[Parmi
ces individus se trouvaient infiltrés douze agents de la sécurité de l’Etat
cubain dont Nestor Baguer, considéré comme l’un des plus prééminents leaders
de la dissidence par la presse internationale et les organisations non
gouvernementales, jusqu’à ce qu’il révèle sa véritable identité. Il était,
en réalité, l’agent Octavio de la Sécurité de l’Etat depuis 1962 et avait
infiltré depuis 1992 les différentes organisations de « militants des droits
de l’homme », financées par les Etats-Unis. De plus, il était le
correspondant privilégié de RSF à Cuba.]
Commission des droits de l’homme de Genève : Cuba, le Honduras et l’histoire
d’un terroriste notoire devenu diplomate étasunien.
– ( Les notes avec liens complets se trouvent en bas de page )
Le projet en question, ayant pour but de stigmatiser le gouvernement de La Havane, n’a été approuvé que par une marge très étroite (22 votes contre 21), le 15
avril 2004, par les membres de la Commission, malgré les vigoureuses
pressions exercées par Washington. [1] Dix pays, parmi lesquels l’Argentine, le Brésil et le Paraguay, ont choisi de s’abstenir, considérant la motion
annuelle comme étant une simple lutte politique instrumentée par les
Etats-Unis.
La décision prise par les autorités honduriennes, en plus de se
prêter à la stratégie agressive étasunienne contre la population cubaine, et
de favoriser le climat de perpétuelle désinformation envers la réalité de l’
Ile, soulève de sérieuses questions d’ordre déontologique. [2]
Il est intéressant d’étudier le panorama social d’un pays comme
le Honduras qui prétend asseoir Cuba au banc des accusés sur la question de
droits de l’homme. Au-delà des conséquences politiques qu’une telle
soumission à une manouvre impériale peut engendrer, évoquons la situation
interne de cette nation.
Selon le dernier rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), de novembre 2003, 77,3% des Honduriens vivent dans la pauvreté, alors que 54,4% se trouvent dans l’indigence la plus totale. [3]
Le coefficient de Gini, qui mesure le niveau d’égalitarisme au sein de la société, est de 0,59 point, ce qui fait du Honduras la société la plus inégalitaire d’Amérique latine après le Brésil. [4] 38,9% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition
chronique. En dépit de cette situation, les dépenses publiques pour les
services sociaux sont seulement de 77 dollars par an et par habitant, ce qui
place le Honduras à la pénultième place du continent latino-américain (la
moyenne de l’Amérique latine est de 540 dollars). [5] Selon la dernière étude de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO), le taux de mortalité infantile atteint le chiffre de 38 pour mille
naissances. [6]
Loin d’essayer de régler les graves problèmes auxquels se heurtent ses concitoyens, le gouvernement du Président Ricardo Maduro préfère présenter une résolution contre Cuba.
Selon le rapport 2003 d’Amnesty International, au Honduras, plusieurs dizaines d’enfants et de jeunes ont été tués dans des circonstances laissant à penser qu’il s’agissait d’exécutions extrajudiciaires. Cette année encore, des défenseurs des droits humains ont été victimes d’atteintes à leurs libertés fondamentales. Selon des
témoignages, des policiers ont fait usage de la force contre des
manifestants (.).
Selon Casa Alianza, une ONG qui s’occupe des enfants des rues et qui s’est
penchée sur ces cas, quelque 1 500 enfants et jeunes ont été tués depuis 1998, dont 556 dans la seule année 2002 (.). En janvier, le Commissaire national pour la protection des droits humains a publié un (.) rapport préliminaire sur la mort violente de garçons, de filles et d’adolescents au Honduras. [Ce] rapport a rejeté l’explication selon laquelle ces morts résulteraient de violences entre bandes ; il a en revanche accrédité la thèse selon laquelle elles seraient le résultat d’une entreprise de « purification sociale ». Il a aussi établi que la majorité des victimes n’avaient pas d’antécédents judiciaires (.).
[L’étude] de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires concernant sa visite au Honduras en 2001 a été rendu public en octobre. Dans ses observations finales, la rapporteuse spéciale indique que « des enfants ont été tués par des membres des forces de sécurité » et que, dans nombre de cas, les victimes n’étaient pas armées et n’avaient donné aux policiers aucune raison d’employer la force. [7]
Un rapport de Casa Alianza - une ONG qui s’occupe de la protection des
droits des jeunes et des enfants en Amérique centrale -, qui vient d’être déposé auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), rapporte que 159 jeunes de moins de 23 ans ont été assassinés dans des centres de détention au Honduras entre mai 2002 et mars 2004, parmi lesquels 41 ont été exécutés de manière extrajudiciaire. Selon l’organisation, les organes de la sécurité de l’Etat sont responsables de 69% des crimes. [8] M. Ricardo Maduro, violations des droits de l’homme ? Vous avez dit violations des droits de l’homme ? [9]
L’archevêque de Tegucigalpa, capitale du pays, le cardinal Oscar Rodriguez, a regretté l’attitude de son gouvernement. Selon ses dires, les droits de l’homme sont violés quotidiennement au Honduras, car il y a des communautés, en plein 21ème siècle, qui manquent d’électricité, d’eau et de voies de communications. Il a également déploré le fait que M. Ricardo Maduro accepte de se plier à la politique anti-cubaine de Washington, afin d’intégrer la liste des nations bénéficiant du fonds « Défi du Millénaire », créé par les Etats-Unis à l’intention des pays les plus pauvres, et doté de 3,5 milliards de dollars. [10] Le congressiste républicain étasunien Cass Bellenger, qui s’est rendu au Honduras pour rencontrer le président Maduro, s’est empressé de le féliciter pour son dévouement à la cause de son pays, en affirmant que les Etats-Unis sauraient remercier le gouvernement hondurien. [11]
Peu avant le vote, l’ombudsman hondurien Ramon Custodio avait questionné l’autorité morale du président Maduro pour présenter une motion sur la situation des droits de l’homme dans la plus grande île des Antilles, en faisant référence à un rapport de l’organisation Transparency International qui considère le Honduras comme l’un des pays les plus corrompus du monde et où les exécutions extrajudiciaires sont monnaie courante. « Le Honduras se prête à nouveau aux manipulations pour agresser un pays dont les enfants ne souffrent point de malnutrition et ne meurent pas de faim » a-t-il souligné. [12]
Plusieurs pays d’Amérique latine n’ont pas pu résister à l’influence coercitive exercée par les autorités étasuniennes et ont apporté leur appui au projet.
Parmi ceux-ci se trouvent le Chili, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Pérou, la République Dominicaine et - fait plus étonnant - le Mexique. Le gouvernement mexicain a même subi l’humiliation politique de voir le porte-parole de la Maison Blanche, M. Scott McClellan, se prononcer à sa place et déclarer publiquement, le 13 avril 2004, suite à une conversation téléphonique entre le président mexicain M. Vicente Fox et M. George W. Bush, que le Mexique soutiendrait la résolution à Genève. A cette date, la diplomatie mexicaine n’avait pas encore rendu publique sa décision. Malgré le démenti de Mexico, le vote a montré que les incessantes pressions de Washington ont substantiellement écorné la souveraineté décisionnelle de cette nation, traitée lors de cette occasion comme une vulgaire république bananière. [13]
Pour ce qui est des autres pays tels que le Chili, le Guatemala, le Pérou et la République Dominicaine, un simple coup d’oeil au rapport annuel de 2003 du Département d’Etat sur les droits de l’homme, éminemment conservateur avec ses alliés, et à la dernière étude de la CEPAL, porterait à émettre de sérieuses réserves quant à la validité éthique d’un jugement contre Cuba, en matière de droits de l’homme. Les différences au niveau du développement humain entre Cuba et ces nations sont encore plus éloquentes, mais apparemment, dans la realpolitik, la base factuelle ne mérite que très peu de considération. [14]
Cependant, certains gouvernements latino-américains comme l’Argentine, le Brésil et le Paraguay refusèrent de se prêter à la politique de confrontation orchestrée par les Etats-Unis. Le président du Paraguay M. Nicanor Duarte Frutos a déclaré au journal Ultima Hora de Montevideo qu’il avait rejeté la demande personnelle du président Bush de soutenir la résolution contre Cuba. Il est probable que la décision du gouvernement paraguayen sera, d’une manière ou d’une autre, sanctionnée par les Etats-Unis. [15] Des sources diplomatiques à Genève ont rapporté que les membres de la délégation étasunienne avaient menacé les représentants des pays africains, arabes, asiatiques et latino-américains de mettre leur veto aux crédits que le Fonds monétaire international (FMI) devait leur accorder,s’ils ne votaient pas en faveur de la motion. [16]
