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Comprendre les crises en Haïti

Haïti la belle, la rebelle. Première Nation à se libérer du joug colonialiste pour fonder une république solidaire qui soutiendra les velléités d’indépendance de ses frères latino-américains.

Si les noms de Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines ou encore Jean-Bertrand Aristide peuvent encore résonner comme familier en dehors du pays, Haïti est devenu depuis quelques années, trop souvent synonyme de tragédie humanitaire et de catastrophe naturelle pour le plus grand nombre.

Cette tentative de « naturaliser » les problèmes économiques et sociaux a une double conséquence au sein de l’opinion publique internationale. D’une part, elle établit une tendance à s’en remettre au « hasard » ou à « la malchance » pour comprendre l’Histoire récente du pays. Comme conséquence de cette « naturalisation » des « problèmes » de l’ile, aucune cause politique n’est prise en compte au moment d’expliquer les situations de rébellion qui secouent Haïti depuis maintenant quatre ans.

D’autre part, cette absence de référence politique laisse penser que les haïtiens sont incapables de résoudre seuls leurs problèmes économiques et sociaux. Et que, par conséquent, ils auraient besoin de manière récurrente d’une « aide » extérieure, qui, dans l’histoire du pays, s’est de nombreuses fois concrétisée par la violation de la souveraineté haïtienne.

Pourtant, cette image d’Épinal d’un pays martyrisé par la fatalité est venue se fracasser sur l’icône d’un peuple en lutte, dont les mobilisations réunissent plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues du pays.

Comment comprendre alors ce qui se passe en Haïti ? Pourquoi ce noble Peuple continue de se rebeller si leurs malheurs sont dû à l’action d’une force immanente qui leur échapperait ?

Pour saisir ce qui se joue actuellement en Haïti, il faut réinjecter une lecture politique et reprendre la chronologie -au moins la plus récente- des évènements qui explique la colère de la majorité des secteurs du Peuple haïtien.

Un pays dévasté par le libéralisme

Le pays caribéen n’a pas été hermétique au changement économique mondial. Depuis la fin des années 80, le pays va être dévasté par la lame de fond du néolibéralisme. Le protectionnisme économique qui avait favorisé le développement durable des producteurs agricoles locaux est sacrifié, et les barrières douanières levées. Les produits agricoles subventionnés des États-Unis (et aussi de la République dominicaine) inondent alors le marché haïtien. En quelques années, le pays passe de l’autosuffisance alimentaire à l’importation de 57% de ses denrées agricoles. La question de la faim en Haïti n’est ni une punition divine ni une fatalité naturelle, elle est le résultat de l’imposition des politiques néolibérales par les institutions financières, avec la complicité d’une bourgeoisie compradore disposant de solides relais politiques. Qui plus est, au cours des années 90, de grandes campagnes de privatisations des services publics sont lancées, dépeçant le maigre État haïtien de ses secteurs publics stratégiques essentiels à la construction d’un bien-être social collectif. Le paiement des intérêts de la dette extérieure et les politiques incessantes d’austérité terminèrent de mettre le pays à genoux. Sous la pression des créanciers, l’État haïtien applique des politiques de restriction budgétaire et se désengage progressivement de secteurs clés comme l’éducation ou la santé. Le résultat est sous nos yeux. Haïti est un des pays les plus inégalitaires de la planète où 70% des habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour. L’accès à des services comme l’eau et l’électricité est presque devenu un privilège.

La gestion désastreuse des catastrophes naturelles est aussi le résultat de ces choix politiques. Lorsque des cyclones s’abattent sur le pays, ils se traduisent le plus souvent par des morts, des blessés et des sinistrés. Mais la plupart des médias qui nous montrent ces tristes images oublient sciemment de préciser qu’á quelques kilomètres de là, à Cuba, un autre système politique a une toute autre approche dans sa gestion des crises naturelles, et les désastres n’affectent pas la population de la même façon. De même, la gestion de sortie de crise après le tremblement de terre de 2010 qui a dévasté le pays (une tragédie qui s’est traduite par 200.000 morts et 1,2 millions de sinistrés) s’est soldé par l’occupation du pays par des troupes étrangères civils (ONG) et militaires (Minustah). Ces dernières se rendant même coupables de ce que, dans un autre contexte, on n’hésiterait pas à qualifier de crimes de guerre (viols, assassinats, trafic, introduction du choléra, etc…). Si l’on compare cette gestion de crise -dont souffre encore le peuple haïtien- à celle opérée par la Révolution citoyenne après le terrible tremblement de terre qui a secoué l’Équateur en 2016, on comprend aisément que les « malheurs d’Haïti » ne sont pas le fruit de la fatalité. Ils sont le produit d’une idéologie politico-économique imposée à l’ile caribéenne par des institutions financières internationales (sous la pression militaire de pays comme les États-Unis, le Canada et la France). Cette situation est rendu possible grâce à la complicité d’une classe politique néo-duvaliériste qui a très bien su s’accommoder après la chute de la dictature.

Ce rappel nécessaire nous permet de nous éloigner d’explications « naturalistes » pour comprendre la vie économique et sociale d’Haïti, et les derniers évènements qui ont secoué le pays.

Un président illégitime

Jovenel Moises, un exportateur de bananes, a été porté au pouvoir en 2015 après une longue saga électorale. Ce processus, dont la plupart des partis et mouvement sociaux ont contesté la légitimité, aura duré plus d’un an. Bien loin de stabiliser le pays, la présidence de Moises connaitra dès le début de son mandat toutes une série d’affrontements avec les forces populaires.

En 2018, obéissant au diktat du Fond Monétaire International, Jovenel Moises augmente de 50% le prix de l’essence à la pompe. Cette mesure galvanise les foules (comme en Équateur en 2019, ou dans une certaine mesure en France avec le mouvement des gilets jaunes). Haïti connait des manifestations monstres les 6 et 7 juillet 2018, allant jusqu’à réunir 2 millions de personnes sur les 11 millions d’habitants que compte le pays. Á titre de comparaison c’est comme si 12 millions de personnes manifestaient en France. Du jamais vu. La mobilisation populaire obligera le président à faire marche arrière. Mais le mal est fait, et comme bien souvent lors de ce type de mobilisation, l’élément déclencheur est vite dépassé et les revendications prennent une autre tournure. Bien loin de s’amenuiser, le mouvement populaire -hétéroclite et regroupant plusieurs partis et tendances- prend un autre élan. Dès le mois de septembre 2018, le peuple Haïtien va se lever contre les réseaux de corruption des gouvernements issus du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), ceux de Moises et de son prédécesseur -et mentor-, le chanteur Michel Martelly.

Selon une enquête du Sénat haïtien, une grande partie des 3,8 milliards de fonds humanitaire délivré par le Venezuela via l’accord de services pétroliers Petrocaribe, a été détourné par la classe politique au pouvoir alors que le Peuple haïtien agonise. Ce cri d’injustice va rapidement s’accompagner d’une clameur populaire exigeant la démission du président Moises. Durant toute l’année 2019, le pays va être paralysé par une mobilisation globale et généralisée dépassant de loin les corps constitués de la contestation, comme les partis ou les syndicats. Jovenel Moises ne devra son salut temporaire qu’à l’apparition de l’épidémie de Covid-19 qui a mis un frein aux mobilisations durant plusieurs mois de l’année 2020. Néanmoins, les scandales de corruption et la contestation du système ont entrainé une perte de crédibilité des acteurs politiques de l’oligarchie haïtienne qui se retrouve désormais sans grande solution de rechange. D’où la volonté de s’accrocher au pouvoir

De la débâcle institutionnelle à la « colombianisation » de la vie politique

Si la désinstitutionalisation de l’État haïtien est allée de pair avec l’application des mesures néolibérales, la situation de crise politique permanente de ces dernières années a accéléré ce processus.

Les élections législatives, normalement prévues pour 2018, ont constamment été repoussées. Elles devraient théoriquement avoir lieu le 19 septembre 2021, soit trois ans après la fin de mandat des députés actuels. Cette absence d’un pouvoir législatif légitime a renforcé de facto le pouvoir exécutif. De fait, depuis janvier 2020, profitant de cette carence démocratique, Jovenel Moises a décidé de gouverner par décret, et bien sûr, sans aucun contre-pouvoir. Un pas de plus vers l’autoritarisme.

Depuis l’accession de Moises à la présidence, quatre Premier ministre se sont succédés (trois ont été nommés sur une seule année). Ce jeu de chaise musicale s’est joué au rythme des différentes crises politiques qui ont secoué le pays. L’actuel Premier ministre, Joseph Joute, a été nommé directement par Jovenel Moises. Faute de parlement, Joute n’a même pas été ratifié par le pouvoir législatif comme le stipule la Constitution. Un pas de plus vers l’autoritarisme.

