
C’était à la fin des années soixante-dix. J’habitais alors à Toulouse et connaissais bien un taxidermiste, rue du Taur, aussi encadreur de tableau.
Un beau jour, il m’a expliqué que sa profession allait disparaître. En effet, une loi (prise sous la pression de quel lobby ?) allait être votée et celle-ci n’autoriserait plus la taxidermie que pour les seuls animaux domestiques (chiens, chats…). Et ce qui était annoncé fut fait et entraîna la fin d’activité pour plusieurs milliers de taxidermistes en France. Dans le silence et l’indifférence générale.
Ce 22 août 2016, tôt le matin sur France-Inter, un reportage élogieux, enthousiaste, émerveillé… nous raconte les activités d’une start-up, « Post me », installée dans un triporteur au pied de la tour Eiffel à Paris. Celle-ci réalise en un tour de main, grâce à un logiciel et une imprimante d’ordinateur, la carte postale personnalisée de vos vacances. Hé hop ! En 3-4 minutes c’est fait ! Il n’y a plus qu’à payer et à envoyer aux parents ou amis.
Oui mais la société qui édite les cartes postales, et avant elle, celle qui les imprime ? Et le photographe qui réalise les clichés et le représentant qui démarchait les points de vente, les buralistes et autres vendeurs…, on en fait quoi, à présent ?…
Lentement mais sûrement*, ce qu’on appelle l’économie numérique** démonte/défait les professions organisées en filières autour de métiers et de savoir-faire…
Lentement mais sûrement. Dans l’indifférence générale ?
* Airbnb, Blabla car, Eat me…, la liste des secteurs attaqués par ces start-up s’allonge encore tous les jours.
** Aussi en relation avec la loi El Khomri qui, quelque part, cherche à « dissoudre » le salariat et à transformer les salariés en auto-entrepreneurs. Voir sur ce sujet les analyses de l’économiste Bernard Friot.
Voir aussi : Rapport du député Terrasse (PS) à la demande du gouvernement.
Collaborative… sic ! Comme le chantait l’animateur de radio J.L. Foulquier : Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom.