fin foudroyante de huit mois de gouvernement d’illuminés bible en main, d’arrogance du proconsul des États-Unis, d’insultes contre les indiens et de pillage des biens de l’État. Cette politique a eu raison des candidats amis du putsch qui a expulsé Evo Morales et martyrisé les membres de son gouvernement et leur famille. Je n’ironiserai pas trop sur l’échec des médias pro-putsch en France qui avaient sagement relayé tous les éléments de langage des agences d’influence nord-américaines. Ceux-là tombent de l’arbre après les résultats dont la validité est reconnue par tout le monde. Tout le monde inclus par les putschistes eux-mêmes, sans parler de la très suspecte OEA qui avait cautionné le putsch et les mensonges contre Evo Morales et ses amis. On était mieux informé en lisant les journaux des EU ces temps derniers sur ce sujet plutôt que les bulletins paroissiaux de l’atlantisme en France.

Ce qui me frappe dans cet épisode bolivien de la lutte générale contre l’Empire et le néolibéralisme en Amérique latine, c’est la victoire morale de la stratégie d’Evo Morales. Il est temps de dire que nombreux s’étaient interrogés sur sa validité. En refusant le choc et la bataille rangée que le putsch aurait pu mériter, Evo Morales prenait un grand risque. Celui de la débandade et de la démoralisation de notre famille politique sur place et sur le sous-continent latino-américain. C’est le contraire qui s’est produit.

On ne doit pas sous-estimer cette leçon de stratégie. En refusant tout ce qui aurait pu conduire à une guerre civile, la vie des cadres et militants politiques a été protégée et la capacité à se reployer a été protégée. Dans le passé, chaque coup d’État était suivi d’un massacre dont nous mettions une génération à nous remettre. Ici, deux anciens ministres d’Evo Morales sont élus président et vice-président, vivants, profondément expérimentés. La victoire de ce dimanche est donc d’ample portée dans le rapport de force bolivien et latino. Il l’est évidemment aussi au plan mondial de ce seul fait. Mais il l’est aussi du fait de la leçon de stratégie que le MAS vient de donner. Le peuple bolivien qui nous avait donné Evo Morales vient de confirmer sa contribution à la pensée nécessaire à notre époque.

 https://melenchon.fr/2020/10/19/la-bolivie-comme-nouvelle-aube/

COMMENTAIRES  

20/10/2020 18:52 par john

Espérons que Luis Arce gouvernera dans la continuité de ses actions au pouvoir et qu’il ne tournera pas en Lenin Moreno !!!

20/10/2020 19:14 par MAS sans Evo

Je crois que M. Mélenchon n’a vraiment pas compris ce qui s’est passé en Bolivie, c’est à coup sûr une victoire formidable pour le peuple bolivien et pour le MAS, mais sûrement pas une "victoire morale de la stratégie d’Evo Morales".

Au contraire, Evo a été le principal artifice de sa propre chute (facilitant le travail à ses adversaires locaux et internationaux), et la victoire du MAS n’a été possible que parce qu’Evo était à l’étranger, éloigné du processus. Evo est devenu un boulet pour le MAS, et le nouveau président sait qu’il doit maintenir un écart avec lui afin de reconquérir la confiance de l’aile de la gauche qui avait été déçue par les dernières années de mandat d’Evo.

Dans une interview publiée par la BBC aujourd’hui, Luis Arce signale :
« Si Evo Morales veut nous aider, il est le bienvenu. Mais cela ne signifie pas que Morales sera au gouvernement. Ce sera mon gouvernement. S’il veut retourner en Bolivie et nous aider, c’est très bien. »
https://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-54610692

Pour se reconstruire et repartir sur de nouvelles bases solides, le MAS doit tourner la page "Evo", au moins pendant un bon moment. Il ferait sans doute un très bon directeur du Musée "Evo" : ) Quand on pense à Fidel qui ne voulait même pas UNE rue à son nom !

20/10/2020 20:17 par alain harrison

Bonjour.

Enfin une bonne nouvelle pour le Peuple Bolivien.

« « Evo Morales rentrera au pays

Pour la première fois en 20 ans, Evo Morales, un emblématique dirigeant de la gauche sud-américaine, n’était pas candidat à la présidentielle.

L’ancien chef de l’État (2006-2019), le premier président indigène de son pays, avait démissionné en novembre 2019, accusé de fraude électorale par l’opposition, avant de s’enfuir au Mexique, puis en Argentine.