Pour résoudre cet imbroglio électoral, le président haïtien a décidé de nommer unilatéralement un Conseil Électoral Provisoire en outrepassant l’avis de la Cour de cassation, qui remettait en cause les critères de sélection. Si cette nomination de nouvelles autorités électorales à la botte de l’exécutif a provoqué des remous au sein de l’opposition, elle a été en revanche favorablement accueilli par le département d`État des États-Unis. Un pas de plus vers l’autoritarisme.

Cette casse des institutions du pays et le renforcement autoritaire du pouvoir exécutif s’est accompagné de difficultés de l’État pour payer le salaire des fonctionnaires. Un cocktail explosif qui nous amène à nous demander comment ce régime peut-il encore tenir en place. Il y a fondamentalement deux réponses à cette interrogation.

D’une part, grâce au soutien sans faille du Core Group, ce groupe de pays soi-disant « médiateurs » dans la crise haïtienne. Le Core Group rassemble la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, les ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, et de l’Union Européenne ainsi que du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains. En un mot, une liste non exhaustive des pays et institution (OEA) qui cherchent depuis 2019 à réaliser un coup d’État institutionnel au Venezuela et parient sur le renversement de tous les régimes progressistes en Amérique Latine. Cette auto-proclamée « communauté internationale » a tendance à s’accommoder avec des régimes autoritaires dès lors que cela favorise ses intérêts économiques ou géopolitiques. Ce deux poids deux mesures assure à Jovenel Moises une certaine marge de manœuvre. Mais cela ne suffit pas à contrôler la volonté du peuple de se débarrasser du régime mis en place par le PHTK. Le deuxième élément de réponse nous plonge dans la face obscure du néolibéralisme.

Si l’insécurité inter-personnelle reste sous contrôle en Haïti, depuis trois ans le pays a connu une hausse significative du crime organisé et d’agissements paramilitaires. Une vague d’enlèvements contre rançon a frappé le pays dans l’impunité la plus totale, et plusieurs massacres ont eu lieu dans les quartiers populaires de Port-au-Prince ainsi que dans les zones rurales du pays. Ce changement de paradigme dans la violence coïncide avec le début des grandes mobilisations sociales et le départ des forces d’occupation du pays. Autrement dit, au moment où plus aucun corps militaire ou policier ne peut faire tampon entre les manifestants réclamant le départ du président et l’oligarchie au pouvoir. Pour certains défenseurs des Droits de l’Homme en Haïti, il ne s’agit pas d’un hasard et plusieurs faits montrent la collusion entre certaines bandes criminelles et le pouvoir en place.

Après le massacre de La Saline, un quartier populaire de Port-au-Prince (71 morts), deux hauts fonctionnaires, Fednel Monchery -ancien directeur général du ministère de l’Intérieur- et Pierre Richard Duplan - ancien Délégué départemental de l’Ouest, équivalent à un préfet français- ont dû démissionner de leurs fonctions car ils avaient été impliqués dans le carnage par une enquête de la Direction Centrale de la Police Judiciaire.

De nombreux journalistes mais aussi le bâtonnier de Port-au-Prince, Monferrier Dorval, sont aussi tombés sous les balles du crime organisé. Les gangs armés semblent devenus l’ultime rempart pour empêcher la population de renverser le système politique du PHTK.

Cette alliance entre le pouvoir et le crime organisé n’est pas l’apanage d’Haïti. Elle existe malheureusement dans d’autres pays d’Amérique latine qui conjuguent déliquescence des institutions et maximisation des recettes néolibérales. C’est une manière pour les oligarchies de se maintenir au pouvoir malgré la souffrance croissante du peuple. Le Honduras, et plus encore la Colombie, ont depuis longtemps expérimenté ce genre de pratique. En Colombie, il ne se passe pas un seul jour sans qu’un leader paysan, syndical, indigène ou militant des droits de l’homme ne soit assassiné.

Mais que demande le Peuple ?

Selon le pouvoir judiciaire haïtien, le mandat de Jovenel Moises a expiré 7 février 2021. De nombreuses mobilisations populaires avaient commencé dès le mois de décembre 2020 pour empêcher que l’ancien président ne se maintienne au pouvoir au-delà de cette date.

