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Déverrouiller la pensée

L’astreignante rhétorique bourgeoise a étouffé la politique au point de la réduire à l’aménagement de l’ici et maintenant. Il est non seulement possible mais impérieux de revaloriser l’imaginaire, de penser l’impensé.

L’empire conceptuel et mental de la bourgeoisie a été diffusé dans l’ensemble de la société, au sein de toutes les sphères politiques qui ont fini par se soumettre à l’ordre transcendant du marché : croissance, rentabilité, mondialisation, privatisation,…. Tous les partis partagent une visée commune et se distinguent par de seules nuances tactiques. Il y entre ces protagonistes une variation de degré mais pas de nature Ils vouent le même culte aux catégories mentales forgées par les nécessités matérielles de l’intérêt de la classe dominante. Pour préserver les linéaments du système, ils sont disposés à quelques aménagements. Qu’est-ce qui justifie que l’on veuille tant sauvegarder le temple ?

Avant la crise actuelle du capitalisme, les partis sociaux-démocrates envisageaient d’araser leurs chartes et d’expurger toute référence à la lutte de classe. Ils faisaient oeuvre de résipiscence.

Les sociaux-démocrates postulent donc l’aménagement du système capitaliste par souci d’efficacité. Ils prétendent que le réformisme -à travers un ensemble de mesures de protections et d’encadrement comme le droit de grève, un système public d’éducation et de santé universel, une fiscalité de solidarité- est la voie la plus à même pour défendre la cause des salariés,. L’objectif des sociaux-démocrates n’a jamais été de corriger l’ordre social mais d’apaiser les conflits sociaux inhérents aux contradictions du système de production. De facto, ils ont contribué à la pérennisation des inégalités et à la consolidation de l’ordre social.

La bourgeoisie recourt à des figures de style sophistiquées pour présenter ses intérêts étroits pour des valeurs morales. Elle tente de faire passer l’intérêt sectoriel du patronat pour l’intérêt général, la régression sociale pour le progrès, l’injustice pour le changement. En qualité de classe possédante, elle ne peut pas faire autrement. Sachant qu’elle représente une minorité démographique, elle est contrainte de calibrer son discours pour élargir son assise électorale et fonder sa légitimité.

Les libéraux mettent systématiquement en avant leur volonté de changement comme si le changement était en soi une vertu. De quel changement s’agit-il ? Dans leur acception, le changement est l’expansion de la sphère économique à l’ensemble de la société : éducation, santé, pensions de retraite. Dans leur société idéale, il ne resterait plus aucune zone affranchie à la loi de valeur ; seulement des individus en proie aux lois aveugles du marché. Selon les libéraux, la défense des droits des travailleurs est un combat d’arrière-garde. Ils laissent entendre que le développement de la société est contrarié par le conservatisme socialiste. Les libéraux proposent la fuite en avant c’est-à -dire la levée de toute entrave à l’initiative privée et au libre-échange. Pour corriger les maux du capitalisme, il faudrait autrement dit encore plus de capitalisme.

La crise économique, financière et sociale que nous vivons actuellement dévoile très clairement la fausseté des postulats de la social-démocratie et du libéralisme. Sans un dépassement du capitalisme, il est illusoire de vouloir éviter les effets de la crise du capitalisme. Vouloir se passer de Marx revient à renoncer à toute prise sur la réalité. Il faut partir de Marx mais ne pas s’y arrêter. On ne peut pas influer de façon opérante sur la société si l’on ne déconstruit pas les relations intimes de la totalité sociale ; on ne peut réajuster les finalités de la société si l’on n’a pas une exacte compréhension des déterminismes psychiques, culturels, sociaux et économiques. C’est cette connaissance qui est au principe de la liberté entendue comme pouvoir. Seule une rupture révolutionnaire, qui dépouillerait la bourgeoisie de ses leviers économiques et politiques, peut impulser un réel progrès social et assurer le changement, le développement et l’intérêt général.

Pour ce faire, il convient d’ouvrir le champ du débat, de desserrer l’étau de la pensée unidimensionnelle et d’ouvrir un nouveau spectre de réflexions. Il ne s’agit de sauvegarder ce qui existait, de revenir à un état ex ante idéalisé mais de définir de nouveaux objectifs rationnels, autant nécessaires que possibles.

Emrah KAYNAK

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