Au précédent scrutin d’octobre 2019, au cours duquel il briguait un quatrième mandat, le dépouillement avait été suspendu pendant plus de 20 heures. À sa reprise, Evo Morales avait été déclaré vainqueur dès le premier tour. » »

« « « le dépouillement avait été suspendu pendant plus de 20 heures » » »
Question, qu’est-ce qui a provoqué ce délais qui a favorisé justement les accusations de fraude. C’est une question importante, j’espère que le nouveau président ne manquera pas d’en faire une question à soumettre à une commission d’enquête publique, dans le cadre du coup d’état contre Moralès. La Vérité doit sortir, et que la justice se mette en branle contre ceux qui l’ont fomenté. Pas d’impunité, mais la vérité et la justice pour le Peuple Bolivien. Que cette commission dévoile tous les acteurs intérieurs et extérieurs.

La Constituante des Peuples, c’est le début le l’Ère des Peuples. Que la gauche se réveilles, que les citoyens de gauches se prennent en main, par les citoyens (comités souverains).

20/10/2020 23:27 par CAZA

Bonsoir
On est content très . Le peuple Bolivien est un grand peuple .
On est inquiet très . L’empire US est un grand empire . Et quand un peuple s’oppose à ses intérêts il peut y avoir beaucoup de morts et de disparus .Et avec ces gens là ( l’ami américain de la bande à Macron ) le pire finit toujours par arriver .
Surtout que si le régime de Donald le fada s’effondre les va en guerre vont se démener un max pour faire pleuvoir de la démocratie
explosive du haut de leurs bombardiers qui rongent leurs freins depuis la fin du régime de Barack le Syrien dit aussi Barack le Libyen

21/10/2020 03:06 par alain harrison

Espérons que ce ne soit pas un autre Moreno. Quand à Mas Sans Evo, son opinion me semble ignorer bien des faits. Par contre le résumé ci-haut de l’interview publiée par la BBC de Luis Arce, est un peu "ambiguë", à défaut d’un meilleur mot.

De toute façon nous aurons des réponses assez vite.

En tout cas, pour l’instant, la voie bolivarienne semble se réinitialiser. Argentine, Mexique, Bolivie, Nicaragua, Venezuela, Cuba. Ses peuples ont appris à maneuvrer, et qu’il soit politiser (à la dure, très dure) et discipliner politiquement parlant, devrait donner une saine leçon à toute la gauche dans le monde.
Quelque chose d’intéressant qui mérite l’attention de la gauche, les GJ et la FI. Le PCF ? Le PARDEM, le PRCF et le parti anti-capitaliste sont des atouts pour la gauche vue leur position non-équivoque face aux 4 sorties et les analyses justes du PRCF .
Ce n’est pas l’analyse Marxiste qui fait problème, c’est l’effet rigide idéologique. C’est l’image qui prend le dessus, vue la vaste propagande de diabolisation, qui est ancré. C’est un peu comme le conditionnement, qui une fois vue clairement, on s’en libère pour voir les choses tel qu’elles sont (JM Abgrall et Krishmamurti).

Une chose est sur, Marx l’a bien signifié, la Révolution ne peut se faire que par le prolétariat. Démocratiquement ou par les armes.
Est-ce que les forces armées auront la conscience nécessaire au moment fatidique ?
Quand Chavez a été élu, les forces armées ont eu cette conscience tout au long des années suivantes, et encore aujourd’hui. Cette simple conscience d’être du peuple, des humains qui veulent une vie digne. C’est sans doute le plus haut niveau de conscience qui, comme l’a dit Lénine : nous ne sommes pas assez civilisé pour le socialisme.

Bonne méditation

21/10/2020 16:44 par T 34

C’est quand même incroyable que les putschistes n’aient pas truqué les élections.

PS : Un Mas sans Evo c’est comme un PSUV sans Chavez, un PCC sans Fidel, un Parti Bolchévique sans Lénine, LFI sans Mélenchon.

21/10/2020 17:56 par Xiao Pignouf

@MAS sans Evo,

Excusez-moi, mais quelle est cette position qui est la vôtre et qui vous donne une expertise telle qu’elle vous autorise à ne pas donner d’explication ou de source autre que Wikipedia pour prouver vos déclarations ? Merci.

Il me semble que quand Mélenchon parle de « stratégie d’Evo », il parle de celle qui l’a mené à s’effacer devant le putsch pour éviter que le sang ne coule. Ce n’est pas à proprement parler une stratégie politique.