***
Une information d’une importance capitale concernant la
délégation diplomatique étasunienne a été révélée et, conformément à une
pratique désormais institutionnelle, immédiatement censurée par une grande
majorité de la presse internationale. M. Luis Zúñiga Rey, un membre officiel
du corps diplomatique de l’administration Bush auprès des Nations unies, d’
origine cubaine, a participé activement, par le passé, à l’organisation d’
attentats terroristes contre Cuba. Cette incroyable nouvelle provient d’un
rapport de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, datant du 21
décembre 1999 et effectué par le rapporteur spécial M. Enrique Bernales
Ballesteros. [17]
Le passé de M. Luis Zúñiga Rey est révélateur. Après avoir
quitté Cuba de manière clandestine par la base navale étasunienne de
Guantanamo, il rejoignit Miami où il s’engagea auprès de la CIA pour mener
des opérations d’infiltration en territoire cubain et perpétrer des
attentats et des sabotages contre les structures économiques vitales du
pays. En août 1974, il fut arrêté par les autorités cubaines, convaincu de
terrorisme et de port illégal d’armes et d’explosifs et condamné à
vingt-cinq années de réclusion criminelle. Libéré au bout de quatorze ans en
1988, il retourna aux Etats-Unis et fit partie de la Fondation nationale
cubano-américaine (FNCA). Cette importante organisation terroriste, composée
d’extrémistes liés à l’ancienne dictature de Batista, est responsable de
nombreuses attaques paramilitaires contre les civils cubains. En 1997, il
fut impliqué dans la sanglante vague d’attentats terroristes qui frappa les
infrastructures touristiques cubaines et qui eut un écho international
seulement parce qu’un touriste italien y perdit la vie. Les autres 300
attentats dont a été victime Cuba ont été passés sous silence, impératifs
politiques obligent.
[18]
L’étude minutieuse de M. Enrique Bernales Ballesteros révèle les
différentes activités organisées par M. Luis Posada Carriles, l’un des plus
sanglants terroristes de l’hémisphère américain, longtemps financé par la
FNCA, et aujourd’hui incarcéré au Panama ( Lire ci-dessous l’ article du Courrier - NDLR ) pour tentative d’assassinat et
activités terroristes. Le rapport souligne également que M. Luis Zúñiga Rey,
actuellement membre de la délégation étasunienne à Genève, avait fait partie
du Frente Nacional Cubano, groupe paramilitaire responsable de plusieurs
attaques et sabotages contre Cuba. Aucun organisme de la presse
internationale n’a jugé cette information digne d’intérêt. [19]
***
Récemment, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a
lancé une campagne destinée à dissuader les touristes de se rendre à Cuba et
ainsi affecter un secteur essentiel de son économie. Cette action entre dans
la lignée de la politique étasunienne qui consiste à asphyxier la population
cubaine.
L’opération de RSF est loin d’être anodine et n’est que la
continuation d’un long processus d’intoxication médiatique lancé depuis
quelques années et accentué depuis mars 2003, lors de l’arrestation d’agents
stipendiés par les Etats-Unis, déguisés en « militants des droits de l’homme » et en « journalistes indépendants ».
La nouvelle initiative de RSF,
qui consiste à demander ouvertement le départ d’un chef d’Etat sous le
slogan « Cuba sà, Castro no », complètement hors des prérogatives d’une
entité qui se prétend défendre la « liberté de la presse », peut surprendre
si l’on daigne accorder une quelconque légitimité à l’organisation de M.
Ménard. Mais lorsqu’il apparaît que celle-ci se réunit régulièrement avec la
frange extrémiste de l’exil cubain de Miami, responsable de nombreuses
agressions terroristes contre le peuple cubain, et qu’elle poursuit le même
agenda impérial, tout devient très clair. [20]
Il convient de rappeler qui étaient les personnes que RSF
qualifie de « journalistes, [d’]opposants et [de] défenseurs des droits de l’
homme » condamnées « pour avoir osé parler de démocratie ». Contrairement
aux propos calomnieux de RSF, les différents accusés n’ont pas été jugés
pour leurs pensées hétérodoxes mais pour avoir collaboré avec les
Etats-Unis, la puissance étrangère d’une capacité militaire inouïe qui
assiège Cuba depuis 1959 au moyen de sanctions économiques, d’attentats
terroristes et d’intenses campagnes de désinformation.
[21]
En mars 2003, 87
personnes furent arrêtées pour conspiration, activités subversives et
collaboration avec la mise en place du blocus imposé par Washington.
