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Cette guerre que (presque) tout le monde attend

Elle va bien finir par arriver cette guerre. Nombreux sont ceux qui la redoutent, mais plus nombreux encore sont ceux qui l’attendent. Pas pour les morts bien sûr, ni pour les misères et les destructions qu’elle engendre non plus… encore que ! Car en définitive tout le monde (ou presque) sera satisfait : l économie va enfin pouvoir repartir, et la croissance reviendra après. Je souligne le « ou presque » par acquis de conscience mais c’est bien l’ensemble du monde capitaliste qui s’en portera mieux. Car il est dans la nature même du capitalisme de conduire à la guerre ( vous ne le saviez pas peut-être ?) : comme une « saignée nécessaire pour « relancer la machine »… Imaginez des millions de morts, de blessés, et puis toutes les infrastructures détruites. La conscription, l’état d’alerte ou l’état d’urgence, « l’union sacrée » ! et puis aussi la relance de l’emploi à travers « l’effort de guerre », quelle opportunité pour la « croissance » !

Finies les dettes à rembourser aux « ennemis », finie la démocratie qui empêche les dirigeants de faire ce qu’ils souhaitent et qui autorise les citoyens de se plaindre sans cesse… Cette satanée « démocratie » qui nuit aux affaires et cet internet qui autorise la divulgation des « petits arrangements » de nos dirigeants doivent disparaître avec la guerre, car seule la dictature permettra la relance économique à travers la « compétitivité » offerte par l’esclavage. Et les destructions engendrées par la guerre sont autant de marchés qui seront à prendre au plus méritant (le plus fort donc).

Il faut bien comprendre que le « retournement du capitalisme » auquel nous avons assisté les dernières décennies ne laisse pas trop de choix : n’étant plus en mesure de dominer le monde par la puissance financière (en réalité il n’y a plus d’argent), les pays dits « puissants » ne le sont plus que grâce à la force brute ; et la guerre est désormais pour eux le seul moyen de conserver leur statut international. Et pour nous de conserver notre « niveau de vie »…

Car après tout nous pourrions encore éviter le chaos qui vient : en remettant de l’ordre dans la finance, en supprimant tous les avantages concurrentiels dont nous nous sommes emparés dans l’Histoire (par la force et par la ruse), nous pourrions alors redonner à chacun la place qu’il devrait « logiquement » avoir. Au prix bien sûr d’une baisse drastique de notre confort de vie. Mais qui est prêt pour cela ?

Et c’est là qu’on revient à mon titre quelque peu provocateur : nous devinons tous, à la vue des inégalités scandaleuses provoquées par ce système (quand on pense que 85 personnes possèdent la même richesse que 3,5 milliards d’autres personnes -plus de la moitié des êtres humains que compte cette terre !), que nous avons dépassé toutes les limites acceptables. Et nous savons tous également que sans la remise en cause du système qui crée ces injustices la guerre reviendra toujours pour redistribuer régulièrement les cartes du monde. Mais comme nous n’avons toujours rien créé de mieux pour nous gouverner, nous préférons sauver un système injuste, au prix de la guerre, que de nous risquer à inventer une alternative démocratique capable de s’opposer à la dictature qui viendra avec. Surtout si c’est pour payer plus cher, non ?

Tant que nous refuserons de nous confronter à la question d’un système « sans argent », nous sommes condamnés soit à la guerre, soit à la dictature : la guerre conduit à la dictature et la dictature conduit à la guerre.

Mais ne vous réjouissez pas trop vite : Car pour que l’une apparaisse, il faut que les conditions de l’autre soient présentes. Et tant que le système ne s’effondrera pas totalement, nos dirigeants fourbiront leurs armes avec tout l’argent qu’ils pourront engranger jusque là. Ce qui signifie que tant que notre épargne, nos derniers droits sociaux ou notre liberté d’expression ne seront pas totalement remise en cause, il leur reste du boulot : nous allons donc assister d’ici peu à un renforcement des mesures sécuritaires, une accélération des législations liberticides, un approfondissement des politiques d’austérité, une montée des peurs et des violences…