Si vous considérez qu’Evo a scié la branche sur laquelle il se trouvait, ou que c’est en particulier son absence de la scène politique bolivienne qui a favorisé la victoire de son parti, il serait de bon ton que vous nous éclairiez en quoi. Ce que vous mettez sur la table, ce ne sont que des allusions, notamment celle qui voudrait faire croire que celui-ci souhaiterait s’incruster dans le nouveau gouvernement. Que la BBC pose la question, on ne s’en étonne pas mais ce n’est certainement pas même l’ombre d’un indice de vérité. D’ailleurs, lorsqu’on lit cette interview d’Arce, on voit bien que les questions du journaliste n’ont de cesse de salir Morales et oblige Arce à des corrections de sens.

Cet échange est particulièrement éclairant sur la volonté du journaliste de faire passer Morales pour ce qu’il n’est pas, ça en devient même ridicule :

Quand pensez-vous qu’Evo Morales rentrera en Bolivie ?

Je ne sais pas, il faut lui demander.

Vous avez dû lui parler.

Oui, mais je ne suis pas lui, vous savez ?

Que vous a-t-il dit ? Nous voyons des rapports selon lesquels il dit qu’une fois qu’il est confirmé que vous êtes le président, il reviendra le lendemain. Est-ce exact ?

C’est ce qu’il a dit. Mais maintenant, c’est le lendemain de l’élection et il n’est pas ici en Bolivie.

C’est vrai. Mais la raison pour laquelle je pose cette question est que beaucoup de gens se demandent si, dans un certain sens - je ne veux pas être irrespectueux, mais c’est ce que les gens demandent - si vous allez être vous-même ou si vous allez être la marionnette utile d’Evo Morales.

Je ne vais pas non plus être irrespectueux, mais je l’ai dit à maintes reprises : je ne suis pas Evo Morales. Je ne suis pas Evo Morales.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Voilà l’entière citation d’Arce devant l’insistance de ce journaliste anglais qui n’a rien à envier aux nôtres, elle est moins tendancieuse que ce que vous tentez de faire accroire :

Nous avons dit qu’il fallait un renouvellement dans le MAS, pour les jeunes. Si Evo Morales veut nous aider, il sera le bienvenu. Mais cela ne signifie pas que Morales sera au gouvernement. Il sera mon gouvernement. S’il veut revenir en Bolivie et nous aider, il n’y a pas de problème.

C’est lui qui décidera. Je ne vais pas le décider à sa place.

« Musée Evo », et alors ? Ouvrir des musées n’est pas ce qui se fait de pire.

21/10/2020 22:34 par Danael

Dans cette interview le nouveau président de Bolivie souligne bien que c’est à Evo Morales de décider ce qu’il fera et justement ce dernier a déjà déclaré qu’il retournera en Bolivie pour former des cadres. Excellente nouvelle ! Où est le problème ?

22/10/2020 10:29 par Assimbonanga

Mon quart d’heure de généralités...
Fatalement, l’éviction d’Evo Moralès a cassé quelque chose. Généralement, les absents ont tort et s’il a été obligé de fuir, tout l’édifice qu’il avait construit s’est fissuré. Bonne chance à ceux qui reprennent le flambeau et souhaitons-leur la flamme mais on peut parier qu’ils auront pris la place d’Evo et ne vont pas la lui rendre gentiment. En ce sens les USA ont gagné.
On ignore qui et comment a construit ce musée Evo Moralès. De fait, l’historique dans cette histoire, c’est l’élection d’un indigène au poste suprême, sauf qu’on ne pouvait pas lui dédier un musée à l’indigène inconnu comme à l’arc de triomphe ! Il fallait bien le nommer, ce président. Le risque est la trop grande personnification, mais bon, les subtilités sont à juger sur place, en Bolivie. Et nous n’y sommes pas. On sait très bien comment les réactionnaires s’arrangent pour salir le système de santé cubain en le traitant d’esclavagiste. Donc, ne pas s’étonner que les ennemis d’Evo Moralès se moquent de ce musée, avec ses statues de dévotion populaire quelque peu naïves. La droite et l’extrême-droite ont le sens inné de la calomnie et du mépris des classes inférieures. Comme ici en France où les LR, et les Caseneuve, et toute la corporation des politiciens -y compris situés soi-disant à gauche- ont fait retomber les torts d’un attentat sur Mélenchon ! C’est fort de café, non ?

