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Brésil. Sur la voie du fascisme ?

147 millions de Brésiliens ont voté dimanche sept octobre.

Alors que les sondages lui accordaient entre 32 et 36% de voix, ce sont 46,03% d’électeurs qui ont voté pour Jaïr Bolsonaro, candidat de l’extrême droite, de la théocratie évangélique néo-pentecôtiste, des gros propriétaires terriens, des industries pesticides et autres poisons, et des lobbys des armes à feu. Le candidat du Parti des travailleurs Fernando Haddad obtient 29, 28 %. Le troisième candidat, de centre gauche, Ciro Gomez du Parti démocratique travailliste, arrive en troisième position avec 12, 47%. Cela s’annonce très mal pour le second tour pour les forces de progrès et les démocrates de ce pays.

Candidat de la bête immonde, dont le ventre est encore fécond, cet ancien capitaine de 63 ans radié de l’armée en 1988 pour infraction grave au règlement disciplinaire et menaces d’actions terroristes à l’explosif, puis innocenté, est largement favori pour le second tour qui se déroulera le 28 octobre. Face à lui le candidat, par défaut, du Parti des travailleurs Fernando Haddad, en l’absence de Lula emprisonné en avril 2018 sans aucune preuve à charge, de l’aveu même de son juge inquisiteur Moro, et éliminé de facto de l’élection présidentielle, dont il était donné largement vainqueur.

Un psychopathe en politique.

Mais arrêtons-nous sur le profil de Bolsonaro et sur quelques aspect de son projet.
Surnommé Bolsonazi par les forces démocratiques, député fédéral depuis 1988, il ne connaît ni remords, ni retenue, attise la haine et les frustrations, en exaltant les instincts les plus obscurs et « d’insondables pulsions » chez ses partisans. Lors du coup d’État parlementaire qui destitua, en avril 2016 à mi-mandat, la présidente Dilma Rousseff élue avec 54% des suffrages en 2014, il s’est distingué abjectement en dédiant, euphorique, son vote de destitution au patron de la police politique et des tortionnaires brésiliens de la dictature militaire, le colonel Ustra, qui arrêta en janvier 1970 Dilma Rousseff, et supervisa les tortures dont elle fut la victime. En 2003 il agressa violemment une députée du PT, en lui hurlant au visage « qu’il ne la violerait pas , car elle était laide ».

Dès l’annonce de sa candidature, il engage une campagne axée sur le racisme, la misogynie, l’homophobie, l’ordre moral le plus réactionnaire, et stigmatise les étrangers originaires du Moyen-Orient, d’Afrique, ou d’Haïti en les qualifiant de « « déchets de l’humanité ». »

Son registre linguistique, élémentaire, indigent, vulgaire et sordide, se limite à des propos quotidiens ignominieux, exaltant la violence, contrôlés et assumés, contre les progressistes, les syndicats, les pauvres, les femmes, les homosexuels , mais aussi les Indiens et les Noirs qui, dit-il, « sont mal élevés » et « sentent mauvais ».

Ardent défenseur du retour de la pratique de la torture du temps de la dictature militaire, il regrette que celle-ci n’ait pas exécuté les opposants emprisonnés et torturés, et estime que les militaires auraient dû liquider trente mille opposants pour pacifier le pays, et qu’il était prêt à le faire.
À propos de l’apologie de la torture par cet ancien parachutiste, rappelons que le Brésil de la dictature a bénéficié pendant de très longues années de la coopération « technique » monstrueuse, très officielle, de la France de Pompidou et de Giscard avec la nomination, en tant qu’ attaché militaire à l’ambassade de France au Brésil, d’octobre 1973 à novembre 1975, du futur général Aussaresses, parachutiste lui aussi, tortionnaire-assassin de patriotes algériens, parmi lesquels Larbi Ben M’hidi, Maurice Audin, Ali Boumendjel.

