RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Un Juste à l’ONU

Cette société mérite-t-elle de survivre ?

L’actuel Président de l’Assemblée Générale de l’ONU, Miguel d’Escoto Brockmann -ancien ministre des Affaires étrangères du Nicaragua sandiniste- est en train de donner un nouveau visage à l’organisme international. Il a créé des groupes d’étude sur les sujets les plus variés qui intéressent spécialement une humanité en souffrance, comme la question de l’eau douce, la relation entre énergies alternatives et sécurité alimentaire, la question mondiale des indigènes, et d’autres. Le groupe sans doute le plus significatif, qui inclut de grands noms de l’économie comme le prix Nobel Joseph Stiglitz, est celui qui recherche des issues collectives à la crise économique et financière. Tous sont conscients du fait que les pays du G-20, si importants qu’ils soient, ne peuvent représenter les 172 pays restants -où vivent les principales victimes des turbulences actuelles. D’Escoto prétend réunir au sein de l’Assemblée de l’ONU, les 1er, 2 et 3 juin de cette année, tous les chefs d’État des 192 pays membres pour chercher ensemble des voies durables au service de toute l’humanité -et non seulement des puissants.

Le plus important toutefois réside dans l’atmosphère qu’il a créée, une atmosphère de dialogue ouvert, de sens de la coopération et de renoncement à toute violence dans la résolution des problèmes mondiaux. Son bureau est couvert des icones qui inspirent sa vie et sa pratique : Jésus-Christ, Tolstoï, Gandhi, Sandino, Chico Mendes -entre autres. Tous l’appellent Père, car il est toujours prêtre catholique, de profonde inspiration évangélique. C’est un homme d’une grande bonté, qui lui vient de l’intérieur et qui se communique à tous.

Sous son influence, le président de la Bolivie Evo Morales a pu proposer à l’Assemblée Générale le vote d’une résolution pour instaurer le 22 avril comme Jour International de la Mère Terre -proposition qui a été acceptée à l’unanimité. Ce fut un honneur pour moi de pouvoir exposer aux représentants des peuples les arguments scientifiques, éthiques et humanistes de cette conception de la Terre en tant que Mère.

Tout ceci paraît naturel et évident, et d’un humanisme manifeste. Toutefois - voyez l’ironie -, il y a des représentants de pays riches qui trouvent le comportement du père Miguel très étrange. Il y a peu de temps est paru un article dans le Washington Post se faisant l’écho de cette qualité. Le chroniqueur disait que Miguel d’Escoto parlait de choses très bizarres qui ne s’entendent jamais à l’ONU, telles que solidarité, coopération et amour. Tous sont salués, en ses discours, en frères et soeurs (Brothers and Sisters all). Encore plus étrange est le fait, dit le chroniqueur, que beaucoup de représentants -et même des chefs d’État comme Sarkozy- assument ce même langage étrange.

Mon Dieu, jusqu’où sommes-nous enfoncés dans l’enfer de Dante ? Comment une société peut-elle se construire sans solidarité, coopération et amour, être privée du sentiment profond qui exprime, dans la Charte des Droits des Droits de l’Homme de l’ONU, que nous sommes tous égaux et, par cela, frères et soeurs ?

Pour un type de société qui a choisi de transformer tout en marchandise - Terre, nature, eau et vie elle-même -, qui place le profit et la consommation comme idéal suprême au-dessus de toute autre valeur, au-dessus des droits humains, de la démocratie et du respect de l’environnement, les attitudes du président de l’Assemblée Générale des Nations Unies paraissent réellement très curieuses. Elles sont absentes du dictionnaire capitaliste.

Nous devons nous interroger sur la qualité humaine et morale de ce type de société. Elle représente simplement une insulte à tout ce que l’humanité a prêché et essayé de vivre tout au long de ces siècles. Elle est en crise non sans raison, une crise d’humanité plus qu’économique et financière. Elle représente le pire de ce qu’il y a en nous, notre côté demens [ 1]. Elle s’est montrée indéfendable même financièrement, précisément sur ce point qui lui est central.

Ce type de civilisation ne mérite aucun futur. Pourvu que Gaia ait pitié de nous et n’exerce pas sa vengeance compréhensible ! Mais si pour dix justes, selon ce que dit la Bible, Dieu aurait pardonné à Sodome et Gomorrhe, nous espérons également être sauvés par les nombreux justes qui abondent encore sur la surface de la Terre.

Leonardo BOFF


[1] L’adjectif demens, en latin, signifie en français dément, fou ou insensé. Il est construit à partir du terme mens qui signifie esprit. Demens qualifie donc celui qui a perdu l’esprit, qui a perdu ses esprits. (http://www.webphilo.com/)


Source : Essa sociedade merece sobreviver ?

Article original publié le 15/5/2009

Sur l’auteur

Traduit par Thierry Pignolet. Édité par Fausto Giudice

Thierry Pignolet et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d’en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=7734&lg=fr

URL de cet article 8653
  

Même Thème
Un autre capitalisme n’est pas possible
Rémy HERRERA
Le capitalisme est en crise. Il pourrait même s’agir d’une des plus graves crises de l’histoire moderne. Et pourtant, à suivre l’actualité au jour le jour, l’opinion publique peut avoir le sentiment que cette crise est déjà derrière nous. Or, le pire est sans doute encore à venir, malgré les propos rassurants tenus et les aménagements envisagés. En effet, la réactivation annoncée de l’intervention étatique a notamment pour objet la négation de la nature de biens publics à la fois gratuits et libres de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Pour moi, un réactionnaire c’est quelqu’un qui sait que 10.000 enfants meurent de faim par jour et qui trouve que c’est dans l’ordre naturel des choses. Un conservateur, c’est quelqu’un qui sait que 10.000 enfants meurent de faim par jour et qui pense qu’on n’y peut rien. Un progressiste, c’est quelqu’un qui sait que 10.000 enfants meurent de faim par jour et qui trouve que c’est injuste. Un communiste, c’est quelqu’un qui sait que 10.000 enfants meurent de faim par jour et qui est prêt à faire pour eux ce qu’il ferait pour ses propres enfants.

Ibrahim,
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.