22/10/2020 20:58 par Danael

L’échec politique global est plutôt du côté américain , ils n’arrivent même plus à faire réussir leurs mauvais coups et ce nouveau rapport de force se confirme à travers les résistances populaires en Colombie, Chili, Argentine, Venezuela, Mexique, Bolivie, etc. mais cette fois avec des perspectives encourageantes pour certains car ils peuvent compter sur l’apport économique de la Chine et de la Russie. Quant à la victoire de Arce, aurait-elle été possible sans le travail d’Evo Morales en exil pour reconstituer le tissu politique du Mas qui avait été meurtri par l’Ignoble coup d’État de la droite et ainsi assurer la victoire des nouveaux candidats ? C’est du moins ce que mentionne cet article.
https://misionverdad.com/globalist%C3%A1n/el-mas-gana-las-elecciones-en-bolivia-evoluci%C3%B3n-y-recuento-de-un-hito-pol%C3%ADtico

22/10/2020 23:55 par alain harrison

Oui, c’est étrange ce changement chez les ennemis des alternatives en Amérique Latine ? Est-ce les élections US qui commandent une temporisation d’une nouvelle offensive brutale. Est-ce tout simplement parce que les US ne savent plus trop comment faire avec les derniers échecs autant contre Cuba, le Venezuela et les ratés depuis un an en Bolivie même ? En ont-ils trop sur les bras : Chine, Russie, l’UE et même le Canada (sa résistanc). Au moins, pour le Moyen Orient, les US réussissent des avancés pour Israël avec l’Arabie Saoudite et quelques autres, dans la mesure que ces régimes demeurent en place et à sa botte.
Donc les changements observés sont et seront toujours fragiles, dans la mesure que les Peuples seront mis hors jeux par les pouvoirs soit disant démocratique à la sauce Occidentale (derrière les vrais patrons, les multinationales et les GAFFA, les nouveaux venus dans le monde des exploiteurs__le hic pour eux est leur mentalité de compétition ?).
Et la gauche n’est pas absente dans cette joute compétitive, et surtout qu’elle est elle-même en compétition dans son sein.
Mais qui sait, une mutation peut toujours se produire, passer de la compétition à une véritable coopération dans la solidarité autour du peuple qui s’organise. Les comités citoyens comme terrain, de fond........ L’Ère des Peuples comme slogan, l’Humain d’Abord........

24/10/2020 06:33 par Danael

Excellente entrevue avec Garcia Linera ex Vice président de Bolivie. Quelques extraits traduits avec DeePL.

Mario Santucho :J’ai entendu trois interprétations de la raison pour laquelle la victoire du MAS était si large et quelque peu surprenante. Le premier dit que la majorité de la population a voté pour revenir à ces douze années du gouvernement précédent, qui selon votre idée sont encore l’horizon insurpassable de l’époque. Un deuxième argument affirme que le gouvernement Añez était si mauvais que les gens ont voté contre et ont donc profité au MAS. Et une troisième réflexion met l’accent sur la formule Arce-Choquehuanca, qui aurait apporté la richesse électorale que la formule d’Evo avec vous n’a plus conquise. Qu’en pensez-vous ?

Garcia Linera  : Que les trois sont des aspects différents du même fait social. Il ne s’agit pas de points de vue alternatifs, mais complémentaires. Le souvenir de l’administration précédente a eu une influence, bien sûr, parce qu’elle a permis aux gens de faire reconnaître leur voix, d’intégrer leur identité, d’améliorer leurs conditions de vie, et quand ce gouvernement vient et essaie de montrer une nouvelle voie, il le fait sans intégrer les gens, sans reconnaître leur identité, en les maltraitant et en les appauvrissant. Ainsi, les gens ont pu rapidement comparer. Cela aurait été différent si nous avions chuté à cause d’une mauvaise gestion, si nous avions conduit le pays à une crise économique, à un chômage généralisé et à une paralysie productive, ce n’est pas de cela que l’on se relève. Si c’était simplement une mauvaise gestion cette fois-ci, mais que la précédente était tout aussi mauvaise, alors vous ne comparez rien, vous voyez simplement une continuité. Le fait qu’il y ait une candidature comme celle de Luis et de Choquehuanca a également signifié que, dans le cadre du projet général de transformation de l’économie, de l’État et de la société apporté par les syndicats et les organisations sociales, il y a la capacité d’incorporer d’autres voix.