Bien avant l’annonce de sa candidature à la Présidence de la république, encensée par les classes possédantes, haineuses et revanchardes, il pose sur des photos en ciblant, arme de guerre au poing, les adversaires de son projet liberticide. Au-delà de son projet de libéralisation du port d’armes, dans un pays où près de 60 000 personnes sont victimes d’homicides volontaires par armes à feu chaque année, il confirme son statut de chef de gang d’une meute de brutes -parmi lesquels ses fils-, mais aussi l’image de sauveur de la nation brésilienne qu’il a construit au fil des mois avec l’aide généreuse et militante de l’empire médiatique Globo d’une part, et de la chaîne de télévision Record d’autre part, qui appartient à Edir Macedo. Ce même Edir Macedo , théocrate patenté, est le chef des néo-pentecôtistes, un mouvement théocratique millénariste-sioniste, importé des U.S.A dans les années quatre-vingt-dix, qui compte aujourd’hui 42 millions de fidèles, totalement embrigadés et aliénés à et par la « « théologie de la prospérité » », dont le credo est : « « plus on gagne, plus on donne à l’église, et plus on se rapproche ainsi de Dieu » ».

Ces médias, dont Globo, qui forment l’essentiel de ce l’on appelle au Brésil les médias PIG, -porc en anglais-, sigle que l’on peut traduire par « parti de la presse golpiste », diffusent massivement et unilatéralement à l’échelle de ce pays-continent, les discours de la haine et de la régression contre les forces de progrès, et contribuent à la banalisation et à la naturalisation de la violence et de l’idéologie fasciste.

Pinochet comme modèle

Ayant choisi comme vice-président le général à la retraite Mourâo, tout aussi nostalgique de la dictature militaire, cet admirateur de Pinochet, exprime la synthèse parfaite de la terreur d’État, dans laquelle le Brésil a été maintenu de 1964 à 1984, et d’un programme d’oppression économique, sociale, culturelle, élaboré par son conseiller économique, l’ultralibéral Paulo Guedes, un élève des Chicago Boys, sinistre laboratoire d’économistes dirigé par le non moins sinistre Milton Friedman, à qui le Chili doit régression, misère, milliers de morts, de torturés et de disparus, lors du golpe de Pinochet contre le Président Salvador Allende, en septembre 1973.

En accord avec les politiques ultralibérales, il a voté, au lendemain de la destitution de Dilma Rousseff, pour le Projet d’amendement constitutionnel de gel des investissements publics pendant vingt ans, un projet démentiel porté par le vice-président, et néanmoins usurpateur, Michel Temer. Qualifié de « projet de fin du monde » par les démocrates et progressistes brésiliens, l’entrée en vigueur au début de 2017 de ce projet malthusien mortifère, dans les domaines de la santé et de l’éducation, entre autres, a plongé des millions de Brésiliens dans la précarité et l’extrême pauvreté en quelques mois. Conséquences immédiates : une augmentation spectaculaire, pour la première fois depuis 26 ans, du taux de mortalité infantile, et le retour des maladies éradiquées totalement, depuis deux décennies, suite à l’arrêt du programme fédéral stratégique de santé familiale, et à l’interruption de l’action de plus de quatre mille équipes de Santé familiale, laissant ainsi sans accès aux soins de santé de base plus de 15 millions de personnes.

La rencontre de ces deux figures de la régression, l’économiste ultralibéral et le candidat fasciste, exprime l’alliance, bénie par les U.S.A , des classes possédantes, des fractions réactionnaires des classes moyennes, des fondamentalistes religieux, de militaires hauts gradés et autres nostalgiques de la dictature, et va amplifier tragiquement les inégalités sociales, les injustices, la pauvreté, la misère et le malheur pour le peuple brésilien, indépendamment de la destruction des libertés démocratiques, et barbariser encore plus les rapports sociaux.

Symbolisé par ces deux individus, ce programme porteur d’oppression, de tyrannie, de terreur, a de très fortes chances de devenir le quotidien des Brésiliennes et Brésiliens à compter du 29 octobre 2018. À moins d’un sursaut vital de toutes les forces démocratiques, progressistes et républicaines de ce pays, ce qui pour le moment est loin d’être acquis.

Smaïl Hadj Ali

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