Et puis quand tout le monde sera prêt, les festivités pourront alors commencer ; quand un des « gros » ne pourra plus tenir sa bourse, ou sa population, ou son armée… Nous aurons beau dire que nous ne la voulions pas cette satanée guerre, mais nous l’attendions quand même… Car au lieu de se mettre au boulot pour réfléchir au futur que nous offrirons à nos enfants, nous avons été les victimes consentantes d’ignobles individus qui ne travaillent qu’à la perpétuation de leur propre pouvoir. Et coupables de les avoir élus, au mépris de leurs agissements criminels dont nous avons tout de même de manière complice bénéficié, en privant consciemment les autres peuples des avancées dont nous avons hérité de toutes les guerres précédentes. Et surtout en préférant continuer ainsi : puisqu’on ne peut pas supprimer le capitalisme, autant que nous restions les maîtres n’est-ce pas ? Et cela même si, paradoxalement, c’est au prix de notre propre liberté.

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

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COMMENTAIRES  

03/03/2014 09:17 par Dominique

Triste constat que hélas je partage.

Nous sommes nos propres argousiers, et face à cette réalité, il n’y a qu’une seule cure : cesser de crier viva, viva ou heil, heil, laisser la parole à nos rêves et devenir ainsi nos propres libérateurs.

03/03/2014 13:29 par Dwaabala

La guerre avec la Prusse a entraîné la Commune qui, si elle fut un échec tragique, servit d’enseignement à plus d’un révolutionnaire prolétarien. La Grande guerre, se solda par le formidable élan révolutionnaire mondial que l’on sait.
Et la Seconde guerre mondiale par la conférence de Yalta puis le mouvement d’émancipation des peuples colonisés, soutenu par l’URSS et les forces progressistes du monde entier.
L’histoire n’a donc pas qu’un seul côté.

03/03/2014 14:26 par Geb.

Cette guerre que (presque) tout le monde attend

Pourquoi : "que tout le monde attend" ???

On n’est pas en guerre actuellement ???

" Guerre de classe" ici et "Guerre de fait" plus ou moins intense dans plus de la moitié des pays de la Planète ???

Les deux aussi mortelles une que l’autre pour les victimes.

Ce que "tout le Monde" attend, à commencer pour ceux pour qui ça urge, c’est simplement comment on va la finir cette guerre.

Et qui la perdra des bourreaux ou des victimes.

La seule chose qui n’est pas nette c’est "qui" se situe" où", et dans quel camp. Et quand les victimes comprendront enfin qu’elles n’ont rien à gagner à soutenir les diverses catégorie de leurs bourreaux.

Quand à "cette" satanée démocratie" qui "nuit aux affaires" laissez moi rigoler.

Une "démocratie" qui favorise la Minorité sur l’immense Majorité des Humains, si ça c’est une" Démocratie", moi je suis Empereur de Perse ;

Sans cette "démocratie" frelatée qui justifie toutes les saloperies capitalo-colonialistes depuis des décennies y aurait longtemps qu’on l’aurait mise en place la vraie ""Démocratie"...

Et on l’aurait enfin... LA PAIX !!!

Autrement dit il faudrait instaurer une vraie DICTATURE de la Majorité des Humains sur la Minorité des prédateurs ;

A moins que de laisser à penser que permettre à 85 personnes physiques d’avoir le droit "démocratique" d’en affamer 3 500 000 autres et celui d’assassiner les quelques milliards restants parce qu’ils ne sont pas d’accord avec cette politique ça relève de la normalité humanitaire ???

Et "Démocratique" ???

Faudrait un peu revenir à des bases dialectiques saines si on veut un jour pouvoir réellement contrôler notre avenir sans se plus se faire enfumer par nos tortionnaires.

Geb.

03/03/2014 22:09 par Caleb Irri

@ Dwaabala

Vous avez raison, il ne faut pas négliger les conséquences "positives" qui pourront en découler. Cela dit c’est aussi ce que je préconise avec l’Assemblée Constituante ou la réflexion sur un "autre" système que le capitalisme

@ Geb

Vous remarquerez que le mot "démocratie" est entre guillemets...