Parmi
ces individus se trouvaient infiltrés douze agents de la sécurité de l’Etat
cubain dont Nestor Baguer, considéré comme l’un des plus prééminents leaders
de la dissidence par la presse internationale et les organisations non
gouvernementales, jusqu’à ce qu’il révèle sa véritable identité. Il était,
en réalité, l’agent Octavio de la Sécurité de l’Etat depuis 1962 et avait
infiltré depuis 1992 les différentes organisations de « militants des droits
de l’homme », financées par les Etats-Unis. De plus, il était le
correspondant privilégié de RSF à Cuba. M. Ménard, honteux de s’être laissé
berné de la sorte, a passé cette information sous silence mais n’en démord
pas, et persiste à qualifier ces gens « d’intellectuels » ou de «
poète[s] ». [22] Dans une récente interview, il a même brisé les frontières du
grotesque en osant affirmer, le plus sérieusement du monde, que « parmi les
chefs d’accusation, on trouv[ait] le fait de posséder du papier blanc et des
stylos ». [23] Heureusement, le ridicule ne tue point.
Evoquons à présent le cas des 75 personnes (74 hommes et une
femme) mises sous les verrous par la justice cubaine.
80% des 54 avocats de
la défense ont été choisis par les accusés ou leurs familles, soit 44 d’
entres eux. Les dix autres furent nommés d’office car certains inculpés ne
souhaitaient pas se désigner un avocat. Il y eut 29 procès publics à
comparution immédiate qui, s’ils réduisent les délais d’instruction, en
aucun cas ne limitent les garanties constitutionnelles, auxquels
participèrent plus de 3 000 personnes. Les prévenus firent appel à 28
témoins parmi lesquels 22 purent s’exprimer en leur faveur. Tous les accusés
jouirent du droit de faire appel de la décision rendue par le tribunal de
première instance. Actuellement, une dizaine de cas sont en cours d’examen
par la Tribunal suprême. Voilà les procès que RSF et une partie de la presse
internationale qualifient de « stalinien[s] ». Certains accusés se
trouvaient en possession de plus de 16 000 dollars en liquide. Pour évaluer
l’importance de la somme, il sied de rappeler que le salaire mensuel d’un
ministre à Cuba est de 50 dollars. Sur les 75 personnes, seules quatre d’
entre elles disposaient d’un emploi. Ces « mercenaires », ainsi sont-ils
qualifiés par les autorités cubaines, recevaient une rémunération moyenne de
3 000 dollars par mois réglée par les Etats-Unis, au travers de l’organisme
US/AID. Cela est durement sanctionné par la législation cubaine, qui
condamne la collaboration avec une puissance étrangère, surtout si l’argent
provient d’un gouvernement qui tente, depuis plus de 45 ans, de renverser le
président de la République cubaine, M. Fidel Castro, et de détruire la
Révolution. [24]
Quant aux statuts d’intellectuels, de journalistes et de poètes que RSF et
les transnationales de l’information ont octroyés aux 75 personnes
incarcérées, il est légitime de signaler, sans volonté aucune de s’enfermer
dans des concepts élitistes, que seules 25 d’entres-elles disposent d’un
diplôme universitaire. Le reste n’a jamais effectué d’études supérieures.
Parmi ces 25 éléments, seuls deux avaient un statut de journaliste : MM.
Raúl Rivero et Julio César Gálvez.
En outre, quinze d’entre eux possédaient
déjà un casier judiciaire, soit 20% du total : un fut condamné pour
homicide, trois pour viol ou abus lascif de mineurs, deux pour attentat, un
pour vol à main armée, un pour trafic de drogue, quatre pour délits
économiques, un pour vol, deux pour troubles de l’ordre public.
Dans un but
de transformer, pour des raisons hautement doctrinales, ces individus en «
prisonniers de conscience », ce socle factuel a totalement disparu de l’
espace médiatique public, qui prône pourtant la transmission d’une
information complète et non déformée. [25]
Les lourdes peines prononcées à l’encontre des accusés vont six à 28 ans de
privation de liberté mais, contrairement à une idée reçue, la loi cubaine n’
est pas plus sévère que le code pénal français.
Si des citoyens français
avaient eu les mêmes agissements, dans un contexte géopolitique similaire,
ils auraient risqué de fortes peines de prison. En effet, l’article 411-4 de
la législation pénale française stipule que :
Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec
une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou
avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’
agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle
et de 450 000 euros d’amende.
Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à
une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à
leurs agents d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’
agression contre la France. [26]
Si la France avait condamné des individus coupables des mêmes
actes que les 75 criminels cubains, elle n’aurait, à juste titre, déclenché
aucun tollé international. Il doit en être de même pour Cuba.
En outre, M.
James Cason, Chef de la Section des intérêts étasuniens (SINA) à La Havane,
indiquait personnellement les directives à suivre aux « dissidents ». En
décembre 2002, il a publiquement déclaré, lors d’une interview avec la
télévision de Miami : « chaque fois que je voyage à Miami je tiens à me
réunir et je me réunis avec tous les groupes, la Fondation nationale
cubano-américaine [et] le Conseil pour la liberté de Cuba », deux
organisations connues pour leur implication dans le terrorisme
international. Il a également souligné que son but était fédérer les groupes
d’opposition autour d’un « accord sur dix points », c’est-à -dire un parti
unique de la subversion. Pourquoi donc transformer des agents au service d’
une puissance étrangère en « militants des droits de l’homme » et «
journalistes », si ce n’est que pour des impératifs propagandistes, destinés
à poursuivre la guerre que les Etats-Unis mènent contre Cuba depuis plus de
quatre décennies ? [27]
Le cinéaste hollywoodien Oliver Stone, de renommée
internationale, a réalisé, suite à une commande de la chaîne étasunienne
HBO, un documentaire sur M. Fidel Castro. HBO, qui est réputée pour son
audace dans ses programmes de diffusion et pour le peu de cas qu’elle
accorde aux pressions politiques, a dû annuler la transmission du travail
cinématographique de M. Stone, suite au lobbying féroce exercé par la partie
extrémiste de la communauté cubaine de Floride et ses alliés politiques. Le
documentaire laissait transparaître une image non biaisée de la société
cubaine. Suite à cette décision, Oliver Stone, désabusé, faisait la
déclaration suivante :
Les Américains ont une vision de Castro qui est malheureusement caricaturale
(.). Je pense qu’ils craignent de le trouver sympathique (.). J’ai vu les
gens à Cuba. Je n’ai pas vu un régime stalinien, la Corée du Nord ou l’Irak.
Arrêtons de nous raconter des sornettes, des millions de touristes s’y
rendent chaque année, y compris des Canadiens, ils voient la réalité de
leurs propres yeux. Cela en devient ridicule (.). J’ai visité de nombreux
pays : le Honduras, le Guatemala, le Chili, le Brésil, l’Argentine. Je ne
vois pas en quoi ils sont si libres. Je ne saisis pas la différence et je ne
comprends pas pourquoi Cuba est le croque-mitaine. Je serais beaucoup plus
terrifié à l’idée de vivre au Guatemala ou carrément dans certains coins de
New York, de Los Angeles ou de Washington, qu’à La Havane. Je pense que c’
est un endroit très sûr. Il y a très peu de criminalité (.).
[Cuba] c’est comme le Vietnam, cela représente une défaite pour nous. Ils
ont refusé de se rendre. Castro a été plus malin que nous, la révolution a
survécu, il a pris le contrôle de la terre. Prendre le contrôle de la terre
est le plus grand des péchés en Amérique. Nous ne tolérons pas les
révolutions - bien que nous ayons connu une révolution. Nous n’en avons pas
terminé avec la destruction de la Révolution bolchevique de 1918 et je pense
que tout ce qui pourrait exister en marge de notre structure financière
globalisée deviendra l’ennemi. Et Cuba est sur la liste (.).
Dans chaque rue que nous avons parcourue [avec Castro], il y avait un
débordement, une excitation, les gens se précipitaient pour le voir,
faisaient la queue, et je pense que nous aurions pu parcourir vingt rues et
nous aurions rencontré le même type de réaction. [28]
Cuba doit faire face à l’incessante agression étasunienne.
Dernièrement, un candidat républicain au Sénat, Bill McCollum a proposé un
plan « pour ramener la démocratie à Cuba » qui inclut « l’infiltration d’
espions parmi les touristes étrangers ».
Le rôle de ces individus serait de
fomenter une subversion interne en recrutant des « dissidents »,
déstabiliser le pays et, si possible, créer les conditions qui mèneraient
vers une possible confrontation militaire entre La Havane et Washington.
Cuba a-t-elle le droit de se défendre ou doit-elle continuer à subir les
attaques ininterrompues contre sa souveraineté ? [29]
– Salim Lamrani est doctorant à l’université La Sorbonne Paris. Avril 2004
– Source : CUBA SOLIDARITY PROJECT
"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher
Cuba, nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains."