Et puis il montre que c’est un projet qui continue à se développer, qu’il est capable de conserver la source de ses racines, et son épine dorsale très populaire, et d’avoir la force de changer les dirigeants sans que cela soit le produit de scissions ou de ruptures entre une nouvelle génération et la précédente, mais il est plutôt présenté comme un processus d’articulation. Notre génération, celle qui a franchi toute une étape, accompagne la nouvelle génération. En d’autres occasions en Bolivie, il s’agissait d’une rupture, entre l’ancien et le nouveau, qui s’affrontait. Et ici non, c’est une articulation organique. C’est pourquoi je pense que ce sont trois éléments du même fait social.

Mario Santucho :Retournons à la conjoncture, voir ce que vous pensez de deux autres arguments que j’entends ces jours-ci et qui ne sont peut-être pas si confluents. La première va comme suit : la confortable victoire de la formule Arce - Choquehuanca, ne confirme-t-elle pas que c’était une erreur d’avoir insisté l’année dernière avec la deuxième réélection d’Evo ? La seconde interprétation est complètement différente, car elle affirme que le but du coup d’État était de détruire le leadership historique et qu’avec Evo hors du tableau, le MAS peut devenir une force plus digeste pour le pouvoir en place.

Garcia Linera
 : Sur la question de savoir si cette formule aurait pu être répétée auparavant, on peut bien sûr dire "c’est possible". Ce qui est intéressant, c’est que lorsque la décision est prise sur ce qu’il faut faire à propos du référendum, ce n’est pas un décret présidentiel qui ordonne la réélection d’Evo, mais plutôt une grande réunion des organisations sociales qui a lieu à Santa Cruz, à Montero. Une option consistait à rechercher d’autres dirigeants et, en fait, plusieurs noms commençaient déjà à sortir. Et une autre position a dit non, un moment, nous devons chercher une sorte de consultation juridique. Il y a eu un débat intense pendant trois jours, et à la fin de cette assemblée du MAS, qui comprend des dirigeants syndicaux, des responsables de syndicats et des dirigeants de paysans, il a été décidé d’aller dans cette direction. Parce que l’on craignait que si Evo ne repartait pas, il en résulterait une sorte d’explosion de nouveaux leaderships, avec le risque que vous soyez divisés, comme c’est le cas dans les grands partis avant, voire dans la gauche elle-même. Lorsque le chef principal n’est plus là, par exemple Marcelo Quiroga Santa Cruz au Parti socialiste, alors apparaissent les PS1, PS2, PS3, PS4 et PS5.

Mario Santucho
:Luis Arce vient de ce parti socialiste, n’est-ce pas ?

Garcia Linera :Oui, de PS1. Et dans le cas du MNR, il n’y a pas de chef, donc le MNRI, le MNRA, le MNRR, le MNRZ émergent. C’est la peur qui apparaît dans le débat des camarades. Nous ne voulons pas que cette chose qui a mis tant de temps à se construire, et qui n’est pas un parti d’intellectuels mais un parti de syndicats auquel adhèrent les secteurs intellectuels, reproduise le vieux factionnalisme d’avant. C’est cette préoccupation des camarades qui les a conduits sur cette voie... Pourquoi cela a-t-il pu fonctionner maintenant ? Parce qu’il y a eu un appel de la direction historique qui a contribué à rassembler, mais aussi la persécution d’un gouvernement qui a poussé le peuple à se cacher, à la persécution, à l’exil ou au massacre. Ainsi, la possibilité que la COB aille avec son propre candidat, que le Pacte de l’unité aille avec le sien, ou qu’El Alto fasse de même, était fermée, parce que nous étions tous attaqués. C’est pourquoi je pense que cette formule a fonctionné, en raison de ces conditions particulières. Qui sait si cette formule aurait fonctionné en 2019 ? J’y mettrais mes doutes.

24/10/2020 06:38 par Danael

Suite de l’entrevue

Mario Santucho
:Et que vous suggère l’interprétation qui regrette le déplacement du leadership historique ?

