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De l’État de droit

« La chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où on est tombé » (Socrate)

Socrate – Alors mon cher Glaucon, toujours En Marche !
Glaucon – C’est pas simple : le mouvement est d’une verticalité digne des partis sclérosés...
S – À trop vouloir suivre une illusion, on commence à connaître le désenchantement.
G – Comme d’autres, je me suis pris dans les rets des apparences...
S – Une nation est semblable à ces reclus de la caverne allégorique : ils grandissent dans un environnement imposé, dans des cadres établis, rigides, ils sont passifs dans un environnement en mouvement incessant, ils sont les sujets d’une « révolution passive », ils ne sont guère maîtres de leur destinée ; selon leur extraction, leur existence est déjà fortement déterminée.
G – Collectivement, ils connaissent des hallucinations, savamment entretenues par les fenêtres artificielles qui ne montrent que des ombres mouvantes...
S – Même si tu t’es trompé, tu as au moins retenu quelque chose...
G – L’ étrange tableau n’a pas changé, les prisonniers non plus : leur statut se confirme à mesure que croît la communication... la « pédagogie ».
S – Prisonniers des images, comme des mots.
G – Oui, les mots sont importants : on ne leur accorde pas l’attention qu’ils méritent. Avec des mots différents, une même image peut devenir son contraire.
S – Je vois que tu progresses : c’est normal, on apprend plus de ses erreurs...
G – J’ai encore tant à connaître. Derrière les mots, il est des concepts difficiles à cerner.
S – Un exemple ?
G – État de droit !
S – Une locution qui inspire la confiance.
G – Sans contredit.
S – L’État est par définition l’autorité souveraine.
G – Évidemment, c’est ici le bon sens du terme.
S – L’État de droit, c’est le contraire de l’arbitraire. L’État est alors assimilé à une personne morale qui est soumis au droit ; il y aurait donc respect du principe d’égalité vis-à-vis de la loi.
G – C’est heureux.
S – Disons que c’est souhaitable.
G – Bien sûr, il faudrait que la réalité des choses vienne confirmer le noble principe.
S – D’abord, il faut se souvenir que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants ou par référendum » (1).
G – Louable rappel.
S – La souveraineté nationale n’a qu’une valeur totémique : si le Peuple « se trompe », s’il fait le « mauvais choix », on se passe de son avis comme pour...
G – ... la constitution européenne...
S – Et comme pour ton mouvement très vertical. Revenons à l’État. « L’État est un être énorme, terrible, débile. Cyclope d’une puissance et d’une maladresse insignes, enfant monstrueux de la Force et du droit. »
G – Il m’en souvient, Valéry a aussi écrit : « si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons ».
S – Il est fort avec les faibles et melliflue avec les forts.
G – Bien résumé.
S – La souveraineté du Peuple est bafouée. Qu’en est-il du principe d’égalité ?
G – Le corpus législatif est colossal. Difficile de s’y retrouver.
S – Pour ceux qui sont dans la caverne, c’est une tâche inaccessible ; pour ceux qui vivent dans un univers parallèle, le dédale juridique leur offre de multiples portes dérobées.
G – C’est vrai qu’ils peuvent se payer des experts...
S – Ils se payent aussi des experts qui œuvrent en toute discrétion afin d’orienter les décisions : ils fournissent clés en main des textes législatifs élaborés et inextricables pour le commun des mortels.
G – Les fameux groupes de pression...
S – Comme on peut poursuivre l’État, il est encore tentant de conclure au respect de l’État de droit.
G – Quand même.
S – C’est oublier qu’il faut des moyens, du temps et de l’argent, pour arriver à une petite victoire.
G – Mais on peut.
S – Rien ne te choque ?
G – Un problème d’apparence ?
S – L’État de droit respecterait le droit, mais qui écrit la loi ?
G – Le Parlement vote la loi.
S – Un exécutif fort, un imperium, écrit la loi. Le chef de l’État est le chef de l’exécutif. Il a en plus tendance à outrepasser ses compétences et à empiéter sur le gouvernement qui « détermine et conduit la politique de la Nation » (2). En majorité, les lois sont à l’origine des projets de loi portés par l’exécutif et « amendés » par un Parlement qui n’est en rien représentatif de la Nation.
G – Il y a comme une contradiction, alors.
S – Un sophisme, avec la connivence comme complice... À cet imperium, il faut rajouter un fort pouvoir administratif, la potestas : la haute administration, comme Bercy, est un État dans l’État. Ici, on s’y connaît en pantouflage, en connivence.
G – On peut rajouter la raison d’État, le secret d’État invoqués pour mieux laisser de sombres manœuvres sous le boisseau. La Justice, dénuée de moyens, trouve souvent portes closes.
S – Le tableau n’est pas flatteur, mais il est encore incomplet.
G – L’État de droit est une notion qui cache une vaste tromperie...
S – Le tableau s’assombrit encore pendant que les citoyens se laissent happer par la folle sarabande des innovations techniques.
G – Des ombres mouvantes, sans lien avec la réalité des choses...
S – Les lois votées en toute hâte, au gré d’événements tragiques, entraînent les prisonniers de la Caverne vers toujours moins de liberté, toujours moins de clairvoyance, toujours moins de libre arbitre. Dans le même temps, le principe de séparation des pouvoirs est malmené et les perquisitions administratives deviennent des « visites domiciliaires ».
G – Mais on peut faire condamner l’État.
S – L’État est un multi-récidiviste, il se moque des condamnations. Regarde ce que deviennent les condamnations concernant les conditions carcérales.
G – C’est vrai, c’est indigne pour une démocratie, une République qui se revendique sociale (3).
S – Que reste-t-il de l’État de droit ?
G – Une vaste supercherie... au service exclusif des super-riches !
S – Que penses-tu de la notion de légalité ?
G – La légalité est juridiquement le caractère de ce qui est conforme aux lois.
S – C’est souvent le paravent pratique qui vient masquer les pires entourloupes. Dans une véritable démocratie, une mesure prise serait justifiée par tel Idéal, par tel principe.
G – Sans contredit. Dire que c’est légal tend à couper court à toute discussion.
S – L’optimisation fiscale est l’art consommé de flirter avec les limites fractales de la légalité...
G – Et pourtant, elle enfreint le principe de la contribution de chacun selon ses moyens.
S – Le moindre larcin est jugé répréhensible quand...
G – ... le vol à grande échelle est légal !
S – Terrible constat ! N’est-ce pas ?
G – À qui la faute ?
S – La passivité... « La démocratie est le plus mauvais système à l’exception de tous les autres ». Pour la faire grandir, pour la faire s’épanouir, il n’est pas besoin de clients, mais de citoyens à la hauteur...
G – « Vaste programme ! »

« Personne »,
pessimiste par la raison et optimiste par la volonté

24 brumaire an 226

(1) Art. 3 de la Constitution.
(2) Art. 20 de la Constitution.
(3) Art. 1 de la Constitution.

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DE QUOI SARKOZY EST-IL LE NOM ?
Alain BADIOU
« Entre nous, ce n’est pas parce qu’un président est élu que, pour des gens d’expérience comme nous, il se passe quelque chose. » C’est dans ces termes - souverains - qu’Alain Badiou commente, auprès de son auditoire de l’École normale supérieure, les résultats d’une élection qui désorientent passablement celui-ci, s’ils ne le découragent pas. Autrement dit, une élection même présidentielle n’est plus en mesure de faire que quelque chose se passe - de constituer un événement (tout au plus une « circonstance », (...)
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Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
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