03/03/2014 22:43 par Mathieu

Triste constat, mais malheureusement fort juste.
Tout le monde a déjà certainement entendu dans son entourage ou ailleurs des gens dire "il faudrait/suffirait (d’) une bonne guerre..." M’est avis que ces gens là ne l’ont pas connu, ou sont suffisamment haut placés pour y échapper. De belles paroles d’imbéciles...

Il est désolant de constater que si l’humanité a "progressé", "évolué" au niveau technologique, au niveau humain c’est catastrophique, c’est minable, nous restons prisonniers de notre nature instable...
Je pense que pour résoudre nos problèmes il faut les comprendre, il faut en identifier la source, et le plus grand problème de l’humanité c’est sa propre nature, tant que nous ne changerons pas alors le monde sera à notre image, et jusqu’à présent elle est bien laide.

Si nous n’avons toujours pas retenu les différentes leçons suite aux multiples conflits qui ont lieu depuis des siècles, j’ai bien peur que ça n’arrive jamais, ou du moins pas tant que nous ne nous serons pas émancipés nos "modèles de société" tous plus inefficaces les uns que les autres...

Ici en France, comme dans la plupart des pays occidentaux, nous sommes "plus ou moins tranquilles" depuis 2 générations, nous ne connaissons pas la guerre, et nous pensons bêtement que cela ne nous arrivera pas, ça n’arrive qu’ailleurs... et bien je pense que nous devrions savourer chaque instant qui nous sépare de ce qui risque de nous rattraper, car ça commence à sentir mauvais.
Vivez, riez, aimez, flânez, respectez (la terre et l’humain), libérez vous des contraintes, ne vous forcez pas... car demain il sera peu être trop tard...

Au passage un gros bravo à tous les gens de "le grand soir", merci de nous offrir des vraies infos !

04/03/2014 00:19 par legrandsoir

Au passage un gros bravo à tous les gens de "le grand soir", merci de nous offrir des vraies infos !

Rendons à César... : nous ne faisons souvent que relayer.

04/03/2014 06:22 par babelouest

Bien sûr, la seule solution est la dictature de la majorité écrasante sur la mini-minorité des profiteurs, jusqu’à élimination naturelle de ceux-ci par une éducation toute différente des plus jeunes. Encouragés non à la compétition, mais à l’entraide permanente, ils n’auront pas les pulsions à la "toute-puissance" qui est aujourd’hui présentée comme LE mode d’épanouissement humain. Certes, il restera quelques irréductibles, des malades vides à l’intérieur qui voudront compenser en asservissant. S’ils n’ont plus les leviers permettant de concrétiser leurs morbides phantasmes, il sera facile de les rendre inoffensifs. Or, le but n’est-il pas de se passer de la monnaie, des forces armées, de la propriété même ?

Ainsi tout le monde, oui, tout le monde aura à sa disposition l’essentiel, par mise à disposition de tous des talents de tous. Sans arrière-pensée ni propension à thésauriser le fruit des tâches communes. Ayant l’essentiel (nourriture en quantité suffisante, en qualité honnête, vêture simple mais solide, un toit pour tous non "en dortoir", mais par affinités, dans des demeures simples et durables, éducation dispensée à tous, santé préservée par une vraie prévention, et les soins nécessaires.......) chacun pourra, et aura sans doute a cœur d’apporter un plus, qui la musique, qui la décoration, qui la danse, simplement pour le plaisir de tous y compris l’auteur.

Techniquement, tout cela est possible tout de suite : seules les mentalités pour s’y adapter auront à évoluer. Si nous voulons continuer à vivre, il faudra bien en arriver là, un jour. Donc, commencer à préparer ce moment-là devrait se faire dès maintenant. Il s’agit tout de même, pour nos "civilisations" qui ont perdu la sagesse encore présente "chez les sauvages", d’un défi majeur.

04/03/2014 06:25 par babelouest

« Rendons à César... : nous ne faisons souvent que relayer. » dixit LGS

Mais avec quel talent.......

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