Garcia Linera  : Evo, et moi ... nous venons de l’organisation populaire. Avant de devenir des gouvernants, nous avons dû passer par vingt ou trente ans de travail de base, d’organisation, de formation politique, c’est ce que nous savons faire, c’est vraiment là d’où nous venons, c’est notre être politique. Et le fait que nous devions maintenant y revenir est presque évident. .. Le leadership d’Evo n’a pas été construit à partir de l’État... Evo n’est pas l’Etat, son leadership s’est formé à l’extérieur, dans ses marches, dans ses mobilisations, dans son accompagnement des luttes de la campagne à la ville, avec les travailleurs. Et l’État s’est renforcé, mais sans l’État, il y a toujours ce leadership construit à partir de la base. Je pense que le leadership d’Evo va se poursuivre, car sa force n’est pas due au fait qu’il a été président pendant un certain temps, mais parce qu’il a su tisser à partir du bas. Et cela a été mis à l’épreuve maintenant. Le fait que les organisations sociales n’aient pas été divisées avec les autres candidats est un élément important d’Evo... Et c’est là qu’il sera décidé si la direction d’Evo sera maintenue, acquerra d’autres caractéristiques ou sera diluée, selon ce que fera Evo dans les années à venir au sein des organisations sociales.

Mario Santucho:Quel rôle pensez-vous jouer dans la période à venir ?

Garcia Linera : Je me vois là aussi. C’est ce que je voulais faire depuis 2016... Parce que je vois en nous un déficit, qui est la formation politique des nouvelles générations, des nouveaux leaderships. La formation politique n’est pas seulement la lecture d’un livre, mais c’est une façon de comprendre la vie et de comprendre le destin personnel dans le destin politique. C’est une lutte, un débat, un plan mental, un plan moral et un plan logique. Les treize années de gouvernement que nous avons eues ont été très stables, mais en même temps, elles ont été marquées par une grande rénovation de la direction....
Il n’y a pas de bureaucratisation, mais cette grande volatilité des niveaux de direction fait également que les personnes qui accèdent à des postes de direction, au niveau social ou au niveau de l’État, le font par la voie la plus simple : je viens de la base, je deviens dirigeant syndical, la prochaine étape est de devenir législateur, puis maire, ou gouverneur ou ministre, presque comme une carrière de mobilité sociale...
Mais votre origine sociale ne suffit pas ; elle doit aussi être marquée par un esprit, une série de convictions, qui vous permettent d’affronter avec justice les adversités, qui vous permettent d’affronter la tentation de la corruption, de supporter les chutes, les défaites, de vous remettre sur pied. Ce qui vous élève, c’est votre conviction, et pas seulement votre origine sociale...

Alors que le peuple s’approprie l’acte démocratique, les forces conservatrices perdent le contrôle et s’éloignent de l’acte démocratique, car il ne sert plus leurs intérêts.

Source :https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/10/22/bolivia-garcia-linera-el-contexto-internacional-movilizado-para-la-transparencia-de-las-elecciones-en-bolivia-ha-ayudado-muchisimo-para-que-la-oea-no-haga-de-las-suyas-como-en-2019/

24/10/2020 12:58 par Danael

Excellente et récente entrevue avec Garcia Linera ex vice-président de Bolivie :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/10/22/bolivia-garcia-linera-el-contexto-internacional-movilizado-para-la-transparencia-de-las-elecciones-en-bolivia-ha-ayudado-muchisimo-para-que-la-oea-no-haga-de-las-suyas-como-en-2019/

Ps/ pensant que cela pouvait être pourtant intéressant à lire , j’avais envoyé des extraits (traduits par DeePL) mais LGS n’en a pas tenu compte. J’espère qu’il y aura une suite...

26/10/2020 19:37 par Vania

Merci @Danael pour l’information/traduction.
Voici la vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=peA8OJ_LKUE

26/10/2020 22:04 par Mas sans Evo

@Xiao Pignouf
Je parlais du "Musée Evo" (d’un ton gentiment moqueur je l’admets) car la construction de ce musée (très cher, à la gloire de la Révolution Démocratique mais surtout de son leader : Evo Morales) a été l’une des erreurs qui lui ont été beaucoup reprochées par nombre de ses partisans et/ou personnes de gauche qui par la suite se sont éloignées du MAS : ça a été perçu comme un délire égocentrique voire un pas de travers vers le culte de la personnalité.

C’est pourquoi j’ai fait le parallèle avec Fidel Castro, qui au contraire abhorrait le culte à sa personne ; une de ses dernières volontés a d’ailleurs été de faire passer une loi interdisant de nommer des lieux publics en son nom ou encore de mettre des statues à son effigie.

Mais bon, ce musée est anecdotique, les plus grosses erreurs du MAS ont sans doute été sa corruption, son inefficacité à gérer les affaires courantes au niveau locale ("compadrismo")... sans parler des failles au niveau des services de sécurité (manque de loyauté total, mais ça je crois que ça a pris tout le monde de court lors du coup d’état de 2019).

