Théophraste est trop bon pour moi. Disons que j’ai gagné à la loterie. Je reprends à titre de témoignage le texte que j’ai publié le 31 octobre sur mon blog :
Notre Covid et nous
Ça nous est tombé dessus, ma femme et moi, alors que nous ne nous y attendions vraiment pas. Nous avions pris toutes les précautions possibles. Avec notre fille Raphaëlle, nous ne mangions pas ensemble, nous aérions l’appartement en permanence, nous passions de l’eau de Javel (le remède miracle selon Trump, on s’en souvient) trois fois par jour dans la cuisine, j’en passe et des meilleures. La cadette Rébecca était très surveillée au Lycée climatique de Font-Romeu.
Mon épouse travaillant à l’Université Lyon 2 – où le port du masque était très globalement respecté – et prenant régulièrement le métro lyonnais où ce port était respecté à 90%, elle encourait malheureusement la malchance d’être infectée. Pour ma part, je prenais le métro le moins possible, mais une fois suffit, et je faisais mes courses de nourriture chez trois commerçants irréprochables.
Ma femme ressentit des symptômes trois jours avant moi. Ce qui ne veut pas dire que j’héritai mon Covid du sien. Je m’étais fait vacciner contre la grippe quelques jours avant de ressentir les symptômes. J’avais alors pu penser que j’avais mal réagi au vaccin. Après avoir reçu les résultats d’un test malheureusement positif, je demandai à deux médecins si ce vaccin anti-grippal était un facteur aggravant. L’un me dit que c’était possible, l’autre qu’il n’en savait rien.
Nous entrions à petits pas dans les mystères de cette maladie insensée où chaque personne atteinte est en fait une nouvelle maladie à elle toute seule. Ma femme ressentit des maux de tête réguliers, moi non. Elle perdit 95% du goût et de l’odorat, moi non. Elle eut un peu mal aux articulations, moi non. En revanche, le Covid réactiva légèrement chez moi un vieux zona dont j’avais oublié l’existence. Je fus très fatigué et j’eus brièvement 38,5° de fièvre.
Ni ma femme ni moi n’éprouvâmes une vraie gêne respiratoire, symptôme à prendre très au sérieux, on le sait. J’avais lu et entendu qu’à 70 ans et plus on était une personne à risque. Un médecin m’expliqua que l’âge ne faisait rien à l’affaire. Ce qui importait selon lui – à tous les âges – c’était une pathologie préexistante au Covid : problèmes cardiaques, pulmonaires, articulatoires, obésité, diabète. Le virus faisait alors des ravages chez les personnes souffrant déjà de maux chroniques.
Comme tout le monde, nous grapillâmes des “ informations ” plus ou moins fiables. On nous assura que les personnes O positives étaient plus armées que les autres. On nous dit que la perte du goût et de l’odorat était un facteur de meilleure résistance au mal. On nous recommanda de dormir sur le ventre pour drainer les poumons.
Pendant ces dix jours, nous pensâmes en permanence aux centaines de milliers de victimes d’une forme grave du Covid, à toutes ces personnes mortes dans des souffrances terribles ou qui ne s’étaient pas réveillées d’un coma artificiel.
Nous fûmes soutenus moralement par notre cousine Édith Cariou-Nouvellon, médecin à la retraite, qui nous prodigua des conseils précieux et nous proposa des liens vers des informations utiles. Nous fûmes entourés.
Dans la maladie, un facteur aggravant est la solitude.
PS : Raphaëlle fut testée positive le 29/10/2020.