Les affrontements continuent encore aujourd’hui, malgré les promesses du pouvoir de réaliser des élections générales au cours de l’année 2021. La révolte contre le système néo-duvaliériste du PHTK s’étend bien au-delà d’une seule tendance politique. La volonté de tourner la page est partagé de manière transversale par toute une série d’acteurs sociaux (chacun ayant des raisons propres) et de tendances politiques. Si les syndicats, organisations des droits de l’Homme, partis de gauche, sont vents debout contre ce que l’on pourrait désormais qualifier de dictature, d’autre secteurs notamment venus du monde judiciaire ou économique soutiennent aussi la transition. Dans la nuit du 7 février, un juge de la cour de cassation, Joseph Mécène Jean-Louis a été choisi par l’opposition pour assumer le rôle de président de transition. Il a appelé « celles et ceux qui jurent loyauté à cette terre et à cette nation à se mettre debout contre la corruption, l’impunité et la dictature, debout pour la justice sociale, la sécurité publique ».

Le Peuple haïtien est en passe de montrer une fois de plus que la rébellion pour la justice sociale fait partie de son ADN. Devant tant d’abus de pouvoir, il parait presque « naturel » de se mobiliser afin de revenir sur le chemin de la démocratie et de la lutte contre les inégalités. Affaire à suivre de près.

Romain MIGUS

 https://francais.rt.com/opinions/84595-comprendre-crises-haiti-par-romain-migus
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COMMENTAIRES  

25/03/2021 14:01 par Ellilou

Merci Romain Migus pour cet article sur une situation passée complètement inaperçue dans nos grandioses médias (ou alors en quelques secondes...travail bâclé et incompréhensible).

26/03/2021 12:48 par kabouli

Toussaint Louverture était propriétaire d’esclaves et Dessalines s’est proclamé Empereur. Les ennuis des haïtiens n’ont pas cessé malgré la victoire sur la France. Il faudra arrêter de faire croire que l’on peut se libérer en adoptant les manières de l’ancien colonisateur. Haîti s’est libéré de l’esclavage mais est vite retombé dans l’esclavage salarié bourgeois. Louverture et Dessalines sont les Robespierre et Danton noirs. Tout le monde en est là, les contre-révolutions bourgeoise, ici , comme ne Haïti n’ont fait que changer d’exploiteurs et reconduits les mêmes misère et les mêmes inégalités.

26/03/2021 15:38 par SEINTIGNAN

Merci Romain Migus d’éclairer notre lanterne dans ce monde enténébrer. Haïti de Toussaint Louverture, Haïti des gouverneurs de la rosée est si loin de sos forces mais toujours si enraciné dans nos cœur à nous autres Français de la mémoire. Vous n’êtes sans doute pas un journaliste aujourd’hui adulé et couvert d’or par les grands médias mais vous êtes assurément le journaliste de l’avenir. Comme on se cache sans vergogne derrière Pierre Dac, la voix de Londres, pour faire oublier que l’on est plutôt du côté Vichy, demain on s’enorgueillira de vous citer comme l’honneur de la Presse. Je ne suis qu’un lecteur et à part ces considérations générales je n’ai rien à ajouter sinon de redire une fois de plus : merci.

27/03/2021 15:39 par Ellilou

à Kabouli
"Louverture et Dessalines sont les Robespierre et Danton noirs." Si je peux me permettre un conseil de lecture pour vous éviter de dire de très grosses bêtises sur les figures de la Révolution et notamment Robespierre, n’hésitez pas à lire les ouvrages de Jean-Clément Martin et surtout l’indispensable "Robespierre, la fabrication d’un monstre" :-)

28/03/2021 14:38 par joseph

Merci de pouvoir nous éclairer avec brio sur les élements actuels de la crise hatienne. Comme vous l’avez bien indiqué Haiti a déjoué le plan impérialisme dès son entrée en matière en inaugurant une revolution qui se présente anti esclavagiste, anti segregationniste, anti colonialisme. Pour le colon, c’est-à-dire l’exploitant de la force de travail humain, c’est la pire révolution que le monde n’a jamais connu et impardonnable pour le capital à ses yeux. L’on se rappelle que Spartacus avec ses bandes d’esclaves n’ont pas arrivé à ébranler l’empire romain, même la "révolution française n’a pa su arriver à remodeler l’être humain en ses valeurs liberté, égalité et fraternité, d’ailleurs elle favorise le capital.
Pourtant, ces esclaves de l’Afrique subsaharienne ont revolutionné le monde en regenerant le genre humain qui est porteur de droit, libre de son essence ; et de même ils ont entretenu ce procès en aidant ses confrères Latino américains de se liberer dans le même sens. L’on se demande n’est il pas comprehensible qu’il existe entre le capital et Haiti une incoherence ? Tant que l’impérialiste existera, ne fera t- il de tout son pouvoir pour jetter une vision négationniste sur l’oeuvre de ces génies humains ?
Est ce pourquoi Haiti souffre de ces maux...