Nul doute que le MAS 2.0 de Luis Arce saura tirer les conclusions des erreurs passées.

26/10/2020 23:26 par Vania

Merci à @Danael
J’ai une simple remarque concernant une phrase de la réponse de A. Garcia L. à la question 2, le logiciel traduit :.."parce que l’on craignait que si Evo ne repartait pas..... " la phrase suivante me semble plus précise : ...."parce que l’on craignait que si Evo ne s’était pas présenté à nouveau......." . En effet, la phrase en espagnol est :"si no iba nuevamente Evo....."

28/10/2020 02:25 par alain harrison

Merci pour cette entrevue avec M. Linera.

J’ai retenu ce court passage.

« « « lutter pour le bon sens , par de nouveaux sens communs. » » »

Ne pourrions-nous pas dire : pour le bien fondé, qui n’a rien avoir avec l’opinion, le pré supposé, mais ce qui nous lie au réel, et en ce qui nous concerne au premier chef, notre condition d’humaine, que les diverses sciences mettent en nuance (questionnement, observation, expérimentation, interrelation et vue d’ensemble).

Nous avons inauguré l’Ère des Peuples, justement en le nommant, c’est à nous de ne pas en faire un slogan (l’humain d’abord), mais comment. Nous ne sommes plus dans les débats, il y en a assez, bien qu’il faut continuer à débattre, mais à un autre niveau, passer de l’informel au formel. Mais pas hiérarchique, ce qui fait parti du vieux monde, mais aborder l’Horizon organisé, consensus sur le bien fondé, coordination pour le réaliser. Il y a le court terme et concevoir le projet nouveau paradigme économique, préparer la Constituante Citoyenne en phase avec le parti de transition citoyen.
Le moyen terme, la Constituante Citoyenne et la transition.
Le long terme, faut pas se tromper, le nouveau pacte social ne sera pas une ciné cure, mais un long chemin de débats, d’arguments combien même le cadre sera démocratique, selon le bien fondé des arguments.
Et cela ne se fait pas en criant lapin, mais par un travail de fond réaliste, et l’entretien nous est déjà utile.
Nota.
Beaucoup de corrections à faire dans cette traduction, parfois incompréhensible.

28/10/2020 05:37 par Danael

@Vania
Version très intéressante surtout parce qu’on perçoit en direct toute l’émotion très palpable chez Garcia Linera . Cette sensibilité chez lui est une grande qualité qui lui permet d’analyser les événements de son pays avec beaucoup de finesse et justesse. C’est souvent le cas quand on l’écoute. Pour la traduction vous avez raison bien sûr. Merci Vania !

28/10/2020 06:32 par Danael

@Harisson
Mauvaise traduction sans doute , je n’avais pas le temps de fignoler DeePL, étant très occupée. Mon but étant de donner une idée générale. J’ai donné aussi la source de l’entrevue ( version écrite) en espagnol. Par contre j’ai eu du mal à comprendre votre propre commentaire qui se voulait une réponse à l’entrevue.

28/10/2020 22:59 par alain harrison

Oui, c’est un excellant entretien qui mérite des "correctifs à certains endroits" pour le mettre ici sur LGS afin de discussion. Et même à envoyer aux GJ, à La Fi, et les autres de la gauche. Je ne sais pas pour vous, mais j’y vois comme quelque chose de rassembleur. Et puis, sa force vient du fait que c’est une personne en dehors de la gauche française, ce sera pas mon idée et les conflits qui couvent d’Égo.

Ce que je veux dire en remplaçant la sentence « le bon sens » par « le bien fondé » qui a un fondement objectif, pour appuyer sur l’objectivité, ce qui est démontré, un fait indiscutable comme un arbre est un arbre. Les différentes branches de la science nous met en face de la réalité, tout comme nos comportements nous mettent en face de leur conséquence aujourd’hui, par le cumul de leurs effets collatéraux sur l’ensemble du monde dans lequel nous sommes tous, la terre et ses limites.
Les dommages écologiques sont intimement liés à ceux portés contre les populations, et ce, causé par le manque d’éducation et sa mise à niveau insuffisante, autant pour le nord que le sud, ce qui a une influence sur les politiques de guerre, mené par nos gouvernements atrophiés par le vaste chantage économique, mené par les institutions extra-territoriales (FMI,.....,OMC.......), à qui nos gouvernements ont donné autant de pouvoirs exorbitants, et qu’il faut reprendre en main, que les peuples, pour survivre, doivent prendre en main, le pouvoir d’orienter et de décider, mais basé sur « le bien fondé de toute décision, lié aux limites du réel » ». N’avons-nous pas assez d’exemples concrets à rectifier, du système de santé aux déboisements improvisés, et cela partout sur la terre.

