RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Brésil : l’incroyable histoire des patriotes qui voulaient un revolver et qui se sont retrouvés sans riz*

Le sac de cinq kilos de riz a atteint 25 reals (5 euros). Avec cela, le président de l’association des supermarchés a conseillé aux Brésiliens de manger des macaronis. L’insignifiante bouteille d’huile de soja, qui était autrefois un adjuvant commun dans les rayons des magasins et des gondoles, jouit aujourd’hui d’un statut de célébrité et est vendue pour huit reals.

C’est tellement étrange qu’on verra bientôt les vendeurs de petits patés se mettre à vendre du jus de pâté.

Le dollar, qui était jusqu’à récemment le passeport pour la consommation de biens importés, a explosé à 5,61 reals ces dernières semaines. Le peuple blagueur et sans complaisance, qui a maudit pour douze générations Dilma Rousseff lorsque le billet vert atteignait les 4,05 réals, regarde passivement la monnaie brésilienne fondre, tandis qu’il traque les dangereux communistes imaginaires et réclame à grands cris de la chloroquine contre le virus chinois.

Il n’est pas nécessaire de trop continuer cette prose, ni d’énumérer la succession d’humiliations qui nous sont imposées quotidiennement, pour dépeindre le scénario désolant et inimaginable dans lequel le foutoir de Jair Bolsonaro (que certains préfèrent appeler gouvernement) nous a entraînés.

Le Brésil s’est effondré.

Misère, chômage record, destruction généralisée de la machine publique, prix effrénés des produits de base, faim, disgrâce et isolement de la communauté internationale. Enfin, chaque semaine, nous arrivons au fond du puits, pour découvrir qu’il y a encore une trappe à cet endroit.

Comme le dit la poésie de Criolo (1), ici l’ascenseur ne sert que pour descendre.

Je continue à imaginer les pleurnicheries silencieuses d’un bolsonariste dans l’intimité humide de sa taie d’oreiller, allongé, la nuit. Ces gens médiocres qui rêvaient de parader dans une Opala 83 avec un pistolet à la ceinture, plein d’oseille dans leur portefeuille, de s’amuser avec les filles dans la rue et d’aller à l’église en costard le dimanche pour expier leurs péchés, et qui maintenant ne peuvent même pas acheter une boîte d’huile pour faire frire une boulette de riz.

Une boulette de riz ? Mais non, plus possible ! Le riz de Bolsonaro coûte le même prix que le jambon de Parme à l’époque Lula.

L’état de transe est si impressionnant qu’on n’en entend pas un bruit. Le pays s’effondre, la dignité s’effondre et les cris furieux finissent par se taire.

Mais pas tant que ça, hein ?

C’est que cette psychose doit être quelque chose de si délicieux, si orgasmique, le mec qui abandonne la viande et la bière pour manger un œuf dur, voir son salaire fondre, qui s’appauvrit à grands pas, mais qui ne pense pas à se révolter avec le discours enchanteur du glandeur et du farceur qui démolit le Brésil.

Folie ? Manque de perception ? Sociopathie ?

Peut-être... Mais je pense toujours qu’il y a beaucoup de gens qui ont honte. Ce sont... des gens embarrassés. Ça ne doit pas être facile d’assumer qu’on a été été complètement trompé par un type grossier et totalement ignorant qui, avec une demi-douzaine de courgettes (d’abrutis, quoi, mais le mot en portugais est tellement délicieux que je l’ai laissé NDT), a réussi à hypothéquer jusqu’à votre âme, en vous promettant de vous ramener un pays qui n’a jamais existé.

Oui, ça ne ne doit pas être facile de voir la misère approcher et de savoir que son idolâtrie pour un type profondément corrompu visait essentiellement (à détruire) l’honnêteté et l’abondance.

Les groupes qui ont mené la croisade Sebastianiste (Saint Sébastien, patron de Rio de Janeiro NDT) pour un nouveau Brésil, intègre et héroïque, peuplé de citoyens "de bien" avec leur chef si sage, ont déjà un dilemme : comment garantir les armes et les munitions tant désirées avant d’en arriver à devoir fouiller les poubelles à la recherche d’un déjeuner ?

Je ne peux que souhaiter qu’ils suivent avec force et convoitise cette quête du paradis armé ultra-conservateur, implacable avec les communistes qui infectent leur inconscient malade.

Quant à la situation actuelle, je crois qu’un passage de Cervantes, dans Don Quichotte de La Manche, servira à calmer les nerfs et à consoler l’âme, car après tout, "le rêve est le soulagement des misères de ceux qui les ont réveillées".

Mitoooo ! ("le mythe" est le surnom donné par tous ces abrutis à Bolsonaro NDT)

* Le Brésil connaît actuellement une importante pénurie de riz (aliment de base, avec les haricots) et les prix s’envolent...

(1) Kleber Cavalcante Gomes (né en 1975), connu sous le nom de Criolo, est un chanteur brésilien de Rap et de MBP (Musique Populaire Brésilienne).

»» https://revistaforum.com.br/debates/a-incrivel-historia-dos-patriotas-...
URL de cet article 36441
  

Washington contre Cuba.
Salim LAMRANI
WASHINGTON CONTRE CUBA - L’affaire des Cinq. Un demi-siècle de terrorisme, dirigé par Salim Lamrani. Edition le temps des cerises Textes de : Howard Zinn, Noam Chomsky, William Blum, Michael Parenti, Piero Gleijeses, Ignacio Ramonet, Leonard Weinglass, Wayne S. Smith, Saul Landau, Michael Steven Smith, James Petras, Jitendra Sharma, Ricardo Alarcon, Gianni Mina, Nadine Gordimer. « Les Etats-Unis n’ont jamais annexé Cuba, mais ils en ont fait une colonie virtuelle jusqu’à ce que, en janvier (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Parfois sans le savoir, nous gagnons tous les jours. Ailleurs.

Viktor Dedaj

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.