30/03/2021 15:04 par Assimbonanga

La question de la faim en Haïti n’est ni une punition divine ni une fatalité naturelle, elle est le résultat de l’imposition des politiques néolibérales par les institutions financières, avec la complicité d’une bourgeoisie compradore disposant de solides relais politiques. Qui plus est, au cours des années 90, de grandes campagnes de privatisations des services publics sont lancées, dépeçant le maigre État haïtien de ses secteurs publics stratégiques essentiels à la construction d’un bien-être social collectif.

Mais zalors, mais zalors, ça ne vient pas de l’UE ? La cause n’est pas l’UE ?
Même si nous quittions l’UE, nous aurions toujours affaire à des petits bonshommes comme Sarkozy (ou Xavier Bertrand) pour nous dépecer. Car, nous allons nous-aussi vers le même chemin.

31/03/2021 14:45 par Yannis

Les Haitiens et les Haitiennes sont les seuls qui peuvent sortir leur pays du marasme actuel, et qui ne date pas d’hier effectivement. Mais il y a comme partout une lutte des classes entre très riches et très puissants haitiens entre eux, plus celle des voleurs et des parvenus contre le peuple, sur la motié d’une île caraïbéenne, confisquée à ses premiers habitant, massacrés ou disparus de maladies Made in Europe par des colons français, puis administrée très mal par les descendants des anciens esclaves noirs.

Jamais facile de se libérer de ses chaînes, voir les rebellles communistes cubains, les rebelles au castrisme de Miami. Tout n’est pas la faute des méchants étasuniens ou du Grand Homme Blanc, le béké par là, le toubab et le moundélé en Afrique francophone...

31/03/2021 19:50 par Blogue Integrale

Cette analyse structurante ne doit pas empêcher de voir que l’étau haïtien se verrouille aussi sur ce que je décris comme une perversion de la conscience. C’est d’ailleurs elle qui empêche l’émergence d’une avant-garde conscientisée, courageuse et éthique capable de guider le peuple pour qu’il trouve la brèche vers l’inespéré. Chaque fois que j’évoque cette perspective d’avant garde éthique, des doctrinaires marxistes élèvent la voix pour dire que les masses sont autosuffisantes et peuvent seules trouver la voie. Comment un peuple maintenu dans un enchevêtrement de structures barbares depuis 5 siècles peut-il marcher vers sa libération sans une avant garde conscientisée, éthique, courageuse, prête au sacrifice ?

L’angoisse pour un peuple, c’est de ne pas avoir d’éclaireur ; l’errance pour un peuple, ce n’est pas d’échouer, mais de ne pas savoir comment sortir du piège de l’échec et de ne pas trouver de passeurs pour nourrir son apprentissage. Comment combattre des structures économiques barbares et mafieuses sans une approche portée sur une humaine capacité a consentir des sacrifices pour aller vers ce sauvetage improbable ? J’ai remarqué que les mouvements de gauche avaient peur de l’éthique, le mot conscience résonne comme une hérésie envers le matérialisme dialectique dans les oreilles de ceux et celles qui lisent Marx sans savoir contextualiser le marxisme. Comme si le marxisme était une doctrine immuable contenant es vérités intemporelles. Or une petite étincelle scintillante, au fond de moi, me montre que le marxisme ne peut laisser irradier son vibrant humanisme que s’il est compris à la lumière de l’intelligence éthique. L’intelligence éthique étant cette pensée épistémologique qui cherche les fondements stratégiques pour mieux affronter la complexité en sachant contextualiser les formes de lutte pour éviter les réponses dogmatiques et univoques.

Parce que le matérialisme dialectique est une doctrine scientifique, il reste fortement contextualisable. Et nulle autre pensée ne permet mieux cette contextualisation du marxisme que l’humanisme. On ne peut pas transformer un pays où tout est corrompu, même la pensée, sans révolutionner la pensée, sans relever les consciences. D’où le chant de cette PoÉthique que je fredonne, jusqu’à ce qu’il puisse être murmuré, repris, fredonné, relayé, par delà les silences, pour aller vers l’aube. On a enfumé le Grand Soir (pardonnez moi l’humour, rien a voir avec le site), c’est vers l’aube qu’il faut regarder pour que la magie de l’utopie du changement opère !