*** *** *** *** *** *** ***
– Le Courrier, jeudi 22 Avril 2004.
Six comploteurs anti-Castro condamnés au Panama.
Par Benito Perez
Le terroriste récidiviste Luis Posada Carriles a écopé de huit ans de prison pour avoir voulu assassiner le dirigeant cubain Fidel Castro en novembre 2000.
Fin de parcours pour Luis Posada Carriles ? Le vieux baroudeur de l’extrême droite cubaine (76ans) a été condamné mardi par la justice panaméenne à huit ans de prison pour avoir planifié en 2000 une tentative d’assassinat du dirigeant cubain Fidel Castro. Ce proche de la Fondation nationale cubano-américaine (CANF) de Miami -fugitif de la justice vénézuélienne pour un précédent attentat- avait été arrêté le 17 novembre 2000 en compagnie de cinq complices. L’arrestation intervenait après que le lider maximo cubain, en visite d’Etat au Panama, avait dénoncé qu’une tentative d’attentat à l’explosif devait avoir lieu contre lui à l’Université de la capitale panaméenne. Accusation et défense interjetteront appel du jugement. Lors de son intervention, la police panaméenne avait saisi 34 kilos d’explosifs et des faux passeports. Aucun détonateur n’ayant été retrouvé, la justice avait renoncé à inculper les prévenus de « tentative d’assassinat ».
Appels multiples
Présentés au juge en mars dernier, les six accusés -M.Posada, trois Floridiens, un entrepreneur cubano-panaméen et un chauffeur panaméen- étaient finalement poursuivis pour « détention d’explosifs », « association illicite de délinquants » et « attentat à la sécurité collective ». Les détenus risquaient jusqu’à vingt ans de réclusion.
Dans une sentence mi-figue mi-raisin, le juge panaméen José Hoo Justiniani a renoncé aux deux premières accusations, mais a maintenu « l’attentat à la sécurité collective », confirmant l’intention délictueuse, mais refusant de lier avec certitude les prévenus aux explosifs retrouvés dans leur voiture. Les cinq condamnés d’origine cubaine purgeront des peines allant de sept à huit ans de prison, tandis que leur complice panaméen a écopé de quatre ans.
Le Ministère public et les parties civiles -jugeant les peines trop légères- interjetteront appel. De même que les avocats des condamnés. Les cinq activistes anti-communistes ont en effet toujours plaidé l’innocence, se disant victimes d’une machination des services secrets cubains.
L’attentat de la « Cubana »
La thèse n’est toutefois guère convaincante au vu des CV en présence. Notamment celui de leur leader, Luis Posada Carriles. Vieux baroudeur de l’anti-castrisme, lié à la CIA dès les années 1960, ce chimiste de formation -spécialiste en explosifs- avait déjà connu la prison au Venezuela pour son rôle dans l’attentat de 1976 contre l’avion de la « Cubana ». Septante-trois personnes avaient péri dans l’explosion de l’appareil au-dessus des Barbades.
Evadé en 1985, ce grand ami de Jorge Mas Canosa, fondateur avec Ronald Reagan de la CANF, s’était ensuite installé en Amérique centrale. Selon ses propres déclarations, faites en juillet 1998 au New York Times, M.Posada Carriles a dirigé depuis là la campagne d’attentats de 1997 contre l’économie touristique cubaine. Campagne financée, selon lui, par la CANF et qui avait coûté la vie au touriste italien Fabio Di Celmo.
Malgré ces aveux, le Panama a refusé d’accorder l’extradition du terroriste vers Cuba, du fait que La Havane pratique toujours la peine capitale. La justice cubaine s’était pourtant engagé à ne pas solliciter de peine supérieure à vingt ans de réclusion.
Luis Posada Carriles pourrait toutefois se voir rattraper par son passé. En effet, l’ambassadeur du Venezuela au Panama a laissé entendre que Caracas pourrait réclamer à son tour l’extradition du fugitif.
Complices connus
Les pedigrees des autres condamnés floridiens sont également instructifs. Ainsi celui de Guillermo Novo Sampol, qui fut inculpé pour l’assassinat en 1976 du Chilien Orlando Letelier, l’ancien ministre de Salvador Allende, avant d’être relaxé. Douze ans auparavant, il avait déjà été inquiété par la police pour une tentative d’attentat contre Ernesto « Che » Guevara à New York.