Et pour ce faire, l’éducation des peuples passe par le chemin ardu de la Constituante des Peuples, cette mobilisation de tous pour une alternative souhaitable. Mais, il faut en parler, donner des pistes de discussion comme parler (cotisation, salariat, expropriation, mettre en contexte historique.......le travail de fond pour la préparation de la Constituante et la participation) et concevoir (l’alternative) en petit groupe informel, les satellites des comités citoyens.

29/10/2020 11:17 par Assimbonanga

C’est bien. La Vertu semble l’avoir emporté sur le Vice. Maintenant qu’on est rassurés, reste à surveiller l’usage du lithium dans la contrée, l’exploitation minière et ses lourdes conséquences. Ça va pas être simple de rester vertueux avec des enjeux aussi internationaux et capitaux ( à tous les sens du terme).
Les multinationales gouvernent le monde, de par le fait, et quand le mal est fait, il est trop tard.
Les minerais

31/10/2020 00:45 par alain harrison

Minerais.

Oui nous sommes entre deux feux.
La renonciation à la consommation superflue ne suffira pas, mais il est temps de faire ce pas (ferrari et ci).
Ensuite utilisé ce qui reste avec parcimonie et en ne reproduisant pas (voitures...) pour faire la transition vers le trans port en commun.
Garder le camionnage nécessaire. Voyager pour moyen terme seulement. Exemple, je veux aller en Afrique, et bien pour au moins trois mois afin de limiter les déplacements et que ceux-ci ne soit pas que du tourisme, mais apprendre quelque chose ou apporter qielque chose (une idée).
Nous devons considérer la Constituante comme le point de départ du changement tout en prenant la mesure de ce que cela veut dire : passer à une alternative viable pour la Terre d’oùl,On vient et oùl’on retourne (en fumé de plus en plus).

Le paradigme économique est une question d’imagination et de technicalités.
La Constituante et le parti de transition pour changer radicalement les institutions.

Le plat de résistance c’est le nouveau pacte social, et là on peut vraiment dire : sky is the limit.

Ne tardons pas, le parti de transition et la Constituante.

03/11/2020 20:44 par alain harrison

Les élections.

L’Argentine a remis un parti progressiste au pouvoir, pas un parti révolutionnaire ?
La Bolivie aussi, mais un retour sérieux sur les erreurs peut mener à ........
Le Venezuela, nous aurons une idée selon l’ampleur du vote pour le parti Bolivarien.
Le retour d’un parti progressiste au Brésil consoliderait la reprise de la voie Bolivarienne qui semble reprendre du souffle (?) en Amérique Latine.

Mais ce retour de la gauche en Amérique latine aura-t’elle un effet "d’entraînement (?)" ailleurs. Comme la France par exemple ?

Les élections, c’est pour 2022. Une année (2021) pleine pour réunir l’ensemble de la gauche autour d’un projet consensuel.
Mais les priorités (les enjeux déterminants) doivent être au rendez-vous. Qu’est-ce qui bloque et/ou favorise l’avenue d’une transition vers une alternative, du moins schématique afin d’orienter les débats (arguments) et les discussions (précisé) sur les différents points clés, décisifs pour faciliter les changements nécessaires. D’où la nécessité de la participation significative des citoyens en comités et leurs satellites.

Autre sujet qui nous concerne, et il s’agit de l’humanité, est la condition humaine, notre condition, sous le couvert des différentes cultures, idéologies et croyances qui aujourd’hui, est entrée, encore, dans une période de confusion conflictuelle critique. Pavlov, par ses recherches et expérimentations nous a démontré les ressorts d’un de ses aspects, dont le documentaire, les enfants de la surconsommation, expose les conséquences. Nous avons mis des mots précis sur cet aspect, et le nommer nous permet d’en révéler la nature, et à partir de là ouvrir ou fermer des portes, selon l’éducation.
Cet aspect est notre affaire, l’Humanité.
À chaque époque de l’Histoire, la connaissance confronte l’ignorance et les croyances établies. Quand est-il aujourd’hui ?
La Terre est-elle toujours plate.

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