RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Ce qui dure/contre la pensée stroboscopique

A y regarder de près, ou plutôt de haut, il semble que tout soit mis en œuvre (par le système médiatique dominant de formatage) pour déboussoler les gens, les empêcher de réfléchir. Dans le long terme. Et pourtant ! Comment réfléchir si la pensée, la réflexion ne s’inscrivent pas dans le long terme ? La pensée a besoin, se nourrit de temps pour se développer. Sinon elle ne peut exister.

Prenons une première image pour illustrer. C’est Pierre Bourdieu qui parlait du travail de plusieurs années de Michel-Ange pour peindre le plafond de la chapelle Sixtine à Rome et pourfendait les partisans de la rentabilité immédiate (du retour sur investissement le plus élevé et le plus rapide possible) pour dire que, avec cette logique là, l’humanité du XX° siècle n’aurait jamais connu ce chef-d’œuvre de la peinture italienne du début du XVI° siècle.

Plusieurs années…, c’est bien de temps, et quelquefois de temps long, que la pensée, qui se nourrit aussi de réflexion, d’échanges, de vérification par l’expérimentation… a besoin pour se construire.

On voit trop quel but est visé par ceux qui veulent empêcher la pensée de se former en changeant tous les soirs, tous les jours, tout le temps, l’ordre du jour et le décor des informations télévisées du 20 heurs (soit le cadre de référence d’une grande majorité des Français).

Le cadre bouge tout le temps. Donc, on n’a pas le temps de faire la photo. Donc on ne fait pas de photo. Pratique, un temps, un présent, un futur proche impensé pour ceux qui veulent le confisquer pour nous en déposséder.

Pointer encore dans cette ligne droite dont l’image tend à disparaître son palimpseste : la constance.

Indissociable et inscrite elle aussi dans le temps : la constance.

Le but, le projet et le temps pendant lequel il est formulé et qui nous sépare, qui est nécessaire à sa réalisation.

Là encore retirer le temps, moquer la constance !

Je repense à ce jeune journaliste de radio qui se croyait iconoclaste et donc « in » en moquant, il y a une dizaine d’années de cela, le réalisateur Ken Loach : « alors Monsieur Ken Loach, comment se fait-il qu’à 70 ans vous soyez toujours marxiste ? »

On comprend mieux le dessein des « bougistes ». « Tout bouge tout le temps ». Sous ce mouvement qui en réalité n’en est pas un (effet stroboscopique), rien ne change*.
Contre les adeptes du « tout, tout de suite », réapproprions-nous le temps de la réflexion, de la maturation de nos projets, revendiquons le temps nécessaire à leur réalisation ; installons la fidélité à nos idées dans le long terme !

* « Pour que tout reste comme avant, il faut que tout change... », Le Guépard, de Giuseppe Tomasi di Lampédusa, 1958.

URL de cet article 30445
   
Même Thème
SALARIÉS, SI VOUS SAVIEZ... DIX IDÉES RECUES SUR LE TRAVAIL EN FRANCE
Gérard FILOCHE
« Le droit du licenciement doit être assoupli », « les 35 heures n’ont pas profité aux salariés », « les charges sociales sont trop lourdes », « les fonctionnaires sont des privilégiés », « à terme, on ne pourra plus financer les retraites », etc. Telles sont quelques-unes des idées reçues qui dominent le débat public sur le travail en France. En dix réponses critiques, chiffres à l’appui, Gérard Filoche bat ici en brèche ces préjugés distillés par la vulgate néolibérale pour tenter de (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le système bancaire moderne fabrique de l’argent à partir de rien. Ce processus est peut-être le tour de dextérité le plus étonnant qui fut jamais inventé. La banque fut conçue dans l’iniquité et est née dans le pêché. Les banquiers possèdent la Terre. Prenez la leur, mais laissez-leur le pouvoir de créer l’argent et, en un tour de mains, ils créeront assez d’argent pour la racheter. ôtez-leur ce pouvoir, et toutes les grandes fortunes comme la mienne disparaîtront et ce serait bénéfique car nous aurions alors un monde meilleur et plus heureux. Mais, si vous voulez continuer à être les esclaves des banques et à payer le prix de votre propre esclavage laissez donc les banquiers continuer à créer l’argent et à contrôler les crédits.

Sir Josiah Stamp,
Directeur de la Banque d’Angleterre 1928-1941,
2ème fortune d’Angleterre.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.