Son ami Pedro Crispin Remón fut, lui, condamné en 1986 par la justice étasunienne à dix de prison pour un attentat contre un diplomate cubain à l’ONU.
Enfin, le troisième larron en provenance de Miami, Gaspar Jimenez Escobedo, avait déjà tâté de la prison par deux fois dans des affaires politiques. Condamné pour avoir kidnappé un officiel cubain au Mexique, il a aussi été suspecté pour l’explosion de la voiture du journaliste étasunien Emilio Milian en 1976.
– Source : Le Courrier
– Notes
1 Commission des droits de l’homme de Genève, « Document de presse. La
Commission décide de nommer des rapporteurs spéciaux sur la République
populaire démocratique de Corée et le Bélarus », 15 avril 2004.
www.unog.ch/
news2/documents/newsfr/cn04050f.htm (site consulté le 17 avril
2004) ;
The Miami Herald, « Cuba’s Human Rights Record Censured ;
Activist
Punched », 16 avril 2004. www.miami.com/
mld/miamiherald/news/8443584.htm ?1
(site consulté le 16 avril 2004).
2 El Nuevo Herald, « Honduras presenta en la ONU la moción sobre derechos »,
7 avril 2004. www.miami.com/
mld/elnuevo/news/world/cuba/8370372.htm (site
consulté le 7 avril 2004).
3 Comisión Económica para América Latina y el Caribe (CEPAL), Sàntesis -
Panorama Social de América Latina 2002-2003, (Mexico, Novembre 2003), pp.
8-9.
4 Ibid, p.12. Le coefficient de Gini permet de calculer le niveau d’
égalitarisme d’une nation. Plus celui-ci s’approchera de 0 et plus le pays
tendra vers l’égalitarisme et plus il s’approchera de 1 plus la société sera
inégalitaire.
5 Ibid, pp. 15, 27.
6 Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), The State
of Food Insecurity in the World 2003 (Rome : FAO, 2003), p. 35.
Voir
également le rapport du PNUD pour le Honduras : Programa de las Naciones
Unidas para el Desarrollo, « Informe sobre Desarrollo Humano Honduras
2002 », 2002. www.undp.un.hn/IDH2002.htm (site consulté le 14 avril 2004).
7 Amnesty International, « Honduras. Rapport 2003 », 2003.
http://web.amnesty.org/
report2003/hnd-summary-fra (site consulté le 7 avril
2004).
8 Adital, « Entidad denuncia ejecuciones de jóvenes en cárceles
hondureñas », 7 avril 2004.
www.adital.org.br
/asp2/noticias.asp ?idioma=ES¬icia=11663 (site consulté
le 8 avril 2004).
9 Voir également : Percy Francisco Alvarado Godoy, « Toda la verdad sobre
Honduras, el actual acusador de Cuba en la Comisión de Derechos Humanos en
Ginebra », Rebelión, 4 avril 2004.
www.rebelion.org/cuba/040405pf.htm (site
consulté le 6 avril 2004).
10 Radio Habana Cuba (RHC), « L’archevêque de Tegucigalpa déplore la
décision du Honduras de présenter à la CDH la résolution anti-cubaine », 7
avril 2004. www.radiohc.cu/
frances/noticias/noticias.htm (site consulté le 7
avril 2004).
11 El Nuevo Herald, « Honduras no cederá a presiones de Cuba », 14 avril
2004. www.miami.
com/mld/elnuevo/news/world/cuba/8423769.htm (site consulté
le 15 avril 2004).
12 La Jornada, « Se consuma la condena a Cuba », 16 avril 2004.
www.jornada.
unam.mx/012n4pol.php ?origen=index.html&fly=1 (site consulté le
16 avril 2004).
13 Granma, « La Casa Blanca anunció que México apoyará resolución contra
Cuba », 14 avril 2004. www.granma.cu
/espanol/2004/abril/mier14/99mexico.html
(site consulté le 15 avril 2004).
