RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Ceux qui suspectent et désignent les musulmans

Pourquoi demander aux musulmans de se « désolidariser » des atrocités djihadistes ? Pourquoi, croyant ou pas, les assigner à résidence identitaire ? Pour mieux faire accepter une identité nationale étriquée qui permet de désigner un bouc émissaire.

Être musulman ou originaire d’un pays de « culture musulmane », est-ce être différent du reste du monde ? Les catholiques du monde se sont-ils sentis obligés de manifester pour marquer leur indignation quand des affaires de pédophilie ont secoué l’Église ? A-t-on demandé aux juifs de dénoncer les bombardements sur les populations civiles de Gaza qui ont causé la mort de centaines d’enfants ? Que des autorités religieuses condamnent ce qui est perpétré au nom de leur religion, c’est salutaire. Que des musulmans veuillent crier leur colère et leur dégoût certes, mais pourquoi demander aux musulmans de se « désolidariser » de la barbarie de « l’État islamique » [Etat qui n’en est pas un] ?

Le matraquage idéologique

Le terme même de « désolidariser » renvoie au fond du problème, car il implique qu’il y a eu solidarité. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans et plus largement tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se rapprochent de pays identifiés à l’islam sont devenus des suspects. Et comme tout suspect dans une affaire criminelle, ils protestent de leur innocence. Un tel état d’esprit prouve à quel point le matraquage idéologique est violent depuis maintenant près de 15 ans et combien a été intégré dans l’inconscient d’une partie des musulmans qu’ils devaient demander pardon à chaque acte de barbarie commis par des malades fanatisés, sous peine d’être suspectés de les soutenir.

La laïcité dévoyée

Et pas suffisamment fort, selon certains, puisque le site du « Figaro » n’a pas hésité à organiser sur son site Internet un « sondage » dont la question était : « Assassinat d’Hervé Gourdel : estimez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France ? » Ce sont les mêmes qui refusent « la repentance » de la République sur les crimes du colonialisme français qui jugent que les musulmans doivent en faire plus. Logique, puisque ce sont eux qui ont porté dans l’actualité, il y a quelques années, le débat étriqué sur l’identité nationale. Puisque ce sont les mêmes qui instrumentalisent et dévoient la laïcité pour en faire un instrument de stigmatisation des musulmans. Identité nationale et laïcité dénaturées, ou comment montrer du doigt une partie de la population à travers un mécanisme d’assignation identitaire qui dépasse la question religieuse. Tout individu soupçonné d’avoir un lien avec la culture musulmane est renvoyé à l’islam, qu’il soit croyant ou pas. Conséquence, quand des fous tuent au nom de l’islam, une mécanique infernale se met en branle qui postule, comme l’écrivent des universitaires dans une tribune collective publiée dans « le Monde » du 29 septembre, « une culpabilité présumée » des musulmans « [1] ».

Stéphane Sahuc
pour L’Humanité Dimanche

URL de cet article 27152
  

Même Thème
Islamophobie. Comment les élites françaises construisent le "problème musulman"
A. Hajjat et M. Mohammed
Les connaissances sur l’islam produites par différents acteurs appellent généralement une action politique pour « résoudre » le « problème musulman ». En ce sens, les conditions de production des connaissances sur l’islam peuvent être déterminées par la « solution » envisagée, et cette « solution » peut varier considérablement en fonction du diagnostic que l’on fait de la réalité sociale. Les mythes propagés par les experts sécuritaires et certains intellectuels médiatiques s’accompagnent souvent d’appels au (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Une fois que vous avez vu certaines choses, vous ne pouvez pas les -voir. Et ne rien voir est autant un acte politique que de voir quelque chose.

Arundhati Roy

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.