L’errance haïtienne doit être comprise comme une réalité enchevêtrée, donc un paradoxe pour l’intelligence ; pour ainsi dire, une indigence selon l’axiomatique que je propose dans ce texte ici. Il faut prendre en compte le facteur culturel. La barbarie portée par les structures économiques inégalitaires, des structures politiques criminelles est renforcée par l’imposture des structures culturelles qui travaillent, du reste, en étroites accointances avec l’enfumage diplomatique. Une image vaut mieux que mille mots :

01/04/2021 15:16 par Assimbonanga

@Blogue Integrale, j’aime beaucoup votre texte. Et Dieu dans tout ça ? Je veux dire est-ce la religion ne finit pas de contaminer les esprits ?
J’ai l’intuition que la religion a pour conséquence l’impression de mécanismes de croyances automatiques, qui font tout beuguer dès le cerveau.

02/04/2021 01:25 par Blogue Integrale

@Assimbonanga, sachant combien vous êtes difficile, je le prends pour un grand progrès dans mon traitement de l’information. Et je vous en remercie. Effectivement la religion est une catastrophe.....dans cette structure enchevêtrée, cette sous structure d’aliénation est à elle seule un chaos indescriptible.Cette sous structure est aussi effroyable que le Big Gang (je vous en mets une photo) Juste pour vous dire l’effort surhumain qu’il faudra à Haïti pour s’extirper de ce gouffre. Je vous enverrai, par voie détournée, mon prochain texte qui en parle justement, au cas où Le Grand Soir ne verrait pas d’intérêt à le publier.

A bientôt

02/04/2021 10:23 par kabouli

Il ne s’agit pas de la personne ou de ce que pensaient Robespierre et de Danton ou de Louverture mais de ce qu’ils ont faits. Ils furent du moins pour les deux premiers les promoteurs d’une contre-révolution pudiquement nommée par les marxistes "révolution bourgeoise alors que la bourgeoise n’avait pas besoin de révolution puisqu’elle était déjà au pouvoir depuis le 12 ème siècle d’après certains historiens. Par contre devant l’insurrection populaire de 1789 la bourgeoise montra sa nature contre-révolutionnaire en 1793 aavec l’élimination des groupes "hébertistes" et "enragés" porteurs de revendications populaires. je vous invite à mon tour afin de rompre avec la doxa historienne de lire Jean-Pierre Voyer et le petit lien que je vous communique partie d’un ensemble bien plus complet.

05/04/2021 01:57 par Blogue Integrale

@Assimbonanga

Je vous avais promis un article par voie détourné, le voici :

Contexte :
Le président illégitime haïtien vient d’échapper à un accident par noyade. J’en profite pour anticiper la sortie de mon ouvrage sur l’indigence :
Un autre Moïse vient d’être sauvé des eaux boueuses. Un fait que les personnes athées mettront à contribution pour confirmer que même la nature conspire contre Haïti......Ce que du reste on savait déjà.... même si souvent, la nature a été manipulée ou armée par les forces déchainées du Big Gang.

17/04/2021 10:09 par Assimbonanga

@Blogue intégrale, je vous remercie. Toutefois, ne me donnez pas trop d’importance car je n’ai pas assez dédié mon attention à Haïti. J’ai plutôt honte. J’espère que vos contributions auront touché beaucoup de lecteurs.

17/04/2021 10:26 par Assimbonanga

Rien à voir mais... Il se trouve que je remarque que la génération des quarantenaires est assez souple avec l’orthographe. Et même, je dirais qu’elle ignore l’orthographe, quoi... Ce n’est pas de leur faute, c’est surement un relâchement de cet enseignement et une compréhension des enseignants à l’égard de leurs élèves par ailleurs bien sensés voire brillants.
Je crains que Romain Migus aussi. Romain Migus, ne pourrais-tu solliciter quelques amis pour corriger tes textes avant de les poster ?
Et mettre une majuscule aux Haïtiens, tant qu’à faire. Avec tout le respect que j’ai pour ton travail et ton intégrité morale.
Pour ce qui est de l’oral, dans les vidéos, on remarque aussi des fautes d’accord et c’est un petit peu agaçant que ta valeur soit dépréciée par des scories bénignes.

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