14 Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, « Country Reports on Human
Rights Practices 2003 : Peru », Department of State, 25 février 2004.
www.state.gov
/g/drl/rls/hrrpt/2003/27916.htm (site consulté le 16 avril
2004) ;
Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, « Country Reports on
Human Rights Practices 2003 : Chile », Department of State, 25 février 2004.
www.state.gov/g/
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2004) ;
Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, « Country Reports on
Human Rights Practices 2003 : Dominican Republic », Department of State, 25
février 2004. www.state.gov/g/
drl/rls/hrrpt/2003/27895.htm (site consulté le
16 avril 2004) ;
Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, « Country
Reports on Human Rights Practices 2003 : Guatemala », Department of State,
25 février 2004.
www.state.gov/g/drl/
rls/hrrpt/2003/27900.htm (site consulté
le 16 avril 2004) ;
Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, « Country
Reports on Human Rights Practices 2003 : Mexico », Department of State, 25
février 2004.
www.state.gov/g/
drl/rls/hrrpt/2003/27905.htm (site consulté le
16 avril 2004) ;
Comisión Económica para América Latina y el Caribe (CEPAL),
Sàntesis - Panorama Social de América Latina 2002-2003, op.cit.
15 Pablo Alfonso, « La ONU vota contra Castro », El Nuevo Herald, 16 avril
2004. www.miami.com/
mld/elnuevo/news/world/cuba/8442324.htm (site consulté
le 16 avril 2004).
16 La Jornada, op. cit.
17 Enrique Bernales Ballesteros, « Le Droit des peuples à disposer d’
eux-mêmes et son application aux peuples assujettis à une domination
coloniale ou étrangère ou à l’occupation étrangère », Commission des droits
de l’homme, Cinquante-sixième session, Point 5 de l’ordre du jour
provisoire, Nations unies, 21 décembre 1999 : 16-25.
www.unhchr.ch/Huridocda/Huridoda.nsf
/0/04d9b871339b50658025689b003ebd22/$FIL
E/G9916487.pdf (site consulté le 2 avril 2004).
18 Orlando Requeijo Gual, « Un terroriste dans la délégation des Etats-Unis
à Genève », Granma Internacional, 31 mars 2004.
www.granmai.cubasi.cu/
frances/2004/marzo/mier31/14carta-f.html (site
consulté le 6 avril 2004) ;
Rosa Miriam Elizalde & Luis Baez, "Los
Disidentes" (La Havane : Editora Polàtica, 2003), p. 186.
19 Enrique Bernales Ballesteros, op. cit. : 16.
20 Reporters sans frontières, « Le Comité de soutien à Raúl Rivero distribue
des livres aux touristes en partance pour Cuba », 27 mars 2004.
www.rsf.org/article.php3?id_article=9662 (site consulté le 2 avril 2004).
Pour ce qui est des liens entre RSF et l’extrême droite cubaine de Miami
voir : Salim Lamrani, « Reporters sans frontières et la droite radicale de
Floride : une alliance au grand jour », RISAL, 2 février 2004.
http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=823 (site consulté le 20
mars 2004).
21 « Désinformer, explique Philippe Breton, c’est couvrir un mensonge avec
les habits de la vérité. En démocratie, où les entreprises manipulatoires
sont légion, le désinformation est la reine des techniques visant à tromper
l’opinion » in Ignacio Ramonet, La Tyrannie de la communication (1999. Paris
: Editions Galilée, 2001), pp.135-36.
22 Reporters sans frontières, op. cit. ; Rosa Miriam Elizalde & Luis Baez,
« The Dissidents » (La Havane : Editora Polàtica, 2003), pp. 153-74.
23 Claire Cousin, « RSF s’attaque au Lider maximo », Métro, 2 avril 2004 :
14.
24 Felipe Pérez Roque, « Conferencia a la prensa nacional y extranjera »,
MINREX, 25 mars 2004 : 5-7.
25 Ibid : 8.
26 Code Pénal français, Livre IV, Titre 1er , Chapitre I, Article 411-4,
(Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000, art.3, Journal Officiel du 22
septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002).
27 Felipe Pérez Roque, Nous ne comptons pas renoncer à notre souveraineté,
Conférence de presse offerte par le ministre des relations extérieures de la
République de Cuba le 9 avril 2003. (La Havane : Editora Polàtica, 2003) pp.
8-9.
28 Simon Houpt, « The Americans Have a View of Castro that is Unfortunately
Rigid.I Think they’re Worried they Might Like Him », Globe and Mail, 20 mars
2004 : R1.
www.globeandmail.com/servlet
/ArticleNews/TPStory/LAC/20040320/STONE20 (site
consulté le 23 mars 2004).
29 Rui Ferreira, « Proponen infiltrar espàas entre turistas que visitan
Cuba », El Nuevo Herald, 22 mars 2004.
www.miami.com/mld/elnuevo/news/world/cuba/824441 (site consulté le 23 mars
2004).
Les Etats-Unis et la « dissidence » cubaine, par Salim Lamrani.